Dès sa participation à des compétitions régionales, l'association "Espérance de Villennes", fondée en 1928, a obtenu des succès sportifs :
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F. G. S. P. F. La Société l'Espérance de Vilennes qui n'est inscrite que depuis
6 mois à la Fédération, a fait sa première sortie, dimanche dernier,
en allant participer au concours régional qui se tenait, cette année,
aux Mureaux, où de nombreuses sociétés venues de différents points du
département avaient rassemblé 3.000 gymnastes. PICARD. Journal de Poissy et ses environs, 13/7/1933 |
Nous reproduisons ci-après le texte et les illustrations de l'ALBUM SOUVENIR, qui a été réalisé et diffusé en 1997, lors de l'arrêt de ses activités.
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Il faut, pour commencer, imaginer Villennes à la fin des années vingt : c'est encore une petite commune rurale très sympathique de moins de 1 300 âmes, dont l'île est fréquentée à la belle saison par de riches familles parisiennes qui n'ont pas encore découvert la Riviera ou les sports d'hiver. Mais la commune ne s'est pas encore dotée d'infrastructures destinées aux jeunes. Un ancien moniteur de Joinville, M. Detournay, commence alors à réunir et à entraîner quelques gymnastes débutants. Très vite, l'abbé Gallais, curé de Villennes, se préoccupe de donner un cadre et un statut à cette activité. Ce qui motive le curé : le désuvrement des jeunes qui n'ont pour loisirs que les cafés et le jeu de Tamis (qui est assez comparable au jeu de paume et à la pelote). L'Abbé sait que la pratique d'une activité sportive peut être l'occasion d'un développement harmonieux de l'individu, qui assouplit et développe le corps. Préoccupé de l'évolution morale de ses ouailles, il pense également qu'une certaine discipline du corps soutient et renforce l'âme : mens sana in corpore sano. Son choix se porte donc sur la gymnastique, discipline la plus générale, la plus équilibrée, et qui offre aux jeunes une bonne préparation à tout autre activité physique pour l'avenir. L'abbé Gallais fonde donc en 1928 la société de l'Espérance, soutenu par M. Cornille, un habitant de Villennes qui n'hésite pas à avancer les fonds nécessaires à la naissance de l'association, et en devient président pour de nombreuses années.
Malgré la modicité de la cotisation demandée aux parents, le chômage et les charges qui pèsent sur les familles modestes de Villennes conduisent le comité à décider, à l'unanimité, de ne faire payer qu'au premier enfant de chaque famille son costume de gymnastique. Chacun participe, à la mesure de ses moyens, offrant par ailleurs son temps pour développer l'association. Ainsi, les moniteurs, les médecins, les commerçants, ... offriront bénévolement, tout au long de l'histoire de l'Espérance, leur concours pour l'enseignement, le suivi médical, l'entretien du matériel, l'habillement et le transport de l'équipe, les récompenses, ... Tandis que la salle paroissiale se construit, les habitants entourent donc les membres actifs et les premiers jeunes abonnés. C'est ainsi qu'est organisée en Septembre 1933 la "fête de la gymnastique" au cours de laquelle Mme Lemonier, membre bienfaiteur, fait don de son premier drapeau à l'Espérance de Villennes, drapeau qu'aujourd'hui, soixante-quatre ans après, l'Espérance confie à la ville. C'est le coup d'envoi officiel de l'association qui rejoint les autres clubs de gymnastique de la région. Le Drapeau est béni par M. le Curé et les enfants défilent dans l'avenue Foch.
En 1941, l'Espérance demande à la municipalité de créer un stade dans le terrain communal avec piste, terrain de basket-ball, saut en longueur, saut en hauteur, saut à la perche, barres parallèles et barres fixes. Un suivi médical est assuré. En 1942, une clique est même formée. L'Espérance rencontre néanmoins des difficultés : l'accroissement des dépenses, l'absentéisme et l'emprisonnement du curé jusqu'en septembre 1944. Après guerre, la société change de statut afin d'être agréée par le Ministère de l'Éducation. M. Cornille est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1949.
Des événements jalonnent les saisons à Villennes, que l'Espérance anime : galas, séances théâtrales, retraites aux flambeaux, projections de films, démonstrations de gymnastique, pyramides, feux d'artifices. Cet air de fête donné à la ville, avec sincérité, est d'autre part nécessaire pour couvrir des dépenses de plus en plus élevées. Le principe du bénévolat n'est cependant jamais remis en question, même si l'évolution de la société française et les contraintes économiques freinent l'élan de l'Espérance. Il faut ajouter que la municipalité s'est elle-même progressivement équipée en matériel d'activités physiques et sportives.
Ainsi, trois présidents, cinq prêtres, cinquante membres dirigeants, huit moniteurs, monitrices et entraîneurs, plus de deux mille membres actifs et les habitants de Villennes ont donné de leur temps pour l'Espérance. Parmi ceux-ci, nombreux sont ceux qui demain encore se souviendront et transmettront le souvenir de l'Espérance de Villennes. Les 21 et 22 juin 1980, Villennes célébrait l'arrivée de l'été, un été bien particulier puisqu'un événement prestigieux le marquait : le cinquantenaire de l'association. Maurice Magnet, maire de Villennes, rendait hommage à cette "société au titre évocateur de confiance en l'avenir dont l'histoire au cours de ces cinquante dernières années s'identifie avec celle de notre cher village", encourageant "les adhérents à persévérer et à développer leur effort de formation physique et morale de notre belle et ardente jeunesse pour la préparer aux rudes tâches qui l'attendent dans la vie d'adulte". Ainsi, devant les personnalités du département, la municipalité et le Comité, eurent lieu les festivals apothéose au stade municipal : défilé de l'Espérance, musique, exhibition de gymnastique, grand feu de la Saint-Jean, et bal le samedi ; concours de gymnastique féminine, majorettes venues de toute la région, grand défilé, largage de parachutistes sportifs de l'A.S.C.A.T, démonstration de gymnastique masculine, pyramide de l'Espérance et remise des prix le dimanche. Une fois encore, la liste des habitants et commerçants de Villennes ayant tenu à offrir coupes et récompenses est impressionnante. À la date de la célébration du cinquantenaire, l'Espérance était déjà parmi les plus anciennes sociétés sportives de la région affiliées à la Fédération Sportive et Culturelle de France. |
Pour aller plus loin dans l'histoire de la gymnastique, nous vous proposons de visiter deux sites Web :