Bandeau sur le thème de l'électricité

La distribution de l'électricité


 L'installation de l'éclairage public à l'électricité,
après 14 ans d'études

En avril 1908, le conseil municipal désigna MM. Laumonier et Richardière pour faire partie de la commission chargée d'étudier le projet d'éclairage à l'électricité. Le 28 juillet, après avoir entendu les rapports de M. Laumonier, le conseil chargea le maire de traiter immédiatement avec la Compagnie du gaz de Poissy.

Le gaz était toujours utilisé pour l'éclairage des rues, des quais et des voies publiques ; en 1909, le budget correspondant était de 3000 F, à comparer au total des dépenses de la commune : 20 539 F.

Le 1er avril 1913, la société L. Foucart et Cie adressa un courrier aux Villennois pour leur demander s'ils seraient consommateurs d'électricité, annonçant les tarifs prévus ; l'exécution des travaux pour l'établissement de la distribution d'énergie électrique serait subordonnée au nombre d'abonnements. Une commission de l'électricité a été bientôt constituée. Celle-ci négocia une convention pour la distribution d'énergie électrique dans la commune. Le conseil municipal adopta, en mars 1914, le traité proposé avec la Société d'Eclairage de Poissy et Extensions, qui na pas été, semble-t-il, suivi d'effet !

En février 1921, le préfet adressa une circulaire relative à l'installation de l'électricité dans un grand nombre de communes du département,  notamment à Villennes, prescrivant une enquête publique de 15 jours.

La municipalité, ayant envisagé depuis plus de six mois la création d'une société pour l'installation de l'électricité, avait déjà réuni des demandes dépassant 4000 lampes et une force motrice de 75 H.P. ; le conseil municipal approuva les propositions du préfet mais il n'a donné son adhésion définitive que  lorsqu'il a su dans quel délai maximum "L'Union d'électricité" pourrait fournir le courant à la commune.

En juin 1921, le conseil municipal a reçut de M. Langrand, ingénieur établi 237 rue Lafayette à Paris,  des explications relatives au cahier des charges soumis par lui concernant l'installation de l'électricité dans la commune.

Logo de l'ingénieur Langrand

Il lui concéda la distribution publique d'énergie électrique sur le territoire de la commune, à charge par lui de constituer légalement la Société d'Electricité de Villennes, qui sera substituée à la concession.

Cette décision a été confirmée en octobre 1921 : la commune a rejeté la proposition de la société du gaz, car son projet demandait une participation de la commune qu'elle aurait dû se procurer par un emprunt. La société d'électricité de Saint-Germain-en-Laye n'avait nullement paru désireuse de prendre l'affaire à son compte.

Un nouveau cahier des charges a été établi par le service du contrôle concernant l'installation de l'électricité. Une commission de l'électricité, comprenant 3 trois membres, a été nommée.

Création de la Société d'Electricité de Villennes
et installation du réseau

Police d'abonnement de la Société d'Electricité de Villennes
Action de la SEV

En janvier 1922, le conseil municipal décida de procéder à l'enquête réglementaire du projet de distribution publique d'énergie électrique, conformément à l'article 15 du décret du 3 avril 1908.

Il adopta, en avril, le projet de police d'abonnement pour la fourniture de l'énergie électrique, conformément à la concession accordée à M. Langrand.

En octobre, le conseil municipal accepta les propositions de la Société d'Electricité de Villennes :

Une convention lui concédant la distribution publique d'énergie électrique sur le territoire de la commune a été signée avec M. Langrand.

La totalité des actions ayant été souscrite, la Société d'Electricité de Villennes (SEV) a été créée avec un capital de 250 000 F.

Son siège était situé 4 rue de Seine (de nos jours, rue Maurice Dreux).

Le mois suivant, le conseil municipal approuva la convention avec Léon Francq, président du Conseil d'Administration de la Société d'Electricité de Villennes-sur-Seine.

