Auguste Wambst (1908-1987), champion cycliste devenu employé de l'épicerie de Villennes
La mémoire de Villennes·Vendredi 17 août 2018·Temps de lecture estimé : 23 minutesPublic
Cet article est le dernier de notre série sur les champions cyclistes villennois. Nous pourrons le compléter avec d’autres photos et des informations contenues dans deux albums personnels d’Auguste Wambst, que son neveu Jack Bernard a donnés à notre association. Nous le remercions sincèrement.
Auguste Wambst
Le coureur cycliste qui, avec son équipier des Six Jours Charles Lacquehay, servait de mannequin pour promouvoir les vêtements sportifs d'Oscar Egg et Hector Tiberghien n'était pas Auguste Wambst mais son frère Georges.

Fernand Wambst était un autre frère, celui qui séjournait à Villennes, avec son ami coureur cycliste Marcel Guimbretière, dans l'hôtel-restaurant "Les Peupliers" de Léon Didier puis de son successeur.



Une fratrie de coureurs cyclistes

En effet, la famille Wambst comprenait quatre fils qui pratiquaient tous le cyclisme de manière professionnelle. Après son aîné Georges, Auguste a été celui qui a obtenu les meilleurs résultats et a été le plus connu.
UNE BELLE FAMILLE SPORTIVE DE CYCLISTES
LES QUATRE FRERES WAMBST
[...] Nous allons vous présenter les quatre frères Wambst, coureurs cyclistes, quatre cyclistes de marque. Ils vous parleront ensuite.Ils ont respectivement : Georges, vingt-neuf ans ; Charles, vingt-sept ; Auguste, vingt-trois ; Fernand, dix-neuf. Ils ne font pas un siècle à eux quatre. Entre Charles et Auguste naquit Marie, qui a vingt-cinq ans. Si l'on examine les photographies des quatre fils Wambst détenteurs d'un brassard - de première communion - on retrouve parfaitement l'air de famille. On fait toutefois cette constatation que l'on voit plus facilement sur la photo d'Auguste les traits que nous lui connaissons aujourd'hui. Mais les quatre frères, indiscutablement, se ressemblent. En tenue de course, avec les traits plus accusés, on les retrouve mieux encore.Une tâche difficile
Mais laissez-nous vous dire la simple et si touchante histoire de leur enfance. En avril 1914. le papa des frères Wambst, à trente et un ans, en pleine force, en belle santé, meurt, peut-on dire, subitement après avoir pris un bain. La maman des Wambst, au matin, est veuve avec cinq enfants à élever. L'ainé - c'est Georges Wambst - a onze ans à peine et Fernand n'est même pas en âge de comprendre qu'un effroyable malheur vient de s'abattre sur la maison. N'était l'esprit d'économie qui règne dans la famille, esprit peut-être plus développé en Lorraine que nulle part ailleurs - les ascendants des Wambst sont Lorrains - la mort du père aurait laissé sa veuve et ses enfants sans ressources. Les charges étaient si lourdes ! Mais l'excellent ouvrier mécanicien qu'était M. Wambst songeait toujours aux lendemains difficiles et la déjà grande famille pouvait vivre, car son chef tentait de mettre de côté le peu d'argent qui rend plus supportables les soucis pouvant survenir. Mme Wambst eut ainsi le temps de se préparer à la lourde tâche qu'il lui fallait accomplir. Elle devint ouvrière d'usine, travaillant tout le jour pour, le soir, rentrer à la maison, retrouver son petit monde, préparer les repas, rafistoler les vêtements, donner des ordres au chef de la famille - Georges Wambst - des conseils à tous, des taloches à quelques uns lorsque les choses n'allaient pas comme elles auraient dû aller.
