Les cartes postales, apparues en Autriche en 1869, ont rapidement été adoptées par d'autres pays européens : les administrations des postes appréciaient les importantes rentrées d'argent qu'elles procuraient malgré les réticences que provoquait l'aspect ouvert de la correspondance ; les domestiques, en particulier, pouvaient les lire. En France, c'étaient les sièges de Strasbourg puis de Paris par les Prussiens, qui ont introduit cette mode en 1870.
Un député, M. Wolonski,a fait voter un amendement de la loi de finances du 20 décembre 1872 :
L'administration fera fabriquer des cartes postales destinées à circuler à découvert. Elles seront mises en vente au prix de dix centimes pour celles envoyées et distribuées dans la circonscription du même bureau, ainsi que de Paris pour Paris, dans l'étendue dont les fortifications marquent la limite, et au prix de quinze centimes pour celles qui circulent en France et en Algérie, de bureau à bureau.
Applicable à la mi-janvier suivante, il officialisait la circulation des cartes postales dans notre pays. Cette expression "carte postale" n'est apparue dans le dictionnaire Littré que dans son édition de 1881.
Les cartes postales mises en vente dans les bureaux de poste étaient
de deux types :
- Celles, de couleur jaune, affranchies à 10 centimes, étaient
destinées à circuler à découvert en France et en Algérie, dans
l'intérieur d'une même ville ou dans la circonscription d'un même
bureau.
- Les autres, affranchies à 15 centimes, pouvaient circuler dun bureau
à un autre.
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L'une des deux faces, portant les informations administratives, était encadrée d'une frise. Elle était réservée à l'adresse du destinataire et à l'apposition du timbre d'affranchissement. |
Le public a accueilli favorablement cette première carte, vendue en sept millions d'exemplaires en une semaine. D'autres types de cartes postales officielles ont été imprimées et vendues dans les années suivantes.
Un décret d'octobre 1875 a organisé l'utilisation des cartes postales, restées jusque là un monopole de l'Administration des Postes : les sociétés privées ont été autorisées à en éditer à condition de respecter le modèle administratif, dont la couleur n'était plus imposée (format 12 x 8 cm, poids entre 2 et 5 grammes). Les premières cartes postales publicitaires ont pu ainsi apparaître l'année suivante.
En 1878, l'Union Postale Universelle, issue de l'Union Générale des Postes créée quatre ans plus tôt, a défini un nouveau format uniformisé (9 x 14 cm), qui est resté en vigueur jusqu'à l'adoption du format actuel (10,5 X 15 cm) en 1950. Depuis 1876, les cartes postales ont pu être expédiées dans tous les pays de l'Union.
Un décret de 1883 du ministère des Postes et Télégraphes, créé en 1879, a permis d'ajouter au verso des éléments de toute nature.
Les premières cartes postales illustrées ont été vendues lors de l'Exposition Universelle de 1889 : elles reproduisaient un dessin de la Tour Eiffel. Avec les cartes illustrées de photographies, ce nouveau moyen de communication a pris de l'ampleur, dès 1891. |
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La production annuelle de cartes en France a été évaluée à 750 millions en 1904. Cette année a été créée la Chambre syndicale des éditeurs français de la carte postale illustrée, qui est devenue, deux ans plus tard, la Chambre syndicale de la carte postale et de la photogravure et en 1927, la Chambre syndicale française de la carte postale illustrée.
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Au début du siècle, une face entière était réservée à l'adresse du destinataire. La photographie n'occupait pas toute la surface de la carte, un espace restant libre pour écrire quelques lignes ou un seul mot, signé. |
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Un arrêté du ministère du Commerce, de l'Industrie et des Postes et Télégraphes, daté du premier jour de 1904, a autorisé la séparation du côté réservé à l'adresse en deux parties ; la correspondance y a été écrite depuis cette date. L'illustration a pris, enuite, la dimension de la carte, le timbre devant être apposé du côté de l'adresse et de la correspondance. |
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La période comprise entre 1900 et 1920 a constitué la grande époque de la carte postale : chacun donnait de ses nouvelles à sa famille ou à ses amis, lorsqu'il voyageait, écrivant quelques lignes ou mettant juste son paraphe.
Les cartes postales représentaient, le plus souvent, des monuments ou des paysages. Bien que les personnages et les véhicules y étaient souvent absents, car les photographes les considéraient comme des éléments parasites, ceux-ci nous restituent divers aspects de la vie, en France, au début du XXe siècle.
A partir de 1920, le développement de la photographie individuelle et l'accroissement du nombre d'abonnés au téléphone ont contribué à diminuer l'usage des cartes postales.
La technique employée était parfois imprimée sur la carte postale.
