Susan Travers, une femme anglaise dans la Légion (cinquième et dernière partie)

Retour sur la jeunesse de Susan

Peu après l'armistice de mai 1945, une Anglaise âgée de 35 ans se promène sur la Promenade des Anglais. En treillis militaire américain, maigre, les traits tirés, elle se rappelle le temps où elle y paradait, portant une robe élégante et un chapeau cloche, au bras de l'un de ses prétendants.

Elle se rend compte des changements que les événements, auxquels elle a participé, ont opéré en elle : la créature superficielle est devenue celle qu'elle rêvait d'être dans son enfance et dont son père serait fier.
Dans sa jeunesse, garçon manqué, elle admire ce père, officier de la marine britannique, et veut lui ressembler. Voyant en lui un héros, volontaire pour aller à la guerre alors qu'en 1914 il a pris sa retraite, son ambition est de marcher sur ses pas pour susciter son admiration. Il a rencontré sa future épouse, très fortunée, lors d'une soirée sur le Britannia, le navire de la Reine. Susan n'a que peu de contacts avec sa mère, assez mal traitée par son époux, plus âgé de 18 ans. Son enfance est très disciplinée et étroitement surveillée.
Ils habitent une villa victorienne de Torquay sur la "Riviera anglaise", en compagnie d'un labrador noir, de son frère aîné qui la méprise, d'une grand-mère charmante et moderne, de la tante Hilda, de nurses et de gouvernantes.


En plus des matières de base, elle apprend la natation et le français. Elle gardera un très mauvais souvenir de la pension dans l'Oxfordshire où, pendant trois années jusqu'à l'âge de 12 ans, elle est malheureuse en dehors des terrains de sport mais elle s'endurcit.
En 1921, la famille s'installe sur la "Riviera française" à Cannes dans un hôtel de style provençal, entouré d'arbres et de fleurs, puis dans une jolie villa perchée sur la colline.
La championne de tennis de l'époque, Suzanne Lenglen, habite à Cannes où elle joue ainsi que dans son club de Nice. Le père de Susan, qui a été un excellent joueur de tennis, décide de faire de sa fille une athlète de compétition. Elle prend, chaque jour, des leçons avec des professionnels et s'entraîne avec lui ; gagnant chaque partie avec elle, son père ne lui fait jamais de compliment pour ses progrès.
A 16 ans, elle se sent néanmoins seule, prisonnière de ses parents, traitée en enfant malgré sa transformation en belle jeune fille. Elle lit beaucoup, en anglais et en français, qu'elle parle déjà couramment.
Rêvant de voyages lointains et d'aventures, elle est envoyée dans une école de Florence pour compléter son éducation. Se sentant enfin libre, elle est charmée par l'Italie et par la ville des Medicis, qu'elle découvre, surveillée par Miss Penrose, la directrice, chargée de veiller sur la vertu de ses pensionnaires.

Celle-ci ne les accompagne pas pendant un séjour à Rome sur le trajet du retour à Cannes pour des vacances de Noël en famille.
Susan n'y découvre pas que la ville antique, laissant son enfance derrière elle !

Alors que seuls les hommes conduisent alors des voitures, elle prend une résolution qui aura une grande importance dans sa vie future : elle persuade ses parents de lui payer des leçons de conduite.
Son père lui apprend à réparer et à entretenir sa vieille automobile Cottin-Desgouttes.
Dans les années 1930, elle voyage dans toute l'Europe pour participer à des compétitions de tennis, menant une vie trépidante, multipliant les liaisons, buvant du champagne et fumant des cigarettes.
Toujours sous le contrôle de ses parents, elle est envoyée à Londres chez sa tante Hilda. Célibataire, aquarelliste, mélomane et violoniste, celle-ci a dans la haute société de nombreux amis, qui les invitent souvent à dîner. Après ce bref et heureux séjour, elle refuse de retourner chez ses parents ! Elle rejoint son frère, pianiste à Vienne, en Autriche.

