La mémoire des Villennois victimes
de la Grande Guerre
Où pouvons-nous trouver leurs noms ?
Sur le monument aux morts de Villennes,
qui n'est pas le monument de la Place de la Libération
Où se trouve le monument aux morts de Villennes ?
Ce n’est pas celui de l’ancienne Place de la gare, nommée
Place de la Libération après la Deuxième Guerre mondiale et
devenue le lieu qui maintient, dans notre village, le souvenir
de toutes les guerres : celui-ci, érigé en 1919, est un
monument à la mémoire et à la gloire des défenseurs de la
patrie.
Il se compose d'une pyramide à base carrée, sur laquelle a été
appliqué un coq gaulois victorieux en bronze. La pyramide a été
fournie et installée par un marbrier de Poissy ; la pierre d'Euville
utilisée avait été extraite d’une carrière de Lorraine. Le coq est une
œuvre de la fonderie Fumière et Cie de Paris qui a, notamment, réalisé
des statues de bronze d’Auguste Rodin et de Camille Claudel. La
dépense de 15 000 francs a été, en partie, couverte par une
souscription.
Le monument aux morts, remémorant les « morts pour la patrie », se
trouve dans le cimetière. Il comprend deux plaques principales ; l’une
grande et rectangulaire pour la guerre de 1914-1918 est surmontée
d’une autre pour la guerre de 1939-1945.
Il n’y a pas de date sauf l’année 1945 pour la dernière
victime ; cet habitant de villennes serait-il décédé alors de
ses blessures pendant la Première Guerre mondiale ?
Il ne semble pas évident de comprendre dans quel ordre ont
été inscrits les noms des 44 Villennois morts pendant cette
guerre.
Sept des victimes villennoises ont été inhumées à la gauche
de ce monument.
Dans la base de données "Morts pour la France de la Première Guerre
mondiale"
Cette base de données est
accessible sur le site Internet "Mémoire des hommes" du ministère des
Armées ; elle contient plus de 1,4 million de fiches individuelles
numérisées de militaires décédés au cours de la Grande Guerre, ayant
obtenu pour la plupart la mention "Mort pour la France".
Ce sont les informations de ces fiches qui nous ont permis de
comprendre comment sont classés, sur le monument aux morts, les noms
des Villennois morts pour la France, l’ordre n’étant pas alphabétique.
Il ne correspond pas aux dates des décès. Alors qu’un temps plus ou
moins long s’est passé entre chaque décès et sa notification à la
mairie de Villennes, l’ordre est celui des dates de réception des
extraits des registres des décès. Tandis que le monuments aux morts
comporte 44 noms, seules 36 fiches peuvent être consultées dans
la base de données. Au delà de l’hommage à tous ces anciens
Villennois, nous les faisons mieux connaître : ceux qui ont laissé une
trace dans la mémoire de notre village et les autres jusqu’ici non
connus.
Qui étaient les Villennois morts pour la France ?
Quand et comment sont-ils décédés ?
Les extraits des registres de décès de cette base de données,
relatifs à des militaires villennois, donnent des informations sur un
échantillon, assez représentatif, de la population de notre village à
cette époque et sur les circonstances de leur mort.
D’où étaient-ils originaires ?
Seuls dix étaient nés à Villennes et neuf dans des communes voisines
ou proches (Orgeval, Triel, Vernouillet, Les Alluets-le-Roi,
Hardricourt). Les autres étaient venus d’autres villes de Seine &
Oise (4), de Paris et du département de la Seine (7) et d’autres
régions (8) ; le plus souvent, ils étaient arrivés, dans leur
jeunesse, avec leurs parents. Les jeunes fils de deux notabilités,
dont les aïeux étaient déjà Villennois, figurent parmi ces 34
militaires :
Un fils du propriétaire du château d’Acqueville et
arrière-arrière-petit-fils du général de Latour de Foissac ;
Un médecin, fils d’un ophtamologue, médecin en chef de
l’Hôpital des Quinze-Vingts, et arrière-arrière-petit-fils d’un
maire de Villennes.
