Un registre incomplet mais très instructif
Dans la seconde moitié du 19ème siècle, chaque ouvrier ou employé devait posséder un livret d'ouvrier. Un registre conservé dans les archives municipales recense toutes les demandes de livret entre 1855 et 1888, avec de nombreux détails sur chaque titulaire.
Nous n'exploiterons pas les nombreuses informations personnelles de signalement (taille, cheveux, sourcils, front, yeux, nez, bouche, barbe, menton, visage, teint, signes particuliers) des 81 personnes ainsi recensées. Par contre leurs lieux de résidence et de naissance et, surtout, leur profession ainsi que le nom et la profession de leur employeur (leur maître) nous fournissent des renseignements très intéressants sur cette époque.
On peut, toutefois, se demander si tous les ouvriers et employés ont été inscrits, car leur nombre, important la première année, diminue ensuite et aucun nouveau livret n'est enregistré dans les années 1873 et 1876 à 1885 ...
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1858
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1859
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1860
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1861
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1862
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1863
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1864
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1865
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18
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8
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3
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4
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2
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4
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1
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1
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1
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4
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1866
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1867
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1868
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1869
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1870
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1871
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1872
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1874
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1875
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1886
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1887
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1888
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2
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3
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2
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9
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4
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1
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1
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1
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5
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2
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Lieux de résidence et de naissance
76 possesseurs d'un livret d'ouvrier résident à Villennes, 3 à Poissy ; deux n'ont pas de domicile fixe : un terrassier employé par un jardinier et un vannier ambulant, dont le patron est un charcutier.
Parmi les 78 personnes, dont le lieu de naissance est indiqué, 31 sont originaires de Villennes (nous mentionnerons les noms de quelques uns d'entre eux) et 13 des communes voisines (Bures-Morainvilliers, Chapet, Médan, Orgeval, Poissy, Triel) ; 3 sont nés dans des grandes villes de la région (Paris, Versailles, Rambouillet).
Les autres viennent de différentes provinces françaises, quelques uns étant originaires du département des Côtes du Nord, et même de l'étranger : six terrassiers belges, un journalier agricole italien et une bonne, née à Frankfort sur l'Oder en Allemagne.
Les plus jeunes ont 15 ans (une domestique, une couturière, un journalier, deux charcutiers). Le plus âgé est, à 59 ans, le "manouvrier" du propriétaire du château de Villennes, Jean Baptiste Paradis.
Les métiers exercés
L'agriculture
Parmi les employés des cultivateurs, on dénombre, dans cette période :
- 10 journaliers,
- trois charretiers (chez deux cultivateurs de Poissy, l'un étant à la Maladrerie, et un fermier de Verneuil),
- un garçon fruitier.
La famille Rivierre emploie ses enfants :
- un tonnelier (Eugène chez son père),
- un manouvrier (Hippolyte chez ses parents),
- une cultivatrice (Anna chez son père, Louis Vincent).
Deux Villennois, François Joseph Hélenne et Julien Théodore Petit-Jacques, sont cultivateurs chez un entrepreneur, M. Alouis.
Les noms de quelques cultivateurs de cette époque sont
mentionnés : Gaury, Alouis, Leroux, Dappe, Rivierre, Voyer, Renault,
Pottier, Godfrin.
La meunerie
Un meunier de Poissy, M. Prévot (?), emploie deux journaliers.
Deux gardes-moulin sont au service de meuniers de Villennes : M. Gilbert et
M. Dumas, qui a confié cet emploi à son fils Henri Toussaint.
Les carrières, plâtrières et tuileries
M. Parvery, plâtrier puis maître-plâtrier, a divers employés : 2 carriers, 3 ouvriers plâtriers, un carrier plâtrier, un journalier carrier et un manouvrier. Seuls Jean Baptiste Henri Petit-Jacques et Jean Baptiste Voyer sont originaires de Villennes.
Un tuilier travaille dans l'entreprise de tuilerie de M. Voyer.
Un entrepreneur de serrurerie, qui est également carrier, M. Daniel,
emploie un maçon-carrier.
Les entreprises du bâtiment
Louis Philippe Hélenne et Benoni Lesieur travaillent
comme maçons chez le père de ce dernier, entrepreneur. Vincent
Marie Allouis est maçon au château d'Acqueville, appartenant
alors à Mademoiselle Latour de Foissac.
Emile Martin est maçon chez un maître maçon d'Orgeval
; Gustave Adelinas Thuret et Léon Auguste Blanchard ont le même
emploi chez un entrepreneur de Poissy et un maître maçon de Verneuil.
Deux entrepreneurs, dont l'un de Mantes, et un maçon
emploient chacun un journalier. Un manoeuvre et Ernest Thuret, tailleur de
pierres, sont au service d'entrepreneurs de Poissy.
L'aménagement des parcs et jardins
En 1969 et 1970, Jean Baptiste Paradis, propriétaire du château de Villennes, embauche 10 terrassiers ainsi qu'un manouvrier et un jardinier pour les travaux de transformation de son parc. Ils sont originaires d'autres régions, plus de la moitié venant du Nord et de Belgique.
Un autre terrassier travaille chez M. Denis, jardinier. Un cultivateur, Louis Gaury, ainsi que M. Bocquillon, fruitier, emploient également un jardinier.
Le Médanais, Emile Derain, dont les descendants seront
encore de nos jours horticulteurs et pépiniéristes, travaille
chez un jardinier villennois, Louis Jules.
Le personnel de maison
Deux jeunes villennoises, Sophie Blanchard et Marie Joséphine Doré, sont employées comme domestiques, la première par un rentier de Saint Germain, l'autre par un charcutier de Poissy.
Deux hommes et une femme sont domestiques chez des cultivateurs. M. Binet, propriétaire, a également une domestique. Un carrier en pierre à plâtre, Louis Leconte, a donné cet emploi à sa fille Elise.
M. Henry, propriétaire, est l'employeur de la bonne
allemande déjà mentionnée. Eugène Parvy travaille
chez M. Latour de Foissac, propriétaire du château d'Acqueville.
Les artisans
Un tanneur d'Eure et Loire emploie un journalier de Villennes
; un ouvrier travaille chez un autre tanneur de Saint Germain en Laye.
François Louis Daniel est serrurier chez son père, maréchal
serrurier.
Jean Baptiste Roch Dappe est scieur dans l'entreprise de sciage de Poissy,
Maquet et Compagnie.
Une couturière travaille à Poissy.
Les commerces d'alimentation
Emile Denis Meunier travaille dans la charcuterie de M. Quenner
(?), qui emploie également un vannier ambulant. Jules Hippolyte Voyer
est charcutier chez ses parents.
Un garçon boucher est employé dans une boucherie parisienne.