Bandeau sur le thème de la musique et du théâtre

1928-1953 : 25 ans d'animation
et de divertissements culturels


La Fanfare municipale, le Cercle Lyrique, Les Joyeux Troubadours, le Studio Familial : ces diverses associations ont animé la commune de Villennes, jusqu'au milieu du XXe siècle, par des concerts, des représentations théâtrales, des spectacles récréatifs et des séances de cinéma.

Leur point commun est un homme, Jean Barbier, qui, de 1928 à 1953, a mis ses talents variés et son enthousiasme dans l'organisation de spectacles pour les Villennois.

Ils étaient, le plus souvent, donnés au profit d'autres associations ayant un but social ou caritatif (œuvres paroissiales, œuvres pour les prisonniers de guerre, anciens combattants, Caisse des Ecoles, Association Familiale).

Jean Barbier est ensuite entré au conseil municipal, devenant maire adjoint en 1965 et poursuivant sa mission d'animation au Comité des Fêtes, dont il a été le président en 1968/69. Il a, notamment, été l'un de ceux qui ont agi pour la construction de la Salle des Fêtes.

Portrait de Jean Barbier

Musique : de la fanfare à l'orchestre de jazz

A la fin des années 1920, la fanfare de Villennes était dirigée par Jean Péheu, un vieux chansonnier qui avait créé, pendant la guerre de 1914-1918, le cabaret "l'Abri" à Montmartre. La fanfare animait les fêtes locales et diverses manifestations, telles que les remises des prix aux enfants des écoles.

Les Villennois les plus anciens se rappellent encore le grand festival de musique, qu'elle a organisé en 1929 pour fêter ses 25 ans, avec la participation de 200 musiciens de six fanfares de villes voisines et de la Garde républicaine.

Ce concert eut lieu, en plein air, sur le terrain communal (où se trouvent, de nos jours, les écoles du centre) ; en l'absence d'une salle communale, une tente y était parfois dressée pour abriter les spectacles.

Concert en plein air dans le jardin communal.

La fanfare se produisait parfois également dans la salle Auvray, appartenant à la buvette-tabac et épicerie, qui est devenue "Le Marigny", rue du Maréchal Gallieni.

Les sapeurs-pompiers et l'association de gymnastique "L'Espérance" possédaient également une clique. La fanfare disparut après la guerre.

L'orchestre de jazz Troubadours' Boys

D'autres styles de musique avaient pris le relais, notamment le jazz, qui était joué à Villennes par un orchestre, créé en 1942 par Jean Barbier sous le nom de "Troubad & Co", baptisé ensuite "Troubadours' Boys".

Théâtre : comédies et opérettes

La première soirée théâtrale a été organisée par Jean Péheu, en 1928, dans le cadre de la fanfare, avec la participation de Jean Barbier qui, avec quelques autres artistes amateurs bénévoles, a créé le Cercle Lyrique l'année suivante.

Matinée concert

La matinée concert qui a eu lieu Dimanche 21 Avril (Salle Auvray) organisée par M. Jean Barbier, a obtenu le plus grand succès.
Dans la partie de chant Mlle Marggy, et MM. Blossier, Barbier, Maxim's, Cottard, Charlot, Pierre Sénat, ont rivalisé d'entrain et les applaudissements ne leur ont pas été ménagés. Il en a été de même pour Electeur et Candidat et Foudroyée joués par MM. Barbier, Maxim's, Laporte, Sénat et la charmante Mlle Jacqueline Sénat.
M. Robert Berthaud est un jeune violoniste virtuose d'avenir. Quant à Gardiens de Phare, non seulement cette pièce a été très bien défendue par MM. Sauvan et Bunel, mais la mise en scène, jeux de lumière, bruits, etc., ont contribué aussi à la réussite de ce petit chef d'œuvre du répertoire Grand Guignolesque ce qui équivalant, sur un cadre aussi restreint et avec de tels moyens de fortune (surtout pour des amateurs) à un véritable tour de force.
Le spectacle se terminait par la Sauterelle, comédie enlevée gaiement par Mlle Simone Prevost et M. Sénat.
Le piano d'accompagnement était tenu par Mlle Simon c'est à dire avec tout le talent que nous lui connaissons.
Les décors artistiquement brossés par M. Paul Aubel ont produit le meilleur effet. En un mot, et comme l'a dit M. Jean Péheu, Président de la Fanfare et du Comité des Fêtes, la tentative de M. Jean Barbier, et de ses jeunes camarades mérite d'être encouragée et l'on peut considérer dès à présent que grâce à eux la Société Lyrique et Dramatique Villennoise est créée.