La tâche fut rendue plus lourde encore par la grande tourmente, les quatre ans de guerre. Georges, apprenti ajusteur, puis son frère Charles, travaillèrent, apprirent à travailler plutôt, pour gagner de l'argent plus tard. Mais nous vivions en période de miracles. Le miracle fut, dans la famille Wambst, que, grâce aux efforts répétés, aux sacrifices consentis, on se tira d'affaire. La maman avait pu dire parfois : « La mauvaise graine, ça pousse toujours ! » ; elle avait travaillé à faire lever le bon grain. Et elle ne veut plus se souvenir des heures mauvaises lorsqu'elle voit rassemblés autour d'elle ses six enfants, car le dernier, Robert, né après le second mariage de Mme Wambst, est fort et vaillant lui aussi. Et lorsque nous allâmes la voir, ces jours derniers, dans son magasin de vélos de l'avenue d'Argenteuil, à Asnières, pour la trouver, alerte, vive, empressée, nous offrant, bien dorés, des beignets couverts de sucre comme l'avenue l'était de neige, nous ne pûmes nous empêcher de lui dire : « Il vous faudrait élever quelques petits-enfants maintenant. »
Mme Wambst nous répondit, avec la fermeté qu'on connaît chez les frères Wambst lorsqu'ils veulent quelque chose : « J'espère bien qu'ils m'en donneront. »
L'esprit sportif
Lorsqu'un Wambst court le dimanche, au Vélodrome d'Hiver - ils sont souvent deux - l'on est presque assuré, si Georges n'est pas à un Six-Jours lointain ou Auguste sur un vélodrome de province, que les quatre frères Wambst sont là. Et l'on est presque certain, parce qu'il est un peu de la famille en somme depuis qu'il en a commencé la fortune sportive avec Georges, de trouver auprès d'eux Charles Lacquehay. Lorsque Georges et Charles sont dans la cabine du premier, la conversation est simple, calme, confiante. Charles Lacquehay n'est pour Georges qu'un frère de plus. Un tandem d'honnêtes gars qui ne voient pas, systématiquement, du mal partout, ne nourrissent pas de haines profondes, pensent à leur métier et travaillent à le faire de leur mieux. Ils ont peiné ensemble ; ils sont allés au succès de compagnie ; ils ont atteint les mêmes buts et ne se sont séparés que parce que l'un sentait qu'il lui fallait changer de spécialité. L'autre en profita pour se reposer longuement, sagement, de quelques années trépidantes et qui n'avaient pas permis de récupérer complètement les forces dépensées.Georges Wambst s'en alla vivre à la montagne, prolongea ses vacances, revint fort comme il pouvait l'être à vingt-quatre ans - il l'était certainement.Il va nous dire d'abord, posément, ce qui l'amena à prendre ce repos, c'est-à-dire ce que furent ses premières années de courses, avant qu'il lui eut été démontré qu'il devait obtenir des succès certains par celui qui l'a toujours considéré comme un champion et qui, toujours, lui a fait confiance, Paul Ruinart.Les premiers pas, Les trois sports, Vers l'Amérique, Mes Six-Jours et Le demi-fond[témoignage de Georges Wambst]La carrière de Charles Wambst[...]
Auguste Wambst
Le troisième Wambst, dont le début de carrière fut un peu heurté, mais qui affirma vite qu'il avait l'étoffe d'un champion. On connaît sa fine silhouette : elle est bien celle du stayer. Elle était beaucoup plus mince quand Auguste prit la décision de faire du demi-fond. Avec son opulente chevelure blonde, son large sourire, ses yeux malicieux, sa pétulance et son brio, il devait plaire à la foule. Il la conquit bien vite.Il portait un nom déjà glorieux. Il était la vivante expression de la jeunesse, avec ses enthousiasmes, ses sautes d'humeur, ses gestes prompts. Mais il ajoutait à cela un courage que l'on rencontre rarement chez un jeune homme qui était presque un adolescent et que dirigeait une volonté extraordinaire.Il avait couru quelquefois avec son frère Charles, lorsqu'un jour, à l'entraînement du Vel' d'Hiv', il roula derrière la moto de Guérin et ne s'y trouva pas mal. Avec sa décision habituelle, son parti fut vite pris. Il ferait du demi-fond. Mais nous allons le laisser nous dire lui-même - il va très vite à dire, en amoureux qu'il est de la vitesse - ce que fut le début de sa carrière de stayer.

