La mémoire des Villennois victimes de la Grande Guerre - Troisième partie : les soldats distingués pour leur bravoure
La mémoire de Villennes·Jeudi 8 novembre 2018·Temps de lecture estimé : 8 minutesPublic
Les registres d’incorporation militaire, consultables aux Archives départementales des Yvelines et sur le site Internet archives.yvelines.fr, nous donnent des informations sur les militaires décédés pendant la Première Guerre mondiale, qui résidaient en Seine & Oise.
Nous résumons ici celles concernant des soldats villennois morts pour la France, distingués par leur hiérarchie pour leur bravoure. Les deux premières sont celles de deux frères ; leurs parents ont eu la douleur de perdre l’aîné, peintre en bâtiment, sept mois après le plus jeune. Les autres étaient :
  • un dessinateur, fils d’un célèbre professeur de dessin, artiste-peintre, archéologue et historien régional ;
  • un étudiant, fils du propriétaire du Domaine d’Acqueville ;
  • un cultivateur de Villennes ;
  • un militaire de la cavalerie, en formation ;
  • un plombier.
Nous apportons quelques précisions trouvées lors de recherche précédentes ou nouvelles.

Ernest Misaël Bée

Né le 16/4/1891 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes
Corps d‘affectation : faisant son service militaire depuis octobre 1913 à la 7e Section d’Infirmiers puis à la 24e Section d’Infirmiers, il été affecté ensuite au 23e Bataillon de Chasseurs et au 27e Bataillon de Chasseurs
Soldat de 2ème classe puis de 1ère classe
Tué à l‘ennemi le 20/5/1918 au Bois Senecat, mort pour la France
Citation : “A eu une très belle attitude au cours des durs combats du 13 au 26 octobre 1917 pour la conquête de l’éperon et du village de Largny-Fillaux”
Croix de guerre, étoile d’argent
Le bois Senecat se trouve à Hailles (Somme), village martyr de la Première Guerre Mondiale. Situé sur des hauteurs, il fut pendant 100 jours un point stratégique d'une importance capitale permettant un accès rapide à la voie ferrée Paris-Amiens que voulaient couper les Allemands. Pendant cette période, le bois fut pris, puis perdu et repris.

Eugène François Bée

Né le 10/2/1886 à Versailles
Profession : peintre en bâtiments
Parents domiciliés à Villennes
Corps d’affectation : 36e Régiment d’Infanterie
Caporal, sergent, adjudant puis adjudant-chef
Tué à l‘ennemi, le 2/11/1917, au ravin de Couteron (Aisne), inhumé au cimetière militaire de Bourg et Comin (Aisne)
A Bourg-et-Comin, le cimetière communal abrite, également, les sépultures de combattants britanniques morts au Chemin des dames au cours de la Grande Guerre.

Citations :
- 16/10/1916 : “Au front depuis le début de la campagne, a été blessé en Artois, est revenu quelques jours après, s’est particulièrement signalé le 30 septembre 1915 à l’assaut d’un village dans le commandement d’une section dont le chef venait d’être blessé”.
Médaille militaire.
- 12/8/1916 : “Sous-officier d’une bravoure exceptionnelle. A l’attaque du 20 juillet 1916, étant chargé de s’emparer d’un point particulièrement important des tranchées allemandes, a entraîné sa section avec un élan tel qu’au bout de dix minutes la position était conquise. Violemment contre-attaqué, a résisté victorieusement, mettant hors de combat un grand nombre d’ennemis”
- 16/10/1916 : “Sous-officier modèle à donner en exemple à tous par son courage calme et sa belle attitude au feu. Véritable entraîneur d’hommes a exécuté le 5 octobre un coup de main à la tête d’un petit groupe de volontaires qu’il avait su former à son image. A réussi à pénétrer dans la tranchée ennemie, l’a nettoyée de ses défenseurs qui opposaient une résistance acharnée. Est rentré dans nos lignes avec tout son monde.”
- 13/3/1917 : “Sous-officier modèle, au cours d’un coup de main exécuté sur les tranchées allemandes, a pénétré profondément dans les lignes ennemies, a fait sauter plusieurs entrées d’abris et a montré comme toujours l’exemple à tous.”
- 14/4/1917 : “Pendant toutes les opérations du 24-25 et 27 mars a conduit sa section d’avant-garde avec un entrain et une audace magnifique. Ayant enlevé une barricade allemande, y a planté un drapeau tricolore et a dû enflammer ses hommes à la poursuite de l’ennemi.”
Médaille militaire.
Croix de guerre avec 2 palmes et 2 étoiles d’argent.

André Paul Bories

Né le 19/1/1894 à Hardricourt
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes, rue des Ecoles
Profession : dessinateur
Corps d‘affectation : 20e Régiment d’Artillerie de campagne (soldat de 2ème classe puis canonnier), 77e Régiment d’Infanterie (caporal)
Tué à l‘ennemi le 16/6/1915 entre Souchez et Neuville Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
Citation : “S’est offert spontanément pour aller chercher un camarade blessé tombé au cours d’une contre attaque à quelques mètres de la tranchée allemande et a réussi à le ramener dans nos lignes.”
Il était le fils d’Edmond Bories, artiste-peintre, archéologue et historien régional (18857-1925), qui lui a, certainement, appris le dessin qu’il enseignait.