Journal de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil, 25/4/1929

Cercle lyrique Villennois

La soirée théâtrale et dansante qu'organisait samedi dernier, salle du Sophora, le Cercle lyrique Villennois, fut brillamment réussie.
Nous avons écouté avec plaisir « Les deux Pierrots », cette délicate comédie d'Edmond Rostand, où s'opposent devant la préférence féminine, la tristesse et la joie, ces compagnes habituelles de la vie. Mlle Jaky Sénat fut une Colombine judicieuse et charmante, toute rose entre ses polaires amoureux : MM. Pierre Sénat et Marc Sauvan, l'un sensible sous son rire, l'autre comique dans sa tristesse. M. Pol's dessinait un maître d'hôtel connaisseur des fins crûs, et les effets de lumière qui confinaient parfois à la féerie, étaient l'œuvre de MM. Paul Aubel et Roger Roth.
Nous entendîmes ensuite, un agréable vaudeville, « Le fusilier Larifla » que défendirent avec succès Mlle Vauthier, MM. Sibémol, Villiès, Maxim's, Casanave, et particulièrement Mlle Paulette Gill.
Au lever du rideau, dans le tour de chant, nous avons remarqué, parmi la plupart des acteurs déjà cités, Mlles Marguy, dans ses présentations, et Linck, dont la voix est incomparable, MM. Jean Barbier, dans ses chansons, et Pierre Sénat, éblouissant dans le « Saut du Tremplin » de Théodore de Banville.
Qu'on me permette, maintenant, d'adresser mes derniers complimeuts à Mlle Simon, infatiguable pianiste (le bal dura jusqu'au matin) et organisatrice de cette soirée.

Louis Bruide.

Journal de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil, 5/9/1929

Les représentations suivantes eurent lieu sous une tente.

Cercle lyrique

Le mardi 24 décembre, à 21 heures, le Cercle lyrique de Villennes-sur-Seine donnera un grand bal-réveillon dans la salle du Sophora.
A minuit cotillon et grande farandole avec exhibition de coiffures variées et de bon goût qui seront distribuées aux danseurs et aux danseuses. Des jeux de lumière spécialement composés par les membres du Cercle donneront à cette soirée un cachet féérique. Le jazz Simonaya, sous l'habile direction de Mlle Simon, entraînera les plus récalcitrants et déjà les amateurs de bonne musique se donnent rendez-vous pour le 24 décembre.
Que l'on se prépare donc à passer une bonne nuit de Noël.
Prix d'entrée : Cavaliers 6 francs ; Dames 4 francs.

Journal de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil, 19/12/1929


Bal du C. L. V.

Mardi dernier, 24 décembre, le Cercle Lyrique de Villennes a donné, dans la salle du Sophora, un bal dont les danseurs et les assistants conserveront le meilleur souvenir.
Malgré le mauvais temps, jusqu'à quatre heures du matin, les couples ont tourbillonné aux accents de l'entraînant orchestre du Jazz Simonaya dont l'éloge n'est plus à faire. Mais, ce qui contribua particulièrement au ravissement général, ce furent les jeux de lumière d'un effet merveilleux. Des appliques confectionnées par les membres actifs du Cercle, des lanternes dues à la même main-d'œuvre produisirent par la variation des couleurs un superbe effet. Compliments à Pierre Mirgon, Robert Ouroux, André Conte, Jean Goujet, Paul Cazanave, passés maîtres électriciens.
Au cours du bal, des coiffures très coquettement confectionnées par nos jeunes artistes ont été gracieusement distribuées aux danseurs et danseuses et à tous les assistants.
Le Cercle se prépare à de nouveaux exploits et d'ici peu sera prêt à donner de nouvelles preuves de son désir de satisfaire même les plus difficiles.

Un danseur.

Journal de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil, 19/12/1929


Le bal masqué

Ce fut une soirée charmante que celle de samedi dernier et qui fait honneur aux organisateurs. Pierrettes, Juge d'instruction, Orientales, Folies, Mexicains, Pierrots, etc., etc., s'en donnèrent à cœur-joie jusqu'à 4 heures du matin.
Vive le Cercle Lyrique !

Un Travesti.

Journal de Poissy, organe des cantons de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye,
Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil,
6/2/1930

Nous apprenons que le Cercle Lyrique de Villennes, après un long silence, va présenter son nouveau spectacle le Dimanche 11 décembre, salle du Sophora.
Le bon goût, la gaieté el l'émotion discrète, s'étaient donnés rendez-vous aux réunions précédentes, nous applaudissons à l'avance, félicitant les organisateurs pour leur éclectisme et leur indépendance.
Un tour de chant fera valoir de jeunes artistes amateurs déjà connus de nous et ensuite une partie théâtrale composée de trois pièces: « Monsieur Badin », de Georges Courteline, « Le Stradivarius », de Max Maurey, « La petite étoile », d'Alphonse Crozière, viendra compléter le programme,

Journal de Poissy, organe des cantons de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye,
Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil,
11/12/1930


