Dès 1894, le conseil municipal a négocié un contrat avec la Société Eclairage et Chauffage par le Gaz de Poissy ; son usine était située 2 boulevard Gambetta.
Elle dépendait de la Société Ch. Foucart & Cie, sise 58 rue du Rocher à Paris, qui sa été nommée vers 1909 la Société L. Foucart & Cie, lorsqu'elle a été dirigée par Léon Foucart. |
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En 1914, elle devint la Société d'Eclairage de Poissy et Extensions (société anonyme, elle desservait Poissy, Villennes, Chambourcy, Orgeval et Aigremont). |
La compagnie a été fusionnée, en 1923, avec la Société du Gaz et de l'Electricité de la ville de Laon sous le nom de Société du Gaz et de l'Electricité de Laon, Poissy et Extensions. Son siège a été transféré, en mars 1926, 69 rue de Monceau à Paris. |
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Malgré de nombreux conflits avec la commune, la société, dirigée ensuite par André Foucart, a conservé la concession de distribution du gaz à Villennes jusqu'à son transfert, par décret du 21 mai 1946, à la Société Gaz de France, créée comme Electricité de France par une loi du 8 avril 1946. |
Le conseil municipal a nommé, en février 1894, une commission pour l'installation du gaz ; ses deux membres, MM. Dotte et Martin Léon, avaient pour mission "d'aller à la Compagnie pour discuter les dernières concessions à obtenir".
Le mois suivant, le conseil décida "pour donner aux habitants de Villennes la satisfaction à laquelle ils ont droit" que le gaz sera installé dans l'étendue de la commune, selon les clauses et conditions du cahier des charges. Un traité a été signé avec la société Eclairage et Chauffage par le Gaz de Poissy.
Pour desservir Villennes, la compagnie prolongea la conduite qu'elle avait posée sur le chemin de grande communication n° 154 de Poissy à Meulan et qui s'arrêtait alors au château de M. le Baron Hély d'Oissel [le château de Villiers]. En 1922, la canalisation a été allongée de 223 m, suite à la pétition de quatre propriétaires de la route de Médan.
En 1933, le traité, qui faiait référence à celui de la ville de Poissy, n'était plus valable ; il a été abrogé et remplacé par un nouveau qui comprenait la clause d'une majoration de 4 %, au profit de Poissy, du prix du gaz fourni aux autres communes. La Ville de Poissy demanda que Villennes paie cette redevance, comme Chambourcy et Orgeval : elle avait fourni le terrain, où une nouvelle usine a été construite ; celle-ci devait lui appartenir en fin de concession. |
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Un nouveau contrat a été établi en 1934 : il était conclu jusqu'au 31 août 1943.
Fin mai 1894, le conseil municipal "considérant qu'il est indispensable pour la prospérité du pays et dans l'intérêt général d'éclairer au gaz les rues de la commune", vota une somme de 2 000 F par an pendant cinq ans qui s'ajoutaient aux 4 015 F provenant des adhésions recueillies chez les propriétaires ou locataires de la localité.
"Considérant que les frais occasionnés pour l'installation du gaz dans la commune s'élèvent à la somme de 4 768,52 F, que les ressources de la commune ne lui permettent pas d'acquitter la somme dont il est question", il demanda en juin 1895 au préfet "de vouloir bien autoriser M. le Maire à s'entendre avec plusieurs propriétaires qui avanceraient la dite somme remboursable au bout de 5 ans et à raison de 4 % par an par anticipation".
Le préfet répondit que le traité avec la compagnie du gaz prévoyait que toutes les dépenses de l'installation soient mises à la charge du concessionnaire. Après réception du devis des travaux exécutés et du mémoire justifiant les dépenses mises à la charge de la commune, il refusa l'emprunt à 4 % auprès de particuliers, la Caisse des Dépôts et Consignations prêtant aux communes au taux de 3,80 % pour un délai ne dépassant pas 25 ans.
