Le Dr George Viau était un célèbre chirurgien-dentiste parisien et un collectionneur de peintures, qui a possédé la Villa de Beaulieu de 1897 à son décès en 1939 ; il y a accueilli plusieurs peintres qui étaient ses amis, notamment Georges d'Espagnat.
Son arrière-petit-fils, Christian Theuveny, qui a récemment publié un ouvrage, très illustré, sur ses collections de peintures, nous en parlera ; son beau-frère, Claude Petit-Castelli, qui a participé à sa rédaction et à sa réalisation, prépare un autre ouvrage sur la vie de George Viau ; il nous relatera son existence, notamment ses activités médicales.
Michel Kohn fera l'introduction de cette causerie, la 32ème de l'ACV en 12 ans, en présentant l'histoire du lieu où cette ancienne célébrité avait établi sa résidence et installé une partie de sa collection : la ferme, la tour et la villa de Beaulieu.
Extrait du livre de l'ACV La mémoire de Villennes en marche-Balades et rencontres
Le dentiste parisien Georges Viau (1855-1939) acheta [la propriété de Beaulieu] en 1897. Collectionneur d’art enthousiaste des impressionnistes, il posséda de très nombreuses œuvres de Pissaro, Renoir, Monet, Sisley, Degas et Cézanne. Il était l’ami de plusieurs de ces peintres. Édouard Vuillard le représenta, en 1914, dans son tableau Le Docteur Georges Viau dans son cabinet dentaire. Jacques-Louis Binet, correspondant de l’Académie des Beaux-Arts, décrivit ce portrait ainsi qu’un autre représentant son neveu, également dentiste : Pour traduire une séance où le peintre accompagne sa nièce Annette, Vuillard fait apparaître « la réverbération du faisceau lumineux en accents bleu tendre sur le visage du dentiste, la couleur rouge de ses pommettes, le dessin de ses sourcils et le pastel rouge qui soulignent ses yeux ». « Il lui confère, remarque Guy Cogeval, une expression faustienne, une allure de savant fou inspiré. Vingt ans plus tard, Le docteur Louis Viau […], neveu de Georges Viau, est montré dans toute la suffisance que le luxe de son matériel dentaire nickelé semble lui apporter ».
Pour décorer sa villa, le Dr Viau fit appel à Georges d’Espagnat, qui venait d’orner la salle à manger de son marchand de tableaux, Paul Durand-Ruel. Refusant l’enseignement académique de l’École des Beaux-Arts, il avait étudié les antiques et les grands maîtres au musée du Louvre. Il participa au Salon des Refusés, avant de présenter, au Salon des Indépendants, des tableaux influencés par un certain romantisme.L'ouvrage George Viau, un amateur éclairé - 50 ans de collections d'un ami des impressionnistes
de Christian Theuveny avec Claude Petit-Castelli
AVANT PROPOS
Arrière-petit-fils de George Viau, j'ai voulu rassembler dans ce livre l'ensemble des collections de mon aïeul.
Il m'a semblé, au cours de mes recherches sur sa vie, que George Viau était certes connu des spécialistes de l'Art mais qu'il était rarement cité comme un grand collectionneur.
Pour pallier cette injustice et montrer qu'il a pleinement participé à la notoriété de bon nombre d'artistes, j'ai donc pensé qu'il était utile et nécessaire de faire la liste de toutes les œuvres d'Art qu'il avait collectionnées de 1885 à 1937, sans oublier qu'il fut en même temps un professionnel réputé de la Médecine dentaire.Par ailleurs, l'envie de parler de George Viau m'a été donnée en découvrant que certains de ses tableaux, vendus dans la vente posthume de 1942 à Drouot, avaient été retrouvés incidemment en Allemagne ou conservés au Musée d'Orsay en étant classés MNR (Musées Nationaux Récupération).
Je me suis donc attaché, pendant plus de trois ans, à retrouver les informations nécessaires auprès des Conservateurs des Musées français et étrangers, dans les Archives Nationales de Paris, à la Bibliothèque Nationale, à l'INHA, dans tous les établissements pubics et privés... et sur Internet.
Je remercie vivement Claude Petit-Castelli, historien, qui a beaucoup contribué à mon enquête. Il a apporté son savoir-faire tant au niveau de la recherche et de la rédaction qu'à la conception et l'impression de ce livre.Pourquoi un livre sur George Viau ?
II n'existe aucun livre sur George Viau. Et pourtant, cet homme a marqué la vie artistique de son époque par sa passion de la peinture. Grand découvreur, grand collectionneur, il a eu la chance de vivre aux côtés d'artistes qui ont été les acteurs essentiels des grands bouleversements de l'Art entre 1870 et 1940. Pendant sa vie, il a connu tous les courants majeurs (Impressionnime, Cubisme, Fauvisme, les Nabis, l'école de Pont-Aven...). Il a pris des risques en achetant des toiles à des artistes encore méconnus qu'il a encouragés, conseillés, soutenus, suivis voire soignés. Il avait un œil avisé et un avis pertinent et sûr. S'il n'est pas un pionnier en la matière, il a, par ses intuitions et au fil de ses envies, largement participé à l'éclosion de nombreux talents. Bien sûr, le George Viau mécène se doublait d'un George Viau « Amateur éclairé ». Il achetait, il vendait, il achetait de nouveau et vendait de nouveau. Mais cette frénésie était calculée. Aucun esprit de spéculation chez lui. Il n'achetait pas pour acheter et ne vendait pas pour vendre pour une simple plus-value. Il savait attendre que ses "poulains" soient connus pour vendre leurs toiles et partir à la rencontre de nouveaux talents. Tout le monde y trouvait son compte. Beaucoup de peintres à qui il a mis le pied à l'étrier ont vanté sa clairvoyance et lui ont offert leur amitié. La vie de George Viau est suffisamment passionnante pour avoir le mérite d'être couchée sur le papier. (A ce propos, un livre sur sa vie, écrit par Claude Petit-Castelli, est en préparation). Cet homme ne cherchait pas la gloire comme d'autres collectionneurs de son époque, préférant agir dans l'ombre pour assouvir sa passion. Il est peut-être temps de le mettre dans la lumière.