Les kiosques

Un agent immobilier et un boulanger-pâtissier s'installent près de la gare

Au début du XXe siècle, la gare est devenue un point central du village. Un entrepreneur de maçonnerie, Jules Etienne Mirgon, entrevoit qu'il ne suffit pas de construire des maisons mais que leur vente et leur location peuvent être une activité lucrative.

S'adressant aux parisiens arrivant dans le village, de plus en plus nombreux par le train, il souhaite s'installer près de la gare

 

Dans le même temps, un patissier de Poissy, Louis Arthur Sourdet  succède en 1903 à M. Langlois, un autre patissier pisciacais ; celui-ci  était locataire d'une parcelles de terrain, où il avait installé en 1896 une boutique.

Tous deux recherchaient la clientèle des Villennois qui prennent le train pour aller travailler à Paris.


Jules Mirgon installe alors son agence immobilière dans un deuxième kiosque, qu'il a construit.

 

  

La localisation est ainsi précisée dans un acte notarié :

près de l'ancienne gare, tenant d'un côté et en façade la place donnant accès au passage à niveau, par derrière la rampe d'accès du pont du chemin de fer de l'Etat [...]

L'agence immobilière Mirgon y est ainsi décrite :

Une petite construction en bois genre kiosque élevée sur terre plein d'un rez de chaussée comprenant une pièce [...]

Jules Etienne Mirgon et son épouse, Louise Eugénie Decoulare-Delafontaine, tous deux originaires d'Orgeval, y exercent désormais "le commerce d'agents de ventes et de locations".

Cliquez ci-après pour consulter la généalogie de la famille Mirgon, qui comprend de nombreux maçons.

La date de construction des deux kiosques n'est pas précisément connue ; elle est antérieure à la délibération du conseil municipal de janvier 1903, qui porte de 360 F à 420 F le montant annuel du loyer de M. Mirgon et de 50 F à 100 F celui de M. Sourdet.

Janvier 1910 : les kiosques sont dans l'eau

 

A chaque forte inondation, tout particulièrement lors de la crue de 1910, les kiosques deviennent difficilement accessibles.

Une barque assure le passage, mais les deux commerces doivent vraisemblablement suspendre leur activité.


Cette photographie nous montre les deux kiosques, de manière précise.  

1914-1918 : la guerre ferme les kiosques

Plus que les inondations, c'est la guerre qui interrompt le fonctionnement des kiosques.

En septembre 1919, une lettre de M. Sourdet au maire explique qu'il n'a pas eu d'activité depuis 5 ans, en raison de sa mobilisation et du manque de sucre.

Fin de l'activité immobilière du kiosque

M. et Mme Mirgon quittent les lieux, fin avril 1921, après avoir fait exécuter des travaux de consolidation et réparations du kiosque ; ils en font abandon à la commune, dans les conditions qui viennent d'être décidées par le conseil municipal.

Cette cession gratuite fait l'objet d'un acte notarié, en date du 20 août 1924, dont les conditions particulières spécifient qu'une agence immobilière ne pourra pas s'y installer :

Monsieur et Madame Mirgon cédants imposent expressément à la commune de Villennes cessionnaire l'interdiction absolu de ne pouvoir jamais louer affermer vendre ou affecter la construction faisant l'objet de présente cession à une agence de ventes locations ou gérances d'immeubles ou de toutes autres opérations immobilières quelconques. [...]

En effet, la famille Mirgon poursuivra ses activités dans un ancien pavillon du château, où se trouve toujours une agence immobilière.  

Diversification des commerces

Mademoiselle Emma Inderbitzin, demeurant rue du Parc qui deviendra bientôt l'avenue du Maréchal Foch, succède à M. et à Mme Mirgon en décembre 1921 ; son bail sera renouvelé pour 6 ans en 1924.

En 1929, M. Billaud, pâtissier à Poissy a succédé à M. Sourdet.

En 1934, le kiosque est loué à M. Maroni Pasters, cordonnier, demeurant à Poissy. Son bail est résilié en juillet 1936, car il n'a payé aucun loyer malgré les poursuites engagées contre lui. Mme Antonia Delpierre, confectionneuse, domiciliée à Médan, lui succède. En mars 1940, la guerre la conduit à demander la résiliation de son bail :

vu la guerre et le manque total de matières, je ne puis travailler comme tricoteuse ne pouvant continuer de payer la location du kiosque qui ne me rapporte rien. [...]

