Edouard Briens et Charles Machoire
Les receveurs de rentes
Bien que nous ne connaissions pas la nature de leur lien, familial ou amical, au delà de leur profession commune, nous regroupons ces deux Parisiens, qui acquièrent très tôt des terrains à Villennes.
Tous deux ont un métier aujourd'hui disparu, que l'on pourrait situer entre le courtage financier et la gestion de patrimoine : le receveur de rente était dépositaire des titres et de l'argent de ses clients.
Honoré de Balzac en donne une définition dans son ouvrage "Les
Français (peints par eux-mêmes)" :
| La profession de receveur de rentes a été créée pour lui (le rentier). Ses inscriptions de rentes sur le Grand-Livre ou ses contrats, son titre de pension, sont déposés chez un de ces hommes d'affaires qui, n'ayant pas eu de capitaux pour acheter une étude d'avoué, d'huissier, de commissaire-priseur, d'agréé, de notaire, se sont fait un cabinet d'affaires. |
Il est à noter que l'un des promoteurs du lotissement de l'île, Louis Boutillon, était également receveur de rentes.
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Edouard Briens
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Edouard Eugène Briens est encore connu de nos jours par l'avenue de l'île, à laquelle il a donné son nom. Il s'est, en effet rendu propriétaire de l'île de Villennes, pour la lotir. Il possédait également plusieurs autres propriétés, qu'il louait :
- la maison de la place de l'Eglise à l'angle de la rue Parvery,
- le premier terrain du Sentier du Bord de l'eau, au bout de la rue
du Pont,
- les maisons des deux extrémités de la rue du Pont, à
gauche, la villa "Le Vieux Moulin" ; à droite, celle appelée
ensuite la "Maison Machoire",
- la maison
"Les Pigeons", dont le terrain avait fait partie de celui de
la maison commune.
Il a acquis les îlots des Bigochets en 1899, après le décès d'Emile Havez qui en était le propriétaire.
Il habitait rue Coquillère à Paris.
Les deux nièces et héritières d'Edouard
Après son décès en 1904, ses deux nièces héritent de ses propriétés. Marie Eugénie Royer, veuve Kureth, et Marie Othélie Royer habitent avenue de Versailles à Paris.
Il participera à l'aménagement du square central de l'île de Villennes, comme l'indique une notice publicitaire du lotissement, en décrivant ses qualités :
Ses ancêtres possédaient, à partir de 1735, le château de Montzaigle, une ferme fortifiée située à Villeparisis (Seine et Marne, de nos jours). Ils y habitaient avant qu'il tombe en ruines et qu'ils s'installent, en 1763, dans le village. Les parents d'Honoré de Balzac y possédaient une maison, où il s'est installé, en 1819, avec sa famille ; deux ans plus tard, sa fille Laurence a épousé Armand Désiré Michaut de Saint Pierre de Montzaigle (ce mariage a inspiré au romancier son ouvrage "La femme de trente ans"). |
La vente aux enchères
Le dimanche 1er décembre 1912, une vente aux enchères publiques a lieu, dans la salle d'école des garçons ; les héritières d'Edouard Eugène Briens mettent en adjudication toutes leurs propriétés de Villennes : deux maisons de rapport, dont la villa "Les Pigeons", le lotissement en bloc comprenant la majeure partie et le surplus de "l'île de Villennes" et trois îlots.
Le produit de l'adjudication permet aux deux surs, en complément des ventes des terrains de l'île, de rembourser leurs dettes, en levant les hypothèques prises sur leur différentes propriétés. Deux des 25 inscriptions sont en relation avec le lotissement de l'île :
- l'une concerne Amédée Gabillon, banquier, et Louis Boutillon, receveur de rentes, les promoteurs de l'opération immobilière,
- la deuxième est relative à un prêt d'Edward Spilburg Whitechurch, négociant, dont le père bâtira une villa dans l'île en 1916 ; il en héritera bientôt avant d'acheter une autre villa au Bois des Falaises en 1927.
D'autres inscriptions sont au profit de divers fournisseurs, notamment d'artisans, qui ont vraisemblablement aménagé et décoré l'une de leurs maisons (peut-être celle appelée ensuite la maison Machoire) :
- Jules Goycoécha, entrepreneur de peinture à
Villennes,
- Auguste Gounot, entrepreneur de maçonnerie à Paris,
- Armand Louvigné, entrepreneur de menuiserie à Paris,
- Edouard Redont, architecte paysagiste à Paris,
- MM. Gentil, Bourdet et Cie, architectes-céramistes à Boulogne-Billancourt,
- Georges et Camille Lemaire, miroitiers à Paris,
- MM. Fontaine et Vaillant, quincailliers à Paris,
- Louis Joseph Naudin, entrepreneur de peinture à Paris,
- L. Mabille, entrepreneur de menuiserie à Paris,
- Ch. Mildé fils et Cie, électriciens à Paris,
- Alexandre Edouard Elie Olin, doreur décorateur à Paris,
- MM. Belzacq frères, négociants à Paris,
- Louis Pierre Torcheux et Emile Léon Seignot, entrepreneurs de couverture
et plomberie à Paris,
- MM. Jolly et Bozzi, teinturiers.
Après la vente, plusieurs oppositions sont levées,
notamment celles de :
- M. Lorot, entrepreneur de menuiserie à Paris,
- Marcel Roullière, sculpteur à Paris,
- Martial Gabirou, entrepreneur de maçonnerie à Villennes.
Charles Edouard Louis Machoire habite à Paris d'abord avenue de Versailles (à l'adresse où habiteront les nièces et héritières d'Edouard Briens), puis rue Coquillère à proximité du domicile de ce dernier et rue de Pontoise.
Il achète successivement plusieurs terrains, où il fera construire des maisons, et des propriétés déjà bâties :
- un terrain du sentier du Bord de l'eau,
- la villa de la rue
du Pont, construite vers 1889 par Edouard Briens, qui sera appelée
la "Maison Machoire",
- en 1907, l'hôtel-restaurant "Aux Tilleuls",
- de 1910 à 1912, plusieurs terrains de l'île
où il fait construire une maison, comprenant une "remise à
auto".