La guerre en Afrique et au Moyen-Orient avec la Légion (2/2)
La Miss, chauffeur intime du colonel
Ils font plus ample connaissance, le colonel choisissant de l'appeler par son surnom, donné par les Légionnaires. Elle a 29 ans tandis qu'il est âgé de 40 ans. Pendant qu'il négocie à la Commission d'armistice, elle entretient la voiture.
Elle accepte le dîner, qu'il avait promis, au restaurant d'un hôtel du bord de mer à Beyrouth. Elle répond à ses questions sur sa jeunesse et sa vie au début de la guerre mais il reste discret sur sa vie personnelle et sur son épouse, riche aristocrate. Il reste moins distant lorsqu'il la rejoint dans sa chambre. Elle refuse ses avances et ils n'y font pas allusion pendant quelques jours jusqu'à un séjour dans un magnifique hôtel dominant la mer. Cette nuit marque le début de leurs relations très intimes. Le lendemain, l'armistice est signé entre les Français Libres et ceux de Vichy, qui ont le choix de les rejoindre ou de rentrer chez eux.
Le colonel est parfois le chauffeur de la Miss, pour lui permettre de se reposer ; un jour, elle y baigne dans le doux parfum de toutes les fleurs qu'il a achetées à une fleuriste.
Les négociations entre les Français des deux bords, les Arabes et les Turcs se poursuivent ainsi que les nuits dans de grands hôtels.

Susan passe son temps à faire réparer l'automobile Humber,

bientôt remplacée par une Lincoln puis une Hotchkiss, en mauvais état et difficiles à conduire.

Le colonel ayant remarqué l'amour de Susan pour les animaux, un de ses amis lui offre son sloughi persan.
Tous deux promènent sur la plage, le soir, Georges rebaptisé Arad (tonnerre en arabe), recherchant de petits hôtels pour dîner sous les étoiles et passer la nuit.
Susan, maîtresse ... de maison
Ils savent que leur amour, qui leur fait oublier la guerre et la politique, ne pourra pas durer. Pour l'abriter, ils décident de louer une villa ; très occupé, il laisse Susan choisir une ancienne ferme sur le flanc d'une colline à Aley près de Beyrouth.
Elle ressent de plus en plus l'étroitesse de sa marge de manœuvre entre ses rôles de maîtresse et d'employée ; nommé général de brigade en juillet 1941, Pierre Kœnig exige qu'elle porte ses galons d'adjudant sur sa chemise. Sa nouvelle fonction lui permet de faire augmenter la paie des trois femmes adjudants, qui n'était que le tiers de celle des hommes.
Dans la nouvelle maison, elle est logée (officiellement) dans l'appartement des domestiques ; elle recrute du personnel, dont un excellent cuisinier travaillant dans un grand restaurant.

Malgré la jalousie du général, lorsque les anciens amis de Susan se montrent familiers avec elle, ils passent des jours heureux au milieu de vergers et d'oliveraies.
Epuisée après ses journées de conduite, elle doit organiser des dîners avec des Légionnaires. Alors qu'Amilak, passant la nuit dans la maison, essaie de renouer leurs anciennes relations avec empressement, elle doit lui avouer qu'elle n'est pas que le chauffeur de Pierre Kœnig.
Le chauffeur du général
Après trois mois idylliques, un nouveau déménagement doit s'organiser : le général est nommé gouverneur d'Alep et de la Syrie.
Après Aley, Alep, deuxième ville syrienne. Leur nouvelle grande demeure, cernée de remparts à l'ombre de la citadelle, est celle réservée aux gouverneurs. Ils n'y retrouvent pas l'atmosphère intime et la qualité des repas de la villa qu'ils viennent de quitter.

Les réunions entre protagonistes de la guerre les conduisent à travers toute la Syrie ainsi qu'au Liban, dans des lieux magnifiques tels que l'ancienne ville romaine de Baalbek.
Toutefois, l'époque ne se prête pas au tourisme ; de plus, elle redevient uniquement le chauffeur et subordonné du général.
La capitale égyptienne, Le Caire, constitue la prochaine étape, à l'initiative du général de Gaulle qui apprécie Kœnig de plus en plus.

