Nous emprunterons quelques descriptions précises faites par les instituteurs de Villennes et de Breteuil dans le document qui leur été demandé en 1899, comme à tous leurs collègues de France, dénommé "Monographie des instituteurs".
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Villennes peut être atteint en cinquante minutes de Paris (14 trains descendant et 17 trains montant) ; des hôtels offrent aux touristes nourriture et logement qui manquent dans beaucoup de campagnes. |
Si Villennes est aussi prospère aujourd’hui, c’est surtout grâce à l’intelligence et à la générosité des habitants qui se sont imposé de très fortes souscriptions volontaires pour obtenir de la Compagnie de l’Ouest, la gare actuelle et de l’Etat, le bureau de poste, téléphone et cabine téléphonique publique. |
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Paradoxalement, la distance et la dénivellation entre les hameaux (Breteuil et la Clémenterie) et Villennes maintient leurs habitants à l'écart. Un article de journal de 1894, à propos de la polémique sur l'arrivée du gaz dans la commune, qualifiait le hameau de Breteuil de "petite Suisse" et ses habitants de "montagnards". Si le village devient prospère, l'instituteur de Breteuil est très pessimiste sur le développement de son hameau : il n’a pas d’avenir possible. Les enfants des familles peu aisées quittent Breteuil parce que l’ouvrage y manque surtout en hiver.
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Le "chef-lieu" conserve l'aspect qu'il avait en 1896, tel que nous pouvons le voir sur le plan-relief de Villennes. La rue du Président (actuellement avenue du Général de Gaulle puis avenue Georges Clémenceau), qui permet d'accéder à l'église et à la gare, se termine devant la grille monumentale du château. |
Des maisons se sont construites le long de cet axe ainsi que de la rue de Poissy et de la rue de Médan (rue Gallieni et rue du Maréchal Leclerc, aujourd'hui), mais 40 % de la population se trouve toujours concentrée dans le centre historique du village (rue des Ecoles, rue de la Mairie, ruelle de la Lombarde, ruelle Saint-Nicolas, rue du Regard et rue de la Fontaine). Dans les cinq dernières années, 13 maisons se sont construites près de l'église et de la gare ; les 5 premières habitations sont apparues au "Bord de l'Eau".
La population se développe
La population permanente de Villlennes, qui n'avait pas varié entre 1896 et 1899 (658 habitants), augmente ensuite de 22 personnes en 2 ans et elle s'accroît déjà chaque année en été : des rentiers parisiens y viennent en très grand nombre pendant la belle saison.
Dans le village les professions les plus représentées sont celles de jardinier pour les hommes et de couturière pour les femmes.
Cliquez
ci-après pour lire des détails sur la
population en 1900.
L'agriculture reste la principale activité
Il y avait encore, quelques dizaines d'années auparavant, de nombreuses fermes dans le village même. L'instituteur écrit, en 1899 : à peine y voit-on deux ou trois cultivateurs ; en fait, huit y sont encore recensés ainsi que 10 journaliers. Les hameaux au contraire sont presque exclusivement habités par des cultivateurs. L'entreprise d'horticulture de la famille Derain existe déjà ; ses charretiers sont également employés pour l'enlèvement des ordures dans la commune.
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Entre Villennes et les hameaux,
se trouve la jolie ferme
de Marolles. |
Sur le plateau, on cultive un peu partout les céréales. On cultive beaucoup la pomme de terre, surtout la variété dite saucisse. Mais ce qui fait la richesse du hameau, ce sont les arbres fruitiers : cerisiers, pommiers et pruniers. Les pruniers surtout donnent d’assez beaux revenus, même dans les années ordinaires. On expédie les prunes à Paris et en Angleterre, surtout la variété dite Prune de Monsieur. Beaucoup de cultivateurs ramassent avec soin les prunes tombées et en obtiennent par la distillation une eau-de-vie très estimée consommée en grande partie dans le pays ou dans les environs.
Il y a également une assez grande quantité de vignes qui fournissent un vin agréable très rafraîchissant en été. La vigne qui était, il y a quelques années, d’un très grand rapport, est devenue par suite de maladie et de mauvaise saison, d’un produit très minime. En effet, nous savons que le phylloxéra a anéanti, en cette année 1899, tous les plants de vigne de la région.
Comme animaux utiles à l’agriculture, on peut trouver à Villennes : quatre vingt chevaux, quarante vaches, quatre cents moutons. Ils sont moins nombreux dans les fermes de Breteuil : beaucoup de cultivateurs ont chacun un cheval ; quelques-uns deux. Point de bufs, quelques vaches fournissant du lait aux habitants du hameau. Le reste est vendu à des laitiers qui le portent à Paris chaque jour. Point de moutons. Peu de volailles.
Il y a également des animaux dans la nature environnante : peu de gibier,mais quelques lapins dans les bois. Il y a une grande quantité d’oiseaux attendu qu’on les respecte. Beaucoup font leur nid autour de la maison d’école et dans les arbres avoisinants sans être effrayés par les jeux des enfants. Il y a fort peu d’animaux nuisibles. Quelques renards dans des bois touffus ont creusé leurs terriers mais ils commettent peu ou point de dégâts dans le hameau.
Une industrie et quelques artisans
Dans le village, l’industrie n’y est guère représentée que par les plâtriers, les maçons et les menuisiers.