« En 1926, j'avais couru avec Charles et nous étions allés à Marseille pour tenter le record de l'heure en triplette avec Bisseron. A mon retour, j'eus la fièvre typhoïde. J'ai bien failli y passer. Une fièvre violente, dont j'eus grand mal à me remettre et qui devait d'ailleurs me jouer plus tard un autre tour. Guéri, je devançai l'appel pour aller au régiment.
Paris-soir, 27/4/1930
« Quand je me suis essayé derrière moto avec Guérin, j'ai pensé immédiatement que je pourrais peut-être réussir. C'était aussi l'avis de Guérin. Et de fait, j'ai couru et gagné la médaille des stayers pour mes débuts. Mais ma première grande victoire fut celle que, je remportai dans le championnat d'hiver en 1930. J'avais battu en série Grassin et Bréau, en finale Grassin, Paillard ayant été éliminé dans sa série. Ce jour-là j'ai compris que j'avais eu raison de me consacrer au demi-fond.« Malheureusement, je fus arrêté par une série d'accidents très graves. Des abcès aux intestins me valurent des mois de repos complet et je dois aux soins dévoués du docteur Busser de m'être remis sur pied. Je fus longtemps sans courir et je n'ai recommencé en somme que cet hiver. Assez heureusement, puisque j'ai déjà gagné et que j'ai eu l'occasion de montrer que j'avais assez bien retrouvé la forme lorsque j'ai eu à me défendre contre les rois du plancher. J'ai en Deliège un entraîneur excellent qui me connaît bien, me comprend bien et qui n'hésite pas, lorsque je le lui demande, à donner le petit tour de poignée qui fait démarrer sérieusement.« Je suis bien remis de tous mes ennuis et je dois certainement être beaucoup mieux encore, parce qu'il m'arrive parfois d'avoir quelques malaises qui me forcent à abandonner l'entraînement. Tout cela s'espace, et lorsque je serai remis d'aplomb, je crois que « Gugusse » marchera bien.
Il marche d'ailleurs de mieux en mieux, ce Gugusse. Il nous a offert, il y a quelques semaines, lors d'une grande bagarre, un échantillon de ses possibilités en tenant plus d'un tour à deux mètres du rouleau et en gardant le meilleur sur son adversaire.

L'allure était rapide, la position d'attaquant difficile. Il s'accrocha, Gugusse, non après le rouleau, mais après son guidon, et fournit un effort remarquable, qui fit dire aux vieux entraîneurs et stayers qui assistaient à la course qu'ils avaient rarement assisté à une pareille débauche d'énergie. Il a vingt-trois ans, l'âge qui vit Grassin commencer la série de ses succès. Il paraît capable d'imiter Toto.
Il se retrouva cet hiver à Marseille, où il avait été poursuivi par la malchance, et se comporta parfaitement sur cette piste qui est assez difficile pour les stayers qui ne la connaissent pas. Il ajoute à son courage de l'audace, ce que l'on appelle de
« l'estomac ».
Et comme il a du rein et des jambes, il est certainement sur le chemin de la gloire et de la fortune. Il sera le deuxième de la famille ayant réussi dans une carrière qui est assez difficile pour que le nombre de ceux qui y trouvent ce qu'ils cherchent soit assez réduit. Et ce sera un bel exemple de volonté qui aura été donné par des hommes dont la jeunesse aura été difficile et aussi une belle fierté pour la maman qui les éleva avec tant de dévouement et de courage.Fernand Wambst[...] Et nous aurons, cet été, comme maintenant, trois Wambst dont les noms apparaîtront sur les programmes des vélodromes. Ce sera la première fois que pareil fait se produit, car les Trousselier qui furent quatre, les Péhssier qui furent trois - qui. auraient été quatre si Jean n'avait été tué pendant la guerre - furent plus routiers que pistards.
René Bierre.
Match, 23/2 et 8/3/1932

