Plaque de la Rue de la Ravine

Un affluent de la Seine : la Ravine


Le cours de la Ravine

La Ravine, qui était également appelée le rû de Marolles, est un ruisseau qui rassemble les eaux entre La Clémenterie et la ferme de Marolles.

Il est encore visible jusqu'à la ferme ; ensuite, il est canalisé de manière souterraine en suivant la route de Marolles, puis la rue de Ravine, avant de rejoindre la Seine.

Le ruisseau de la ravine.
Plan du cours de la ravine.

L'écoulement de ses eaux a parfois provoqué des dégâts importants, lors de fortes pluies. C'était parfois encore le cas à la fin du XXe siècle : le plan ci-dessus a été établi à l'occasion de l'inondation d'une propriété, dans les années 1970, son débit ayant atteint 1 800 litres par seconde le long de la route de Marolles.

Litige avec un propriétaire,
relatif à l'écoulement des eaux de la ravine

C'est là qu'une tranchée avait été ouverte par la commune, lors de la construction de la rue de la Ravine, pour faciliter l'écoulement des eaux. En août 1885, M. Eugène Lamiraux a bouché la tranchée, traversant sa propriété. Le conseil municipal a demandé à l'agent-voyer de la faire rouvrir.

Quelques mois après, ce propriétaire a protesté contre le prolongement du pont de la Ravine (le ponceau) passant sous le chemin vicinal n°2 de Villennes à Orgeval. Le conseil municipal a prié le préfet de demander un rapport à l'agent-voyer. Celui-ci a écrit notamment, fin décembre 1885 :

[...] la commune de Villennes n'a pas pris l'initiative de faire fouiller et boucher la tranchée en détruisant l'ancien talus de sa propriété.

Cette dernière longe le chemin vicinal ordinaire n° 3, de Villennes à la ferme de Marolles, lequel chemin passe en déblai à l'extrémité de la berge de la ravine qui compose presque en totalité la parcelle de terre du réclamant. A l'époque de la construction, ou plutôt de l'amélioration de ce chemin vicinal, c'est à dire en 1848 ou 1849, la Commune, d'accord avec le précédent propriétaire de ladite parcelle, a fait ouvrir une saignée dans le talus du chemin, du côté de la Ravine, de manière à permettre aux eaux pluviales de ce chemin de s'écouler, en suivant le fond de la Ravine qui se trouve plus bas que la chaussée.

Peu de temps après être devenu propriétaire du terrain en question, le Sr Lamiraux a fait enlever le pavage qui formait le fond de la saignée et combler l'ouverture faite pour le passage des eaux. Par esprit de conciliation, après une mise en demeure infructueuse, de rétablir les choses dans leur état primitif, la Commune a fait réouvrir, par le Cantonnier, la saignée obstruée par le Sr Lamiraux, qui l'a fait combler à nouveau.

C'est à la suite de cette persistance à faire disparaître un ouvrage indispensable à l'entretien du chemin, qu'il a été relevé contre le sieur Lamiraux un procès-verbal qui sera jugé au mois de février prochain par le tribunal de simple police de Poissy.

Quant à ce qui concerne l'empiètement qui aurait été fait sur la propriété du sieur Lamiraux pour le prolongement du ponceau du chemin des Groux, au chemin vicinal ordinaire n° 2, de Villennes à Orgeval, le soussigné croit pouvoir déclarer, que le prolongement qui a été fait au ponceau, et qui n'est que de 1m 10 au maximum, n'a pas dépassé les anciens murs en ailes de cet ouvrage qui, certainement, ne pouvaient avoir été établis que sur un terrain communal. Dans tous les cas, la Commune se trouve parfaitement en droit de revendiquer la propriété de ce terrain, qui lui appartiendrait par prescription, attendu qu'aucun habitant de la Commune n'a souvenir de l'époque à laquelle remonte la construction de cet ouvrage, que chacun a toujours connu. De plus, le Sr Lamiraux est dans l'impossibilité absolue de produire aucun titre de propriété indiquant ses droits, puisque son acte d'acquisition ne donne aucune délimitation de sa parcelle du côté du pont.

