La maison d'un architecte
Léon Rigoni est un architecte parisien qui habite Boulevard Voltaire lorsqu'il achète un premier lot en 1895, puis rue Fromentin lors de l'acquisition de deux parcelles voisines en 1898 et 1899, et plus tard avenue de Clichy. Ses terrains ne sont alors que des prés, traversés par le ruisseau qui avait été la "rivière anglaise" du parc.
![]() |
Lorsqu'il aura construit, au début du siècle suivant, une maison destinée à son usage personnel, il y plantera quelques arbres. |
|
|
Cette villa, de style normand, se caractérise par l'importante avancée de l'auvent de son toit. |
![]() |
Description de la villa, après sa construction
Elle a fait l'objet, en septembre 1908, d'un article dans un numéro consacré aux "Petites constructions à la ville et à la campagne" de la revue mensuelle d'architecture "L'habitation pratique", publiée par la "Librairie de la construction moderne".
Voici le texte intégral, illustré par la photo ci-contre et
par un plan en élévation, en couleurs, de la façade ;
il présente d'abord l'environnement de la villa, à Villennes,
avant de la décrire avec de nombreux détails relatifs à
son architecture et à sa construction.
|
Si le charme de la banlieue parisienne est dans sa variété - variété, qu'on a pu dire, exagérant à peine, qu'autour de Paris sont résumés toutes les beautés de la France - c'est assurément la région que bordent de ses capricieux méandres la Seine et l'Oise et où est situé Villennes. C'est dans cette jolie contrée, à 30 kilomètres de Paris, et d'où l'on a une vue splendide sur toute la vallée et les îles de la Seine : les Mureaux, Triel, Vernouillet et à l'horizon, les hauteurs de l'Hautil, Achères, Poissy, toute la forêt Saint-Germain, etc., que s'élève, depuis peu, la somptueuse villa dont nous donnons aujourd'hui une succincte monographie. Villennes est, de plus, entouré par de hautes futaies et des coteaux boisés qui font de ce pittoresque endroit un agréable lieu de rendez-vous pour les chasseurs et les pêcheurs. Soucieux d'harmoniser son uvre avec la nature environnante, M. Rigoni a imprimé aux façades le genre Normand qui sied aux habitations agrestes. Quant aux plans, ceux-ci sont étudiés avec un grand soin et une parfaite entente. Le sous-sol, entièrement dégagé du côté de la Seine et largement éclairé, comprend : une cuisine avec revêtement en carreaux de faïence sur les murs ; laverie, garde-manger, buanderie, caves à bois et à vins et la fosse d'aisances. Au rez-de-chaussée, on trouve une grande salle à manger, un fumoir qui tient lieu de salon, balcons, vestibule, office, débarras, chambre avec cabinet de toilette, water-closet et l'escalier desservant les eux étages au dessus. La salle à manger est décorée en style gothique et contient une cheminée monumentale. Le premier étage comprend les chambres de maîtres et une d'enfant avec salle de bains et cabinets de toilette. Enfin, le deuxième étage contient une belle chambre d'ami avec cabinet de toilette, lingerie, chambres de domestique et water-closets.
La dépense s'est élevée à 40.992 francs, y compris les honoraires de l'architecte. Le prix du mètre superficiel de construction est revenu à 395 fr. 90. |
L'ouvrage "Autour d'Orgeval de la boucle de Poissy au Pays de Cruye", publié par la Direction régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France, Service Régional de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, apporte les précisions et les commentaires suivants :
|
[...] Le bois véritable, peint de la même couleur [brun Van Dyck], est utilisé pour la réalisation des diverses balustrades et surtout de la charpente, dont les aisseliers, apportent une touche décorative supplémentaire. Cette maison dont le plan est finalement assez massé présente des élévations paraissant complexes du fait de l'utilisation de décrochements, du porche rejeté sur le côté, des nombreux formats de lucarnes ou de baies, protégées certaines par des auvents. Elle est couverte par des toits polymorphes à pente raide recouverts de tuiles plates; Ce style néo-régionaliste connaît un grand succès jusqu'aux années 1920, ses éléments décoratifs constituant un libre répertoire dans lequel peuvent puiser les entrepreneurs. Ainsi partout en Ile-de-France, on trouve des maisons, allant de la vaste villa à la modeste résidence de retraité, évoquant le pittoresque de l'architecture normande. La maison de gardien : disposant d'une remise et d'une écurie en rez-de-chaussée, elle est bâtie selon le même style décoratif que la maison de maître, mais dans une mise en uvre simplifiée. |
Les propriétaires suivants
La villa est acquise, en 1921, par un négociant d'Arras (Pas-de-Calais), Gustave Achille Vergnaud.
En 1940, des parisiens, Paul Durand et Louise Demont, en deviennent propriétaires. Raoul Durand, vraisemblablement fils du précédent, leur succède trois ans plus tard.
La villa, de nos jours
La maison, partagée en plusieurs appartements, a été très bien conservée.
![]() |
Chacun de ses côtés apparaît toujours très différent des autres. La maison de gardien (ci-dessous à droite), construite en bordure de l'avenue de Médan devenue l'avenue Foch, jouxte maintenant un immeuble. |
|
![]() |
![]() |
![]() |
Ce n'est plus la villa qui se reflète dans la "rivière anglaise". Les trois bâtiments de la Résidence Foch, qui l'entourent, ont été construits sur le terrain, initialement acquis par Léon Rigoni. |