Le domaine de Fauveau
Fauveau, autrefois partie du domaine de Migneaux
Le nom Fauveau, signifiant « vallée de hêtres » (fagus en latin), désignait le bois proche du château de Migneaux, bordant l’actuelle Avenue du Président Gilbert de Voisins, et la pièce de terre limitée par le chemin de la Maladrerie à Marolles, devenu le Chemin de Fauveau. De 1782 à la Révolution, le fief de Migneaux comprenait Fauveau, leur hitoire 'tant longtemp confondues. Le plan du fief de Migneaux (de 1782 à la Révolution) montre que le nom "Fauveau" désignait à la fois :
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Malheureusement, nous ne disposons pas de photo ancienne de la maison et nous n'avons pas pu visiter cette propriété discrète.
Les anciens propriétaires de Fauveau :
deux architectes et un joaillier
La propriétaire du domaine de Migneaux, Marie-Camille Trubert, épouse de M. Hochet, ancien secrétaire général du Conseil d'Etat, a vendu Fauveau à Pierre Jules Bigle, un architecte parisien.
Il était architecte de la préfecture de la Seine, expert au tribunal de première instance. Il a notamment, réalisé trois hôtels, trois immeubles et une maison dans le huitième arrondissement de Paris. Il a, également bâti, la villa La Citole à Villepinte pour Jules Doazan, agent de change parisien. |
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Voici la description des différents lots, qu'il avait acquis, dans l'annonce légale publiée dans le journal La Concorde du 10 mai 1868 :
1° Une propriété, dite de Fauveau, située à Fauveau, commune de Villennes, canton de Poissy, arrondissement de Versailles (Seine-et-Oise), consistant en : maison d'habitation construite en briques et pierres, élevée d'un rez-de-chaussée et de deux étages sous combles ; maison de jardinier, communs, écurie, remise, hangar rustique, etc. ; le tout d'une superficie de quatre hectares ;
2° Une avenue plantée de marronniers et aboutissant à la route impériale, n° 182, de Saint Germain à Mantes, d'une contenance de vingt-huit ares quatre-vingts centiares ;
3° Une pièce de terre d'une contenance de deux ares quatre centiares, sise au terroir de Poissy, lieu dit le Clos-Beauvais, dans laquelle se trouve la prise d'eau dont il sera ci-après parlé et la citerne destinée à accumuler ces eaux ;
4° Une partie de la superficie d'environ un hectare cinq ares quatre-vingt huit centiares à prendre dans une propriété de sept hectares quatre-vingt-neuf ares soixante-huit centiares, sise au terroir de Villennes, portée au plan cadastral de cette commune sous les nos 9 et 11. La dite partie pour tenir à la propriété vendue sous l'article 1er de la désignation, sur toute sa longueur et être délimitée par une ligne parallèle à la limite séparative de ladite propriété de Fauveau et tirée à trente-six mètres soixante-dix centimètres de cette limite ;
5° Et tous les droits des vendeurs aux eaux prises sur le ru de Bethmont, au point indiqué sous le n° 3 ci-dessus.
Suite au décès de Pierre Jules Bigle, la propriété a été mise en vente sur licitation. Joseph Halphen, propriétaire du château de Migneaux voisin, a reconstitué le domaine en acquérant Fauveau en 1875, avant de revendre l'ensemble l'année suivante. L'annonce légale, publiée le 28/10/1875, dans le journal Le Courrier de Versailles, a repris les éléments précédents, en précisant les dates de construction des différents bâtiments.
Une jolie maison de campagne bâtie en mil huit cent cinquanle-sept, en briques et pierres, élevée d'un rez-de-chaussée et de deux étages sous comble, comprenant vestibule, salon, salle à manger, office, cuisine avec ses dépendances, salle de bains, six chambres à coucher, cave à vin et à bois, grenier dans les combles.
