Le bâtiment de la rue de Neauphle, où se situent actuellement la Maison de l'Enfance et le Centre de Loisirs, était autrefois l'une des premières écoles de Villennes.    

Décision de construction et recherche du financement

En 1841, l'école et le presbytère sont encore dans la même maison. Le conseil municipal souhaite construire une nouvelle école, à l'angle de la rue de Neauphle et de la rue de l'école, où l'instituteur sera logé de manière décente. Les devis présentés par M. Grippin, architecte de Poissy, sont acceptés. Les dépenses prévues s'élèvent à 7 570,02 F, pour l'achat de la maison et les travaux.

Le conseil décide d'acheter la maison de M. Frédéric Souhard (pour 1 562 F), afin de la transformer en école, en empruntant une partie de la somme nécessaire à la Caisse des Dépôts et Consignations, sur 5 ans, puis une autre à M. Bezanson, notaire à Poissy.

 

La vente a lieu en juin 1844, comme l'indique l'annonce d'hypothèques légales, publiée dans la supplément du Journal de Seine-et-Oise n° 64.

On y trouve le descriptif de cette maison :

[...] composée de deux corps de bâtiment, l'un servant d'habitation et l'autre de grange, avec grenier au-dessus, cave dessous, cour au-devant de la maison; jardin derrière contenant trois ares cinquante-sept centiares [...]

Les voisins sont MM. Nicolas Jérôme Giraux et Allouis.

Le vendeur est Jean Baptiste Prosper Souhard, négociant à Paris, fils de Nicolas Armand Frédéric Souhard et de Marie Louise Elisabeth Rouleau, dont la famille avait été propriétaire de cette maison.

Ses parents avaient également été propriétaires de l'ancien presbytère de l'an XIII à novembre 1811.

Cliquez ci-après pour consulter sa généalogie : si sa famille paternelle est originaire de Poissy, sa mère est issue d'anciennes familles de Villennes (auxquelles appartenaient des fermiers du seigneur Gilbert de Voisins et un concierge du château d'Acqueville).

En août suivant, le financement n'est pas acquis. Le Conseil propose de vendre un terrain de 22 ares, appartenant à la commune, pour payer la construction de la nouvelle maison d'école.

Rue de l'école
Rue de Neauphle
 

Litige avec l'architecte et l'entrepreneur

Un an plus tard, les travaux ont eu lieu mais ils suscitent un litige avec l'architecte, Monsieur Grippin, et l'entrepreneur, Monsieur Antoine Allouis (conseiller municipal). Le procès-verbal d'adjudication de la maison d'école prévoyait que le montant des travaux s'élèverait de 4 387,67 F ; des travaux supplémentaires l'ont porté à la somme "énorme" de 5 055,76 F. Des embellissements ont été effectués sans la participation des membres de la commission de surveillance, qui n'a reconnu que la qualité des matériaux et leur emploi. L'architecte et l'entrepreneur sont considérés comme coupables des dépenses supplémentaires (escalier, mur couvert de dalles, gouttières, ...). Ces gouttières sont placées trop haut pour être entretenues. Un mur, encore bon, a été démoli sans ordre. L'entrepreneur déclare avoir exécuté les ordres de l'architecte. Le conseil demande au préfet d'examiner cette affaire.

Le conseil décide néanmoins d'affecter la somme de 200 F à l'achat du mobilier de l'école mais demande au préfet un secours (une subvention), pour le complément nécessaire (305 F) ; il n'accordera que 100 F, l'année suivante ...

Le rapport de l'architecte du département ne satisfait pas le conseil municipal, car il ne distingue pas les travaux faits sans autorisation et déguise la faute de l'architecte.

Le conseil regrette que l'architecte et l'entrepreneur se soient entendus pour faire d'une modeste maison d'école une maison bourgeoise. Il décide de limiter les honoraires de l'architecte au montant du devis.

L'entrepreneur, M. Allouis, n'accepte pas la somme de 8 000 F proposée pour solde des travaux, alors qu'il demandait 9 443,38 F. Ne pouvant pas faire un procès, le conseil lui propose un complément de 1 000 F, qu'il accepte si la totalité lui est payée immédiatement.

Alignement de la rue de Neauphle ?

Le conseil municipal souhaite que l'alignement des rues de Villennes, décidé en 1864, ne concerne pas la rue de Neauphle, car son élargissement toucherait la maison d'école et le mur du jardin. Suite à l'écroulement du mur de clôture du jardin de l'école, en 1871, le conseil demande à l'Administration Supérieure (c'est à dire au préfet) l'autorisation de réduire la largeur de la rue de 6 m à 5 m, pour la mettre à l'alignement à l'occasion de la reconstruction du mur. La rue de Neauphle est alors peu fréquenté par les "voitures", un seul cultivateur y habitant. Le préfet n'acceptera pas la demande ; un plan coupé "très disgracieux" devra être fait sur le pignon nord de la maison d'école.

    On peut voir que le mur a été reconstruit en retrait, mais que le bâtiment n'a pas été amputé, seul un léger pan coupé ayant été pratiqué.  

L'école des filles

Selon les vœux du Ministre de l'Instruction Publique et du préfet, le conseil municipal alloue, à partir de 1866, la somme annuelle de 100 F pour le chauffage et l'éclairage de l'école.

Lors de l'étude du projet de construction de la mairie-école, en 1881, il est prévu d'aliéner l'école de la rue de Neauphle. En fait, les filles y resteront, après sa rénovation, la loi imposant aux communes de plus de 400 âmes (Villennes a alors 425 habitants) d'avoir une école réservée aux filles.