De là, elle va skier dans le Haut Tyrol et jouer au tennis à Budapest, ville où elle se rend, un jour, depuis Belgrade en avion pour un baptême de l'air.
Elle continue à fréquenter les stations balnéaires et sportives chics, vêtues de vêtements masculins, comme certaines femmes de l'époque qui participent ainsi à leur "libération".

Les débuts de la guerre

Elève-infirmière à Poitiers
Susan passe l'été 1939 en France dans le château d'une amie américaine près de Chatellerault, lorsque la radio annonce la déclaration de la guerre. Se sentant française, 18 ans après avoir quitté l'Angleterre, elle décide de rester dans notre pays.
Elle se porte volontaire comme chauffeur d'ambulance de la Croix-Rouge mais, pour être acceptée, elle doit d'abord recevoir une formation d'infirmière. Pendant son stage de 3 mois à l'hôpital de Poitiers, maladroite et impatiente de pouvoir conduire une ambulance, elle ne montre pas de grandes qualités d'aide-soignante mais elle obtient néanmoins son diplôme.
Infirmière en Scandinavie
Proposant ses services pour se rendre, comme chauffeur d'ambulance, sur le front en Finlande, elle reçoit d'abord une réponse négative. Son diplôme d'infirmière intéressant davantage la Croix-Rouge, elle est est enrôlée, début mars 1940, dans un corps expéditionnaire composé de six ambulances et leurs chauffeurs ainsi que d'une dizaine d'infirmières.

Un train jusqu'à Amsterdam puis des avions les transportent à Stockholm. La fin de la bataille très meurtrière, avec la capitulation des Finlandais, les contraint à y rester.
Susan attend chez le maire, qui la loge, la décision des autorités de laisser les membres de l'expédition entrer en Finlande. Ils s'embarquent sur un bateau de pêche, dans un froid extrême, jusqu'au port d'Abo, d'où ils rejoignent l'hôpital d'Helsinki. Après l'invasion du Danemark et de la Norvège par les Allemands, lorsqu'en mai 1940 c'est le tour de la Hollande et la Belgique, ils se trouvent dans la petite ville de Norrmark, où ils ont installé un hôpital de fortune. Lorsqu'elles doivent rentrer en France, les soldats finlandais en convalescence, que soignent Susan et ses collègues, organisent une fête pour les remercier.
Réponse à l'appel de Londres
Souhaitant retourner au front dès que possible, elle capte avec ses amies infirmières l'appel du général de Gaulle. Quittant son pays d'adoption, tombé entre des mains ennemies, elle s'embarque vers son pays d'origine. Après une très difficile traversée dans la tempête et entre les mines, elle arrive, épuisée, chez sa tante Hilda à Londres.

Après avoir contacté, en vain, toutes ses relations de Londres pour essayer d'entrer dans l'action, elle apprend que les Français libres recherchent des infirmières et des chauffeurs. Au Q.G. du général, Miss Ford, la responsable des infirmières, l'engage sur le champ au grade de sergent. Après avoir trouvé un uniforme et s'être fait vacciner, elle attend son départ en rendant visite à ses parents à Folkestone.
Malgré le temps passé depuis leur dernière rencontre, l'accueil n'est pas très chaleureux. Elle est témoin, avec sa famille, des premiers combats aériens, au dessus du port, de la bataille d'Angleterre. Elle rentre à Londres, alors que les bombardements viennent d'y commencer. Elle achète la baignoire de toile, le lit pliant et quelques vêtements qui lui seront nécessaires et rejoint Liverpool en train.
La femme mince aux cheveux courts, vêtue de gris, n'est plus la jeune fille, habillée luxueusement qui menait une vie oisive à travers une Europe paisible.
Fin août, elle s'embarque vers Dakar dans un groupe de 10 infirmières anglaises, belges et françaises parmi un millier d'hommes composant la nouvelle 13ème demi-brigade de la Légion Etrangère.

Après la guerre

Courtes retrouvailles avec le général Kœnig
Après l'armistice, Susan souhaite rester avec la Légion, sa famille d'adoption. Au volant de sa vieille ambulance, elle décide de retrouver Pierre Kœnig à Paris.
Elle participe, avec les Français libres, au défilé de la victoire devant le général de Gaulle, après avoir refusé cet honneur.



