Bandeau décoratif sur le tourisme à Villennes

Le tourisme à Villennes au XIXe siècle


Villennes était une destination recommandée par divers guides touristiques des siècles derniers. Nous reproduisons, ci-après, les textes de quelques uns, décrivant des visites de notre village, ainsi que des descriptions géographiques, économiques et historiques (en respectant l'orthographe et la ponctuation des textes anciens, mais en mentionnant parfois des erreurs).

Dictionnaire topographique
des environs de Paris

par Charles Oudiette, ingénieur géographe, édité en 1817

Couverture du Dictionnaire topographique des environs de Paris par Charles Oudiette.

Villennes-sous-Poissy, village, département de la Seine-et-Oise, arrondissement de Versailles, canton de Poissy, ci-devant province de l'Ile-de-France, et diocèse de Chartres. Sa population est d'environ 450 habitans, avec le hameau de la Clémenterie, et partie de celui de Breteuil, l'ancien fief de Migneaux, et une maison de campagne nommée Hacqueville.

La terre de Villennes était l'une des plus belles des environs de Paris, celles d'Orgeval et de Médan étaient dans ses dépendances ; mais M. le président Gilbert de Voisins, devenu victime des fureurs révolutionnaires, elle fut divisée et vendue. Alors M. le vicomte d'Osmond, son gendre, dont la fortune ne lui permettait plus d'entretenir la masse énorme des batimens qui formaient le château, s'est retiré dans ceux de la basse-cour où il a fait construire une jolie maison et distribué les jardins sur les dessins les plus agréables dans un parc qui borde la Seine.

Le ci-devant fief de Migneaux, appartenant à M. Labat, est également un château remarquable par sa construction, sa position et ses points de vue charmans et pittoresques le long de la Seine. On y découvre toute la ville de Poissy et les villages des alentours. Le parc qui contient environ cent arpents est bien planté et entrecoupé de ruisseaux qui forment plusieurs bassins, dont les eaux se réunissant à peu de distance de là, font tourner un moulin.

Le terroir de cette commune est presque tout en vignes, une petite partie est en prairies et en terres labourables. On y recueille beaucoup de fruits.

Villennes est sur la rive gauche de la Seine, à une lieue à l'ouest de Poissy et distant de six à l'ouest de Paris, par une chaussée joignant la petite route de Mantes qui passe à Saint-Germain-en-Laye (Poste aux lettres à Poissy).

La Seine

par Louis Barron (1847-1914)

Cet ouvrage adécrit notre fleuve depuis sa source jusqu'à son embouchure. Dans son chapitre Les environs de Paris, un très court passage concerne Villennes.

Couverture du livre 'La Seine' de Louis Barron.
Illustration de Villennes dans 'La Seine' de Barron.

Du canot, que nous dirigeons prudemment, non sans peine, dans les passes innombrables formées par une multitude d'îles et d'îlots, processionellement allongés sur le fleuve, nous apercevons au pied de faibles collines vineuses, parsemées de pommiers, des villages et des bourgades ignorés ailleurs, célèbres parmi les environs de Paris.

Un sophora, étendu sur une guinguette comme une ombrelle de fabuleuse envergure, nous signale Villènes.

Paris l'été.
De Poissy à Poissy (promenade)

publié en 1880

Article du Figaro de 1880.

Le 28 juillet 1880, Le Figaro a publié un article recommandant une promenade de Poissy à Vernouillet, passant par Villennes.

O Joanne, inspire moi; ô Conty, prête moi un peu de cette concision qui fait ta gloire; ce que je veux décrire aujourd'hui, c'est une promenade - une simple promenade.
Il y en a tant, aux environs de Paris, que le touriste parisien ne connaît pas du tout et pour lesquelles un bon guide est, par conséquent, aussi nécessaire que pour une excursion en Suisse !
On n'aime pas toujours retourner aux mêmes endroits. Quand on a exploré les moindres coins des Trianons de Versailles et tout le parc de Saint-Cloud; quand on est retourné plusieurs dimanches de suite sur la terrasse et dans la forêt de Saint-Germain; qu'on a déjeuné sur les hauteurs de Bellevue et dîné dans l'arbre de Robinson ; on commence à souhaiter d'autres horizons. Mais où aller? L'idée d'errer à l'aventure dans un pays qu'on ne connaît point n'est pas toujours tentante. Ce qui nous manque, c'est quelque entrepreneur de promenades dans les environs de Paris qui se chargerait de nous trimbaler à prix fixe - nourriture comprise - et dont les itinéraires seraient aussi nombreux que variés. En attendant que cette fâcheuse lacune soit comblée, je vous recommande très sérieusement l'excursion suivante :

