Susan Travers, une femme anglaise
dans la Légion (première partie)
En cette année du Brexit, nous évoquons plusieurs personnalités britanniques qui avaient choisi la France pour y exercer leurs activités ou y résider, notamment à Villennes. Notre causerie de l’automne 2020 Le chemin de fer de Paris à la mer, vers l’Angleterre, une première entente cordiale sera une version étendue de la présentation audiovisuelle de notre communication au prochain colloque de la Fédération “Histoire des Yvelines”, dont le thème est “Les Yvelines et les Britanniques”.
Nous vous présentons l'existence extraordinaire qu’a eue une femme anglaise avant qu’elle vive 17 ans à Villennes ; nous la connaissons par son livre Tant que dure le jour, édité deux à trois ans avant son décès, à l'âge de 94 ans, à la fin de l'année 2003. Notre résumé du livre de Susan Travers, complété par des informations complémentaires,notamment par la période villennoise de sa vie, et des illustrations, pourra vous donner envie de vous plonger, à votre tour, dans cet ouvrage (disponible à la Bibliothèque Emile Zola de Villennes).
Le film, qui devait être fait à partir de ce récit, n'a pas encore été réalisé, certainement en raison du très important budget qui serait nécessaire : il devrait être tourné dans tous les lieux d'Afrique et du Moyen-Orient, où Susan Travers a accompagné les Français libres pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de participer à la libération de l'Italie et de la France ; il faudrait reconstituer les batailles de Bir Hakeim et d'El Alamein, auxquelles elle a pris part héroïquement. Chauffeur du colonel puis général Kœnig, avec lequel elle a vécu des périodes très intenses et périlleuses ainsi que des moments de bonheur, elle a été, après la guerre, la seule femme de la Légion étrangère.
Les souvenirs de Susan Travers
La biographie que nous vous présentons est, essentiellement, un résumé de son récit, dont la traduction française a été publiée aux Editions Plon en 2001, puis aux Editions J'ai lu en 2003.
En plus de quelques compléments et des illustrations, des liens vers des sites Web sont, en particulier, relatifs aux opérations de la Seconde Guerre mondiale.

Ces souvenirs, recueillis par Wendy Holden, ont d'abord été publiés en anglais, en l'an 2000, sous le titre Tomorrow to be Brave par Bantam Press, puis par Free Press et Corgi Books Ltd.
Si vous n'avez pas le temps de lire nos publications, l'article transcrit ci-après, publié à propos de ce livre, en mars 2001, dans le magazine Lire, vous fait un résumé plus court.
Une aventurière qui a préféré la guerre
par Didier Sénécal
par Didier Sénécal
L'une des spécialités de la perfide Albion est de donner le jour à de parfaits garçons manqués. Susan Travers, qui revendique fièrement cette dénomination, aurait pu briller dans l'exploration, dans l'alpinisme ou dans la navigation. Elle a préféré la guerre. Née en 1908, élevée sur la Côte d'Azur, excellente joueuse de tennis et peu farouche avec les messieurs, elle sillonne l'Europe des années 30. En 1940, les aventures font place à l'Aventure.
Le hasard et la nécessité l'amènent à rejoindre la 13e demi-brigade de Légion étrangère, troupe hétéroclite qui durant de longs mois va porter sur ses épaules l'honneur de la France. Les états de service de Susan Travers sont proprement ahurissants : Dakar avec le général de Gaulle, l'Afrique équatoriale, Bir Hakeim et toute la campagne d'Afrique du Nord, l'Italie, le débarquement en Provence, l'Alsace. Souvent en première ligne, elle échappe cent fois à la mort et estomaque des camarades de combat nommés Sairigné, Messmer ou Simon. Pourtant, la baroudeuse demeure une frêle créature...
Seule représentante de son sexe au milieu de milliers d'hommes, elle n'a que l'embarras du choix. Après une brève liaison avec le prince Amilakvari, elle s'éprend de son chef de corps, le colonel Kœnig. C'est le début d'une histoire d'amour assez originale, pour ne pas dire un peu kitsch, et qui bien sûr se termine mal. En 45, pour oublier son chagrin, la seule femme qui ait jamais appartenu à la Légion étrangère rempile pour l'Indo avec le grade d'adjudant-chef...
Mascotte du régiment, petite sœur, grande sœur, maîtresse, infirmière, chauffeur, confidente, substitut maternel pour les soldats à l'agonie : Susan Travers joua tous ces rôles à la fois. D'abord condescendants, ses compagnons ne tardèrent pas à la considérer comme une égale - puis comme une légende vivante. A la fin de la guerre, les jeunes officiers interrogeaient la combattante de Bir Hakeim avec un mélange d'irrépressible sympathie et d'admiration. Ce sont ces sentiments qu'éveillent en nous ses souvenirs réunis sous le titre Tant que dure le jour (Plon).
Rencontre à Villennes
Nous sommes au début des années 1950. M. Celerier, dentiste installé à Poissy, dispense également des soins dans son cabinet de Villennes, sommairement installé dans un appentis situé dans le jardin de sa maison de l'Avenue Clémenceau.
Sortant rapidement d'un immeuble, il se heurte à une femme, âgée d'une quarantaine d'années, qui lâche ses sacs emplis des provisions qu'elle vient d'acheter.
Son exclamation "Goodness gracious !", lorsqu'elle reconnaît cet homme, indique son origine anglaise. Susan habite depuis peu de temps, avec son mari Nicolas et leurs deux fils, dans une maison ancienne de la ruelle de la Lombarde.


S’excusant et l'aidant à ramasser ses affaires, il la reconnaît à son tour et lui demande : "Adjudant-chef Travers, ce coquetier vous avez fini par le trouver ?"
Ils se racontent, autour d'un café, ce qu'ils sont devenus depuis les moments qu'ils ont partagés en Italie après la libération de Rome, en juin 1944.
Il a épousé une fille de Maître Binet, notaire à Poissy. Il deviendra le dentiste de Susan Travers jusqu'à son départ en retraite sur la Côte d'Azur, où elle avait passé une grande partie de sa jeunesse.
Michel Kohn
Deuxième partie
Michel Kohn
Deuxième partie