Jean Marie Jules Joseph du Courthial de Lassuchette

Né le 7/10/1893 à Villennes, au château d’Acqueville où il habitait avec sa famille
Profession : étudiant (lors de son incorporation, comme engagé volontaire, en 1913)
Corps d’affectation : 9e Régiment de Dragons
Brigadier
Tué à l’ennemi, le 28/8/1914, à Jeancourt (Aisne)
Citation : "Brave brigadier. Le 28 août 1914, est glorieusement tombé aux côtés de son officier de peloton, en chargeant les lignes allemandes pour rejoindre son régiment"
Médaille militaire à titre posthume
Outre le monument aux morts de Villennes, son nom est inscrit sur trois autres monuments :
- Monument aux morts de Jeancourt (Aisne), ville de son décès
- Mémorial des victoires de la Marne à Dormans
- Plaque commémorative de la basilique Sainte-Clotilde à Paris
(Source : memorialgenweb.org)
Cliquez ici pour lire l’histoire de la famille de Latour de Foissac-du Courthial de Lassuchette, une famille de militaires, propriétaire du domaine d’Acqueville de 1801 jusqu’aux années 1980.

Fernand Edouard Godfrin

Né le 11/6/1888 à Vernouillet
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession : cultivateur
Corps d‘affectation : 119e Régiment d’Infanterie
Soldat de première classe puis caporal
Blessé par schrapnel, le 22/8/1915, à Neuville Saint-Vaast, puis par éclat d’obus, le 19/10/1917, au Chemin des Dames ; décédé de ses blessures à l’hôpital d’évacuation du Mont Notre-Dame, le 22/10/1917
Citation : ”Brave gradé d’une belle attitude au feu, a été très grièvement blessé le 19 octobre 1917 à Neuville St Vaast en accomplissant son devoir” (le rédacteur semble avoir confondu les deux lieux de ses blessures : Neuville-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais entre Arras et Lens, le Chemin des Dames dans l’Aisne entre Laon, Soissons et Reims).

Yves Victor Camille Gruel

Né le 5/12/1894 à Harfleur (Seine inférieure)
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession : étudiant pour Saumur
Corps d‘affectation : 27e Régiment de Dragons (dragon de 2ème classe puis brigadier), 31e Régiment de Dragons (maréchal des logis), 1er Régiment léger - 17ème Régiment de Chasseurs à cheval), 11e Régiment de Cuirassiers
Parti le 30/7/1915, sur le front avec l’Escadron à pied, admis à suive le cours d’élèves-aspirants de cavalerie à Saint-Cyr, dirigé vers l’Ecole spéciale militaire, promu aspirant, parti en renfort le 18/8/1918
Disparu le 7/10/1918 à Condé-lès-Autry (Ardennes) ; ayant été capturé, il est décédé, le 9/12/1918, à Bayreuth ; inhumé à Brieulles-sur-Bar (Ardennes)
Citations :
- “Sous-officier observateur énergique, a fourni des renseignements très importants sur l’ennemi, notamment au cours de l’attaque du 22 mai 1917”.
Croix de guerre, étoile de bronze.
- “Sous-officier intelligent et énergique. Le 23 octobre 1917, a coopéré, sous les ordres de son chef de section, à la capture de 17 prisonniers.”
Croix de guerre, étoile d’argent.

Louis Rosbespierre Pagès-Dupont

Né le 5/9/1886 à Villeneuve Saint-Georges
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes, rue des Ecoles
Profession : ouvrier plombier
Corps d‘affectation : 39e Régiment d’Infanterie, 74e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2ème classe
Tué à l‘ennemi le 12/1/1917 Secteur de Mouilly (Meuse), mort pour la France
Citation : “Fusilier mitrailleur très dévoué et très courageux. Le 12 janvier 1917, est tombé mortellement blessé à son poste de combat où il était resté sous un bombardement d’une violence extrême”
Son père était l’un des plombiers-fumistes de Villennes.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, est apparu le besoin de récompenser certains combattants. La loi instituant la Croix de Guerre a été votée en 1915. Le modèle du sculpteur Paul-Albert Bartholomé, proposé par le Syndicat des Fabricants d'Ordres, a été choisi. Enbronze florentin, la croix comporte quatre branches et, entre celles-ci, deux épées croisées. Au centre, dans un médaillon circulaire, l’effigie de la République coiffée d’un bonnet phrygien orné d’une couronne de laurier, est entourée par un anneau portant la mention « République française ».
Au centre du revers, un médaillon circulaire porte les dates 1914-191x (x= 5 à 8). Le ruban peut être orné de différents insignesdistinctifs:
- une étoile en bronze pour citation à l’Ordre du Régiment ou de la Brigade ;
- une étoile en argent pour citation à l’Ordre de la Division ;
- une étoile en vermeil pour citation à l’Ordre du Corps d'Armée ;
- une palme en bronze pour citation à l’Ordre de l'Armée ;
Une palme en argent a remplacé 5 palmes en bronze (décret de 1917).
Cette décoration était destinée aux militaires des armées de terre et de mer, français ou étrangers, qui avaient obtenu, pour fait de guerre, une citation à l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division, d'une brigade. Cette récompense fut, également, attribuée de manière collective à des villes ou villages ayant particulièrement souffert de la guerre et à des unités militaires.