Dominique Nohain, comédien et
directeur de théâtre, ancien Villennois, a quitté
définitivement la scène
A la fin de la semaine dernière, pour terminer la préparation de ma causerie de samedi prochain, je cherchais à compléter mes informations sur la carrière théâtrale de la dernière des célébrités villennoises des siècles passés que j’évoquerai. J’ai été, alors, très étonné par la présence dans sa courte biographie, présentée par l’encyclopédie en ligne Wikipedia, de la date de son décès (mercredi dernier) car aucun autre site Internet ne la mentionnait. Il a fallu attendre aujourd’hui pour une confirmation, quelques médias nous informant que Dominique Nohain est décédé, deux mois avant son 92ème anniversaire, et que ses obsèques auront lieu, dans l’intimité, le mardi 6 juin au cimetière du Père-Lachaise.
Les notices nécrologiques d’autres comédiens et directeurs de théâtre, plus anciens, trouvées dans des journaux de leur époque m’ont, souvent, été utiles pour mieux les connaître. En hommage à Dominique Nohain, je reproduis la sienne, signée par Jacques Pessis et publiée dans le journal Le Figaro de ce jour, le lundi 5 juin.
Dominique Nohain : télé, théâtre et mots d'esprit
Disparu mercredi à la veille de ses 92 printemps, Dominique Nohain avait le cœur plein de souvenirs d'hier et d'avant-hier, mais aussi de nouveaux projets. Pionnier de la télévision en noir et blanc, il a produit et présenté dans les années 1950, avec Jean Nohain, son père, la première grande émission de variétés du petit écran : «36 chandelles», le lundi soir, en direct du Théâtre de la Porte Saint-Martin. En un temps où l'on venait sur un plateau pour le plaisir plutôt que dans un souci de promotion, toutes les stars y ont participé.
Un conteur
Acteur de formation, il a également dirigé le Théâtre Henri de Rochefort, qu'il a rebaptisé Tristan Bernard. Le Troisième Témoin, dont il est l'auteur, le metteur en scène et l'interprète principal, a été, dans les années 1970, un succès à la scène mais aussi à la télévision. Il fait partie des classiques d'«Au théâtre ce soir». Dominique Nohain était aussi et surtout un conteur. Incollable sur Sacha Guitry, Tristan Bernard, Jean Cocteau, Marcel Aymé et quelques autres qui faisaient partie des amis de sa famille, il a consacré les vingt dernières années de sa vie à construire des spectacles où, seul en scène pendant deux heures, il racontait leur vie. Débitant les phrases à une vitesse record, mais avec une diction parfaite, il évoquait des maîtres de l'esprit avec une nostalgie souriante, en ponctuant son propos de formules, de bons mots qu'il connaissait par cœur. En revanche, par pudeur, il parlait rarement de l'année 1944 où il s'était engagé, avec son père, dans la Division Leclerc. Après avoir largement participé à la Libération de Paris, il avait été l'un des premiers, en mai 1945, à atteindre la résidence de Hitler à Berchtesgaden. Un temps où, loin des plateaux, il avait choisi de passer aux actes.
Michel Kohn