Par contre, la guerre favorise la prolongation de la vie des chaussures plutôt que l'achat de nouvelles : en mai 1941, le cordonnier qui l'a remplacée, M. Joseph Raviguet, domicilié à Vernouillet, change de kiosque. Il est remplacé par M. Constant Baty, demeurant à La Clémenterie, qui exploite un dépôt de poissons et de légumes.

Dès 1950, la municipalité envisage de démolir les kiosques jugés inesthétiques et en mauvais état. Les kiosques seront néanmoins exploités encore une dizaine d'années ... M. Raviguet est informé que son bail ne sera pas renouvelé en raison des aménagements et embellissements projetés. Ce n'est qu'à la fin de l'année 1953 qu'il restitue son kiosque, ayant trouvé une boutique à La Garenne Colombes.

Mme Yvonne Montel, demeurant rue Georges Clémenceau, le remplace en janvier 1955. Elle installe des machines automatiques pour l'exploitation d'un fonds de blanchisserie et de teinturerie. Son activité n'est pas très rémunératrice ; elle ne peut pas payer ses loyers à partir d'octobre de cette année. Il est décidé de résilier son bail en février 1957, puis à nouveau en en mars 1960. La municipalité avait attendu qu'elle vende son chauffe-eau et sa machine à laver.

La démolition

Le maire écrit, en octobre 1960, à EDF pour lui demander d'enlever le compteur électrique et de couper le courant, afin de démolir le kiosque.

L'épicerie

En 1965, Villennes comprenait encore 6 magasins d'alimentation générale, 2 boulangeries-pâtisseries, 2 boucheries, une charcuterie ; l'épicerie la plus ancienne du centre est restée, avec une boucherie et une boulangerie uniques, les seuls en activité.

La grange

A son emplacement se trouvait une grange qui, comme le bâtiment construit après son incendie, a eu les mêmes propriétaires que l'île de Villennes, après leur acquisition par le fermier de Marolles, Henry Lelarge, en 1825.

La grange et ses dépendances sont vendus aux enchères après le décès de Jean-Michel Lamirault et de son épouse ; deux de leurs fils sont alors bouchers à Paris. Ils sont issus de la même famille que le premier propriétaire de l'hôtel-restaurant voisin ; présente à Villennes depuis le début du XVIIe siècle, son nom a eu plusieurs orthographes.

L'adjudication a été annoncée dans le journal Le Courrier de Versailles, le 15/2/1874, en même temps que celle de l'île.

La grange était ainsi décrite :

Une grange, petit bâtiment, cave, cour et jardin, le tout clos de murs, situé dans le village de Villennes.

 

 

Le magasin de produits alimentaires

La première épicerie est exploitée par la famille Fortin au début du 20ème siècle.

 

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Gaston Balade acquiert l'épicerie ainsi que la buvette attenante, vers 1910, et les rénovée. Il propose à la commune, en 1911, de participer par moitié à la réfection du trottoir, s'il peut être autorisé à y installer des tables et des chaises l'été. Sa demande, 3 ans plus tard, d'en acquérir une partie pour agrandir son magasin n'est pas acceptée, la propriétaire du restaurant voisin "Au Berceau" y opposant.  
 

L'épicerie ne vend pas que des produits alimentaires. L'en-tête de ses factures mentionne "Mercerie et chaussures" ainsi que Faïences et verrerie".

Cette facture est relative à la fourniture de 80 lanternes à la fanfare pour la retraite aux flambeaux qu'elle a organisée en 1912.

La veuve de Gaston Balade cède le magasin et la buvette à Paul Blossier en 1921.

A côté des produits alimentaires frais, il vend des conserves de qualité et de bonnes bouteilles de vin.

 

 

Paul Blossier mettait lui-même en bouteilles les vins qu'il vendait.



(Photos de Georges Parot)


 

Certaines des factures de l'épicerie Blossier portent des publicités pour des produits qui y étaient vendus. Certains ont disparu de nos jours, d'autres existent toujours.

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De l'épicerie à la supérette

Les Villennois se rappellent les successeurs, qui ont créé et exploité la "supérette" avant les gérants actuels  : Monsieur et Madame Noé puis Abdou Youssef, dit Doudou, Marc et Corinne.


La supérette en 2004

La dernière transformation, appréciée des Villennois, a eu lieu à l'occasion d'un changement d'enseigne : le magasin Carrefour City a été ouvert le 31 août 2016.

La frise métallique de l'avancée vitrée, autrefois ouverte pour la vente de fruits et de légumes aux passants, rappelle judicieusement celle de la halle du marché, construite trois ans plus tôt.