En août, le conseil décida qu'il y vait lieu de contracter un emprunt de 5 000 F près la Caisse des Dépôts et Consignations, pour une période de 10 années, remboursable par anticipation. Le premier paiement qui a été fait en juillet 1896 a été prélevé sur le reliquat du chapitre additionnel du budget 1895 et, pour les autres paiements, il a été créé une imposition extraordinaire sur le budget établi pour 1897.
Le malentendu avec le préfet sur le but de l'emprunt se poursuivit : il demanda des renseignements sur les motifs qui avaient décidé le conseil municipal à prendre à la charge de la commune les dépenses occasionnés par l'installation du gaz, alors que le concessionnaire devait poser et entretenir à ses frais les tuyaux nécessaires à la distribution du gaz destiné tant à l'éclairage municipal qu'à celui des établissements publics et particuliers. Le maire répondit que l'emprunt n'avait pour but que d'acquitter le montant d'achat des lanternes et l'installation faite dans les établissements communaux.
Plusieurs des habitants, qui s'étaient engagés à consommer pour une certaine somme de gaz dans l'année, ne l'ont pas atteint ; le maire demanda, en mars 1896, au préfet "d'autoriser le Trésorier Payeur Général des Finances à inviter M. le Percepteur des Contributions directes à percevoir les différences qui existent entre les engagements et la consommation".
Un décret du président de la République, en date du 4 septembre 1898, autorisa le maire à réaliser un nouvel emprunt de 12 000 F au taux d'intérêt de 3,60 % auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations. Celui-ci, contracté pour 25 ans à partir de 1899, avait pour but de "solder" la Compagnie du gaz et des travaux sur les chemins.
Deux ans plus tard, en décembre 1900, un prélèvement de la somme de 200 F sur les fonds libres a été nécessaire pour aider à solder la Compagnie du gaz pour l'éclairage du mois de décembre 1900, le crédit de 2 000 F étant insuffisant.
Dès l'annonce de la signature du contrat de distribution du gaz, une opposition s'est développée, menée par Laurent Daniel, agriculteur à Breteuil, qui avait démissionné en 1892 de sa fonction de maire de Villennes, assurée pendant près de neuf ans. Il écrivit au préfet, s'inquiétant des conséquences du traité sur les finances de la commune ; il craignait une imposition supplémentaire, pensant que le nombre de lanternes serait insuffisant, car il en fallait généralement une tous les 50 ou 60 m. Il a joint à son courrier un article de journal :
Le gaz à Villennes
Par suite d'un arrangement intervenu entre la commune de Villennes et la compagnie du Gaz de Poissy, 25 lanternes seront placées dans la commune à des endroits déterminés, aux frais de la compagnie, sans que la commune ait à faire le moindre débours. Le gaz sera livré aux conditions suivantes, pour un mètre cube : à 30 cent. pour les particuliers, et à 20 cent. pour la commune. La compagnie prend à ses frais l'entretien et l'allumage. C'est un employé payé par elle, qui en sera chargé. Elle pourra, si bon lui semble, livrer à un prix inférieur a 30 cent. le gaz consommé par ceux qui auront à s'en servir pour actionner une force motrice.
Par contre, la commune garantit à la compagnie un minimum de consommation annuelle de 6.000 francs, c'estrà-dire que si la dépense de gaz faite par les particuliers atteint ou dépasse ce chiffre, la commune n'aura rien à payer que la consommation de ses lanternes. Ce traité parait assez avantageux, attendu qu'on peut espérer que le minimum de 6.000 francs sera facilement atteint. Villennes est un endroit charmant qui tend à se développer de plus en plus. Il est certain que l'installation du gaz ne peut que favoriser son expansion. La compagnie demandait que le minimum garanti fût de 8.000 francs, mais le conseil municipal a obtenu qu'il lut réduit à 6.000. Une commission avait d'ailleurs été nommée à l'effet d'étudier à l'avance et approximativement, quel pourrait être ce minimum. Les 60 adhésions qu'elle a déclaré avoir recueillies sont une garantie qui paraît largement suffisante.
