Les poissons de la Seine (première partie ) : pollution accidentelle et pêche
La mémoire de Villennes·Dimanche 21 juillet 2019·Temps de lecture estimé : 4 minutesPublic
En juillet 2019, une multitude de poissons a été retirée des eaux de la Seine mais ils étaient déjà morts !
Cette hécatombe montre, au moins, que la Seine est, encore, très poissonneuse. Toutefois, il n’y a plus de pêcheurs professionnels et les quelques adeptes de la pêche de loisir rejettent leurs prises. Il n’y a pas si longtemps, les poissons de notre fleuve étaient servis, en friture ou en matelote, dans les restaurants du bord de la Seine, notamment à Villennes. Le 11 août 1935, 75 kilos de poissons, qui avaient été pris en une heure et demie par les 300 pêcheurs qui avaient participé au concours de pêche organisé dans notre village, ont été offerts. Nous avons transcrit l’article du Journal qui le relate.
75 kilos de poissons
Tel est le coquet bilan du concours de pêche qui réunit, hier, à Villennes trois cents "chevaliers de la gaule". Mauvaise journée hier pour les goujons, ablettes, gardons, tanches et barbillons qui peuplent entre Villennes et Poissy.
Ce fut un massacre : de mémoire de carpe - et nul n'ignore la longévité des carpes - on n'avait jamais vu pareil fléau s'abattre sur l'espèce. Jugez-en : plus de 300 de ces êtres redoutables qu'on nomme pêcheurs à la ligne, avaient envahi, dès l'aube, la cité de Villennes. De Paris, de Nanterre, de Boulogne, de Meulan, des Mureaux, de Saint-Ouen, de Maisons-Laffitte, voire même du département du Nord, il en venait de partout. Chaque train en déversait sur le quai des groupes compacts ; c'était un fouillis inextricable d'épuisettes et de cannes à pêche, parmi lesquelles émergeaient de somptueuses bannières brodées au nom de chaque société.
Tous étaient remplis de cette sauvage émulation qui animait sans doute les troupes d'Attila. « Il n'y aura pas assez dé poissons pour tous, ironisaient les badauds en les voyant si nombreux et si ardents. » Mais, forts de leur adresse, nos pêcheurs souriaient ; du pas décidé des soldats qui vont à la victoire, leur cohorte disciplinée, ligne sur l'épaule droite, musique en tête, défila à travers la ville avant de gagner les positions que chacun devait occuper au bord de l'eau. Aussi bien, assurait-on que jamais, dans ce bras de la Seine, le poisson n'avait pullulé autant que cette saison-ci ; on émettait les pronostics les plus favorables.
Le chansonnier Jean Peheu, président de la « Gaule de Villennes et Poissy », qui organisait ce grand concours de pêche eut tôt fait d'apaiser les conflits qui s'élevaient déjà entre concurrents plus ou moins favorisés : les pêcheurs sont gens chatouilleux.
Enfin l'éclatement d'une bombe donna le signal des hostilités ; elles devaient se poursuivre une heure et demie durant ; tout le long de la Seine des cris de victoire s'élevaient à intervalles rapprochés et chaque fois un commissaire venait déposer une fiche sur le prisonnier, gros ou petit. Lorsqu'une deuxième bombe vint interrompre ces exploits, le bilan était fort beau.
L'après-midi s'écoula tout entière à peser le butin de chaque concurrent afin que nulle injustice ne se glissât dans la répartition des soixante prix qui devaient être distribués. Ce fut M. Pérez qui, pour avoir pêché 46 poissons de belle taille, se vit attribuer le prix de cinq cents francs. Plus de 75 kilos de poissons devaient être offerts hier soir par M. Jean Peheu, de Poissy, pour les malades qui furent les heureux bénéficiaires de cette journée.
Correctif : Jean Peheu n’était pas pisciacais mais villennois !