Cette maison, située rue des Ecoles (nommée précédemment chemin de Villennes à Médan par le bas puis rue de l'Ecole), après avoir appartenu à la commune, est redevenue une propriété privée, comme lorsqu'elle appartenait à la famille des seigneurs Gilbert de Voisins.

   

Une maison très revendiquée

Dans son testament du 27 septembre 1777, Madame Marie Marthe de Cotte, veuve de l'avant-dernier seigneur, la lègue ainsi que son jardin aux villennois ; elle attribue également une rente à deux religieuses, sœurs de Nevers : l'une est chargée de dispenser l'instruction, l'autre de "fournir gratis des médicaments aux pauvres malades". Voici le texte de ce testament :

Copie littérale du testament de très haute et très puissante dame Madame Marie Marthe de Cotte, veuve du très haut et très puissant seigneur, Monseigneur Pierre Paul Gilbert de Voisins, seigneur de Médan, conseiller du Roy en ses conseils, Président du Parlement, fait olographe, daté à Paris le 27 Septembre 1777, déposé pour minute à Maître Boulard, l'un des notaires soussignés par acte du 26 mai 1780, contrôlé à Paris par Lésard le 29 du même mois, a été extrait littéralement ce qui suit.

L'affection qu'avait mon mari pour Villaines et ses habitants ne me permettant pas de m'en détacher, je veux autant qu'il m'est possible, continuer à perpétuité le bien que nous avons commencé pour l'instruction des filles de Villaines et de Médan et le soulagement des malades des deux paroisses. A cet effet je donne deux contrats sur les aides et gabelles, de trois cent soixante livres chacun, faisant ensemble sept cent vingt livres de rentes pour fonder deux sœurs de Stainville ou de Nevers si celles de Stainville n'ont pas de sujets, car dans cette raison il est plus dans l'ordre de prendre celles de Stainville qui sont du diocèse de Chartres.

Je veux que la rétribution des deux sœurs soit de cinq cents livres, afin qu'elles ne prennent et ne reçoivent rien des enfants, mais qu'elles apprennent absolument gratis aux filles à lire, à écrire, à compter et principalement la religion en commençant par le catéchisme. Je veux que les deux cent vingt livres restantes soient employées à l'acquisition des remèdes nécessaires pour les malades et les livres pour les enfants. Je donne pour loger les sœurs, l'école et l'apothicairerie, le bâtiment qui est dans mon jardin et la grande moitié de ce même jardin.

Je charge mon fils de faire mettre ce bâtiment en état de recevoir les sœurs un an après mon décès pour rendre ce bâtiment capable de remplir sa destination, il faut le prolonger de ce qui est nécessaire pour placer un escalier, le rehausser d'un étage où on fera aisément trois pièces et lambrisser une partie des combles.

Les sept cent vingt livres de revenu des deux contrats qui écheront pendant la première année après mon décès seront employés à l'achat des meubles et linges nécessaires pour cette maison et si cela ne suffit pas, on prendra le surplus sur ma succession ainsi que tout ce qui sera nécessaire de dire sur cette fondation. Mon fils suppléera à ce que j'aurai peut être omis, car je me flatte qu'il se portera de bon cœur et avec zèle à un établissement qui est l'exécution des projets de son père et que de plus sera très utile à ses vassaux.


   

Après la Révolution, la maison est réunie au domaine national, en application du décret du 13 brumaire an II, ainsi que sa voisine, qui servait de geôle, et celle utilisée comme maison curiale ; celles-ci sont vendues comme biens nationaux en 1794 et la première, convenant mieux pour servir de maison commune et d'école, devient la propriété de la commune en juillet 1796.

 

En octobre 1804 (brumaire an XIII) et, à nouveau en mai 1863, la commune de Médan revendique cette maison, en raison du fait que l'hospice, qu'elle avait abrité, était partagé entre les deux communes.

En avril 1816, c'est le vicomte d'Osmond, gendre du dernier seigneur ... et maire, qui se basant sur le fait que les vœux de  la testamentaire ne sont plus respectés (la maison n'est plus utilisée comme école et hospice) et que la Révolution lui a occasionné des pertes évaluées à 6 millions de francs, souhaite en retrouver la propriété. En décembre 1818, le conseil municipal demande au préfet de prendre une décision, pour l'aider à conserver la propriété de cette maison commune. Il faut attendre mai 1821 pour que le préfet rejette la revendication des héritiers de Madame de Cotte, jugée inadmissible.

Maison commune : presbytère, mairie, et école

En avril 1813, l'église est réouverte, après le rétablissement du culte : M. le vicomte d'Osmond  demande au receveur des domaines de Poissy l'autorisation d'y loger le desservant, c'est à dire le curé, M. Carpentier. En septembre suivant, il propose d'y installer également la mairie et l'instituteur, M. Louis Eustache Moreau.

En 1834, l'instituteur et le curé sont toujours logés dans cette maison,  ce qui crée des servitudes et des frais que le conseil municipal décide de faire cesser, en acquérant une autre maison pour y transférer l'école. Le tableau suivant représente la composition de la maison à cette époque ainsi que le nouvel arrangement envisagé.

COMPOSITION DE LA MAISON

 

NOUVEL ARRANGEMENT

Rez-de-chaussée
3 grandes pièces, dont 2 avec cheminée
1 escalier ne donnant sur aucune de ces pièces

1er étage
1 salle à manger avec cheminée
1 salon
2 chambres à coucher (à feu)
4 grands cabinets

grenier

cave

jardin de 60 perches environ (2000 m2)

2 entrées séparées


  Pièces affectées au desservant

Rez-de-chaussée
1 entrée principale
1 cuisine en bas

1er étage
1 salle à manger
1 salon
2 chambres à coucher
4 grands cabinets

grenier

cave

jardin

Pièces affectées à l'instituteur
et à la mairie


Rez-de-chaussée
2 grandes pièces

 

En août 1844, la commune décide de vendre une parcelle du terrain, d'environ 23 ares (partie supérieure du plan ci-dessous) ; sur l'un des côtés, la maison "Les Pigeons" sera construite ; l'autre deviendra le jardin potager de la villa "Albertina" avant d'accueillir un central téléphonique de France Télécom.

L'autre partie, représentée sur l'agrandissement du plan ci-contre, restera à la maison, servant toujours de presbytère, de mairie et d'école.

Le but du maire, M. Simon, est d'alléger le budget de la commune, qui construit une école rue de Neauphle.

En juillet 1890, le conseil municipal décide d'aménager une salle à manger destinée au curé.

En décembre 1892, après la construction de la nouvelle mairie-école, le garde champêtre ayant démissionné, pour traitement insuffisant, le maire souhaite aménager la maison communale pour le loger gratuitement. Une convention est établie et approuvée par le préfet et l'évêque ; toutefois, le financement  des nouveaux aménagements, d'un montant de 1 878 F, ne sera pas trouvé et le projet restera sans suite.

maison commune
ancienne maison de la geôle

La maison commune est devenue une agréable maison d'habitation, après divers aménagements et transformations.