Pour présenter ces habitants de notre village morts pour la patrie, à
part ceux distingués pour leur bravoure militaire (ci-après), ils sont
classés, dans la partie suivante, en trois catégories :
Ceux qui étaient nés à Villennes ;
Ceux qui étaient venus à Villennes avec leurs parents ;
Ceux qui, travaillant à Villennes, y résidaient.
Quelles étaient leurs professions ?
Parmi ces morts pour la France recensés à Villennes, il y avait
plusieurs agriculteurs d’anciennes familles du village mais les
jardiniers étaient plus nombreux ainsi que les maçons et les peintres
en bâtiment. Construisant et entretenant les nombreuses villas, cette
population est caractéristique de l’évolution du village, de
l’agriculture vers les villégiatures. Un habitant bien connu à
Villennes y était employé des chemins de fer de l'Etat ; un autre
était le plus important épicier.
Quels étaient leurs grades ou leurs emplois dans l’armée ?
Il n’y avait qu’un seul “simple” soldat et un soldat de première
classe, la plupart (16) étant de deuxième classe ; huit étaient
caporaux, deux brigadiers, un adjudant et un aspirant. Quatre étaient
désignés par leur fonction : deux sapeurs, un canonnier, un maître
pointeur et un médecin auxiliaire (le spécialiste des yeux).
Quelles ont été les années de leurs disparitions ?
Les décès se sont répartis dans les cinq années du conflit ; leurs
nombres sont, respectivement, les suivants de 1914 à 1918 : 6, 11, 4,
5 et 9. C’est le 28 août 1914, exactement un mois après la déclaration
de la guerre, que la première mort est intervenue : Jean du Courthial
de Lassuchette, né dans le château d’Acqueville, est décédé des suites
de ses blessures dans un combat dans la Somme.
Parmi les derniers morts pendant la guerre, en septembre et le 5
novembre 1918, l’un a subi les conséquences de ses blessures de
guerre, l’autre celles d’une maladie contractée en service. La dernier
dont la mort a été violente, est décédé le 9 août, dans les Ardennes.
Contrairement aux autres, déclarés “morts à l’ennemi”, le “type de
mort” inscrit sur sa fiche est “tué d’une balle à la tête”. Cette
mention aurait pu faire penser aux “fusillés pour l’exemple”. Ce ne
semble pas être le cas, son nom ne figurant pas dans la Base de
données des fusillés de la Première Guerre mondiale du site Internet
“Mémoire des hommes”.
Quelles ont été les causes des décès ?
Les “tués à l’ennemi “ sont les plus nombreux : 23, en incluant celui
mort d’une balle à la tête et un militaire, dont la mention “mort pour
la France” ne donne pas de précision. Six sont décédés des suites de
leurs blessures et quatre d’une maladie, dont l’un en captivité
(Pierre Binet, le médecin). Une mort résultait d’un accident en
service : une électrocution pendant le service de garde, en Alsace.
L’un des militaires a été déclaré “disparu”.
Les soldats de Villennes distingués pour leur bravoure
Les registres d’incorporation militaire, consultables aux Archives
départementales des Yvelines et sur le site Internet archives.yvelines.fr,
donnent des informations sur les militaires décédés pendant la
Première Guerre mondiale, qui résidaient en Seine & Oise. Ici sont
résumées celles concernant des soldats villennois morts pour la
France, distingués par leur hiérarchie pour leur bravoure.
Les deux premières fiches sont celles de deux frères ; leurs
parents ont eu la douleur de perdre l’aîné, peintre en
bâtiment, sept mois après le plus jeune.
Les autres étaient :
- Un dessinateur, fils d’un célèbre professeur de dessin,
artiste-peintre, archéologue et historien régional ;
- Un étudiant, fils du propriétaire du Domaine d’Acqueville ;
- Un cultivateur de Villennes ;
- Un militaire de la cavalerie, en formation ;
- Un plombier.
Voici les informations contenues dans ces fiches, classées dans
l'ordre alphabétique des noms, avec quelques précisions trouvées lors
de diverses recherches.