Extrait des statuts de la SEV

Il décida de faire, alors, face à la dépense forfaitaire de 12 000 F pour l'installation de ce nouveau mode d'éclairage. Eventuellement, les heures d'éclairage seraient réduites pendant les mois d'été pour ne pas dépasser la somme de 8000 F pour l'éclairage public. Le conseil municipal accepta la proposition de la commission de l'électricité pour la répartition des lampes électriques dans les rues : 36 lampes à compléter par 4 autres, selon les besoins reconnus.

Anciennes lampes électriques

L'installation provisoire de l'éclairage municipal a eu lieu du 15 octobre au 15 décembre, mais la demande d'autorisation préfec-torale pour l'installation d'un réseau d'éclairage des voies publiques ne fut faite qu'en janvier suivant.

La longueur initiale du réseau était de 8832 mètres.

Poste de transformation électrique
Poste de transformation

Extension du réseau de distribution électrique

En avril, le conseil municipal a été informé de la prolongation du réseau électrique sur la commune de Médan, suite à des demandes de plusieurs propriétaires dont les maisons étaient construites dans des terrains aboutissant sur le chemin de halage. Il autorisa la société à poursuivre les installations nécessaires sur ce chemin, tout en exprimant le désir que la commune perçoive, sur l'étendue du réseau supplémentaire, la redevance d'un pour cent qui lui était attribuée sur son territoire.

Fin décembre 1923, un avenant a été signé pour l'installation de l'éclairage municipal des rues du hameau de Breteuil, qui a été effectif en février suivant (5 lampes).

La ville de Villennes-s-Seine, que les grosses firmes d'électricité ne voulaient pas éclairer à cause de l'instabilité de sa population, a réussi, grâce aux concours de la Municipalité, du Syndicat d'initiative, des établissements Langrand et de l'Ouest Lumière et de ses citoyens, à réaliser la distribution d'énergie électrique pour l'éclairage, le chauffage, la force motrice et toutes autres applications.

La Société d'Electricité de Villennes a réuni, samedi dernier, ses actionnaires. Beaucoup d'entre eux qui demandaient à connaître les résultats de l'exercice 1922-1923, ont appris avec satisfaction qu'un dividende va leur être distribué le 1er juillet prochain, qu'une somme a été reportée à la réserve.

Les rapports du Commissaire des comptes et du Conseil d'administration ont été approuvés à l'unanimité ainsi que les résolutions présentées. Les actionnaires ne se sont pas séparés sans voter des remerciements au Président du Conseil d'administration qui remplit bénévolement, dans l'intérêt de l'œuvre entreprise, des fonctions diverses dans le but de réduire les frais généraux.

M. Barth a été désigné comme administrateur-conseil, M. Toussaint remplira les fonctions de commissaire pour l'exercice en cours.

Le Journal de Poissy et ses environs, 14/5/1924

En avril 1925, suite à un avenant du 18 février, pour l'amélioration de l'éclairage municipal, le conseil décida de compléter les 40 lampes existantes par deux autres, la première rue Parvery, la deuxième avenue du Maréchal Foch. Des lampes supplémentaires ont été installées dans la commune dès 1926.

L'agrandissement du transformateur, situé square de la Ravine, à l'intersection du chemin d'Orgeval et de celui de Marolles, devenaitt nécessaire ; le conseil municipal décida de mettre à la disposition du concessionnaire le terrain nécessaire, moyennant une redevance annuelle de 1 F.

Transformateur électrique
Annonce de vente du fonds de commerce de la SEV

Le fonds de commerce de la Société d'Electricité de Villennes a été mis en vente en mars 1926.

(Journal de Poissy, Meulan et Marly-le-Roi, 10/3/1926)

La société existait toujours sous le même nom en novembre, lorsqu'un nouvel avenant a été signé avec elle, fixant les conditions des modifications de l'éclairage électrique du centre de Villennes, des hameaux de la Clémenterie et de Breteuil.