Le marché

La création du marché

 

En 1897, l'accroissement de la population, surtout en été, rendait difficile l'approvisionnement en denrées. Le conseil municipal établit un marché, qui se tenait déjà le samedi matin, mais seulement d'avril à novembre.

Cet indicateur mentionne qu'en 1904 un marché se tenait à Villennes, toujours le samedi.

Nouvelle organisation officielle du marché

 

Le marché de Villennes, qui se tient, de nos jours, le samedi matin sur la place de l'Eglise (autrefois devant le Sophora), a été toutefois officiellement créé en 1920.

Le 8 février de cette année, le conseil municipal décide de signer une convention avec MM. Raphaël Rigaud et Alfred Lombard pour la création d'un marché pour l'alimentation en denrées de toutes sortes. Entrepreneurs de marchés, demeurant à Paris, ils ont la concession du droit exclusif de percevoir les taxes communales de place et de stationnement à ce marché.

Ci-contre : un marché de cette époque

Voici la transcription de l'arrêté relatif à la création d'un marché :

Le Maire de Villennes sur Seine

Vu la loi du 5 avril 1884 ;
Vu la convention intervenue le 28 février 1920 entre le Maire de Villennes sur Seine et M.M. Rigaud et Lombard en vue de la création d'un marché en cette commune, place de l'Eglise

Arrête ce qui suit :

Art. 1er - La Commune de Villennes sur Seine concède à M.M. Rigaud et Lombard aux clauses et conditions ci-après, le droit exclusif de percevoir dans toute l'étendue de la commune les taxes communales de place et de stationnement aux marchés à créer sous réserve de toute autorisation à obtenir.

Il est entendu qu'il sera interdit aux Marchands Ambulants de toute nature de vendre dans la Commune les jours de marché.

Art. 2 - Jour de marché - Le Marché de la place de l'Eglise sera ouvert les Dimanches et les Jeudis de chaque semaine de 8 heures du matin à midi et demi.

Art. 3 - Les concessionnaires sont autorisés à percevoir les taxes suivantes :
0 F 80 par mètre courant pour les places couvertes ;
0 F 40 par mètre courant pour les places découvertes ;
0 F 50 pour une table et ses deux tréteaux ;
0 F 30 pour une voiture attelée ;
0 F 10 pour une voiture à bras.
Les prix désignés ci-dessus sont des prix maxima, les concessionnaires auront la faculté de réduire ce tarif.

Art.4 - Les concessionnaires auront seuls le droit de fournir aux occupants de place tout le matériel nécessaire au fonctionnement des marchés, tels que tentes, abris, tables, tréteaux.
Les marchands qui possèderont leur matériel se placeront à la suite de l'installation couverte du marché.

Art. 5 - Il est formellement interdit aux marchands qui vendent sur les marchés de la Commune, de déposer ou de jeter sur la voie publique ou sur l'emplacement du marché, les immondices, papier ou autres résidus quelconques provenant de l'exercice de leur commerce.
Les détritus devront êre ramassés dans des sceaux (sic) ou mannes et enlevés immédiatement par eux.

Art. 6 - Les contraventions aux dispositions qui précèdent seront constatées par procès-verbaux et poursuivies conformémént aux lois.

Fait en la Mairie de Villennes sur Seine, le 17 avril 1920

Le Maire de Villennes sur Seine,signé : C. Vouge


Les deux entrepreneurs n'eurent pas la réussite espérée : à leur demande, la convention est résiliée, en raison de l'insuccès, à partir du 1er mai 1923. Le 7 novembre 1927, le conseil municipal donne un avis favorable à la proposition d'un autre entrepreneur, M. Paul Piquemal de Montreuil-sous-Bois, pour l'installation d'un marché alimentaire couvert.

Il fournirait les tentes abris (système adopté par la ville de Paris), les tables et les tréteaux et tout le matériel nécessaire. Il ferait lui-même le montage et le démontage. Il demande un bail de 12 ans et un pourcentage des recettes (10 % pendant 3 ans, 15 ans sur les 3 années suivantes et 20 % les trois dernières).

 

La couverture du marché

Les horaires du marché n'ont pas varié depuis sa création : il se tient toujours les samedis matins.

 

Il n'est, toutefois, plus nécessaire d'installer chaque fois les couvertures qui avaient remplacé les tentes abris.

Le 15 juin 2013 a été inaugurée la halle, sous laquelle sont désormais installés les étals des différents commerçants.


Cette structure métallique légère est une copie d'une halle qui se trouve à Paris, dans le bas de l'avenue des Champs-Elysées.