Ernest Misaël Bée
Né le 16/4/1891 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes
Corps d‘affectation : faisant son service militaire depuis octobre
1913 à la 7e Section d’Infirmiers puis à la 24e
Section d’Infirmiers, il été affecté ensuite au 23e
Bataillon de Chasseurs et au 27e Bataillon de Chasseurs
Soldat de 2e classe puis de 1re classe
Tué à l‘ennemi le 20/5/1918 au Bois de Sénécat, mort pour la
France
"A eu une très belle attitude au cours des durs combats du 13
au 26 octobre 1917 pour la conquête de l’éperon et du village de
Largny-Fillaux
Croix de guerre, étoile d’argent"
Le bois de Sénécat se trouve à Hailles (Somme), village martyr de
la Première Guerre mondiale. Situé sur des hauteurs, il fut,
pendant 100 jours, un point stratégique d'une importance capitale
permettant un accès rapide à la voie ferrée Paris-Amiens que
voulaient couper les Allemands. Pendant cette période, le bois fut
pris, puis perdu et repris.
Poste de secours du Bois de Sénécat (Ministère
de la Défense/ECPA)
Eugène François Bée
Né le 10/2/1886 à Versailles
Profession : peintre en bâtiments
Parents domiciliés à Villennes
Corps d’affectation : 36e Régiment d’Infanterie
Caporal, sergent, adjudant puis adjudant-chef
Tué à l‘ennemi, le 2/11/1917, au ravin de Couteron (Aisne),
inhumé au cimetière militaire de Bourg et Comin (Aisne)
- 16/10/1916 : “Au front depuis le début de la campagne, a été
blessé en Artois, est revenu quelques jours après, s’est
particulièrement signalé le 30 septembre 1915 à l’assaut d’un
village dans le commandement d’une section dont le chef venait
d’être blessé”. Médaille militaire.
- 12/8/1916 : "Sous-officier d’une bravoure exceptionnelle. A
l’attaque du 20 juillet 1916, étant chargé de s’emparer d’un
point particulièrement important des tranchées allemandes, a
entraîné sa section avec un élan tel qu’au bout de dix
minutes la position était conquise. Violemment contre-attaqué, a
résisté victorieusement, mettant hors de combat un grand nombre
d’ennemis."
- 16/10/1916 : "Sous-officier modèle à donner en exemple à
tous par son courage calme et sa belle attitude au feu.
Véritable entraîneur d’hommes, a exécuté le 5 octobre un coup de
main à la tête d’un petit groupe de volontaires qu’il avait su
former à son image. A réussi à pénétrer dans la tranchée
ennemie, l’a nettoyée de ses défenseurs qui opposaient une
résistance acharnée. Est rentré dans nos lignes avec tout son
monde."
- 13/3/1917 : "Sous-officier modèle, au cours d’un coup de
main exécuté sur les tranchées allemandes, a pénétré
profondément dans les lignes ennemies, a fait sauter plusieurs
entrées d’abris et a montré comme toujours l’exemple à tous."
- 14/4/1917 : "Pendant toutes les opérations du 24-25 et 27
mars, a conduit sa section d’avant-garde avec un entrain et une
audace magnifique. Ayant enlevé une barricade allemande, y a
planté un drapeau tricolore et a dû enflammer ses hommes à la
poursuite de l’ennemi. Médaille militaire. Croix de guerre avec
deux palmes et deux étoiles d’argent."
A Bourg-et-Comin, le cimetière communal abrite les sépultures de
combattants britanniques morts au Chemin des Dames.
Chez l'officier de détail à Bourg
& Comin (Ministère de la Défense/ECPA)
Le cimetière militaire de Bourg
& Comin
André Paul Bories
Né le 19/1/1894 à Hardricourt
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes, rue des
Ecoles
Profession : dessinateur
Corps d‘affectation : 20e Régiment d’Artillerie de
campagne (soldat de 2e classe puis canonnier), 77e
Régiment d’Infanterie (caporal)
Tué à l‘ennemi le 16/6/1915 entre Souchez et Neuville Saint-Vaast
(Pas-de-Calais)
"S’est offert spontanément pour aller chercher un camarade
blessé tombé au cours d’une contre-attaque à quelques mètres de
la tranchée allemande et a réussi à le ramener dans nos lignes"
Il était le fils d’Edmond Bories, artiste-peintre, archéologue et
historien régional (1857-1925), qui lui avait, certainement,
appris le dessin qu’il enseignait.