Noël est, dans l'atmosphère coloniale d'un hôtel du bord du Nil et au cours d'une visite des pyramides de Gizeh, l'occasion d'une courte période de repos et d'intimité.
Traversée du désert, solitude dans le convoi
Au début de l'année 1942, la guerre continue de faire rage dans le monde entier. Pour contrer l'avancée en Lybie, vers l'Egypte, des troupes du maréchal Rommel, la 1ère brigade française, comprenant un millier de Légionnaires et des unités issues des colonies, est mobilisée et rejoint, rattachée à la 8ème armée britannique, le Désert occidental.

Bien que les Anglais souhaitent que le général soit conduit par un homme, Susan reste son chauffeur. Leur Ford Utility prend place dans l'impressionnant convoi, qui s'ébranle vers l'ouest.
Ce véhicule devient l'habitation de Susan tandis que le général dispose d'une sorte de camping-car, aménagé à Alep dans une vieille camionnette Renault ; celles que les généraux anglais jaloux se font bientôt réaliser seront moins confortables !
Ce véhicule devient l'habitation de Susan tandis que le général dispose d'une sorte de camping-car, aménagé à Alep dans une vieille camionnette Renault ; celles que les généraux anglais jaloux se font bientôt réaliser seront moins confortables !
Susan n'a plus de table ni de salle de bains ; elle dort le plus souvent seule dans la voiture, sous une épaisse peau de mouton, parfois dans une petite tente du campement. Elle subit les tempêtes de sable, le soleil implacable, la poussière et les mouches auxquels succèdent le vent, les pluies glacées, la grêle et la neige. Les conditions climatiques nécessitent un entretien fréquent de l'automobile.
Prenant ses repas avec les hommes, elle ne voit le général que pour le conduire et ne rencontre plus ses amis officiers.

