Les arbres qui ombrageaient les
terrasses des anciens restaurants villennois - Quatrième
partie : les tilleuls
Tandis qu’une nouvelle guinguette a été ouverte sur le chemin des Pêcheurs et qu’un recensement des arbres remarquables de Villennes a été réalisé, nous avons retenu quatre espèces. Ce sont les arbres qui ombrageaient, à la belle saison, les terrasses de quatre restaurants, qui portaient leur nom : sophora, marronniers, peupliers et tilleuls.

Le cahier des charges du Chemin de la Nourrée, établi en 1900, pour la vente par lots du terrain appartenant à Madame Parvery prévoyait que les seuls établissements commerciaux autorisés étaient les restaurants. L'hôtel-restaurant "Aux Bigochets" sera construit à l'extrémité du chemin du côté de Migneaux et de Poissy.
De l'autre côté, entre le port et le début du chemin, l'exploitation d'un autre restaurant, "Aux Tilleuls", a commencé avant le lotissement, sur un terrain dont une partie appartenait encore au propriétaire du domaine d'Acqueville, Victor du Courthial de Lassuchette, et une autre à la Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest. Nous pouvons apercevoir, de nos jours, le logement qui a remplacé l'établissement qui lui a succédé : "Le Riverside".

Un restaurateur villennois, ancien agriculteur, s'est installé en bord de Seine
Léon Jules Bodin, ancien cultivateur comme son beau-père, Eugène Lamiraux, exploitait l'hôtel-restaurant "Au Berceau" de celui-ci. En mai 1889, il ouvrit l'hôtel-restaurant des Tilleuls, construit sur ce terrain loué au bord de la Seine, qui commençait à attirer les Parisiens.

Il était l'un des premiers à proposer la location de barques pour la pêche et la promenade. L'établissement disposait de son propre port, d'un hangar et d'un ponton appelé alors "abordage". Les bosquets offraient des coins de pêche.
Le voisin, investisseur immobilier, acheta le restaurant
Léon Bodin vendit le restaurant en 1907 à Charles Edouard Machoire, un proche d'Edouard Eugène Briens, le propriétaire-lotisseur de l'île. Tous deux avaient la même profession, que nous pouvons situer entre le courtage financier et la gestion de patrimoine : receveurs de rentes, ils étaient dépositaires des titres et de l'argent de leurs clients. Charles Machoire possédait déjà, à Villennes, plusieurs propriétés, dont la maison de briques rouges de la rue du Pont, située de l'autre côté du port.

Deux terrasses ont été construites à l'ombre des tilleuls. On pouvait y prendre ses repas, tout au bord de la Seine. L'établissement subit de multiples inondations.

En janvier 1910, l'eau est arrivée au niveau de la voie du chemin de fer et de son premier étage.

Le restaurant a été exploité successivement par Louis Leclaire (dit Paul, restaurateur à Paris, rue Lepic), Charles Grimardias et Joseph Marais.
Le préfet a interdit la réouverture du restaurant
Le fonds de commerce a été cédé, en janvier 1922, à une Villennoise du hameau de Breteuil, Désirée Goupy mais le préfet s'opposa à la réouverture du restaurant, fermé depuis plus d'un an et situé à moins de 300 mètres de l'église. Une réclamation, montrant l'esprit de concurrence qui existait à cette époque, n'était certainement pas étrangère à cette décision : elle était adressée au directeur des Contributions Indirectes par M. Picard, propriétaire du restaurant, assez proche, de la rue du Port, "Au Cygne de Villennes" (devenu "Les Jardins de Villennes").
En 1952, 3 ans après le décès de Charles Machoire, resté propriétaire du restaurant, ses héritières le vendirent à une Société Civile Immobilière dénommée "Les Tilleuls".