Les ruines de Neuville-Saint Vaast en mars
1916 (Ministère de la Défense/ECPA)
Jean Marie Jules Joseph du Courthial de Lassuchette
Né le 7/10/1893 à Villennes, au château d’Acqueville, où il
habitait avec sa famille
Profession : étudiant (lors de son incorporation, comme engagé
volontaire, en 1913)
Corps d’affectation : 9e Régiment de Dragons, Brigadier
Tué à l’ennemi, le 28/8/1914, à Jeancourt (Aisne)
"Brave brigadier. Le 28 août 1914, est glorieusement tombé aux
côtés de son officier de peloton, en chargeant les lignes
allemandes pour rejoindre son régiment. Médaille militaire à
titre posthume"
Outre le monument aux morts de Villennes, son nom est inscrit sur
trois autres monuments :
Monument
aux morts
de Jeancourt
Plaque commémorative de la basilique
Sainte-Clotilde à Paris
Mémorial des victoire de la Marne
à Dormans
Le cimetière militaire de Jeancourt
Les familles de Latour de Foissac et du Courthial de Lassuchette,
étaient des familles de militaires, propriétaires du domaine
d’Acqueville de 1801 jusqu’aux années 1980.
Fernand Edouard Godfrin
Né le 11/6/1888 à Vernouillet
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession : cultivateur
Corps d‘affectation : 119e Régiment d’Infanterie
Soldat de première classe puis caporal
Blessé par schrapnel, le 22/8/1915, à Neuville Saint-Vaast, puis
par éclat d’obus, le 19/10/1917, au Chemin des Dames ; décédé de
ses blessures à l’hôpital d’évacuation du Mont Notre-Dame, le
22/10/1917
"Brave gradé d’une belle attitude au feu, a été très grièvement
blessé le 19 octobre 1917 à Neuville St Vaast en accomplissant
son devoir"
Ses blessures à Neuville-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais entre
Arras et Lens, qui lui ont valu cette citation, ne sont pas celles
qui ont entraîné son décès.
Celles-ci avaient été faites dans un combat au
Chemin des Dames, dans l’Aisne entre Laon, Soissons et
Reims. Cliquez sur l'image pour voir une
vidéo-souvenir du Chemin des Dames.
Chemin des Dames, canal de l'Ailette :
paysages et ruines (Ministère de la Défense/SPCA)
Yves Victor Camille Gruel
Né le 5/12/1894 à Harfleur (Seine inférieure)
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession : étudiant pour Saumur
Corps d‘affectation : 27e Régiment de Dragons (dragon
de 2e classe puis brigadier), 31e Régiment
de Dragons (maréchal des logis), 1er Régiment léger -
17e Régiment de Chasseurs à cheval, 11e
Régiment de Cuirassiers
Parti le 30/7/1915, sur le front avec l’Escadron à pied, admis à
suivre le cours d’élèves-aspirants de cavalerie à Saint-Cyr,
dirigé vers l’Ecole spéciale militaire, promu aspirant, parti en
renfort le 18/8/1918
Disparu le 7/10/1918 à Condé-lès-Autry (Ardennes) ; ayant été
capturé, il est décédé, le 9/12/1918, à Bayreuth ; inhumé à
Brieulles-sur-Bar (Ardennes)
- "Sous-officier observateur énergique, a fourni des
renseignements très importants sur l’ennemi, notamment au cours
de l’attaque du 22 mai 1917. Croix de guerre, étoile de bronze."
- "Sous-officier intelligent et énergique. Le 23 octobre
1917, a coopéré, sous les ordres de son chef de section, à la
capture de 17 prisonniers. Croix de guerre, étoile d’argent."
Camp de Condé-les-Autry en 1918
Paul Lepintre
Né le 31 janvier 1880 à Villennes
Profession : maçon
Corps d'affectation : 3e Régiment du génie puis 1er
régiment du génie
Sapeur mineur
Blessé à la tête le 8 mai 1915 ; tué à l'ennemi le 10 janvier 1917
à la côte 148, région de Berry au Bac
"Brave et dévoué sapeur, a fait deux ans de guerre de mines en
Argonne, trois mois à Verdun, tué glorieusement [...] à Berry au
Bac
Médaille militaire"
C'est à Berry-au-Bac qu'eut lieu la première offensive de blindés
français, des chars Schneider, la première attaque de chars de
l'histoire ayant eu lieu, lors de la bataille de la Somme, le 15
septembre 1916, avec des chars d'assaut britanniques Mark I.