Il est certain qu'au hameau de Breteuil, chez les montagnards de cette petite Suisse, on n'avait pas lieu de montrer le même empressement, mais il faut toujours mieux s'entendre qu'écouter les pêcheurs de carpes en eau trouble. La commune aura à son tour à tenir largement compte des besoins de son hameau. Déjà le conseil municipal, à l'unanimité des voix, a conservé audit hameau l'excellent instituteur, qu'on voulait lui enlever. On s'est pour cela imposé une petite charge beaucoup plus honorable que difficile à supporter.
En juin 1894, M. Daniel adressa au préfet une autre lettre, également signée par cinq autres propriétaires (MM. Petitjacques, Voyer, Helenne, Félix et Blot), pour protester sur plusieurs points :
La délibération ne mentionne pas que le plan des rues à éclairer y est annexé avec indication des points où seront placés les lanternes ; elle ne stipule pas quel prix sera payé par l'entrepreneur à la commune pour la valeur locative de la concession du droit exclusif de poser des tuyaux sous le sol des voies communales. [...] La durée de 5 ans de la concession paraît avoir pour objet de soustraire cette entreprise aux formalités d'une enquête administrative ; une somme de 2 000 F a été votée comme prévision de l'installation mais il est très difficile de prévoir si elle sera suffisante ; celle-ci constitue une imposition extraordinaire de près de 17 centimes par franc, inscrite au budget avant l'accomplissement des formalités légales ; il est très douteux que l'installation du gaz soit faite dans les hameaux et écarts qui font partie de la commune et dont les habitants auront à supporter les lourdes charges.
Laurent Daniel adressa alors au préfet deux nouvelles lettres, dont l'une signée par vingt autres personnes, pour protester contre l'emprunt et la décision de le faire après l'exécution des travaux. Néanmoins, le traité a été approuvé par l'administration.
Fin décembre 1894, le conseil décida "qu'il y a lieu de maintenir les 57 lanternes qui existent dans la commune et, de plus, en rétablir d'autres à moins de circonstances obligatoires".
Parmi les demandes et les remarques faites, en juillet 1903, à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, pour rendre plus confortable la gare, figure l'insuffisance notoire de l'éclairage qui rendait les quais très dangereux alors que la compagnie pourrait les éclairer au gaz et donner ainsi aux voyageurs la garantie de sécurité qu'ils étaient en droit d'attendre d'elle. En novembre de cette année, le conseil municipal vota la somme de 240 F pour l'installation de trois becs de gaz.
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En 1910, le conseil, considérant que la rue du Bas-Médan était habitée par des personnes résidant à Villennes toute l'année, décida d'installer exceptionnellement un lampadaire à gaz à 60 m environ de celui de la porte du parc. Trois ans plus tard, trois lampadaires à gaz avec lanternes ont été installées dans la rue du Bas-Médan, à l'extrémité du territoire. En 1921, suite à la pétition de neuf propriétaires de la rue du maréchal Gallieni pour demander le gaz, la société ne voulant pas faire les travaux entièrement à ses frais, le conseil la mit en demeure "d'avoir à prolonger sa canalisation jusqu'à l'extrémité du territoire vers Médan". Deux propriétaires de nouvelles villas de la route de Marolles attendaient, en 1924, les résultats des pourparlers entre la société et la commune, pour avoir le gaz. Comme tous les nouveaux abonnés, nécessitant l'établissement d'une canalisation, ils devraient payer une "participation proportionnée à la longueur de la canalisation mesurée de l'origine de la conduite nouvelle à leur branchement particulier". Les travaux eurent lieu au début de l'année suivante. En 1926, la société du gaz demanda d'établir deux surpresseurs, l'un à la jonction de l'avenue du Président et de l'avenue Georges Clémenceau, l'autre au croisement de la route de Poissy et de l'avenue du Président. Le conseil municipal accepta pour "améliorer la force de pression". Un habitant de la rue de Neauphles demanda, en 1928, l'appui du maire pour obtenir le gaz. |
En 1903, le conseil émit le vœu que la commune jouisse des mêmes avantages que la Ville de Poissy pour la consommation du gaz qui lui était fourni par la même compagnie (depuis plus d'un an le gaz était livré au prix de 25 centimes).