Annexes : maison de jardinier, bâtie également en briques et en pierres, comprenant au rez-de-chaussée deux grandes pièces et un petit salon ayant son entrée distincte ; au premier étage deux chambres à coucher, et en sous-sol deux grandes caves.
Communs bâtis en 1889 comprenant, poulailler, lapinière, vacherie pour trois vaches, laiterie, écurie pour deux chevaux, avec paddock à l'entour, scellerie, remise pour deux voitures, grenier à fourrages, chambres de domestiques.
Grand hangar bâti en 1872 avec grenier à fourrages ; serre hollandaise ; grand jardin potager et verger garni d'arbres fruiliers, parc à l'anglaise ; pièce d'eau, avenue plantée de platanes et aboutissant à la route nationale numéro 182 de Saint-Germain à Mantes ; contenance de cinq hectares quatre-vingt-deux ares, soixante-onze centiares environ.
Cette propriété, sise commune de Villennes, d'un seul tenant, tient d'un côté à la ferme de Marolles, d'autre côté à M. et Mme Halphen, d'un bout au chemin de Fauveau et, d'autre bout, au bois de Fauveau.
Afin d'assurer l'irrigation en eau de cette propriété, Joseph Halphen a acheté simultanément un terrain voisin, situé sur la commune de Poissy, contenant une prise d'eau venant du ru de Bethemont. En mars 1876, il a revendu Migneaux et Fauveau à Mme veuve Mandrot. Toutefois, c'était pour le compte de Fernand Bertera, propriétaire, qui lui avait remis la somme 46 500 F, qu'elle avait acquis Fauveau et ses dépendances.
Fernand Bertera
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Fernand Louis Bertera était un ancien architecte, qui avait épousé, Catherine Marie Elisabeth Wappers, fille du peintre belge Gustave Wappers (1803-1874). Fernand Bertera a fait partie de la Garde nationale mobile
comme sous-lieutenant, lieutenant, capitaine en second, et
enfin capitaine au 7e puis au 10e
régiment territorial d'artillerie. Il a, en particulier,
effectué un stage à l'atelier de construction de Rennes (nom
officiel de l'arsenal) en 1890.
Il est décédé, après son épouse, à Fauveau le 27/10/1926. |
Madeleine, une des filles de Fernand et Catherine Bertera, a épousé Alexandre Bordes, l'un des trois fils d'Antoine Dominique Bordes, qui a fait fortune en créant et développant une flotte à voile pour commercer avec le Chili.
Retour de Fauveau dans le domaine de Migneaux
La propriété de Fauveau a été regroupée, en 1926, avec le domaine de Migneaux qu'Alexandre et Madeleine Bordes ont acheté, par une adjudication au Tribunal de première instance de la Seine, après le décès du propriétaire.

Fauveau a retrouvé son indépendance en 1957 ; Alexandre Bordes étant décédé en 1943, le domaine a été partagé entre ses trois enfants : Fauveau a été attribué à Hélène tandis que Jacqueline a reçu le château de Migneaux et Jacqueline l'Orangerie. La propriété de Fauveau appartient toujours à l’un de leurs arrière-petits-fils.
L'arrière-petite-fille d'Alexandre Bordes, Corine de Royer, avait passé de nombreux moments de son enfance chez sa grand-mère et son grand-oncle ; elle a écrit ses souvenirs dans un roman et dans un document publié dans le numéro spécial "Migneaux" de la revue CHRONOS (n° 29-30, printemps-été 1994) du Cercle d'Etudes Historiques et Archéologiques de Poissy.
Le Plateau de Fauveau et son urbanisation
Le seul fait connu, relatif à ce lieu, concerne l’atterrissage, à proximité, d’un avion, sans doute victime d’une avarie, en juin 1915. Il fut aussitôt gardé par le garde champêtre de Villennes ; le maire remit un billet de logement aux cinq aviateurs mais il demanda à celui d’Orgeval de rembourser les frais, le champ étant sur sa commune.