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Technique assez artisanale, inventée en 1865 sous le nom de photocollographie, permettant de ne pas tramer la photo et de respecter les dégradés de gris : impression à plat à l'aide d'une feuille de gélatine bichromatée insolée sous un négatif de l'image à reproduire, puis plongée dans un bain faisant gonfler les parties non exposées. |
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Technique d'impression d'images à l'encre grasse, inventée au début du XXe siècle, améliorant la conservation des images, les sels métalliques plus ou moins stables étant remplacés par de l'encre d'imprimerie. |
La simili-gravure, apparue en 1890, utilisait une plaque de métal insolée sous un négatif tramé de l'image à reproduire ; les dégradés en noir et blanc apparaissant comme des tons continus étaient obtenus par impression de points de taille variable, plus ou moins rapprochés. |
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Le procédé photographique appelé "bromure", utilisé de manière artisanale au début du siècle pour les cartes photographiques à faible tirage, a été employé de manière industrielle, à partir de 1950. |
De 1905 à 1910 s'est développée la mode des cartes colorisées. Nous avons préféré placer dans notre album photos les cartes originales monochromes lorsque nous en disposions ou bien nous en avons adouci les couleurs.
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Vers 1930, des cartes ont étéimprimées en marron, par héliogravure, sur carton très mat (la qualité des photos était bonne malgré un tramage). |
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Dans la deuxième moitié du XXe siècle, divers procédés de reproduction des couleurs ont restitué aux photos un aspect naturel. Le Lynacolor était celui des Editions Lyna, société qui avait succédé à Abeille (voir ci-après). |
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Les nombreux éditeurs de cartes postales, qui se sont intéressés à notre village, peuvent être classés en plusieurs catégories :
Certains s'identifient clairement :
A. Rep & Filliette à Chateau-Thierry, L'Abeille Paris &
Abeille Asnières, Edition "La Française" (même monogramme AC que
l'Abeille), édit. Dupiellet, Humbert édit., Edit. Lefèvre, FLY, Yann,
Lyna Paris (8 rue du Caire), Marco, Edition V. Dupré.
D'autres n'ont imprimé que leurs initiales (C. L. C. Paris, E. G., J.
D., I. P. M. Paris, R. F., R. G., H. R., AP), dont certaines sont
connues des cartophiles :
- B. F. Paris (Berthaud Frères : Jean et Michel Berthaud, actifs dans
la photographie respectivement depuis 1863 et 1867, ont commencé
l'édition de cartes postales vers 1896 ; leur entreprise a été reprise
par les frères Captal après 1908),
- Phot. N. D. (Neurdein : l'établissement d'Etienne et Louis
Antonin, fils du photographe Jean César Neurdein, ouvert en 1863,
avait entrepris l'édition de cartes postales, cinq ans plus tard ; ils
ont eu de nombreuses récompenses et ont exploité la collection du
service des Monuments historiques),
- LL. (Lucien Lévy et fils : important éditeur parisien qui, après la
guerre de 1914-18, a acheté la société des frères Neurdein et a
poursuivit ses activités sous le nom "Lévy et Neurdein réunis" ou la
marque "Ellen" pour LN = Lévy Neurdein),
- ELD (Editions Le Deley : 127 Bd de Sébastopol à Paris),
- Cim (Combier Imprimerie Macon : éditeur spécialisé notamment dans
les prises de vues aériennes).
Voici quelques uns de leurs logos :
![]() ![]() C.L.C. |
![]() ELD |
![]() ![]() Abeille Paris |
![]() Abeille Asnières |
![]() B.F. Paris |
A. Bourdier imp. édit. à Versailles, Libr. Vve Benitte à Poissy, Cl. Mosquetty photo aux Mureaux.
Parmi les éditeurs ayant eu leurs activités dans le village, nous pouvons mentionner :
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ainsi que le tabac-restaurant Lachaux (Le Sophora).
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Collection Talma, Edition Petit Jacques A.G., Devos Waymel, Edition Blampoin.
Il est à noter que l'agence Mirgon employait un photographe qui, parfois, faisait poser son assistant et plaçait en premier plan la charrette utilisée pour transporter son matériel.
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Un photographe de Villennes, M. Chevallier, a notamment collaboré avec l'Hostellerie de la Nourrée, dont il a réalisé des prises de vues.
Des cartes éditées entre 1905 et 1908 étaient composées de multiples petites photographies représentées sur d'autres cartes postales ; elles constituaient souvent la première d'une série d'un éditeur.
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Ensuite, jusqu'en 1912, les éditeurs ont souvent orné de fleurs leurs cartes-souvenir. La carte de 1906, représentant des hirondelles qui transportent des cartes postales ou des feuillages, était plus originale.
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