Début juillet, les deux conseillers municipaux, MM. Desnues et Martin Léon, délégués en vue de s'entendre à ce sujet avec la société ont fait leur rapport : estimant que "les réponses évasives du directeur après des pourparlers de plus de quatre mois équivalent à une fin de non recevoir", le conseil décida "qu'il n'y a plus aucun ménagement à garder à l'égard de la société concessionnaire et que désormais toute offre soit en vue d'une concession future plus avantageuse pour les habitants de la commune, soit toute offre pour un autre mode d'éclairage pourra être dès maintenant favorablement accueillie".
Il fallut cinq ans pour que le conseil municipal obtienne satisfaction :
Les becs papillons ont été transformés en becs à incandescence n°1 ½, mais aux frais de la commune. |
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Fin août 1908, le conseil municipal décida, "en échange des avantages consentis par la Compagnie du Gaz de Poissy, de s'engager à ne lui opposer aucun concurrent pour l'éclairage électrique jusqu'à la fin de la concession actuelle à la condition qu'elle accepte, si elle venait à produire elle-même l'électricité ou à améliorer la fabrication du gaz et à diminuer son prix de vente, d'en faire profiter la commune de Villennes dans les mêmes conditions que celle de Poissy".
Les négociations continuèrent jusqu'en février 1909. Le maire, Henri Cauchoix, a signé l'avenant avec la société L. Foucart & Cie. En compensation des avantages concédés, la commune s'engageait, "pendant le temps de la concession, de réserver à la société l'autorisation de poser et de posséder sur les voies et terrains communaux des canalisations souterraines ou aériennes pour la distribution, par quelques procédés que ce soit, de l'éclairage, du chauffage et de la force motrice pour les besoins des particuliers et de l'Administration communale".
Le prix du m3 de gaz diminua plusieurs fois, jusqu'en 1914, pour les particuliers : de 0,30 F à 0,25 F puis à 0,23 F. La convention prévoyait que, si le prix baissait en dessous de 0,22 F à Poissy, il soit abaissé également à Villennes, mais en restant supérieur de 3 centimes. Le prix ayant été porté à 0,36 F à Poissy, en raison de l'augmentation du prix du charbon, le maire protesta énergiquement plusieurs fois en janvier et en avril. Des négociations et des menaces de rupture aboutirent aux conditions suivantes :
Les abonnés de Villennes, réunis à la mairie, acceptèrent ces conditions, plutôt que de prendre le risque d'un procès. Une agence de la société a été installée à Villennes. |
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En août 1911, le conseil municipal, qui avait reçu de nombreuses plaintes des habitants de Villennes sur le mauvais fonctionnement du service du gaz, par défaut de pression, exigea que la Société du Gaz de Poissy remédie de suite à ce grave inconvénient. Il lui demanda également le remplacement des manchons hors d'usage dans les becs qui assuraient l'éclairage public. La compagnie répondit qu'elle avait à satisfaire pendant quelques semaines à une consommation intensive pendant une demi-heure environ chaque jour, l'éclairage et le chauffage fonctionnant simultanément. Elle avait fait des mesures qui montraient que la pression, qui était au plus bas de 35 à 40 mm était encore acceptable pour les appareils modernes.
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Ce problème s'est renouvelé en novembre 1912. Depuis 10 ans, la municipalité avait vainement engagé, à plusieurs reprises, les directeurs successifs de la compagnie à établir à Villennes un gazomètre de relais, seul remède à cette situation. Pendant les trois premiers jours de novembre, l'éclairage avait été absolument insuffisant et le samedi, il avait même fait complètement défaut. Le conseil décida : |
1. de diminuer les 3 jours d'éclairage nul ou trop insuffisant de la somme forfaitaire à payer pour le mois de novembre (et de le faire chaque fois que l'éclairage sera insuffisant).
2. de charger le garde-champêtre d'inscrire chaque jour sur un registre ad hoc les pressions maxima et minima de la veille (ces indications seront prises en présence de l'employé de la Compagnie du gaz sur l'appareil enregistreur placé dans la succursale de la compagnie, rue Parvery).