Louis Robespierre Pagès-Dupont
Né le 5/9/1886 à Villeneuve Saint-Georges
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes, rue des
Ecoles
Profession : ouvrier plombier
Corps d‘affectation : 39e Régiment d’Infanterie, 74e
Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Tué à l‘ennemi le 12/1/1917 Secteur de Mouilly (Meuse), mort pour
la France
"Fusilier mitrailleur très dévoué et très courageux. Le 12
janvier 1917, est tombé mortellement blessé à son poste de
combat où il était resté sous un bombardement d’une violence
extrême".
Son père était l’un des plombiers-fumistes de Villennes.
Enterrement
à Mouilly
Dès le début de la Première Guerre mondiale, est apparu le
besoin de récompenser certains combattants. La loi instituant
la Croix de Guerre a été votée en 1915. Le modèle du sculpteur
Paul-Albert Bartholomé, proposé par le Syndicat des fabricants
d'ordres, a été choisi. En bronze florentin, la croix comporte
quatre branches et, entre celles-ci, deux épées croisées. Au
centre, dans un médaillon circulaire, l’effigie de la
République coiffée d’un bonnet phrygien orné d’une
couronne de laurier, est entourée par un anneau portant la
mention « République française ».
Au centre du revers, un médaillon circulaire porte les dates
1914-191x (x= 5 à 8). Le ruban peut être orné de différents
insignes distinctifs : une étoile en bronze pour citation à
l’Ordre du Régiment ou de la Brigade ; une étoile en argent
pour citation à l’Ordre de la Division ; une étoile en vermeil
pour citation à l’Ordre du Corps d'Armée ; une palme en bronze
pour citation à l’Ordre de l'Armée ; Une palme en argent a
remplacé 5 palmes en bronze (décret de 1917).
Cette décoration était destinée aux militaires des armées de terre
et de mer, français ou étrangers, qui avaient obtenu, pour fait de
guerre, une citation à l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une
division, d'une brigade. Cette récompense fut, également, attribuée de
manière collective à des villes et des villages ayant particulièrement
souffert de la guerre ainsi qu'à des unités militaires.
Les autres habitants du village victimes de la guerre,
nés à Villennes
René Clovis Blanchard
Né le 5/4/1896 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes, rue de Médan ; habitait à
Villennes
Profession : menuisier
Corps d’affectation : 46e Régiment d’Infanterie, 53e
Régiment d’infanterie
Soldat de 2e classe, puis de 1re classe et
caporal
Tué à l’ennemi, le 17/7/1918, à Arnoy (Meuse)
L'offensive de l'Argonne
Edouard Goupy
Né le 12/10/1896 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Profession : maçon
Corps d’affectation : 36e Régiment d’Infanterie
Chasseur de 2e classe, puis caporal
Disparu, le 12/10/1915, à Tahure ; inhumé à la Butte de Tahure
puis transféré au cimetière militaire de Somme-Suippes (Marne)
Le souvenir de Tahure, village anéanti au cours des combats
terribles qui ont eu lieu dans ce secteur où les Allemands
s’étaient retranchés solidement après la Première bataille de la
Marne en septembre 1914, est conservé dans le poème Le poète
de Guillaume Apollinaire :
[…]
Depuis dix jours au fond d'un couloir trop étroit
Dans les éboulements et la boue et le froid
Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture
Anxieux nous gardons la route de Tahure
[…]
Tranchée dans la région de Tahure,
en Champagne
Maurice Fernand Graffoullière
Né le 2 juin 1886 à Villennes
Profession : employé de bureau (à la Compagnie des chemins de fer
de l'Etat)
Corps d’affectation : 8e bataillon d'artillerie à pied
puis 2e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe puis caporal ; passé à la réserve
dans la 4e section des chemins de fer de campagne ;
mobilisé dans le 5e Régiment d'infanterie à Falaise
Tué à l'ennemi le 7 avril 1915 au Godat (à proximité du canal de
l'Aisne à la Marne)
Préparation de l'offensive au Godat
(Ministère de la Défense/SPCA)
Louis Lucien Guerbois
Né le 12/12/1895 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes au hameau de
La Clémenterie
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 82e Régiment d’Infanterie
Disparu, le 13/10/1915, à la Côte 263 ; présumé prisonnier
La Côte 263 se trouve en Argonne, près de Sainte-Menehould dans
le département de la Marne.