Jour après jour, le convoi avance sur environ 700 kilomètres, à travers des plaines désertiques, couvertes de sable, de pierrailles et de broussailles épineuses.
La passe d'Halfaya, proche de la frontière lybienne, est atteinte ; à part quelques escarmouches, après le départ des Allemands, la situation est assez calme mais les véhicules et les chars détruits témoignent de leurs récents affrontements avec les forces alliées.
L'attente dans le désert lybien
Suite à nouvelle offensive de Rommel, les Légionnaires sont envoyés, avec des Anglais, des Africains et des Indiens pour relever la brigade d'infanterie britannique, qui tient un fort italien abandonné, nommé Bir Hakeim. Pour y parvenir, la Ford Utility traverse un long désert aride, parmi de nombreux véhicules réquisitionnés hétéroclites, guidés à la boussole.
Le site de Bir Hakeim, plat, désertique et battu par les vents de sable, sans intérêt stratégique, ne contient que les ruines d’un fortin ottoman, remanié par les troupes italiennes. Le "bir" est un cours d'eau à sec depuis longtemps ; l’eau venant de Tobrouk est stockée dans d'anciennes citernes ensablées, baptisés Les Mamelles.
La brigade française doit tenir la citadelle le plus longtemps possible pour permettre aux alliés d'organiser une contre-attaque. La vie s'organise dans quelques tentes (hôpital, Q.G., cantines) et surtout dans des tranchées et une multitude de trous, constituant des abris individuels. Susan dispose de son propre trou, couvert par une toile, qui la protège mal de la chaleur étouffante des journées et du froid glacial des nuits. Après avoir camouflé la voiture, elle doit attendre de longues heures, proche du général mais coupée de lui, avec comme seuls visiteurs des mouches et des fourmis, parfois un scorpion.
La solitude et la monotonie sont de temps en temps rompues par les repas avec les sous-officiers, par une virée bimensuelle vers la "plage de Kœnig" pour le décrassage des hommes dans la Méditerranée et par des missions de reconnaissance de deux ou trois jours, secrètes et dangereuses. Bloquée seule avec le général dans la voiture, prise dans une tempête de sable, ils retrouvent un très court moment d'intimité jusqu'à l'arrivée d'un motard perdu, qu'ils doivent abriter.
Quand Pierre Kœnig lui propose de l'envoyer ailleurs, hors de ce lieu qui n'est pas pour les femmes, Susan lui répète "Où vous irez, j'irai".
Héroïsme au cœur de l'action
Une nuit claire de mai, les chars ennemis apparaissent à l'horizon, suivis d'une longue file de camions. Quelques jours plus tard, tout l'Afrikakorps s'est rassemblé devant Bir Hakeim ; les chars attaquent la garnison malgré les mines. Des convois de ravitaillement parviennent à s'y introduire la nuit. Le haut commandement britannique transmet un ordre "Aucune femme sur le front". Le général l'envoie chercher un nouveau véhicule de liaison à Tobrouk. Après que soit parvenue la nouvelle que les Français de Bir Hakeim ont repoussé l'ennemi, elle parvient à y retourner dans un convoi de vivres et de munitions, avec un jeune journaliste. Le général l'affecte à l'hôpital, où elle retrouve le docteur Godou, responsable de l'atelier de réparation humaine.
Le 3 juin, Rommel somme les troupes de Bir Hakeim de se rendre ; exaspéré par leur résistance, il décide d'en venir à bout en les bombardant pendant plusieurs jours avant de prendre le poste. L'eau et les munitions y sont presque épuisées. Le général Kœnig vient voir Susan dans son abri, pour la troisième fois en trois mois, et lui annonce la sortie à travers les lignes ennemies, prévue dans la nuit du lendemain, le 9 juin.
Ne pouvant pas décrire ici les difficiles conditions et la chronologie de cet exploit, très détaillées dans le récit de Susan Travers, nous reproduisons un résumé d'un membre de l'association Bir-Hakeim :
1 h 30 du matin. Le temps presse. Le général Kœnig pense qu’il faut payer d’exemple et que le reste de la garnison suivra, emporté par l’élan. C’est pourquoi il décide de s’engager derrière Bellec, pour essayer de trouver une passe dans le dispositif ennemi, pour que le reste des véhicules s’y engouffre. Le buste largement à l’extérieur du toit ouvrant de son véhicule PC, une Ford Utility, le général guide son chauffeur, Miss Susan Travers, la seule femme de Bir Hakeim, en donnant des impulsions du pied sur ses épaules. Amilakvari est monté à l’avant, à côté de la conductrice, après la destruction de son propre véhicule, et guide à la boussole. Au milieu du fracas des explosions, Susan Travers progresse, évitant les obstacles, la Ford est touchée par de nombreux impacts, et finit par se retrouver dans le silence. Ils sont passés, indemnes ! Puis après diverses péripéties, ils se perdent dans la nuit, isolés.
Nous y ajoutons le point de vue du général Jean Simon, extrait de ses mémoires (La saga d'un Français libre, Presses de la Cité, 2000) :
Très rapidement, les liaisons de commandement étant rompues, la sortie se transforma en une furieuse mêlée, sans aucune idée de manœuvres. Les Bren carriers et les fantassins avançaient droit devant eux. Les véhicules attendaient toujours que la voie fût ouverte. Assis sur le marchepied de la voiture du général Kœnig, je bavardai un long moment avec miss Travers. Nos heures de nuit étaient comptées. Nous avions la hantise d'être capturés au lever du jour. Kœnig donna enfin l'ordre de faire partir les véhicules par rafales. Les officiers entraînaient des groupes de dix à quinze véhicules. Les pneus, les radiateurs, les pare-brise furent plus ou moins percés par les balles. Qu'importait : Tout ce qui pouvait rouler fonçait droit devant. Le bruit des mitrailleuses, le fracas des explosions, les hurlements des hommes (ceux qui avaient peur, ceux qui voulaient se donner du courage, mais aussi ceux qui étaient blessés) créèrent en quelques minutes une incroyable confusion. "Le spectacle était étonnant", écrira Kœnig. C'est le moins qu'on puisse dire, en effet : des véhicules dont les conducteurs avaient été touchés entraient en collision, sautaient sur les mines ; d'autres brûlaient, éclairant d'une façon intempestive ceux qui les suivaient. Le spectacle était bien plus qu'étonnant : hallucinant : L'aspirant Jacques Bourdis découvrit dans un camion abandonné un blessé grave, à côté de trois tirailleurs tués. Il lui fit un pansement avant d'interpeller le père Lacoin, aumônier des fusiliers-marins, qui passait à proximité. Le prêtre lui répondit : "Ne vous en faîtes pas, mon vieux. Cette nuit, tout le monde ira au paradis !"