Sa brève rencontre avec son général, gardant les distances dans son somptueux bureau des Invalides, ne semble avoir qu'un seul résultat : l'attribution d'une suite dans un hôtel voisin des Champs-Elysées, plus proche que la maison de Meaux, où elle a difficilement trouvé une chambre. Elle y retrouve le luxe oublié et l'oisiveté.
Mais bientôt, Susan y rencontre Pierre dès que ses importantes responsabilités le lui permettent. Parfois, il vient la chercher avec son nouveau chauffeur, pour prendre un verre ou dîner tendrement.
Il est toujours attaché à son épouse, dont la maladie le pousse à déclarer : "La Miss, si ma femme meurt, j'aimerais vous épouser. Nous avons traversé bien des épreuves, tous les deux, et je crois qu'on s'entendrait bien." L'état de Madame Kœnig s'améliore dans les semaines suivantes ; Pierre s'éloigne, happé par ses occupations auprès du général de Gaulle.
Une femme dans la légion
Susan prend un emploi au Bureau des personnes déplacées, orientant les nombreux étrangers réfugiés à Paris. S'ennuyant, elle voudrait rejoindre la Légion, où aucune femme n'est jamais entrée depuis sa création en 1831.
Poussée par le commandant Arnault, chargé du recrutement, qui avait été son supérieur au cours de ses aventures avec la Légion, elle remplit le formulaire de candidature. Il n'y est pas demandé de préciser son sexe mais elle peut y mentionner son grade, sergent-chef, et ses états de service.