Nouveau Villennois mais toujours spécialiste du demi-fond

Un article du magazine Le Miroir des sports du 23 janvier 1934 précise les débuts de la carrière sportive d'Auguste Wambst et le montre à Villennes, où il a acquis une maison de l'avenue Foch.
VISITE A AUGUSTE WAMBST, NOTRE MEILLEUR " ESPOIR " EN DEMI-FONDMagnifiquement blond, svelte, souple, la taille fine, la démarche légère, le jeune Auguste Wambst semble marcher dans la vie au milieu d'un rayonnement doré. La lumière de ses yeux gris, la fraîcheur de son rire, la douceur de ses manières, tout concourt à donner à sa personne un charme indiscutable. « Gugusse » - on ne l'appelle pas autrement au vélodrome - semble vraiment avoir reçu tous les dons de la nature, de façon à ne pas ressembler à tout le monde. Son tempérament même, nerveux, volontiers exalté, sensible à l'extrême, contribue à lui donner une grande personnalité. Auguste Wambst est un athlète qui ne peut laisser personne indifférent. Nul, plus que lui, ne déchaîne, par sa seule présence, autant de passion dans les tribunes d'un stade. Allez au Vél' d'Hiv' un jour que « Gugusse » est à l'affiche ! Dès qu'il paraît, un remous commence à secouer les populaires. Les gens s'agitent, bourdonnent, s'interpellent bruyamment, parce qu'ils savent bien qu'il va bientôt se passer quelque chose... La course commence et c'est bien rare si, au bout de quelques moments, les coups de sifflets d'un côté, les applaudissements de l'autre, ne partent pas à l'adresse de notre héros. Il semble que de la personne de l'étonnant Auguste Wambst émane un fluide irrésistible qui enflamme les esprits les plus pondérés. Partout et à n'importe quel moment, on trouve le vélodrome séparé en partisans et en ennemis du jeune Wambst !
Cette extraordinaire attraction qu'il exerce sur les foules lui vaut d'ailleurs une grande popularité. En tire-t-il vanité ou simplement parti ? Non pas ! Auguste Wambst est beaucoup trop « nature » pour cela. Il ne cherche pas à jouer la comédie et, à tout bien considérer, sa manière ordinaire de courir, qui est celle d'un « briseur d'élans », plutôt que celle d'un audacieux attaquant est la moins propre à séduire et à enthousiasmer les fanatiques du demi-fond. C'est plutôt la franchise de ses actions et de ses sentiments qui le rendent « intéressant », et, je pense, sympathique aux yeux des spectateurs. S'il s'en prend ou s'il résiste à un adversaire, il le fait franchement, ouvertement, même si cet adversaire est son frère. On le siffle, on le hue, il ne se contiendra pas, il ne ravalera pas son dépit pour continuer à sourire à ce public, souvent injuste, qui l'accable maintenant, mais qui l'acclamera peut-être demain. Il se rebiffera tout de suite et laissera éclater sa rancœur ou sa colère. Combien de fois l'avons-nous vu jeter sa machine dans un geste de révolte et s'engouffrer dans le tunnel du « quartier » en pleurant à chaudes larmes ! Que le sensible Auguste Wambst n'ait pas toujours la parfaite maîtrise des nerfs que l'on trouve généralement parmi les champions, cela apparaît absolument indiscutable ! Mais cette nervosité extrême n'est-elle pas parfois le signe d'un tempérament exceptionnellement riche ? Henri et Francis Pélissier, pour ne citer que ces deux champions avaient, eux aussi, le sang vif et le geste prompt.
Auguste Wambst, incontestablement, est un « pur sang » du sport cycliste ! Est-il ou pourra-t-il être un champion de demi-fond ? Là encore, vous pensez bien que les avis sont très partagés. Certains lui refusent tout crédit, sous le prétexte qu'il aurait pu s'imposer au premier plan s'il avait dû le faire, puisqu'il court comme stayer depuis plus de cinq ans.
