Les déclarations inscrites dans un registre municipal entre 1840 et 1884 nous font connaître des faits divers relatifs à différentes apparitions et disparitions sur la Seine, y compris à des noyades. Sur ce dernier point, les registres d'état-civil apportent de nombreuses informations complémentaires.

Apparitions

Bois flottants

En mars 1841, le sieur Marcel trouve un tonneau, flottant sur la Seine ; il suppose qu'il provient du bateau qui a "péri", un mois auparavant, au pont de Chatou.

En mai suivant, Germaine Lacroix déclare que son mari a repêché plusieurs fois sur l'eau, près du pont de Villennes, des morceaux de bois : des "côterets", dont la quantité a été évaluée à 20 fagots.

En août 1862, Narcisse Bonnet trouve au pont de la Seine, lieu-dit "la Cantine", une pièce de bois en chêne de 30 décistères.

Un bateau

En 1851, deux jours avant Noël, Jean Louis Beaublé, de Triel, et Jean Baptiste Laurent, de Poissy, déclarent avoir "pêché" un petit bateau dans le grand bras de la Seine.

Disparitions et enlèvements

Vols de bateaux

En juin 1840, deux vols de batelets (barques alors utilisées sur la Seine) sont déclarés :

- Jacques Augustin Legendre, propriétaire à Médan, ne trouve plus le batelet qu'il voulait utiliser pour faire la récolte des pois qu'il a plantés dans une pièce de terre, située dans les Grésillons, qu'il loue à M. Beguin, maître de poste.

Il reconnaît son batelet, échoué sur un îlot, à la "queue de la motte", entre les îles de Villennes et de Médan ; la chaîne a été forcée et les cadenas ont été enlevés.

- Agathe Blot, épouse de Germain Royer, a été avertie par des pêcheurs que son batelet a disparu et a été vu du côté des Grésillons. Les deux hommes, qui l'ont utilisé, ont pris la fuite.

En septembre 1846, François Blot déclare que son batelet, dont la chaîne a été rompue, a été retrouvé en travers de l'arche du pont de Villennes.

Enlèvements d'herbes

En juillet 1840, de grandes quantités d'herbes gênent le passage des batelets sur la Seine ; elles arrêtent également les animaux morts et provoquent des exhalaisons insalubres. Le maire demande au préfet l'autorisation d'enlever des herbes, les frais étant pris en charge par des particuliers.

En août 1884, plusieurs habitants demandent de faire disparaître les herbes qui encombrent la Seine depuis Migneaux. Le conseil municipal accepte de le faire, s’il peut recevoir des redevances pour la location des places de bateaux et des escaliers ou rampes d’accès, sur le petit bras de la Seine. En novembre de l'année suivante, il renouvellera sa demande au préfet, tout en fixant des tarifs.

Disparitions ou apparitions : les noyades

La Seine a fait vivre quelques familles de Villennes ; malheureusement, plusieurs membres d'autres familles y ont trouvé la mort ainsi que des habitants de villages et de villes voisines et des Parisiens. Le fleuve a également apporté des corps de noyés qui n'ont pas été identifiés.

Le premier noyé connu est Zacharie Duteil, dont la famille résidera longtemps à Villennes. Bien que les détails ne soient pas parvenus jusqu'à nous, nous pouvons supposer que c'est dans la Seine qu'il perd la vie en juillet 1640.

En mai 1661, Claude Barbier décède par noyade ; il était jardinier chez Lucas Motron, qui fait également partie d'une ancienne famille du village.

En mai 1682, l'épouse d'un pêcheur de Mantes, Hélène Letellier, se noie accidentellement. En août 1702, un sabotier né à Orgeval, Alexandre Thuillier, se noie à Acqueville.

Claude Motron, qui est vraisemblablement un petit-fils de Lucas Motron, se noie à son tour en juillet 1707.

C'est un autre membre d'une famille villennoise ancienne et nombreuse (il a 8 frères et sœurs), Henri Jourdain, qui périt dans la Seine en août 1733. En mars 1736, Marie Magdeleine Rouleau vient d'avoir 4 ans lorsqu'elle se noie ; elle appartient également à une large famille de Villennes.

En juin 1744, Rose Parvelle, originaire de Paris, est trouvée noyée dans la Seine.

En avril 1746, Toussaint Leblanc, fils d'un savetier de Poissy, âgé de 15 ans, est victime d'une noyade dans notre commune. En avril 1761, un autre garçon du même âge, Jean Poitou, d'une famille de Villennes, se noie également.

Auparavant, en septembre 1746, Charles Badault, né à Poissy, s'était noyé au pont de Villennes.

Les Martin sont alors nombreux à Villennes comme dans toute la France. Nous ne savons pas si Louis Martin, qui se noie dans la Seine en novembre 1765 à l'âge de 72 ans, leur est apparenté.

En juin 1782, Claude Joseph Demange, cocher de Pierre Gilbert de Voisins, tombe dans la Seine, à l'âge de 30 ans environ, en abreuvant ses chevaux. Les deux témoins de son décès sont le concierge du château, Louis Massieux, et le maître d'hôtel, Denis Guerbois.

En septembre 1796, Etienne Beaugrand se noie ; il est inhumé à Médan, d'où il est originaire. La famille Beaugrand compte alors également de nombreux membres à Villennes.

Julien Benjamin Gallois n'a que 11 ans lorsqu'il se noie dans la Seine en juin 1814 ; son oncle Jean Gallois est vigneron à Migneaux. Un jeune homme de 18 ans, Gabriel Dominique Bled, né à Orgeval, et un vieillard de 72 ans, Jacques François Gareau, y périssent deux ans plus tard.

Lu dans le journal La Concorde du 14/6/1860 :

Sur le compte rendu à l'Empereur par le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Intérieur des actes de dévouement qui lui ont été signalés pendant le 4e trimestre de 1859, et aux termes d'un rapport approuvé par Sa Majesté le 9 mai dernier, des médailles d'honneur ont été décernées, dans le département de Seine-et-Oise, aux personnes désignées ci-après :
A M. Arcelle (Joachim), employé au chemin de fer de Rouen a Poissy, pour avoir plongé, à plusieurs reprises dans la Seine, a Villennes, le 3 août 1857, pour en retirer une personne qui n'a pu être rappelée a la vie ; il s'était déja distingué dans une autre circonstance. [...]

En août 1867, la somme de 20 francs est due à M. Lafosse, menuisier, qui a fourni deux bières pour des noyés trouvés dans la Seine. En décembre 1895, Eugène François Potier, charpentier, est également trouvé sans vie dans la Seine.

En 1900, deux bretons meurent noyés à Villennes : en juin, un garçon de 15 ans, Louis Guillard, demeurant à Poissy mais originaire du Morbihan, se noie au lieu dit "la pointe de l'île". En août suivant, ce n'est pas dans la Seine mais dans son "affluent", le ruisseau de Migneaux, qu'est trouvée noyée une jeune fille de 18 ans, Virginie Rivoallan, originaire des Côtes du Nord.