Les candidats n'ont pas à se soumettre à une visite médicale. Fin juin 1945, la commission qui examine trente mille demandes, l'admet dans les rangs de la Légion étrangère française, dans sa division Logistique. Le général Kœnig, qui en fait partie, est-il intervenu pour la remercier de lui avoir sauvé la vie ?
Avant de se rendre en Tunisie, où elle est affectée, Susan rend visite à ses parents dans le Kent.
- Comment s'est passé ta guerre, Susan ?
- Assez tranquille.
Ce sont les seuls mots échangés avec son père à propos de l'intense période qui vient de se dérouler. Lorsqu'elle leur annonce qu'elle vient de s'engager dans la Légion étrangère, après un instant de stupéfaction de ses parents, son père admet qu'elle peut enfin mener la vie qu'elle a choisie.
Nouvelle rencontre en Tunisie
L'avion du général gouverneur militaire de la Tunisie la transporte de Paris à Sousse. En guise d'uniforme n'existant pas pour les femmes, elle adapte une jupe droite kaki. Le camp occupe une situation agréable dans les environs de l'ancienne cité romaine d'Hadrumète.
Au "foyer des Légionnaires", comprenant un bar et une cantine, elle est chargée de la gestion du personnel et de la comptabilité ainsi que du choix et de l'achat des vins (par tonneaux transportés sur une carriole tirée par une mule).
La Miss, comme l'appellent toujours les Légionnaires, fait la connaissance d'un jeune sous-officier, qui a fait la guerre dans le 6ème régiment de la Légion. Elle a déjà croisé, quelques mois plus tôt, cet alsacien, Nicolas Schlegelmilch, dans une cantine du camp des Légionnaires en région parisienne. Elle s'attache à cet homme joyeux et intelligent, qui la respecte et la fait rire. Leur relation devient intime.
Bonheur en Indochine
En février 1946, tous deux suivent à Saïgon, en Indochine, la 13ème DBLE, envoyée pour y restaurer l'ordre.
Tandis que Nicolas se bat contre les rebelles du Viêt-minh, Susan est d'abord chargée du ravitaillement de la base de Hoc-Mon et du bar des hommes.
Ensuite, son expérience lui permet d'échapper à la vie monotone de la base, pour transporter en ambulance jusqu'à l'hôpital les blessés et les morts des deux camps. La malaria et la dysenterie font également des ravages.
Parfois, pour échapper à la chaleur et aux mouches, elle va passer le week-end, par une route périlleuse, dans les montagnes de Da Lat, où les officiers et leurs épouses ont pris l'habitude de se reposer.
Nicolas propose à Susan, qui attend un enfant, de l'épouser. Le mariage est célébré simplement à la mairie et à l'église catholique de Hoc-Mon. Quelques uns des officiers de la Légion, qu'elle a connus pendant la guerre mondiale, sont présents en Indochine et y assistent.
Ils habitent un petit appartement, au dessus du théâtre de la ville. En septembre 1947, la naissance de François à la clinique Saint-Paul de Saïgon est fêtée joyeusement par les sous-officiers de la Légion. Après le transfert du camp à Saïgon, la famille Schlegelmilch vit, dans le bonheur, à proximité dans une petite villa de Jardine.
Susan décide alors de quitter la Légion afin "de mieux assumer son devoir de mère et d'épouse". Les deux années suivantes sont heureuses, à part les combats dont une embuscade, au cours de laquelle plus d'une centaine de Français, dont des anciens de la Légion, sont tués, blessés ou fait prisonniers.
Solitude au Maroc
En 1948, Susan suit son époux transféré à la base de Meknes, où la Légion est chargée de maintenir le protectorat français et de faire respecter l'ordre. Avant de s'y installer, Susan fait un bref séjour chez ses parents dans le Kent pour leur présenter son fils ; son père est enfin fier d'elle. La communication avec Susan n'aura toutefois pas pu se rétablir, lorsqu'il décédera en 1952, suivi quelques mois après, par son épouse.
La famille emménage dans une petite maison du village d'El-Hajeb, non loin de la garnison. L'accueil du camp n'est pas très chaleureux.
Susan se retrouve seule avec son deuxième fils, Tom, né en avril 1949, lorsque Nicolas est rappelé en Indochine où la situation s'est fortement dégradée.
Ancien officier, épouse de sous-officier, elle n'appartient à aucune des deux communautés qui vivent côte à côte. Les épouses d'officiers montrent leur désapprobation, sans l'aider, lorsqu'elle confie ses fils à des femmes indigènes pour subir une opération chirurgicale.
Dépressive, les enfants réagissant mal à l'absence de leur père, elle apprend bientôt que Nicolas a failli mourir d'une dysenterie amibienne, qui le maintient hospitalisé. Il revient, un an et demi après son départ, très maigre et affaibli, et doit passer sa convalescence à l'hôpital de Meknes. Renvoyé dans son régiment, il a des difficultés à rentrer à la maison pour reprendre la vie de couple.
Nicolas perd également l'amour de la Légion et démissionne, peu après son transfert en Algérie, où commence la guerre d'indépendance.

Une famille ordinaire

La vie continue à Villennes
En 1950, la famille revient à la vie civile en France. Un ami procure à Nicolas un travail d'archiviste à Montpellier chez Elf-Petroleum, qui est bientôt transféré à Villennes puis à Paris. Susan entre avec ennui et frustration dans sa nouvelle existence de femme au foyer.
La famille Schlegelmilch acquiert une ancienne maison de la ruelle de la Lombarde à Villennes. Les anciens Légionnaires y mènent une existence anonyme. Comme de nombreux habitants du village, Nicolas se rend, chaque jour, en train, à son travail à Paris chez Elf puis à la Banque France-Allemagne.


La lecture, en compagnie de leur chiens, est leur principal loisir. Les deux enfants ne fréquenteront pas l'école communale jusqu'au collège ; ils sont envoyés faire leurs études dans des pensions en Angleterre. L'aîné deviendra professeur de sciences, le second journaliste.
Souvenirs et honneurs
En cure thermale dans les Pyrénées à la fin des années 1950, Susan brûle ses carnets secrets, qui contiennent les notes prises au cours de ses aventures avec la Légion, après en avoir rédigé une version expurgée de ses expériences personnelles.
Elle n'évoque jamais la période de la guerre avec son époux. Seules la remise de la Médaille militaire par le ministre de la défense, Pierre Kœnig, en 1956, ainsi que les rencontres avec M. Celerier, le dentiste, et avec la belle-sœur de Dimitri font resurgir les souvenirs. C'est elle qui lui apprend le décès de son cher général en septembre 1970. Dans ses souvenirs publiés, un an plus tard, il a écrit qu'elle était "respectée et aimée par toute la division", qui l'avait adoptée "en tant qu'homme honoraire d'un courage exceptionnel".
Susan assiste, en 1974, à une cérémonie en l'honneur de Pierre Kœnig, élevé au rang de maréchal à titre posthume, sur la place de la Porte Maillot qui portera son nom.
Un monument sera réalisé par Albert Féraud et inauguré en 1984.