Le raisonnement serait sans doute exact si Auguste Wambst n'avait vu sa carrière brutalement interrompue en 1928 par une fièvre typhoïde dont il ne se remit que par miracle. Non seulement son ascension sportive se trouva suspendue, mais son développement physique lui-même fut considérablement retardé. Selon les indications de la Faculté.
Auguste Wambst ne devrait obtenir son entier développement et, par conséquent, connaître son parfait équilibre, qu'aux environs de vingt-huit ou trente ans.
Né le 19 décembre 1908, à Lunéville, « Gugusse », par conséquent, a maintenant vingt-cinq ans. Il est encore en pleine croissance et c'est pour cela que l'on continue à le considérer comme un « espoir » du demi-fond, bien que ses débuts de stayer, rappelons-le, remontent à 1928.
Auguste Wambst sera-t-il un jour un grand champion, comparable à Grassin, à Paillard ou à Lacquehay ?
Nous pensons pouvoir affirmer que oui. Auguste Wambst est, actuellement, le « jeune » le mieux placé pour succéder aux vedettes du moment. Lacquehay, qui a trente-six ans, va bientôt être contraint de songer à la retraite ; Paillard commence à subir des sautes de forme inquiétantes ; l'Allemand Moeller semble sur le déclin ; son compatriote Sawall, s'il recourt, ne jouera plus certainement que des rôles de second plan ; le fantasque Italien Giorgetti n'est qu'un stayer occasionnel, comme Letourneur... Bref, il semble que, dans quelques années, on assistera à un renouvellement complet des cadres du demi-fond international. Auguste Wambst, sans nul doute, se hissera alors au tout premier rang. Parce que sa classe est certaine, parce qu'il est encore jeune et que ses forces sont intactes, et aussi parce qu'il a maintenant du « métier », on doit le préférer aux autres néophytes, y compris Jean Maréchal qui sera sans doute son plus rude adversaire. Et si « Gugusse » continue a être sérieux, s'il accomplit toujours son métier avec application et conscience, il peut connaître une magnifique carrière...
Mais quels sont les états de service du jeune Auguste Wambst ? Né après ses deux frères Georges et Charles, qui étaient coureurs cyclistes, « Gugusse » devait tout naturellement avoir la passion du vélo.
En 1926, il entra au V. C. L. et il courut comme routier amateur aux côtés de Raynaud, Dayen, Merviel, Bisseron, Brossy, etc. Il commençait à faire parler de lui, quand, à la fin de la saison 1927, étant allé à Marseille, en compagnie de son frère Charles et de Bisseron, pour tenter de battre le record de l'heure à triplette, il contracta la fièvre typhoïde, vraisemblablement pour avoir absorbé trop de coquillages. Durant cinquante-sept jours, Auguste demeura alité à l'hôpital d'Ivry où il fut soigné avec dévouement par le docteur Morlas et la mère de Lucien Faucheux. Un moment, on désespéra de le sauver, mais le jeune Wambst put se sortir de ce mauvais pas.
Sa saison 1928 étant irrémédiablement compromise, Auguste partit accomplir son service militaire en devançant l'appel et il fut incorporé à Nanterre, dans une compagnie d'ouvriers d'aviation.
C'est alors que l'idée lui vint de s'orienter vers le demi-fond. Son frère Georges l'encouragea vivement dans ce dessein et il aida même « Gugusse » à faire l'acquisition du coûteux matériel de stayer.
Vainqueur de la Médaille des stayers au cours de l'hiver 1928-1929, il enleva peu après le Critérium d'hiver des stayers français, causant une belle surprise. Depuis, il s'est toujours très bien comporté, et, cette saison encore, il terminait deuxième du Critérium national d'hiver, derrière Lacquehay.
Fixé volontairement à Villennes, dans une jolie villa aménagée avec beaucoup de goût,
« Gugusse » mène avec sa charmante femme une existence très calme et très sage. Il veut réussir, et il réussira sans nul doute...