Cote
263 – le terrain après les combats du 13 au 20 juillet 1915
Paul Léon Macle
Né le 26/2/1897 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes, rue
haute de Médan
Profession : garçon jardinier
Corps d’affectation : 9e Régiment du Génie, 6e
Régiment du Génie
Décédé, le 5/11/1918, à l’Hôpital complémentaire d’Armée n°42 à
Beauvais (suite de maladie contractée en service)
Il avait choisi la profession de son père, qui était le jardinier
de Louis Constant Hellstern, célèbre bottier de la Place Vendôme à
Paris, propriétaire de la villa Reva Reva Cottage. Il habitait,
vraisemblablement avec ses parents dans les communs de cette villa
de la rue, qui a été nommée rue Gallieni en 1923.
L'un des hôpitaux complémentaires de Beauvais
Robert Emile Meunier
Né le 9 août 1897 à Villennes
Ouvrier maçon
Soldat de 2e classe au 71e Régiment
d'infanterie
Il est décédé à Villennes, le 28 mars 1929, donc après la guerre.
Il a, toutefois, été considéré comme une victime : il a été
déclaré "mort pour la France" en 1934, suite à ses blessures qui
l'avaient fait réformer.
En octobre 1917, il avait été évacué pour "pieds gelés" ; en
juillet 1918, il avait été intoxiqué par gaz ; il avait reçu des
éclats d'obus en octobre 1918. Il avait dû être amputé du bras
droit et de deux orteils du pied gauche.
Les autres habitants du village victimes de la guerre, installés à
Villennes ou arrivés avec leurs parents
Marcel Amaury
Né le 28/12/1894 à Triel
Profession : ouvrier maçon
Parents domiciliés à Villennes, rue des Izelles
Corps d’affectation : 5e Régiment de Dragons, 32e
Régiment d’Infanterie, 4e Régiment de Zouaves
Cavalier de 2e classe
Décédé le 7/12/1915 à Zarzis (Tunisie), hôpital temporaire n°4,
des suites de maladie
Les casernes de Zarzis
Gaston Maximilien Balade
Né le 27/10/1886 à Triel
Profession lors de son incorporation pour le service militaire :
garçon épicier
Parents domiciliés à Triel ; habitait à Villennes, place de
l’Eglise (au dessus de l’épicerie)
Corps d’affectation : 26e Régiment d'Infanterie
puis 21e Régiment d’Infanterie coloniale
Soldat de 2e classe, puis de 1re classe
Disparu le 29/9/1914 à Maricourt ; retrouvé, identifié et
transféré au cimetière militaire de Maricourt (arrondissement de
Péronne)
Après le décès de Gaston Balade, Maricourt est devenu, en
1916, le point de jonction entre les armées françaises et
britanniques et l'un des points de départ de l'offensive
alliée le 1er juillet 1916, au début de la
bataille de la Somme. Ce Villennois était devenu le
propriétaire de l'épicerie située en face de l'église.
Celle-ci était devenue la plus importante du village (la
seule qui subsiste de nos jours).
Cimetière français de la côte 122 à Maricourt
(Ministère de la Défense/ECPA)
René Georges Baysset
Né le 3/6/1893 à Paris
Profession lors de son incorporation : garçon jardinier
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Corps d‘affectation : 2e Régiment de Zouaves (à partir
du 2/12/1913)
Campagne d’Algérie (du 2/12/2013 au 19/8/1914) puis campagne
contre l’Allemagne
Disparu à Het-Sas (Belgique), le 15/5/1915
Un
cantonnement à Het-Sas (Ministère de la Défense/ECPA)
Pierre Robert Binet
Né le 28/12/1888 à Paris
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Profession lors de son incorporation : étudiant en médecine
Canonnier conducteur puis médecin auxiliaire pendant son service
militaire (à partir d’octobre 1912, après sursis)
Corps d’affectation : 129e Régiment d’infanterie
Blessé dans un accident de cheval en février 1914
Disparu à Courcy, le 16/9/1914, fait prisonnier
et mis en captivité à Minden (Allemagne)
Décédé, le 9/7/1915, d’une suite de maladie au lazaret de Minden
et inhumé en ce lieu.
