La vie villennoise pendant la
Première Guerre mondiale
Nous rassemblons ici nos chroniques publiées, depuis décembre 2014, dans Villennes Infos, notre magazine municipal.
Les Villennois vivent un début d’été 1914 dans l’insouciance

Faisons un petit retour en arrière pour le premier épisode de notre série sur Villennes pendant la Grande Guerre. La beauté des bords de la Seine et sa richesse en poissons attirent les Parisiens, incités à construire leur villa dans l’ancien parc du château ou dans l’île. Dès la belle saison, de nombreux amateurs de pêche se postent sur une rive ou dans une barque. En juin, l'association des pêcheurs organise un concours ; les participants défilent derrière sa bannière. Après la fête nationale, le village prépare sa fête du 9 août. Le manège de chevaux de bois de M. Simon n’étant pas disponible, comme d'habitude, le maire s'adresse à un autre propriétaire de manège. M. Sarrazin, déjà arrivé des Mureaux pour installer son "tir de salon", reçoit un avertissement pour n’avoir pas stationné sa voiture sur le terrain communal, situé en face de la place de la gare, mais sur celle-ci. La fête vénitienne que souhaitait organiser la Société Sportive et Nautique, fin juillet, est remise à une date ultérieure. La fête communale, qui se tenait traditionnellement le premier dimanche du mois d'août, a-t-elle pu se dérouler en 1914 ? Il n'en sera plus question pendant quelques années.
Le maire de Villennes pendant la Grande Guerre

Alfred Laumonier a eu la responsabilité d’administrer la commune pendant cette très difficile période, succédant aux deux premiers maires parisiens et au fermier de Marolles. Sa résidence principale était à Paris, où il gérait son hôtel meublé. Devenu l’Hôtel Bedford, celui-ci est toujours en activité (4 étoiles). Il résidait à la belle saison dans sa villa Albertina, construite dans l’ancien parc du château. Son épouse joua également un rôle important dans la commune ; "désireuse de rendre service à la population ouvrière", elle créa une garderie d'enfants de 3 à 5 ans. Dès son entrée en fonction, il fit installer le téléphone à la mairie pour communiquer rapidement avec le parquet et la gendarmerie, payant la redevance de la première année. Au début de la guerre, il demanda l'autorisation de conserver sa limousine de tourisme Renault, dont il avait besoin pour aller à la préfecture et dans les communes voisines. Alfred Laumonier dut assurer la nourriture des hommes de la Garde des voies ferrées, cantonnés à Villennes, mettant les restaurateurs à contribution. Il a pris de multiples initiatives, aidant les habitants à faire face aux pénuries et les agriculteurs à s'organiser pour les réquisitions de leurs productions et à introduire la mécanisation.
Les militaires cantonnés à Villennes pendant la Grande Guerre

Les Gardes des Voies de Communication : 25 hommes ont été installés à Villennes, dès le début de la guerre, pour la surveillance des voies ferrées dont le rôle était stratégique. A plusieurs reprises, les restaurateurs de la commune ont été réquisitionnés pour les nourrir à chaque repas. Les menus et les rations du déjeuner et du dîner était toujours les mêmes : 400 g de pain, 100 g de viande cuite avec le bouillon ou en ragoût, légumes assaisonnés, ¼ litre de vin. En octobre 1914, les restaurateurs ne pouvaient plus s'approvisionner ; le maire réquisitionna le boucher, le boulanger et un agriculteur, pour fournir respectivement de la viande de bœuf et de la graisse, du pain, des pommes de terre.
Le 286ème régiment d'infanterie : sa première et sa deuxième compagnie ont été cantonnées à Villennes à partir de juillet 1915. Le général était logé au château d'Acqueville mais les soldats devaient dormir sur de la paille dans deux maisons inhabitées réquisitionnées ou chez des habitants ; ceux-ci devaient fournir 850 g de bois par homme et par jour pour la cuisson des aliments. Une conséquence de la présence de ce régiment a été le surmenage des porteuses de dépêches et du boulanger.
Les réquisitions des productions agricoles pendant la Grande Guerre