3. de demander instamment au nouveau directeur qu'un gazomètre de relais soit établi à Villennes dans le plus bref délai possible.
En janvier 1915, l'augmentation des prix du charbon entraîna une hausse du prix de vente du gaz, à laquelle le conseil municipal n'a pas pu s'opposer. Le maire informa, toutefois, la société que de nombreuses plaintes, reconnues fondées après enquête, lui étaient parvenues quant à la mauvaise qualité du gaz : "Même quand les becs ne sont pas allumés, il dégage une odeur tellement désagréable que plusieurs personnes s'en sont trouvées incommodées. De plus, ces émanations qui ne sont pas, sans doute, sans présenter un certain danger ont l'inconvénient d'altérer les objets en cuivre, batteries de cuisine, etc."
La société reconnut que, pendant quelques jours, la qualité du gaz avait laissé à désirer par suite de l'obligation, pour ne pas manquer de charbon, d'accepter de distiller celui qui avait été livré et qui était de très mauvaise qualité.
Une nouvelle augmentation de prix, annoncée en avril aux abonnés, suscita deux protestations du maire à la société concessionnaire et l'affichage d'un avis à la population :
Le maire de Villennes-sur-Seine a l'honneur d'informer les habitants que la circulaire qui leur a été envoyée par la Compagnie du Gaz de Poissy en date du 23 Avril, contient une phrase absolument contraire à la vérité.
Non seulement il n'y a jamais eu entente avec la municipalité, mais celle-ci estime au contraire qu'aux termes de son traité ladite compagnie n'est pas en droit d'imposer les augmentations qu'elle a établies de sa propre initiative.
Aussi de façon à réserver les droits des abonnés, le Maire a énergiquement protesté par deux lettres recommandées en dates des 25 janvier et 26 Avril 1915, et aujourd'hui même il fait sommation par huissier à la Compagnie du gaz de Poissy d'avoir à modifier les termes de sa circulaire et d'en aviser officiellement sa clientèle.
Après la sommation, la société annula l'augmentation, à propos de laquelle le président du Syndicat d'initiative avait également alerté le préfet, la qualifiant de "scandale, puisque la société profite de la hausse des charbons pour améliorer le dividende de ses actionnaires, au préjudice de beaucoup de gens qui ont tant de peine à assurer leur existence matérielle".
Un avenant à la convention a été difficilement négocié : la commune admettait la clause d'augmentation des prix acceptée par la ville de Poissy, "en contrepartie de l'alignement des prix, qui étaient supérieurs à Villennes en raison de l'amortissement de la longue canalisation qui relie la commune à l'usine et de la perte de gaz qui est la conséquence de cette distance".
En 1916, suite à une nouvelle augmentation du prix du gaz, toujours de mauvaise qualité, le Syndicat d'initiative menaça de faire appel à la juridiction compétente si le concessionnaire ne respectait pas ses obligations, ainsi précisées dans la convention : "Le titre de gaz à livrer à la commune sera de sept bougies de l'étoile ; le gaz fourni devra être bien épuré et de bonne qualité".
Au début de l'année 1917, le prix du charbon a encore augmenté, suite aux difficultés d'importation de charbon d'Angleterre et de transport ; de plus, la crue de la Seine, l'encombrement du port de Rouen puis le froid, qui arrêtait complètement la navigation, bloquaient des péniches entre Rouen et Poissy.
Après une autre augmentation de prix, la distribution de gaz a été supprimée pour les particuliers, en avril, afin de permettre d'alimenter aussi longtemps que possible les usines travaillant à la défense nationale. En juin, 39 usines à gaz étaient arrêtées et 71 autres étaient sur le point de s'arrêter ; le ministre du Ravitaillement, M. Violette, ayant fait établir un programme d'alimentation en charbon pour toutes les usines, le maire écrivit au directeur de l'usine à gaz de Poissy pour qu'il fasse toutes les démarches utiles pour obtenir le charbon nécessaire.