Simone Veil a évoqué la Bataille de Bir Hakeim et Susan Travers dans l'éloge de son prédécesseur, Pierre Messmer, lors de sa réception à l'Académie Française, le 8 mars 2010.
Cliquez ici pour entendre une séquence extraite de son discours.
Plusieurs sites Web peuvent être consultés sur cet épisode de la campagne de Libye, notamment les suivants :
- Le site d'une association d'anciens de Bir Hakeim, contenant notamment le texte d'un entretien avec Pierre Messmer, capitaine à Bir Hakeim ;
- Le site de la Fondation Charles de Gaulle ;
- Le site de la Fondation de la France Libre ;
- Le site de l'encyclopédie libre Wikipedia.
Le 18 juin 1942, le général de Gaulle adresse un message au général Kœnig :
Le monde a reconnu la France, quand, à Bir Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venu caresser le front sanglant de nos soldats.
La bataille a fait plus de 700 morts ou disparus parmi les 2400 hommes qui défendaient Bir Hakeim. Quelques jours après, sur la route d'Alexandrie, point de regroupement de la brigade, la Ford Utility avance lentement en tête de convoi, pour que le général puisse saluer ses hommes. Dans la descente d'une colline, ses freins lâchent. Lors de la sortie de Bir Hakeim, une balle avait brisé le conduit de liquide des freins.
La perte d'un ami, lors d'une bataille décisive contre l'Africakorps
Après une semaine de repos et de détente à Alexandrie et au Caire, cette ville est bientôt soumise à la panique que provoque l'avancée des troupes de Rommel.
Le général Montgomery, nouveau commandant de l'armée britannique, envoie les Français libres vers une petite station de chemin de fer, appelée El Alamein, ordonnant que les femmes soient évacuées du front. Contrairement aux infirmières qui obéissent, Susan décide, une nouvelle fois, de se faire passer pour un homme.
Le 23 octobre commence la bataille qui marque un coup d'arrêt à la progression de l'Afrikakorps en Afrique du nord.

La 1ère Brigade des Français libres a pour objectif de prendre le piton de l'Himeimat, qui s'élève à 80 mètres. Pris sous une rafale de mitrailleuses au pied de la falaise et ne pouvant s'enfuir, ils subissent de très lourdes pertes.
Lorsqu'après l'accalmie, une ambulance américaine transporte à la tente servant d'hôpital le corps sans vie d'un officier, Susan pense, un moment, que son général est mort. Ce n'est pas lui mais elle est pétrifiée lorsque le chauffeur du lieutenant-colonel Amilakvari lui apprend qu'il s'agit du prince géorgien, le premier homme de la Légion qu'elle a intimement connu. Il a toujours refusé de porter son casque !
Malgré cet échec, la bataille d'El Alamein, également très meurtrière pour les Britanniques, marque une victoire ; celle-ci est amère pour les troupes françaises qui sont envoyées à Gambut, dans la province lybienne de Tripolitaine.
La manœuvre des femmes des généraux
Susan est à Alexandrie avec le général Kœnig, lorsque son épouse arrive. Elle a été prévenue par la femme du commandant en chef, le général Catroux, qu'une radio italienne, dans une émission de propagande, a dévoilé que le héros de Bir Hakeim a emmené sa maîtresse sur le champ de bataille !
Venant du Maroc, où elle vit en sécurité, elle monte en première ligne pour assurer la carrière de son époux. Celui-ci envoie Susan en congés à Port-Saïd. Bien qu'il évite, à son retour, qu'elles se rencontrent, elle se retrouvent face à face. Madame Kœnig la remercie d'avoir sauvé la vie de son mari.
Au cours d'un trajet pour visiter un hôpital de campagne, Susan est à l'arrière de la voiture, conduite par le général, accompagné de l'officier chargé des transports. Il lui annonce que le général de Gaulle l'appelle en Tunisie et que les Britanniques lui demandent de ne plus avoir de femme comme chauffeur. Elle gardera son emploi mais rattachée à l'hôpital où ils se rendent. Elle ne réalise pas sa nouvelle situation jusqu'à ce que le nouveau chauffeur du général la recherche à la cantine pour lui demander, avec insistance, les clés de la voiture. Ce n'est pas seulement le véhicule, où elle a vécu tant de moments inoubliables, qui l'abandonne. Désespérée, Susan entreprend de quitter la vie, mais elle renonce ; sa mort serait inutile.
Dangereux pèlerinage à Bir Hakeim

