Après le président et la place de
la République, plantons des arbres de la liberté !
Cet article, publié dans le Journal des 2 Rives, actualise celui rédigé le jour du pavoisement de notre pays, après les attentats de novembre 2015. En inaugurant un chêne, planté en mémoire des victimes de ces tragiques événements et de celles du mois de janvier précédent, le Président de la République montre qu’il a entendu notre appel ; cet arbre est un autre symbole de la République.
Nous ne soulignerons pas, ici, la contribution de la plantation d’arbres à la lutte contre le réchauffement climatique. La dernière journée de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques COP 21 a été qualifiée par ses organisateurs de « jour historique » et le résultat final a été présenté comme « un acte majeur pour l’humanité ». Les participants se sont engagés à maintenir le réchauffement global « bien en dessous de 2 °C » mais seulement « à atteindre, dès que possible, le plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre ».
Rappelons, toutefois, qu’après la tempête catastrophique de la fin de l’année 1999, qui avait abattu de nombreux arbres, des communes avaient décidé de replanter des arbres. Ainsi, des plants offerts aux habitants par des municipalités sont devenus de beaux arbres qui prospèrent, depuis le début du siècle, dans leurs jardins.
La liberté de faire la fête
Heureusement la fête de Noël n’a pas été supprimée malgré la dérive laïciste, en réaction à d’autres idéologies fondamentalistes ; celle-ci vise à supprimer les évènements et les manifestations issus d’une religion, même ceux qui sont entrés dans les traditions de nous tous, y compris les non-croyants. Les actes abominables accomplis au nom d’un dieu ont fait resurgir une doctrine du XIXe siècle qui prônait l'exclusion de la religion de toutes les institutions publiques et revendiquait le droit pour les laïcs de gouverner l'Église.
Certes, en interdisant les voiles intégraux, burqas et niqabs, nous devons bannir les comportements des personnes qui veulent vivre en France mais refusent de s’y intégrer. La plupart des maires ont, avec raison, évité d’installer des crèches dans le hall de leur hôtel de ville et dans des bâtiments publics, malgré le caractère traditionnel de leurs santons.
Nous avons maintenu les festivités de fin d’année ! Noël est une fête chrétienne, commémorant la naissance de Jésus de Nazareth, mais elle a succédé à des festivités païennes qui marquaient le solstice d'hiver, symbole de la renaissance du soleil. Pour de nombreuses familles, se rassemblant autour d'un repas et perpétuant l'échange de cadeaux, la période de Noël a perdu son aspect religieux depuis le milieu du XXe siècle.
Inspiré du saint Nicolas chrétien, notamment par ses vêtements et sa barbe blanche, le père Noël est une invention anglo-saxonne et protestante. Créé en 1843 par Charles Dickens, il est devenu un personnage laïc, popularisé en rouge en 1931 par une célèbre boisson américaine qui s’est ensuite mondialisée. En décembre dernier, nous avons rencontré le « bonhomme Noël », le plus souvent dans de nouveaux temples, ceux de la consommation.
A nouveau, la tradition du sapin de Noël a entraîné le massacre de nombreux arbres. Cette coutume, qui existait déjà à la Renaissance dans les pays germaniques, a été généralisée au début du XIXe siècle par la reine Victoria, dont l’époux était originaire de Saxe ; elle a été introduite dans différentes régions de France par des Alsaciens et des Lorrains qui s’y sont installés après le rattachement de leur province à l'Allemagne en 1871. Mais, direz-vous, l’arrachage de ces arbres éphémères n’est pas une offense à la nature car la plupart ont été plantés pour maintenir cette tradition.
De nouveaux arbres, en signe de notre volonté de liberté !
Les instructions présidentielles pour le pavoisement, le vendredi 27 novembre, en hommage aux victimes des attentats, ont développé les activités de la principale société française de fabrication de drapeaux. Cette opération à caractère symbolique nous a, aussi, rappelé l’origine, fréquemment admise, des couleurs du pavillon officiel de la France depuis 1794, et du drapeau officiel depuis 1812 : le bleu et le rouge de ce symbole républicain sont les couleurs de la ville de Paris, celles de la Garde nationale, entourant le blanc de la royauté.
Depuis la période de la Révolution française, un autre symbole de la République, l’arbre de la liberté, a représenté la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Les Gaulois comme les Romains plantaient déjà des arbres, en signe de joie populaire. Ensuite des arbres de mai ont été introduits en de nombreux lieux pour célébrer l’arrivée du printemps.
Après la Révolution, comme le montre le tableau de Jean-Baptiste Lesueur, les arbres de la liberté étaient plantés de manière solennelle, ornés de fleurs, de rubans tricolores et de drapeaux ; des cérémonies patriotiques et des réjouissances populaires rassemblaient les autorités et les magistrats ainsi que le clergé.
Nous proposons de relancer cette tradition, mais sans y associer le faste révolutionnaire et sans y inviter les représentants des diverses religions. Le Président de la République a repris l’idée de l’actuelle ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, dont il était très proche en 2007. ; elle avait souhaité, lors de la campagne des élections présidentielles, « que tous les Français (aient) chez eux le drapeau tricolore ». Il a entendu notre suggestion ; essayons de la faire adopter au niveau local par le président de notre nouveau territoire intercommunal : il pourrait planter un arbre de la liberté dans sa commune et demander aux 72 autres maires de la Communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise de prendre la même initiative.
Michel Kohn
L'arbre du souvenirVenu de Belgique, où il a poussé avant d'être choisi par le service de l’Arbre et des Bois de la Mairie de Paris, ce chêne chevelu pourra normalement vivre près de 200 ans. "On a choisi un chêne car il incarne la force : il fallait qu’on inscrive dans la durée le souvenir de toutes les victimes sur cette place qui est devenue un lieu de mémoire et de recueillement", a expliqué au Parisien Rémi Féraud, maire PS du Xe arrondissement.Cet arbre, haut d'environ 12 mètres, a été planté au nord-ouest de la place de la République, à l'angle du boulevard Magenta (Xe arrondissement). Lors de son "inauguration", le dimanche 10 janvier, par François Hollande, Manuel Valls et Anne Hidalgo, maire de la Ville de Paris qui, reconnaissons-le, est à l'origine de cette initiative, une plaque a été dévoilée à son pied ; elle porte l'inscription : "À la mémoire des victimes des attentats terroristes de janvier et novembre 2015 à Paris, Montrouge et Saint-Denis. Ici même, le peuple de France leur rend hommage".