RAYMOND HUTTIER

DEVANT LEUR COQUET PAVILLON DE VILLENNES, AUGUSTE WAMBST ET SA FEMME JOUENT AVEC LEUR CHIEN

Partie d'une photo de la collection de son neveu Jack Bernard, dont quelques unes avaient été reproduites par le journal

JULES MERVIEL VIENT SOUVENT RENDRE VISITE A SON ANCIEN CAMARADE DU V. C. L. (Vélo Club de Levallois)

AUGUSTE avec ses deux jeunes et fidèles admirateurs (photo d'origine)

Auguste Wambst et son épouse dans leur maison villennoise, en 1934
Extraits d'un autre article de même journaliste, décrivant la bonne forme
d'Auguste Wambst :
Il est hors de doute, en effet, que le demi-fond français, dont on a beaucoup parlé tous ces derniers temps, est à un tournant de son histoire. Les grandes vedettes actuelles, sur le dos desquelles on a plus ou moins cassé du sucre, sont à la vérité sur la route descendante, et un grand rajeunissement des cadres paraît tout à fait imminent. Mais qui saura prendre la place, en plein air ou au Vél' d'Hiv', des Lacquehay, Paillard et Grassin ?La lutte, on s'en doute, s'annonce très sévère et nous en avons eu un premier aperçu, dimanche, en assistant à la bataille Auguste Wambst-Blanc-Garin-Brossy-Georges Wambst et plus précisément, comme nous l'avons déjà souligné, au duel Auguste Wambst-Blanc-Garin.Ces deux jeunes stayers qui, tous deux, étaient en excellente forme, avaient le même ardent désir de se distinguer, à un moment estimé par eux, et non sans raison, particulièrement important. Songez que le Vél' d'Hiv' va faire sa réouverture dimanche et que les contrats ne sont pas encore signés pour la saison d'hiver ! [...] C'étaient là, vous en conviendrez, de sérieux stimulants pour des coureurs pleins d'ambition, tels que « Gugusse » Wambst et Alexis Blanc-Garin !
Le jeune Wambst, qui avait déjà brillé il y a quinze jours, était encore dans une forme splendide, et, malgré tout le courage, toute l'énergie, toute l'impétuosité du nerveux Blanc-Garin, il remporta brillamment les deux manches, chaque fois dans un style différent et donnant vraiment l'impression d'être imbattable. [...]- Auguste Wambst, nous disait sur la pelouse un ancien coureur, est indiscutablement le meilleur stayer français actuel. S'il prend tout à fait confiance en lui, il sera champiom de France et du monde l'an prochain !
RAYMOND HUTTIER.

A BUFFALO, AUGUSTE WAMBST FAIT DE LA PHOTO avant de prendre le départ de la première manche de demi-fond.






Il est, également, pris en photo.





UN DES NOMBREUX ASPECTS DU DUEL BLANC-GARIN - A. WAMBST. BLANC-GARIN ATTAQUE, MAIS WAMBST, QUI LUI-MÊME S'APPRÊTE A PASSER UN ADVERSAIRE, RÉSISTE BIEN.

Départ d'une course, en 1934, au vélodrome Buffalo
(Inauguré en 1893, ce vélodrome était situé rue Parmentier à Neuilly-sur-Seine, près de la Porte Maillot. Son nom était issu de celui de Buffalo Bill, car il avait été construit à l'emplacement de l'exhibition indo-américaine du colonel Cody, dit Buffalo Bill, pendant l'Exposition universelle de 1889)

Le Champion de France de demi-fond

Le dimanche 23 juin 1935, Auguste Wambst a parcouru, derrière une moto, 100 km en
1 h 23 mn 39 s, devançant Charles Hacquelay de 8 mètres et Georges Paillard de 350 m.
Son frère Georges s'est classé second l'année suivante, comme d'autres fois, mais il remportera le titre en 1940. En 1937, Auguste a battu, à Zurich, le record des 50 kilomètres derrière moto.

L'aide de l'épicier villennois

La reconversion professionnelle d'Auguste Wambst
a-t-elle commencé dès 1934, comme le laisse penser cet entrefilet de Paris-soir, publié en novembre de cette année ?
AUGUSTE WAMBST VEND DES VOLAILLESLe jeune Auguste Wambst va-t-il abandonner définitivement le demi-fond, ses pompes et ses 
œuvres ? Le stayer français ne court que très rarement et il a jugé plus profitable pour lui de vendre des volailles au marché.
Quant à son frère Fernand, il n'était plus coureur cycliste mais il était devenu acteur de cinéma à Los Angeles ! Il y était arrivé après avoir parcouru l'Amérique du Sud, ne pouvant rentrer en France d'Argentine, où il était lors de la déclaration de la guerre. Georges était devenu manager de jeunes coureurs cyclistes.

Pendant la guerre de 1939-1945, son ami Paul Blossier, cycliste amateur, a embauché Auguste Wambst dans son épicerie mais celui-ci n'a pas renoncé aux courses cyclistes.