Un nouveau chien lui tient compagnie pendant les mois suivants, au cours desquels elle transporte médecins et infirmières au front. Ravie, elle retrouve le charmant docteur Lotte, puis distante, le docteur Godou.
Un séjour au Caire chez la belle-sœur de Dimitri lui redonne du tonus. Elle décide d'oublier le général, qui toutefois pense toujours à elle : apprenant qu'elle est malade, il lui rend visite avec un bouquet de roses.
Pierre Kœnig la persuade de l'accompagner sur le lieu de leur exploit, en hommage à ceux qui y sont morts. Ils ne seront pas seuls, le docteur Godou et l'aumônier s'étant invités. Ils ne reconnaissent pas l'endroit nettoyé par une brigade française, chargée de construire un cimetière et d'ériger une grande Croix de Lorraine. Le général, toujours au volant, veut reprendre la route de leur échappée. Se retrouvant dans un champ de mines, il fait marche arrière ; une violente explosion projette la voiture en l'air. Susan, blessée, est transportée à l'hôpital par le docteur Godou qui, indemne comme le général, ne diagnostique que des contusions.
En avril 1943, Susan retrouve un emploi de chauffeur d'ambulance à Enfidaville en Tunisie. Elle doit parcourir 2000 kilomètres en 11 jours sur des routes de montagne escarpées et très glissantes.

Elle est présente lors de la dernière bataille avec l'Africakorps au Djebel Garci puis pour la reddition des allemands au Cap Bon.
Dernières rencontres intimes en Tunisie
Elle est à Tunis, lorsque la victoire du 12 mai y est fêtée. Un campement est établi à Zuara, un lieu où le désert rejoint la Méditerranée. Le repos et les bains de mer sont bienvenus.
Surprise, elle y découvre la Ford Utility et la camionnette du général Kœnig. Alors qu'elle surveille ses déplacements depuis quelques jours, l'officier de service du général lui apporte, en guise de message, le journal de la compagnie où il n'a inscrit que son propre nom. Le soir, ils se retrouvent autour d'un verre de vin. Leurs rencontres nocturnes durent quelques semaines, au risque de briser la carrière et le mariage du général. Un malentendu, consécutif à la défaillance du messager, marque la fin de leur relation.
Promu général de division, Pierre Kœnig rejoint Charles de Gaulle à Alger pour participer à l'organisation du gouvernement provisoire de la République française.
Dans quelques mois, Susan s'embarquera avec les Français libres, cantonnés à Hammamet, pour participer à la libération de l'Italie puis de la France. Ils ne se reverront que pendant quelques semaines en 1945 à Paris, alors qu'il sera commandant des F.F.I. et gouverneur militaire de Paris. Elle aura été promue au grade d'adjudant-chef. Leur rencontre suivante, en 1958, sera l'ultime : tous deux seront très émus lorsqu'il lui remettra la Médaille militaire.
Michel Kohn
Michel Kohn