Cliquez sur l'image pour voir une vidéo-souvenir
du camp de Minden.
Emile Jarry
Né le 18/3/1878 à Nanterre
Soldat de 2e classe au 18e régiment
d'infanterie territoriale
Tué à l'ennemi le 11/1/1915 à Le Hamel (Somme), mort pour la
France
Convoi du 23e RI au Hamel
(Ministère de la Défense/ECPA)
Adrien Eugène Lesourd
Né le 9/11/1896 à Orgeval
Parents domiciliés à Villennes au hameau de La Clémenterie ;
habitait à Villennes
Profession : maçon
Corps d’affectation : 24e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Tué à l’ennemi, le 11/7/1917, devant Flirey (Meurthe et Moselle).
Mort pour la France.
Flirey est, surtout, connu par la bataille qui s'y est déroulée
du 19 septembre au 11 octobre 1914. La prise de Flirey par les
Allemands a eu une influence considérable sur le cours du conflit,
coupant la plupart des routes et des chemins de fer vers Verdun.
Transport d'un blessé, dans la
carrière de Flirey (Ministère de la Défense/ECPA)
Charles Augustin Marbach
Né le 21 octobre 1884 à Belfort
Soldat de 2e classe au 171e Régiment
d'Infanterie
Tué à l 'ennemi, le 29 septembre 1914, au Bois d'Ailly (Meuse) ;
mort pour la France
Le Bois
d'Ailly
André Louis Moreau
Né le 24/8/1894 à Saint-Denis
Parents domiciliés à Villennes, rue de Neauphles ; habitait
à Villennes
Profession : cultivateur
Corps d’affectation : 5e Régiment de Hussards, 78e
Régiment d’Infanterie, 162e Régiment d’Infanterie, 34e
Régiment d’Artillerie de Campagne, 106e Régiment
d’Artillerie lourde
Hussard de 2e classe
Après plusieurs blessures, dirigé, le 4/1/1918, vers le centre
d’ouvriers d’artillerie d’Arcy-sur-Aube, avant de passer au 106e
Régiment d’Artillerie lourde aux armées
Tué à l’ennemi, le 9/6/1918, par un éclat d’obus à la position de
Batterie de Séchelles sur le champ de bataille de Cuvilly-Ressons
(Oise)
Il est étonnant que le lieu du décès d’André Louis Moreau ait un
lien avec un homme des XVIIe et XVIIIe
siècles, portant le même nom : Jean Moreau (1690 -1761), haut
fonctionnaire et homme politique, avait acheté, en 1710, la terre
de Cuvilly, qui appartenait aux seigneurs de Séchelles. Après
avoir fait construire un nouveau château à l'emplacement du
château féodal, il se fit appeler Moreau de Séchelles.
Batterie de 105 mm en position à
Cuvilly (Ministère de la Défense/ECPA)
Marcel Antonin Richard
Né le 30/12/1895 à Paris
Parents domiciliés à Villennes, au Bois des Falaises ;
habitait à Villennes
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 109e Régiment d’Infanterie, 26e
Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Disparu, le 30/7/1916, à Maurepas (Somme)
Georges Clemenceau, arrivant à
Maurepas avec son fils, après les combats de juillet 1916
Nicolas Robert Flahaut
Né le 30/12/1894 à Saint-Germain-en-Laye
Parents domiciliés à Villennes, rue de Poissy (villa La Clairière)
; habitait à Villennes
Profession : étudiant en droit (lors de son incorporation en 1913,
comme engagé volontaire)
Corps d’affectation : 3e Régiment de Hussards
Hussard de 2e classe
Tué à l’ennemi, le 29/8/1914, à Le Quesnel (Somme)
Ce jeune soldat n’avait pas encore 20 ans lorsqu’il est mort. Sa
mère était, vraisemblablement, la personne qui a porté plainte
contre le choix d’une marchande de charbon de Poissy, pour
transporter le charbon attribué par l'Etat à la commune de
Villennes ; alors que son mari faisait le commerce de charbon près
d'Amiens, elle était restée à Villennes et approvisionnait
difficilement en charbon la clientèle qu'elle s'était créée.