Les carrières et la plâtrière, qui appartiennent à Louis Parvery, se trouvent à Breteuil : On extrait d’une grande partie du sol de la pierre meulière qui sert pour les constructions et pour l’entretien des routes. Il y a eu autrefois de nombreuses tuileries dont on voit encore les ruines dans certains endroits. Aujourd’hui la fabrication des tuiles et des briques est totalement abandonnée. Par suite de l’extraction de la glaise, il en est résulté un grand nombre de trous assez profonds qui peu à peu se sont remplis d’eau. Près du hameau se trouve une fabrique de plâtre. Le gypse est très abondant dans le sous-sol du hameau. On a établi déjà plusieurs plâtrières qu’on a abandonnées quand la matière première a fait défaut. La plupart des carrières sont souterraines.
Le nombre de professionnels du bâtiment montre que le développement des constructions s'est amplifié : 10 maçons (dont certains sont employés par M. Mirgon, qui possède une entreprise importante), 7 menuisiers, 4 peintres, un tailleur de pierre, un terrassier, 3 serruriers, un plombier, un fumiste, un miroitier et un architecte.
Quelques commerces et seulement deux restaurants
Le recensement nous donne le nombre de commerçants mais non pas celui des magasins, ceux-ci pouvant employer plusieurs personnes. Le commerce le plus florissant est celui du vin : 7 marchands, dont un à Breteuil ; on dénombre également 4 bouchers (dont un garçon), 3 épiciers, un boulanger (et son garçon), un laitier, un marchand de beurre, un marchand de nouveautés, un marchand forain et un marchand aux halles. Il y a également dans le village un cordonnier et un coiffeur.
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Un seul restaurant, Les Tilleuls, est alors établi en bord de Seine ; l'autre est celui du Sophora, rue de la Gare. Le nombre de bateliers a été plus important dans le passé et le redeviendra plus tard : en 1901, ils ne sont que deux. |
Les premiers services "publics"
Distribution d'eau
Quelques villennois, ainsi que l'école, disposent d'un puits ; les autres vont chercher l'eau à la borne-fontaine du Regard, appartenant à la commune, alimentée à raison de 10 litres à la minute par une source située dans le parc de l'ancien château ; les femmes font leur lessive au lavoir de la Fontaine ou à celui de la rue de la Mairie.
Un projet de "faire mettre l'eau dans la commune" est en cours d'étude ; il conduira en 1902 à la création d'une compagnie de distribution d'eau mais il faudra attendre l'année 1910 pour la pose des premières canalisations.
Poste et téléphone
Dix ans après l'installation d'un facteur-boîtier municipal à Villennes, un bureau de poste a été créé, en 1890, dans la maison voisine de l'église (aujourd'hui rue Maurice Dreux). Ce local sera utilisé jusqu'au transfert du bureau, en 1907, dans la maison où il est toujours situé actuellement.
Le service téléphonique a été ouvert en 1891, une sonnerie d'appel prévenant à son domicile voisin le "piéton" chargé de porter les dépêches téléphoniques.
Le début de la construction d'un réseau téléphonique à Villennes a eu lieu en 1896. Des poteaux ont été installés dans le centre du village pour desservir les abonnés jusqu'au début de la Côte Saint-Jean et vers l'amont de la Seine, dans la première partie de la rue de Poissy ainsi que dans la sente des Iselles. Le réseau s'étendait alors jusqu'au château d'Acqueville, dont le propriétaire, M. de Lassuchette, fut l'un des premiers abonnés. Le château de Villennes disposait de 3 lignes. Le marchand de fromages, M. Godfrin, le marchand de vins, le boulanger, M. Ouroux, et l'entrepreneur de maçonnerie, M. Mirgon, ont été parmi les premiers villennois à bénéficier du téléphone. La traversée du chemin de fer posant alors des problèmes, le restaurant "Les Tilleuls", situé de l'autre côté du passage à niveau, ne sera desservi que plus tard.
Il faudra attendre 1912 pour que le téléphone soit installé à la mairie afin de lui permettre d'être rapidement en rapport avec la Gendarmerie et le Parquet et 1924 pour qu'une ligne téléphonique soit posée entre le hameau de Breteuil et le bureau de Villennes …
Enlèvement des ordures ménagères
M. Derain, horticulteur de Villennes, a été chargé d'enlever régulièrement tous les dimanches les ordures ménagères ainsi que les boues ramassées par les cantonniers, pendant 3 ans à partir de 1899 ; ce travail doit être terminé à 10 heures du matin. De juillet à septembre, les boues et ordures sont également enlevées le jeudi.
Eclairage et chauffage
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Le gaz est la première source d'énergie apparue dans la commune. Sa distribution a été confiée, en 1894, à la société d'Eclairage et de Chauffage par le Gaz de Poissy qui a installé 57 lanternes pour l'éclairage des rues, au deuxième semestre de cette année. Ensuite, le gaz a été disponible dans les maisons des villennois, habitant à proximité du parcours des conduites, qui le souhaitaient. |
Tous les lieux publics ne seront pas immédiatement desservis : en 1903, lors d'un projet d'amélioration de la gare, il sera noté que l'insuffisance notoire de l'éclairage rend les quais très dangereux alors que la Compagnie pourrait les éclairer au gaz et donner ainsi aux voyageurs la garantie de sécurité qu'ils sont en droit d'attendre d'elle.
Le gaz ne sera pas remplacé par l'électricité,
pour l'éclairage, avant une vingtaine d'années. Dès 1908 la municipalité entreprendra
des études dans ce but, mais la Société d'Electricité de Villennes ne sera
créée qu'en 1922 et l'installation du réseau aura lieu l'année suivante.