![]() Le nom d'une rue, rappelant le passé agricole du Plateau de Fauveau |
Le nom "Plateau de Fauveau" a été donné au nouveau quartier qui a fait l'objet de la première phase d'une large opération d'urbanisation sur d'anciennes terres agricoles. Un terrain de 11 ha avait été acquis en 1986 par la société IKEA Holding France, mais elle ne l'avait pas utilisé, ayant installé son magasin de l'ouest parisien et son siège social à Plaisir. |
![]() La localisation du projet d'urbanisation sur la carte d'Etat-major du XIXe siècle |
La commune de Villennes a acheté une parcelle de 5 ha afin d'y réaliser des logements sociaux et une crèche intercommunale.
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La société suédoise, spécialisée dans les mobiliers en kits et les objets de décoration pour la maison, a finalement vendu l'autre partie du terrain, beaucoup plus grande, à la commune. |
![]() La localisation du projet d'urbanisation sur la carte d'Etat-major du XIXe siècle |
La suite fait partie de l'actualité récente mais elle a appartient déjà à de l'histoire locale. La Ville a lancé des études, définissant ainsi ses objectifs, qui peuvent être aini résumés :
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Un parc central comme poumon vert du quartier, avec jardins partagés, vergers pédagogiques et zones de détente.
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Une architecture inspirée de Villennes, intégrée dans le paysage.
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De mobilités douces : venelles piétonnes, stationnements mutualisés, bornes de recharge électrique.
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Une mixité sociale et fonctionnelle : 390 logements répartis entre accession, locatif social, intermédiaire et accession sociale.
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La labellisation "Ecoquartier" : signature de la charte, engagements sur trois ans après livraison.
Dès son annonce, le projet a fait l'objet d'oppositions de personnalités et d'associations locales et d'une partie des Villennois qui se sont exprimés, notamment lors de réunions de concertation en 2021. Un article de la presse locale a bien relaté les espoirs et les critiques :
[...] Avant la présentation du projet d’aménagement des six hectares vendus par Ikea à Sequens et Cogedim sur le quartier Fauveau, l’impatience était à son comble chez la quarantaine de personnes ayant fait le déplacement [...]. Entre l’envie de conserver un « esprit village » et celle de relier Fauveau aux autres quartiers, les attentes soulevées lors des réunions de concertation préalables étaient nombreuses. Bien qu’ils saluent le travail effectué, les habitants craignent les répercussions de la création de logements supplémentaires. « On trouve le projet plutôt joli, déclare une habitante en référence notamment à la création d’un parc. Nos inquiétudes concernent essentiellement le décalage entre le projet immobilier et la suite. Moi j’insiste sur [les répercussions] des déplacements. » L’aménagement du quartier Fauveau prévoit effectivement la création de 390 logements dont 40 % de logements locatifs sociaux, 40 % de logements en accession à la propriété, 10 % de logements locatifs intermédiaires et 10 % de logements locatifs en accession sociale à la propriété. Ces habitations seront réparties sur 5,5 hectares et, sur une superficie d’environ 5 000 mètres carrés, un collège devrait compléter l’aménagement de ce quartier. « La réalité de la situation vous la connaissez tous, on ne vous l’a pas cachée. Nous sommes à 14 % de logements sociaux, le gouvernement nous en demande 25 % d’ici décembre 2025. Il va falloir les faire ces 25 % ! », répond le maire, Jean-Pierre Laigneau (DVD), en rappelant que la ville est carencée. « Cela mènera la population de Villennes entre 7 000 et 7 500 personnes, affirme un habitant de la future augmentation du nombre d’habitants évaluée par l’Insee en 2015 à 5 174 habitants. Villennes est un village avec des infrastructures de village, on le sait terriblement puisqu’il est tellement difficile de descendre ou de monter avec des zones de cars. Vous allez donc avoir entre 1 600 et 2 000 personnes qui vont descendre à la gare. Je pense que ce n’est pas viable. » « Le nombre de logements du PLU intercommunal impose 70 logements par hectare, rappelle Emmanuel Peroys, représentant de la société Sequens qui est l’opérateur des logements locatifs sociaux sur le quartier. À priori, sur un terrain de six hectares, on peut faire 420 logements au minimum. En partenariat avec les élus et la communauté urbaine, nous faisons le choix de réduire ce nombre à 390 pour permettre l’implantation d’un groupe scolaire. » Et justement, alors qu’un membre du public s’interroge sur les raisons amenant les habitants des autres quartiers à se rendre à Fauveau, la représentante de Cogedim, Déborah Marien, est convaincue que le collège y jouera un rôle. « C’est un équipement scolaire qui n’existe nulle part ailleurs sur Villennes et qui pourra être aussi un élément d’attrait pour les parents des collégiens », imagine-t-elle en précisant que le parc sera aussi un des atouts majeurs de ce quartier. La date de livraison de ce quartier, après deux ans de travaux, est attendue pour 2025 voire 2026 si le chantier se réalise en deux phases comme cela est en cours de réflexion. [...]
