Le jour de Pâques, où des chiens ont remplacé les joueurs de tennis
La mémoire de Villennes·Mardi 17 septembre 2019·Temps de lecture estimé : 4 minutesPublic
Une partie de la mémoire du club de tennis villennois est conservée dans les 21 éditions du petit journal Côté Courts qu’il a édité de 1994 à 2004, avant le développement d’Internet. Avec les contributions des membres du comité de direction du TCV, j’en ai réalisé la rédaction et la mise en page pendant 8 ans. Parmi quelques articles ayant une valeur historique, j’en ai retenu un, particulièrement savoureux, relatant une étonnante compétition-exhibition qui s’est tenue le dimanche de Pâques 1996, sur les courts couverts inaugurés trois ans plus tôt.

Nous reproduisons cet article, dans le cadre du 70ème anniversaire du club de tennis qui sera fêté, avec notre participation, le week-end du 28 et du 29 septembre (voir les images à la fin de l’article).
Michel Kohn

Malgré le soleil, un temps de chiens !

Vous vous êtes trouvé bien clo­che, en ce dimanche de Pâques, lorsque vous m'avez trouvé, votre raquette à la main, à la place de votre partenaire habituel ! Vous avez été reçu comme un chien dans un jeu de quilles mais vous n'avez pas insisté : n'ayant pas un caractère de chien, vous êtes tran­quillement retourné à la niche !
Comme me l'a dit le chien du gar­dien du "Complexe sportif, il n'était pas très facile d'approcher de vos terrains de sport. Jamais, votre club n'avait attiré autant de monde pour ses compétitions.
Il m'a raconté que quelques mem­bres du TCV (que ma maîtresse a rebaptisé le Temporaire Chenil de Villennes) ont eu une surprise, lorsqu'ils sont venus le 1er avril, afin de retenir un court pour le lendemain : des affichettes appo­sées par la municipalité les infor­maient que tous les courts étaient réservés pour les Chihuahuas, les Cotons de Tuléar et d'autres chiens exotiques. Nom d'un chien, ont-ils pensé, voilà un ex­cellent poisson d'avril ! Villennes renoue avec les traditions : après le Carnaval, le canular...
Buda, le fidèle compagnon d'un de vos meilleurs joueurs[1] (celui qui se déplace avec lui à moto et l'ac­compagne lors de ses entraîne­ments), m'a rapporté que son maî­tre a du se rendre à l'évidence, lorsque le vendredi il est venu pour disputer un match. Tous deux ont pu observer une équipe affairée à bâcher vos courts. Ils n'étaient pas à Roland Garros, à l'approche d'une averse ; les fuites du toit ne s'étaient pas subitement aggravées, au point de nécessiter la protection des terrains. Non ! Ceux-ci n'étaient plus des courts de tennis : les filets avaient été démontés ; une "moquette" recou­vrait le sol en totalité. Mon ami canin a alors grogné : "De qui se moquette-t-on ?".
Samedi, c'était le tour de quelques uns de vos enfants, qui n'avaient pas été prévenus, d'ouvrir de grands yeux ... de Pâques. Les courts étaient réservés pour mes congénères canidés, nombreux à prendre la place des jeunes élèves de votre Ecole de Tennis, mais toutefois moins que ceux qui n'ont pas pu suivre leur cours hebdoma­daire. Mais si certains, lors de leurs premières victoires en tournoi, se montrent un peu cabots, nous le sommes bien plus ! Leurs moniteurs, qui parfois qualifient les plus turbu­lents de chiens fous, n'ont pas pu, pour une journée, se reconvertir en éleveurs de chiots.
Une étrange compétition-exhibition, dans le cadre d'un Championnat de France, a eu lieu, en ce jour de Pâ­ques. Non seulement, nous étions plus de 4 "joueurs" sur chaque court mais, pour une fois, les spectateurs n'étaient pas confinés derrière une vi­tre et pouvaient nous voir de près.
Judokas villennois, ne regardez pas les joueurs de tennis en chiens de faïence. Sachez que ce sera bientôt votre tour. Donnez-vous votre lan­gue aux chats ? Les félins ayant besoin d'un espace plus intime, votre salle de sports "pattes nues" conviendra par­faitement pour une exposition de Siamois et de Persans. Il sera plus fa­cile de retirer votre tatami que de po­ser une "moquette". Pour terminer, je ne serai pas chien avec vous, en vous donnant un con­seil : ne laissez pas dire de vous, comme de nous : "Les chiens aboient,la caravane passe".
Si vous n'y prenez garde, votre salle de sport, devenue polyvalente, vous réservera peut-être encore bien des surprises !
Une chance pour vous ! L'impré­voyance et la négligence de nos maî­tres ayant occasionné des dégâts et des frais non négligeables, la munici­palité y regardera sans doute à deux fois. "Chien échaudé craint l'eau froide !"
CHI OUAH OUAH
Note
1. Ce membre du TCV était Laurent Mauduit, alors journaliste au quotidien
Le Monde, avant d'être l'un des fondateurs et dirigeants de Mediapart.