En janvier 1927, le conseil décida de mettre à l'étude l'électrification de la mairie et demande un devis. En février, la Compagnie d'Electricité de l'Ouest Parisien (Ouest-Lumière) présenta une demande de concession d'Etat. Une enquête n'a donné lieu à aucune objection pour ou contre le projet. La commune étant pourvue d'une société d'électricité locale,qui prenait son courant à Ouest-Lumière, ne pouvait pas donner un avis favorable au projet de concession. En octobre, le conseil demanda à la Commission d'étudier le projet d'installer l'électricité à l'école de Breteuil. Un devis a été établi  et accepté, au début du mois suivant.

Electricité

Dimanche dernier, Villennes a été privé de lumière jusqu'à 20 heures. Cette interruption, qui n'est pas la première, montre qu'il existe une défectuosité à laquelle il convient de remédier, une fois pour toutes. Ce qui est regrettable, c'est que le fait se produit par trop souvent le dimanche et occasionne un préjudice certain au commerce. D'autre part, les particuliers, qui ne possèdent que ce mode d'éclairage, subissent un ennui dont ils se passeraient furt bien.

Il y a lieu de s'occuper sérieusement de cette question.

Journal de Poissy, Meulan, Saint-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 22/12/1927

Facture d'électricité de la fanfare en 1927

Pour chacun des bals organisés par la fanfare de Villennes, la SEV installait un éclairage électrique et lui adressait ensuite une facture.

Au dos des quittances, l'organisme chargé de contrôler la qualité des appareils électriques expliquait les différents usages de l'électricité :

  • Le nettoyage de vos tapis et tentures ;
  • L'astiquage de vos parquets ;
  • Le lavage du linge et de la vaisselle ;
  • Le repassage ;
  • Le chauffage ;
  • La cuisson ;
  • Le confort du cabinet de toilette et de la salle de bain ... etc... etc.
Verso d'une facture d'électricité de 1927

En janvier 1929, un avenant a été signé avec la SEV pour l'installation de cinq nouvelles lampes de l'éclairage électrique.

La Compagnie Ouest-Lumière a pris le relais
pour l'exploitation du réseau

En-tête de la Société d'Electricité de Villennes en 1931

Dans les années 1930, la Société d'Electricité de Villennes avait son siège et ses bureaux au 3 rue des Ecoles.

Après les réclamations de nombreux habitants, le conseil municipal émit le vœu que "la SEV intervienne auprès d'Ouest-Lumière pour obtenir la suppression de la prime fixe et une diminution du prix proportionnel par KWH et qu'elle fasse elle-même l'effort nécessaire pour ramener le prix de l'électricité à un taux conforme avec la situation actuelle".

Une assemblée générale de la SEV, tenue le 1er juin 1935, décida "d'importants sacrifices sur les tarifs de vente d'énergie électrique à la commue et aux usagers de la commune". En contrepartie, la Société demanda une prolongation de 13 ans de sa concession, soit jusqu'en 1975 (la concession initiale était prévue pour 40 ans à partir du 27 mars 1922).

Pour abaisser les tarifs, elle demanda que la Cie Ouest-Lumière se substitue à elle pour l'exploitation du réseau.

Dans ce but, un contrat d'affermage a été passé entre les deux sociétés.

Logo de Ouest Lumière

Un décret-loi du 16 juillet 1935, tendant à l'abaissement du prix de l'électricité, apporta des modifications considérables à la législation des distributions d'énergie électrique ; en conséquence, le projet de nouvelle convention et de nouveau cahier des charges a été repoussé.

En 1937, la concession à la SEV a été renouvelée. A cette occasion, la société Ouest-Lumière s'est engagée à électrifier le hameau du Haut-Breteuil, la rue Michel Giraux et le lieu-dit "Beaulieu" mais elle ne pouvaitt pas assurer la dépense pour l'alimentation du lieu-dit "La Mare-aux-Trous", demandée par divers habitants.