Après l'arrivage d'une péniche, la distribution a été rétablie en juillet, trois heures par jour, mais à un prix supérieur. Deux mois plus tard, la pression du gaz était tellement insuffisante qu'il n'était plus d'aucune utilité pour la plupart des abonnés.
En juin 1918, le prix du gaz diminua enfin, suite au jeu de péréquation entre les prix des charbons anglais et ceux des houilles françaises.
Ce prix ne dura pas longtemps : en décembre 1919, la société concessionnaire annonça une hausse, qui "ne prend toutefois pas en compte toute la hausse du prix du charbon ni l'élévation très grave du coût de la main d'œuvre due en partie à la loi de 8 heures".
Nouvelle augmentation en juin 1920 : l'avis a été publié à "son de caisse" (du tambour du garde-champêtre).
Le conseil municipal décida de rétablir pendant l'hiver 1920-21, au moins partiellement, l'éclairage des rues qui n'avait pas pu être continué pendant la guerre (15 becs ont alors été allumés le plus tôt possible, à titre d'essai). Toutefois, l'éclairage public fut arrêté à la date du 15 avril, afin de réaliser des économies.
Le prix du gaz subit une augmentation provisoire pendant le dernier trimestre de l'année. Le conseil municipal protesta contre la rétroactivité imposée aux abonnés et demanda qu'au retour au prix ancien de 0,85 F, à l'échéance des trois mois envisagés, il leur soit fait une ristourne pour une période de six semaines.
En janvier et en juin suivants, le secrétaire du Syndicat d'initiative, M. Mirgon, protesta contre l'augmentation du prix du gaz (1,05 F le m3, alors qu'il était 0,55 F à Paris et 0,65 F en banlieue). En août, le président du S. I., Léon Francq, renouvela la protestation et s'éleva également contre la mauvaise qualité du gaz. En novembre, c'est son secrétaire qui réécrivit pour protester contre la faible puissance calorifique, vraisemblablement du fait d'une pression insuffisante dans les canalisations.
Le prix du gaz augmenta à nouveau au quatrième trimestre de 1921 !
La pression du gaz
Depuis plusieurs mois, les habitants de Villennes se plaignent du manque de pression du gaz d'éclairage.
Cette situation est tellement défectueuse que l'on se trouve parfois obligé de se servir d'un autre mode d'éclairage.
De fréquentes réclamations ont été adressées, sans résultat, à la Compagnie du Gaz de Poissy ; ce qui n'empêche pas cette Compagnie de facturer, à tarif entier, à tous ses abonnés, tous les frais accessoires d'entretien ou de location d'appareils : condition « sine qua non » de bon fonctionnement (à condition que l'on ait du gaz en quantité voulue et non pour obtenir une veilleuse).
Que la Compagnie du Gaz ait rencontré des difficultés par suite du manque de combustible, de réparations à effectuer à l'usine, ou d'inondation, personne ne le conteste ; mais tout a une fin, et il serait heureux que l'on puisse tout de même constater que ces difficultés ne durent pas les deux tiers de l'année.Le Journal de Poissy et ses environs, 2/4/1924
En 1926, les nouveaux tarifs, que la société souhaitait appliquer pour assurer l'éclairage public (50, 60 ou 86 becs de gaz, 6 heures par jour), conduisirent le maire à décider "de substituer l'éclairage public électrique à l'éclairage au gaz". Ce fut effectif en janvier 1927 : le conseil municipal demanda à la société d'enlever les candélabres lui appartenant, qui n'avaient plus aucune utilité. M. Manganne, chef de musique, fit bientôt une proposition à ce sujet : les utiliser comme piliers d'un kiosque à musique qui serait érigé sur la place de la gare ; elle a été passée pour étude à la commission des travaux !
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Le gaz est resté utilisé pour les besoins domestiques, mais sa qualité ne s'améliorait pas ; en 1930, un habitant s'est plaint de la pression insuffisante : "Depuis longtemps, je ne peux utiliser mon chauffe-bain sans interrompre le service de la cuisine et il a été impossible, le samedi et le dimanche, de faire bouillir de l'eau". |