Dans la grande cour intérieure dont la terrasse domine le village et la vallée de la Seine, la municipalité vient d'organiser la première fête foraine d'après-guerre avec, comme attraction, le manège de "Pousse-pousse" dont chaque tour vous fait passer, cramponné à un minuscule siège de bois, au-dessus de la rue en contrebas. Frissons et hurlements garantis ...

C'est dans cette cour défoncée et poussiéreuse que quelques jeunes gens convaincus dressent un poteau surmonté d'une large planche avec un cerceau de fer en son milieu.

Autour de cet étrange totem, les fils du boucher, du pépiniériste, de l'estaminet du coin et leurs copains (dont deux futurs maires de la commune) virevoltent et lancent un gros ballon en cuir à lacets dans le cercle magique ; ils s'amusent à jouer au basket-ball.

A leur tête, un gamin à la cinquantaine insoupçonnable : Roger Lebas.

Ce toujours jeune homme, grand dévoreur de kilomètres dans la campagne environnante et "jogger" avant l'heure, avait participé à la guerre de 1914-1918, connu Verdun et le chemin des Dames, reçu moultes décorations.

Pour le présent, il fabriquait du savon de façon artisanale, en utilisant l'eau de source qui alimente le lavoir de Médan et ressort de l'autre côté de la route dans un hangar qui lui servait d'atelier.

Il sera aussi l'un des dix premiers acquéreurs de la Dodoche (2 CV Citroën), vite objet de curiosité sur la place.

Le Club Athlétique de Villennes-Médan vit le jour et la saison suivante le C.A.V.M. s'inscrivait en championnat régional. Une équipe hétéroclite (palette d'âges de 18 à 50 ans), mais une équipe évoluant sur un terrain de terre battue où il fallait, avant chaque match, tracer les lignes à la chaux avec un engin style entonnoir à roulettes. Affichage : une planche et des chiffres à accrocher. Douches : une pomme d'eau froide dans une minuscule cabane de cantonniers.

De nouveaux adeptes et même, durant deux saisons, une équipe féminine.

Les années 1955 : pas de télévision pour voir évoluer les équipes nationales, peu de repères, pas d'entraînement dirigé ... de temps à autre un match en spectateur à Coubertin ... mais la foi !

L'équipe de 1956, sur le terrain du champ communal

Quelques mois sur un terrain de tennis désaffecté dans l'avenue du Général de Gaulle, puis au bout de la ruelle de la Lombarde non loin de la mairie et des écoles (aujourd'hui Maison des associations) où le CAVM s'installe si l'on peut dire...

Aucune commodité, mais un terrain c'est là l'essentiel, le vital ... jouer ! par n'importe quel temps, quitte à balayer la neige si nécessaire. Mais rater un match, allons donc ! Sacré le basket-ball du dimanche matin.

Plusieurs années de patience et enfin, toujours sous la houlette de son sémillant président fondateur, le CAVM prit possession de son premier "vrai-beau" terrain à l'emplacement du parking actuel.

Pour faire honneur à cette nouvelle acquisition, l'équipe des anciens (plus de 35 ans) décida de se distinguer : engagée en deuxième division, elle ne perd qu'un seul match en poule, gagne demi-finale et finale et devient "Champion de Paris 1973".

Hourra !!! Promue en première division, elle se frottera la saison suivante à l'ancienne élite d'Île-de-France et là ... ne gagnera rien du tout sinon le droit de redescendre.

Puis vers 1975, la Halle des Sports est votée et construite, nouvelle étape, d'autant qu'à partir de 1970 les différentes sections sportives Villennoises se regroupèrent en Association Sportive de Villennes.

Le CAVM y perdit son sigle mais pas son âme et de nombreuses adhésions permirent de mettre en lice des équipes minimes Cadets et Juniors, et durant quelques saisons une équipe féminine ... avant de connaître des années moins fécondes.

Dur labeur pour lequel, depuis plus de six ans, ils n'ont pas failli, alignant dans une même saison jusqu'à sept équipes féminines et masculines dans les divers championnats régionaux de "Poussins" à "Seniors" sans oublier la pépinière indispensable pour œuvrer dans la continuité :

L'école de basket

Le choix d'une Salle omnisports et polyvalente est finalement adopté.

Et le président-fondateur, Roger Lebas ?

Il a, bien sûr, passé la main dans les années 1970 et plusieurs présidents lui ont succédé, essayant de transmettre la joie sportive et conviviale qui était la sienne.

Maintenant que l'A.S.V. Basket est relancée pour 50 ans de plaisir de jouer, bon nombre d'anciens-jeunes dont le "Père Lebas", comme ils l'appelaient avec affection, qui a contribué à faire des hommes, ont été heureux et émus d'assister, à l'occasion de la journée du Cinquantenaire le 1^er mai 1999, à l'inauguration d'une plaque dans le hall de la nouvelle salle, en l'honneur de leur président et ami.

Oh ! une plaque toute simple, sans flonflons ni cérémonie - le personnage n'eut pas apprécié - pour le souvenir, bien sûr, mais aussi pour l'exemple, oui surtout pour l'exemple.

Il ne faut pas oublier un autre lieu villennois, où le basket-ball a été très pratiqué : Physiopolis, dans l'Île de Platais, où les résidents disposaient d'un terrain très fréquenté, les fins de semaine à la belle saison.