Quant à l'arbre qui aurait été abattu, il est à remarquer qu'il n'a pas trente ans, qu'il se trouvait à une distance de moins de deux mètres de la limite du terrain, et que la Commune avait toujours le droit d'obliger le propriétaire à le faire disparaître.

En conséquence, l'agent voyer cantonal soussigné est d'avis que la commune de Villennes n'a pas outrepassé ses droits, qu'au contraire le Sr Lamiraux cherche tous les moyens possibles pour l'en priver, et croit, que, dans ces conditions, la commune peut être autorisée à ester en justice.

M. Lamiraux a écrit au préfet, pour lui expliquer qu'il avait fait boucher la tranchée à la demande du mandataire de Mme veuve Laroque, qu'il avait fait prévenir, car elle se trouvait sur sa propriété et personne ne savait qui l'avait creusée pour faire déverser les eaux pluviales sur sa propre propriété. Il précisait, en particulier :

Le 7 octobre, Monsieur le maire de Villennes, après avoir fait démolir l'ancien parapet du pont, s'est permis de faire fouiller et enlever le bout de l'ancien talus en élévation de ma parcelle [...], d'arracher et faire enlever un orme ayant plus de 40 ans, que j'ai élevé et émondé comme tous les autres qui sont restés sur ledit talus, manière d'agir fort heureusement peu usitée, laquelle m'a obligé d'adresser un mémoire introductif d'instance judiciaire contre la Commune, tant pour le le fossé comblé que pour ce dernier acte de violence [...]

A la fin du mois le conseil municipal prit une délibération à ce sujet :

Considérant que les travaux ont été exécutés sous la surveillance de Monsieur l'Agent Voyer, d'après une délibération du Conseil [...],

Considérant que l'orme qui a été abattu résultait d'un scion qui avait poussé sur une butte de terre, sous laquelle se trouvait l'ancien pavé du chemin, qui existe encore actuellement,

Considérant que le radier qui a été construit à la suite du pont pour l'écoulement des eaux pluviales, provenant du chemin vicinal n° 3, qui sont très abondantes en cet endroit, ne dépasse pas la limite des murs de soutènement du susdit pont,

Considérant que l'excédant de largeur du chemin en cet endroit provient du prolongement du pont de 2 m 40 environ, qui a été fait, il y a plusieurs années du côté opposé aux travaux actuels, et dont il est facile de se rendre compte en examinant le dessous de la voûte,

Délibère :

Que la construction d'un radier et l'arrachage de l'orme ont [...] été faits sur le terrain de la commune,

Le conseil croit devoir protester contre les mots processif et taquin employés par le réclamant, la première provocation venant de Mr Lamiraux, en faisant procéder au bouchage d'une tranchée pavée depuis plus de trente ans, et qui avait toujours été vue où elle se trouvait antérieurement à la date du pavage, dont il est question plus haut ; Monsieur l'Agent Voyer l'ayant fait déblayer, elle a été de nouveau recomblée.

Le Conseil désirant conserver avec intégrité les droits de la Commune [...], Monsieur l'Agent-Voyer ayant échoué avec des moyens de conciliation pour y réussir, le Conseil prie Monsieur le Préfet de demander sur cette affaire un rapport de Monsieur l'Agent-Voyer cantonal.

En mai 1886, la propriétaire d'une parcelle voisine, Mme veuve Gausset, demeurant Boulevard Sébastopol à Paris, signa une déclaration : "le terrain sur lequel est établi le radier du pont de la ravine du côté de ma pièce de terre dite du pavé appartient à la commune de Villennes."

En novembre 1886, le conseil municipal décida de rouvrir la tranchée, déversant l'eau du chemin vicinal n°3 dans la ravine, suite au jugement rendu. Il fallut attendre encore près de trois mois pour trouver un accord entre la commune et M. Lamiraux : il a cédé une parcelle de terre (n°527 section B du plan cadastral) ; la tranchée existante a été supprimée.

Le ponceau de la Ravine

Avant qu'une canalisation souterraine soit réalisée, la ravine traversait le chemin devenu la rue Côte Saint Jean sous un pont, qui était appelé "le ponceau".

Le ponceau de la ravine. La famille Parvery devant le ponceau.
La rue de la ravine