LE “REVOLTE” DU DEMI-FONDIl est stayer depuis longtemps déjà. Quelque chose comme une douzaine d'années. Mais il est encore bien jeune, blond, athlétique et souriant. Malgré cet aspect engageant, Auguste Wambst est la terreur de quelques directeurs de vélodromes et surtout d'une demi-douzaine de dirigeants de l'U.V.F.C'est le rouspéteur « maison », le révolté à perpétuité.Il faut d'ailleurs avouer que bien souvent ce n'était pas sans raison.Il se défendit comme un beau diable en maintes circonstances, refusant carrément de s'aligner au départ du championnat de France lorsqu'il considérait que les conditions offertes aux participants ne correspondaient pas à l'idée qui il se faisait de sa valeur.« Une vedette de cinéma ou de théâtre se fait payer. Notre métier est dangereux et doit nous permettre de gagner notre vie mieux qu'un comptable ou qu'un ajusteur... »C'est la théorie qu'il défend... avec d'autres arguments à l'appui.« Gugusse », après l'armistice, resta plusieurs mois éloigné des pistes. Son vélo de route collectionnait les toiles d'araignée. Tout prosaïquement, l'ex-champion de France vendait des légumes aux habitants de Villennes. Il ne croyait pas à la reprise du sport, jusqu'au jour où la mouche du demi-fond le piqua. « En douce », il a retrouvé sur la route de Normandie son harmonieux coup de pédale. Nous connaîssons bien Auguste Wambst. S'il accepte de reparaître en public, c'est qu'il a la certitude de ne pas être « moche ».Ce dont « Gugusse » se moque éperdument.R. DE LATOUR.
Paris-soir, 4/5/1941


IGNORE DES MANAGERS ET DES DIRECTEURS DE VELODROMES, AUGUSTE WAMBST, LE PLUS BRILLANT DE NOS STAYERS, VEND DES CHOUX ET DES CAROTTES DANS UNE EPICERIE, A VILLENNES-SUR-SEINE
Depuis six mois entiers que les vélodromes parisiens ont rouvert leurs portes, on n'a jamais vu sur un programme le nom d'Auguste Wambst. Mieux, nul n'en a jamais parlé. Les deux managers admis à travailler avec la direction de la piste de Grenelle ne se sont pas soucié de savoir ce qu'est devenu le  champion de France de demi-fond de 1935. Quant aux organisateurs, ils feignent de l'avoir complètement oublié.
Pourtant, Auguste Wambst est remonté l'un des premiers à Paris. Seulement, il n'a pas perdu son temps à implorer le droit de faire sa rentrée. Ignoré de tout le monde, Wambst, qui demeure notre plus brillant stayer et l'un de nos rares spécialistes du demi-fond de rang international, s'est réinstallé à Villennes-sur-Seine.
C'est là que le Petit Parisien l'a découvert. Mais si notre grand animateur des courses derrière moto ne court pas, il ne vit pas davantage de ses rentes car son métier ne lui en a pas donné.
Auguste Wambst s'est lancé dans une autre branche, voilà c'est tout. De coureur, il est devenu marchand de légumes.
Hé oui ! « Gugusse» vend des carottes et des choux dans le magasin de son ami Blossier. Ce n'est déjà pas si mal, direz-vous. Il faut ajouter, cependant, qu'il s'est voué à cette occupation exceptionnelle avec tout le courage et tout le sérieux qu'il apportait à son métier de coureur. Quand, jusqu'à minuit, l'ancien champion de France charge ses camions pour assurer le ravitaillement de ses admirateurs, il ne convoque pas de photographe chez lui et il ne rencontre pas un micro sur son chemin lorsqu'il traverse la cour de l'épicerie avec un sac de 100 kilos sur les épaules.
Cela ne veut pas dire pas dire que l'on ne verra plus Auguste Wambst courir derrière moto. Car il est le cadet des vedettes actuelles de demi-fond et pour sa dernière course, il battit, le 28 juillet 1939, à Bordeaux, Lohmann, champion d'Allemagne ; Severgnini, champion d'Italie ; Meuleman, champion de Belgique ; et Terreau.Mais cette retraite provisoire enchante les habitants de Villennes. Avec un livreur pareil, les commandes arrivent « au sprint ».
Roger COULBOIS.
Le Petit Parisien, 8/2/1941

Le résistant pendant la guerre



Un article du quotidien L'Humanité du 4/9/1944 nous apprend qu'Auguste Wambst avait participé aux combats de la Libération, au sein des F.F.I.