En 1938, la Compagnie d'Electricité de l'Ouest Parisien "Ouet-Lumière" a réalisé les extensions du Haut-Breteuil et de Beaulieu.

Pendant la guerre, restrictions et
projet de récupération des fils de cuivre

En janvier 1944, l'ingénieur du Contrôle des Distributions d'Energie Electrique (CDEE) demanda aux maires du département, dans le cadre de l'ACTION CUIVRE, de faire des observations sur le projet de dépose de l'éclairage public ; sans réponse en février, il informa le maire de Villennes qu'en l'absence de réponse dans une semaine il considérerait que la commune consent à la dépose, sans remplacement par des fils d'acier. Le maire répondit qu'il lui paraissait nécessaire de conserver un minimum de circuit pour l'éclairage public lors de la reprise de ce service, dans les principales rues du centre (place de la gare, av. Clémenceau, av. Foch, rue de la Ravine).

L'ingénieur en chef du CDEE demanda l'application de sa décision prescrivant aux restaurants, cafés et débits de boisson de cesser toute consommation d'énergie électrique pendant deux jours, entre le 17 et le 23 mars. En décembre, le maire lui écrivit pour porter  à sa connaissance la raison pour laquelle la commune avait consommé de l'électricité pour l'éclairage des rues, sans y avoir été autorisée et elle sera pénalisée : des mesures de sécurité avaient été prises pour l'éclairage partiel, en raison des inondations qui avaient coupé plusieurs rues et nécessitaient l'établissement de passerelles, ce qui imposait un éclairage de sécurité ; il lui demandait d'examiner, à nouveau, la possibilité d'accorder à la commune un contingent annuel d'énergie de 250 à 300 KWH pour continuer à donner aux habitants le minimum d'éclairage qu'ils demandaient 20 jours par mois (jours sans lune) principalement pour aller à la gare et en revenir.

En octobre 1945, une note sur la situation de l'électricité dans la Région Parisienne annonçait que les pouvoirs publics seraient probablement dans l'obligation de conserver un contrôle sur les consommations et de limiter l'utilisation de la puissance à certains moments. Bien que les efforts effectués aient permis de faire face à une production supérieure de plus de 10 % à celle de 1938, de graves difficultés subsistaient, la principale résultant de la situation hydraulique (lorsque l'hydraulicité est mauvaise par suite d'une période de sécheresse prolongée, une partie de l'énergie thermique produite par la région parisienne devait être exportée dans d'autres régions).

Nationalisation de la distribution électrique

En janvier 1946, de nouvelles restrictions ont été imposées, par arrêté préfectoral  suivant des instructions du ministre de la Production Industrielle, aux commerces, cafés, restaurants et établissements assimilés. L'utilisation de l'énergie électrique était, notamment, interdite pour les "établissements de nuit". Les décisions, en date du 28 décembre 1943, limitant l'utilisation de l'énergie électrique pour les dimanches, ont été modifiées, des délestages pouvant toutefois avoir lieu sur le réseau à basse tension certains dimanches.

En septembre, le conseil municipal décida l'éclairage du chemin du Raidillon. Les travaux ont été faits l'année suivante, de même que pour l'alimentation du lieu-dit "La Mare-aux-Trous".

Logo EDF

En novembre, l'entreprise nationale EDF s'est substituée à l'exploitant local : avant qu'y figure l'en-tête d'EDF, les courriers de la compagnie d'électricité portaient encore pendant quelques temps celui d'Ouest-Lumière, complété toutefois par un cachet "Electricité de France - Service de Distribution" et un autre : "Agence de Villennes - 3 rue des Ecoles - téléphone 68)".

En novembre 1949, des mesures de rationnement de l'électricité ont, à nouveau, été prises : une insuffisance de la production du régime hydraulique était due aux conditions atmosphériques exceptionnelles de l'année.