L'agriculture restait la principale ressource de Villennes qui comptait près d'une vingtaine de cultivateurs ; le plus important était le propriétaire de la ferme de Marolles. Pendant toute la guerre, ils durent participer à l'alimentation des armées (hommes et chevaux), notamment à l'approvisionnement du camp retranché de Paris. Le maire tenta d'abord de s'opposer aux réquisitions : "Les productions de la seule ferme et des petits cultivateurs sont à peine suffisantes pour faire face aux besoins de la population, très nombreuse en été […] Les 4 petits épiciers n'ont plus rien dans leur boutique et se ravitaillent au jour le jour dans les environs, très péniblement." Les réquisitions de paille, de céréales et de pommes de terre se multiplièrent. M. Laumonier organisa les transports, réquisitionnant les chevaux et les voitures, avec conducteur ou charretier. Il fit part de son calcul au président la commission de réquisition à Poissy : 45 000 gerbes de blé étant disponibles en meules, une voiture à un collier pouvant transporter 100 gerbes, il en faudrait 450 pour enlever le tout en une fois !
Pénurie de main d'œuvre en 1915

Le fermier de Marolles, M. Cauchoix, ne peut accepter la demande du Comité Départemental de Ravitaillement de recueillir dans ses prés des bestiaux provenant du camp retranché de Paris ; il n'aurait personne pour les soigner. Pour faire face au manque de personnel, le maire agira souvent :
- il sollicitera des permissions pour les agriculteurs de la commune et leurs fils ;
- il fera venir des soldats ouvriers agricoles pour les semailles et les plantations, pour les moissons et l'arrachage des pommes de terres et des betteraves. Ils doivent, parfois, avoir une qualification particulière : savoir faucher à la faux ordinaire ou labourer à la charrue et conduire les chevaux. Une vingtaine de soldats est nécessaire dans la commune pour la moisson, en août 1915. Le boulanger, M. Ouroux, ne trouve personne pour remplacer son employé qui l'a quitté sans motif. Souffrant de varices, il est très fatigué, pétrissant et cuisant seul depuis plus de 8 jours ses 4 fournées de pain par jour. Le maire demandera, en vain, un ouvrier boulanger ou un soldat boulanger au préfet et au général gouverneur militaire de Paris.
- il sollicitera des permissions pour les agriculteurs de la commune et leurs fils ;
- il fera venir des soldats ouvriers agricoles pour les semailles et les plantations, pour les moissons et l'arrachage des pommes de terres et des betteraves. Ils doivent, parfois, avoir une qualification particulière : savoir faucher à la faux ordinaire ou labourer à la charrue et conduire les chevaux. Une vingtaine de soldats est nécessaire dans la commune pour la moisson, en août 1915. Le boulanger, M. Ouroux, ne trouve personne pour remplacer son employé qui l'a quitté sans motif. Souffrant de varices, il est très fatigué, pétrissant et cuisant seul depuis plus de 8 jours ses 4 fournées de pain par jour. Le maire demandera, en vain, un ouvrier boulanger ou un soldat boulanger au préfet et au général gouverneur militaire de Paris.
En 1916, les agriculteurs villennois s’organisent

Un Comité d'action agricole est constitué en février. Le maire demande à un cultivateur de Marsinval et à la propriétaire du château de Médan de mettre à la disposition de ce comité les terres incultes leur appartenant sur le territoire de Villennes, afin qu'elles soient exploitées. Le comité répartit les réquisitions imposées pour les besoins de l'armée. Il demande une augmentation des prix des céréales, en raison de l'accroissement de ceux des graines et plants, des engrais chimiques et fumiers, des machines et outillages agricoles ainsi que de la main d'œuvre. Il sollicite une réduction d'un tiers des quantités de blé et d'avoine à fournir, qui sont toujours "hors de proportion avec les facultés de production de la commune". Il en est de même pour le foin naturel et la luzerne, alors que la production du fermier de Marolles, M. Cauchoix, et des pommes de terre ont déjà été livrées aux troupes stationnées à Saint-Germain-en-Laye. Pendant cette période, de nombreuses intempéries réduisent les récoltes. A l'automne, le mauvais temps fait pourrir les pommes de terre et les haricots verts. A Noël, le verglas empêche la livraison de grains, surtout par les agriculteurs de Breteuil. En 1917, des gelées font souffrir les blés. Le maire demande 5 kg de poudre afin que le garde-champêtre détruise les corbeaux qui ravagent les blés nouvellement semés.
A suivre.