Partir le matin pour Poissy. (Gare Saint-Lazare, trains à 8 h. 10, 8 h. 50, 9 h. 25, 10 h. 45. Le voyage n'est que de 52 minutes, de 33 minutes par l'express de 8 h. 50.) On traverse Colombes, Houilles, Maisons et Achères. Dès votre arrivée, occupez-vous d'une voiture. (Tarif : 2 francs l'heure. Pour les longues excursions, traiter à forfait.) Malheureusement, les chevaux du pays laissent beaucoup à désirer. («Les chevaux de Poissy travaillent beaucoup et je ne crois pas que la nourriture qu'on leur donne soit en proportion du travail qu'on leur demande.» Jules Verne : le Tour du Monde en 80 jours.) Ceux qui aiment voyager commodément et vite feraient donc bien d'écrire la veille à la poste de Saint-Germain. On trouve dans cette dernière ville des voitures de poste excellentes. (Tarif : 5 francs l'heure; 35 fr. la demi journée. A ce prix, on peut avoir un break pour huit ou dix personnes, Pourboire facultatif, pourvu qu'il soit généreux.) Indiquer si l'on écrit à la poste à quel endroit de Poissy la voiture doit vous prendre. Je vous recommande, pour déjeuner, le restaurant A l'Esturgeon. (Bonne cuisine, prix raisonnables. On mange sur la terrasse qui domine la Seine. Vue charmante d'un des plus jolis bras de la rivière.) Tâchez de ne pas vous attarder trop à table et de vous mettre en route vers une heure.

DE POISSY AUX MIGNEAUX. - La route est, tout de suite jolie, plantée d'arbres magnifiques (« La végétation de ces pays est une des plus belles que je connaisse». Livingstone : Impressions de voyage. Elle est bien entretenue, et les inconvénients des coups de soleil y sont complètement inconnus. Elle conduit au magnifique château des Migneaux qui fut la propriété de M. Salomon Halphen. Le château assis sur une colline adorable, la superbe entrée du parc, les immenses pelouses qui s'étendent à perte de vue autour des corbeilles comme une mer de verdure autour d'îlots fleuris, tout cela forme un tableau ravissant. D'autres châteaux non moins importants, non moins pittoresques succèdent à celui des Migneaux. Ce sont ceux de M. Hély d'Oissel [erreur : il se trouve avant] et de la marquise de Froissec [erreur : lire de Foissac, c'est à dire le château d'Acqueville]. On contourne le château de Mme de Froissec pour aller

DES MIGNEAUX A VILLENNES. - Des murs, encore des murs, toujours des murs. Mais au-dessus de ces murs, des ipécéas [épicéas] gigantesques, des peupliers, hauts comme des clochers, des chênes qui ont plusieurs fois célébré leur centenaire. On laisse à sa gauche la route de Quarante sous, une route admirable qui va de Saint-Germain à Mantes, et que je me propose de décrire un de ces jours, puis on commence à monter tout doucement : à gauche, on a le coteau, les vignes, les blés ; à droite, on domine le château et la nouvelle station de Villennes.

DE VILLENNES A VERNOUILLET. (« La route de Villennes à Vernouillet est la Corniche du département de Seine-et-Oise ». Schweinfurth : Explorations dans les pays inconnus.) En effet, la Seine coule dans la vallée et on ne la perd presque jamais de vue, pas plus que la Méditerranée de Nice à Gènes. Avant d'arriver à Médan, vous pouvez quitter votre voiture et monter jusqu'au point culminant de la colline. Vous y jouirez de la plus belle vue qu'il y ait autour de Paris. C'est à regretter qu'on n'y trouve pas, comme au Righi, un hôtel pour les gens qui aiment assister aux grands et aux petits levers de l'aurore. (L'ascension ne demande guère que dix minutes, par un sentier un peu raide, mais très praticable.) [...]

Ensuite, la promenade continuait à Médan jusqu'à Vernouillet ...

Portrait de Georg August Schweinfurth.

Georg August Schweinfurth (1836 - 1925) était un botaniste et ethnologue germano-balte.

Il a exploré les pays du Nil, l'Érythrée, l'Arabie du Sud et fondé l'Institut égyptien du Caire ; il est devenu directeur des musées de cette ville.

Une excursion aérienne à Villennes (1893)

Article de L'Echo des Jeunes sur une ascension en ballon.

UNE ASCENSION INTERESSANTE

Le 2 juillet dernier, les habitants de Paris étaient émerveillés à la vue du Brennus, ballon cubant 1600 mètres.
L'aérostat ayant quitté Vaugirard à 11 heures 15, sous la haute direction de M. Lachambre, aéronaute-constructeur, accompagné de MM. Léon Maison, Fayet, Blondel et L Carpentier.
Après avoir atteint la hauteur de 2400 malgré le peu de vent, a atterri à Villennes (Seine-et-Oise). Nos habiles aéronautes tirèrent au sort pour une seconde ascension de trois personnes. Le ballon s'éleva de nouveau dans les airs avec une vitesse étonnante et atteignit en dix minutes la hauteur de 3400 mètres, traversant un nuage et redescendant en la forêt de Saint-Germain (Château de la Muette), à 5 heures 40, dans d'assez belles conditions. Ces deux ascensions permirent de faire des études scientifiques et remarques très curieuses à nos hardis excursionnistes aériens, qui prochainement nous rendront compte, de leurs impressions durant leur voyage dans l'espace.

CONSTANT SACLÉ.

Aérostat de l'époque.
Portrait de Henri Lachambre.

Henri Lachambre (1846-1904) a fondé les ateliers aérostatiques de Vaugirard en 1875.

Il a travaillé, en particulier, avec Alberto Santos-Dumont, dont il a fabriqué tous les dirigeables ; il a, notamment, fourni des montgolfières à l'armée américaine ainsi que pour la tragique expédition polaire de S. A. Andrée en 1897.