Rares sont ceux auxquels elle montre, avec nostalgie et fierté, sa collection de médailles :
- Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil et palme ;
- Médaille commémorative 1939-1945 avec agrafes Afrique, Italie et Libération ;
- Médaille coloniale ;
- Croix d'honneur du mérite syrien ;
- Croix de la Liberté finlandaise ;
- Officier de l'Ordre du Nichan Iftikhar (Tunisie)...

Une autre, la plus prestigieuse, viendra bientôt la compléter. Le général Hugo Geoffrey, qu'elle avait rencontré, jeune aspirant, sur un cargo britannique entre Bizerte et Naples, lui remettra, en 1996, la croix de chevalier de la Légion d'honneur.


Voici le début d'un article du journal Libération qui a relaté cette cérémonie insolite dans une résidence pour personnes âgées de Savigny-sur-Orge (Essone) où elle habitait alors :
Les légions dangereuses par Pascale Nivelle
Qu'est-ce que le Boudin venait donc faire dans un endroit pareil ? Quand le clairon a attaqué l'hymne de la Légion, la maison de retraite de Savigny-sur-Orge a sursauté. Dans le salon, un général et quelques officiers voûtés par l'arthrite, avec képis blancs et décorations. Ils n'avaient pas l'air de plaisanter, en accrochant la Légion d'honneur au col de tweed de madame Schlegelmich, pensionnaire du premier étage. Ce jour de 1996, on découvrit que cette délicieuse Anglaise parfois un peu autoritaire, toujours prête a offrir un chocolate, avait été, dans une autre vie, l'adjudant-chef Susan Travers. La seule femme enrôlée dans la Légion, rescapée de Bir Hakeim. Une héroïne de la dernière guerre, « chauffeur du général Kœnig pendant les campagnes de Syrie et Lybie, légionnaire en Indochine ensuite », disait la citation. On comprit que les décorations accrochées dans son petit studio n'étaient pas celles du mari légionnaire, Nicholas Schlegelmich, emporté par les maladies coloniales. Mais, goodness gracious, on ne savait pas tout encore.

Susan attendait qu'ils soient tous morts. Son mari, le maréchal Kœnig, sa femme, les derniers de Bir Hakeim. Raconter toute l'histoire avant aurait déplu à « Pierre » (Marie-Pierre Kœnig, vainqueur du maréchal Rommel à Bir Hakeim, commandant en chef des troupes françaises en Allemagne, deux fois ministre de la Guerre). Tout le monde au panthéon, l'adjudant-chef ouvre la boîte de ses souvenirs, et livre ce qui manquait à la sèche citation: l'amour, le sexe, l'aventure. Et peu importe le « shocking »! Assise toute droite, jambes écartées, la jupe remontée sur les genoux, l'air d'un colonel de l'armée des Indes sur un champ de manoeuvres, elle fait juste « Ah, ah! ». D'une voix de basse, avec un petit sourire très content de soi.
Villennes pour l'éternité
Nicolas Schlegelmilch, né en 1913, décède d'un cancer, en 1994, et est inhumé dans le cimetière de Villennes (sur la croix placée sur sa tombe est inscrit le prénom Philibert, le premier qu'il avait pour l'état-civil).
Bien qu'elle ait fini sa vie dans l'EHPAD Les Magnolias à Ballainvilliers (Essone), Susan Travers est revenue à Villennes ; ses cendres ont été dispersées par ses deux fils autour de la tombe de son époux, leur père.

Michel Kohn