Le Quesnel, la ville où leur fils est décédé, se trouve à 27 km
d’Amiens !
L’épouse du maire Alfred Laumonier, "désireuse de rendre service
à la population ouvrière", avait créé une garderie d'enfants en
1912 avec Mme Flahaut. Dans le local de 120 m2, prêté
par celle-ci, elles accueillaient 18 enfants de 3 à 5 ans, dès
octobre de cette année.
Section d'artillerie de tranchée sur
route à Le Quesnel (Ministère de la Défense/ECPA)
Les autres victimes de la guerre qui,
travaillant à Villennes, y résidaient
Henri Le Solleu
Né le 14/5/1855 aux Alluets-le-Roi
Parents domiciliés aux Alluets-le-Roi ; a habité à Orgeval puis à
Villennes
Profession : domestique
Corps d’affectation : 103e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Blessé, le 1/9/1914, à Gercourt (Meuse) ;
décédé le 2/9/1914 à Dombasle-en-Argonne de ses blessures de
guerre
Le village de Gercourt en ruines, vers 1918
Emile Germain Martineau
Né le 7/8/1886 à Dampierre
Parents domiciliés à Dampierre ; habitait à Villennes, rue
de Médan (villa Francq)
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 21e Régiment d’Infanterie
Disparu, le 20/8/1914 ; prisonnier de guerre, le 28 août
Décédé le 1er mars 1915, de ses blessures de guerre, à
Grafenwohr (Bavière) et inhumé par les autorités allemandes
Emile Germain Martineau, jardinier de l’industriel Léon
Francq, était, vraisemblablement, l’un des trois hommes
photographiés devant les communs de la villa Le Manoir
(dans l’actuelle rue Gallieni). La famille des
propriétaires se trouve sur le pont, au-dessus d'eux.
Illustration
de l’ouvrage Prisonnier de guerre à Grafenwohr ! de
Fabienne Gilbertas
Marcel Louis Paris
Né le 23/11/1897 à Orgeval
Parents domiciliés à Morainvilliers, hameau de Bures, où il a
habité
Profession : maçon
Corps d’affectation : 74e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Décédé, le 8/9/1918, à l’hôpital temporaire de l’Ecole
Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux (maladie consécutive à
blessure de guerre)
Ouvert en septembre 1914 dans l'Ecole Saint-Nicolas, cet hôpital
a mis à disposition 760 lits pendant toute la guerre et, même,
jusqu'en 1920. Il accueillit de nombreux blessés venant de tout le
front, particulièrement les brûlés et les victimes des gaz
asphyxiants.
Entrée de l'hôpital installé,
temporairement, dans une école d'Issy-les-Moulineaux
Aucune information n'a été trouvé sur les Villennois nommés André
Piot, Max Plot, Albert Morisseau, Marcel Amaury, Clément Lequéré,
Jules Chemin, Jean Billingham, Henri Baudin, Robert Lefevre, Antoine
Berthet, Florentin Auzou, Georges Vasson, Georges Martin, Maurice
Gauthier, Frédéric Bourreau.
Il semble que les présences de deux noms sur le monument aux morts
constituent des erreurs :
- Joseph Malassé, Alsacien habitant à Villennes a bien participé à la
Première Guerrre mondiale dans des régiments de Zouaves. Toutefois,
les dernières mentions de sa fiche d'incorporation indiquent
qu'il a été rappelé à l'activité au dépôt d'infanterie 211 à
compter du 2 avril 1940 et qu'il a été réintégré le 18/5/1948. Il
n'est donc pas décédé au cours des deux guerres mondiales.
- Fernand Tabard, né le 1/5/1895 à Villennes, a participé à la guerre
de 1915 à 1917, comme soldat de 2e classe à la 12e
section de commis ouvriers d'administration mais, souffrant d'une
maladie chronique, il a été réformé. Il s'est retiré à Villennes où il
est décédé le 14/1/1920.