J'avais entendu louanger cette Société, mais je n'avais jamais assisté à une de ses représentations. Or, dimanche dernier, je voulus me rendre compte et, moyennant 8 francs, je pris place parmi de nombreux spectateurs dans une salle bien aménagée, bien chauffée, et devant une scène très coquette et artististiquenent éclairée par des rampes installées, m'a-t-on dit par les membres actifs du Cercle.
Après une ouverture exécutée brillamment par les instrumentistes du Cercle Lyrique sous l'habile direction de Mlle Simon, ce ne fut qu'une suite ininterrompue de succès et j'avoue que je serais très embarrassé pour donner une place de premier parmi les dix sept artistes qui ont occupé la scène. Tous ont grandement mérité les chaleureux applaudissements que, du reste, les spectateurs ne leur ont pas marchandés,
Cette matinée, vraiment charmante, a été complétée par l'exécution impeccable de deux morceaux de piano que nous a donnés Mlle Truet pour qui les difficultés les plus grandes n'existent pas.
Je suis enchanté de mon après-midi de dimanche, et je ferai l'impossible pour assister à la prochaine représentation et aux suivantes. Bravo, Mlles et MM. les artistes du Cercle Lyrique de Villennes, et à bientôt.

Un spectateur.
Journal de Poissy, organe des cantons de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye,
Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, Rueil,
18/12/1930

A partir de 1934, la salle paroissiale, que le dynamique curé de l'époque avait fait construire, a été le lieu des répétitions et des représentations de la compagnie.

Scène de théâtre : les mousquetaires.

Un spectacle y fut donné pour son inauguration, le 26 août de cette année.

Programme de l'inauguration de la salle paroissiale, partie 1 Programme de l'inauguration de la salle paroissiale, partie 2

Le répertoire du Cercle Lyrique se composait de comédies et d'opérettes : Le grillon du foyer, La marraine de Charley, Ces dames au chapeau vert, 600 000 par mois, La petite chocolatière.

Programme de la soirée du 3 août 1947 des Joyeux Troubadours.

La guerre dispersa la troupe mais, dès 1940. Les Joyeux Troubadours lui succédèrent pour venir en aide aux prisonniers, puis aux anciens combattants.

Jean Barbier a été le directeur artistique de cette compagnie théâtrale pendant toute son existence, qui dura une quinzaine d'années. Elle a monté des comédies (L'idée de Françoise, Monsieur le directeur, Mon oncle et mon curé) ainsi que des pièces de théâtre ou opérettes historiques (Gringoire, Vitrail, La chanson de Florentin, L'empereur malgré lui).

Scène de théâtre d'inspiration médiévale. Acteurs attablés sur scène.

Certaines furent jouées également dans d'autres villes voisines, de Poissy aux Mureaux. Des décors et des costumes étaient créés pour chaque pièce ; des programmes étaient réalisés à la main avec les photos des acteurs ou bien étaient imprimés dans les grandes occasions : ceux-ci nous révèlent les noms de personnes encore bien connues à Villennes de nos jours et nous apprennent notamment que le Docteur Fauvel était le président des Joyeux Troubadours en 1949.

Spectacles récréatifs

Jean Barbier, qui chantait bien et jouait du banjo ainsi que du piano, avait également des talents comiques.

Au cours de divers spectacles qu'il a organisés (arbres de Noël de la Caisse des Ecoles, fêtes des mères…), il a présenté un numéro de clowns avec son beau-frère Marcel Rivierre. Il faisait monter les enfants de Villennes, y compris les siens, sur les planches.

Programme du gala des papillons. Ballet des papillons par des enfants.

Il a, également, proposé des spectacles de Guignol, ayant lui-même construit le théâtre et les marionnettes. Les spectacles récréatifs ont continué pendant la guerre, dans le but de récolter des fonds en faveur des prisonniers.

Programme de la matinée de mai 1944, partie 1. Programme de la matinée de mai 1944, partie 2.

C'est à l'un d'eux, en 1944, qu'ont participé le chansonnier Gabriello, résidant à Villennes, ainsi que la chanteuse Suzy Solidor, qui habitait à Médan.

Jean Barbier interprétait également lui-même des sketchs, tels que Le banc, succès de Raymond Souplex et de Jeanne Sourza.

Scène du sketch 'le banc'.

Ces spectacles avaient généralement lieu dans la salle du Sophora, aujourd'hui disparue, qui prolongeait la salle du restaurant.

Cinéma : vieux classiques

Logo du Studio Familial

C'est dans cette même salle qu'un cinéma villennois a proposé, à partir de 1947, une séance chaque samedi et chaque dimanche soir.

Le Studio Familial, destiné aux familles de Villennes, était également géré et animé en famille : Jean Barbier allait lui-même, en train, à Paris chercher les bobines des films, qu'il louait ; Marcel Rivierre était le projectionniste tandis qu'Odette, l'épouse de ce dernier, était la caissière. Avant chaque séance, il fallait tirer des rideaux pour obscurcir la salle qui était utilisée pour des réceptions et des bals. Les spectateurs devaient patienter une dizaine de minutes, à chaque changement de bobine !

Le cinéma a disparu après quelques années de fonctionnement : avec le développement de la télévision, il n'était plus nécessaire de sortir de chez soi pour voir les films classiques qu'il présentait.

Nous remercions Jeannine, la fille de Jean Barbier, de nous avoir communiqué les informations, les documents et les photos qui maintiennent le souvenir de son père.