En ce qui concerne la labellisation "éco-quartier", la municipalité n'a pas obtenu satisfaction. La Mission régionale d'autorité environnementale (MRAe) d'Ile-de-France a publié son avis en janvier 2023 :
Le présent avis porte sur le projet de quartier Fauveau, situé à Villennes-sur-Seine (Yvelines), porté par SNC Altarea Cogedim IDF, et sur son étude d’impact, datée d’octobre 2022. Il est émis dans le cadre d’une procédure de permis de construire.
Ce projet vise à implanter au sud de la commune un nouveau quartier, dénommé « écoquartier Fauveau », sur des terrains agricoles d’une emprise de 55 849 m². Cet ensemble immobilier, totalisant 25 800 m² de surface de plancher, sera constitué de 390 logements collectifs (de R+2 à R+3 + attique) et individuels (R+1), visant à accueillir environ 1 160 nouveaux habitants, des commerces de proximité regroupés autour d’une « placette commerciale » mais dont le nombre et la nature ne sont pas précisés, et 599 places de stationnement automobiles, dont 67 places en accès libre et 447 en sous-sol des bâtiments. Des aménagements extérieurs, incluant des jardins partagés et un « parc central » sont prévus.
Les principaux enjeux environnementaux identifiés par l’Autorité environnementale pour ce projet sont :
• la biodiversité ;
• le trafic induit par le projet et la santé des riverains ;
• le sol ;
• le changement climatique.
L’Autorité environnementale considère qu’à de nombreux égards, ce projet est loin d’atteindre l’exemplarité attendue d’un « écoquartier ». Les principales recommandations de l’Autorité environnementale sont de :
• inclure, a minima, le collège dans le périmètre du projet ;
• reconsidérer la localisation du projet en dehors des espaces d’urbanisation prévus par le Sdrif, mal desservie par les transports en commun et entraînant la consommation de terres agricoles,
• réaliser une étude complémentaire relative à l’impact du projet sur les continuités écologiques et définir des mesures d’évitement et de réduction de ses impacts ;
• réduire la dépendance à l’automobile des futurs habitants : par une programmation adéquate d’équipe ments publics et de commerces, en reconsidérant le dimensionnement des stationnements pour favoriser l’usage du vélo et restreindre celui de l’automobile, et en concevant des aménagements de voirie destinés à favoriser les mobilités actives pour les trajets quotidiens (gare, école, etc.) ;
• faire effectuer des mesures de pollutions des sols après travaux afin de garantir l’absence d’impact sanitaire du projet et sa compatibilité avec l’installation des habitants ;
• justifier le caractère bioclimatique du projet en matière de conception architecturale et urbaine. [...]
Ce projet était toujours à l'étude en 2025. Vue aérienne du
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