Les anciennes célébrités des
Mureaux : Albert Glandaz, promoteur des sports nautiques
Qui était Albert Glandaz (1870-1943), qu’honorent une rue et une stèle, aux Mureaux en bord de Seine ?
Sa vie professionnelle
Issu d’une famille de juristes, après une licence et un doctorat en droit, Albert Glandaz était greffier en chef du tribunal de commerce de la Seine.
Il a, ensuite, été président du conseil d’administration de la Gazette des tribunaux. Nous résumons ici son intense activité dans le développement des sports nautiques et du tourisme fluvial. Les informations les plus précises se trouvent dans un article du Miroir des sports, publié en 1923 (annexe 2).
Les sports nautiques
Il s’est fait, surtout, connaître comme sportif dans différentes disciplines nautiques, qu’il a contribué à animer et à développer :
- La voile
Albert Glandaz fut président d’honneur du Club Nautique Meulanais dès sa création.
Il a participé à des épreuves de voile dans le cadre Jeux de la 2ème Olympiade de l’ère moderne, à l’occasion de l'Exposition universelle de Paris en 1900.
Il a été vice-président du Yacht Club de France. Il a créé l'Association Française du Yachting de Course en 1911, qui préfigurait l'Union des Sociétés Nautiques Françaises (1920), devenue la Fédération Française de Voile.
Il a été l’organisateur des compétitions nautiques des Jeux olympiques d’été de 1924 : les épreuves de voile en solitaire, en monotype olympique, se sont déroulées aux Mureaux, sur le plan d’eau du Cercle de la voile de Paris (CVP), tandis que les autres (six-mètres et huit-mètres) eurent lieu au Havre.
- Le canoë et l’aviron
Lors de ces Jeux olympiques de 1924, Albert Glandaz a, également, participé à l’organisation des épreuves d’aviron à Argenteuil.
Lors de ces Jeux olympiques de 1924, Albert Glandaz a, également, participé à l’organisation des épreuves d’aviron à Argenteuil.
Il avait fondé le Canoë Club de France et présidé, de 1905 à 1924, la Fédération française des sociétés d’aviron (FFSA) qui lui a attribué sa grande Médaille d’or.
Il avait créé, en 1907, des épreuves classiques d’aviron portant son nom ; une coupe Glandaz est toujours décernée par la Fédération française d'aviron à la meilleure équipe en quatre de pointe sans barreur senior, hors Championnat de France. Une autre coupe portant son nom a été remise lors des Championnats d'Europe d'aviron, entre 1909 et 1973, au pays qui avait remporté le plus grand nombre de victoires.
Le tourisme fluvial et la connaissance des océans
Président-fondateur du Comité nautique du Touring Club de France, il a contribué au développement des infrastructures fluviales et maritimes.
En 1909, il avait mis un yacht et des financements à la disposition de la Faculté des sciences de Paris, de la Société d’océanographie du golfe de Gascogne et du comité technique des pêches maritimes, pour la réalisation de croisières océanographiques (annexe 1).
Ses actions dans les instances sportives nationales et internationales
Président du Comité national des sports, entre 1910 et 1913, il a été membre du Comité International olympique (CIO) de janvier 1913 à son décès en 1943. Il a été trésorier de l'Académie des sports.
Ses ouvrages
Albert Glandaz a publié 5 ouvrages consacrés essentiellement à la navigation fluviale, constituant une référence dans ce domaine (source : BNF) :
- Manuel juridique et administratif de la navigation de plaisance (yachting, canotage, propriétés riveraines). H. Poirrié (1901) Plusieurs coauteurs, dont Albert Rodanet ;
- Fleuves et rivières de France : Somme. Aisne. Sarthe (1902) ;
- Le Guide du yachtsman en croisière. Les croisières en Italie. Impr. de P. Durand à Chartres, 1904) ;
- Guide des voies fluviales : de Dinan à Nantes. Hachette (1907) Coauteur : Julien Boistel ;
- La Revue du tourisme nautique [publiée par A. Glandaz]. N° 1. (Janvier 1909) ;
- Manuel juridique et administratif de la navigation de plaisance (yachting, canotage, propriétés riveraines). H. Poirrié (1901) Plusieurs coauteurs, dont Albert Rodanet ;
- Fleuves et rivières de France : Somme. Aisne. Sarthe (1902) ;
- Le Guide du yachtsman en croisière. Les croisières en Italie. Impr. de P. Durand à Chartres, 1904) ;
- Guide des voies fluviales : de Dinan à Nantes. Hachette (1907) Coauteur : Julien Boistel ;
- La Revue du tourisme nautique [publiée par A. Glandaz]. N° 1. (Janvier 1909) ;
Il a préfacé diverses autres publications.
La Légion d’honneur
Albert Glandaz a été nommé au grade de chevalier de la Légion d’honneur en 1909, sur la proposition du ministère de la Marine, au titre de l’Exposition maritime internationale de Bordeaux ; il été promu au grade d’officier en 1924. En plus de la liste de ses nombreuses fonctions de dirigeant de diverses sociétés sportives, la fiche de renseignements du ministère de la Guerre pour sa promotion dans l’ordre de la Légion d’honneur contenait la mention “Consacre depuis plus de 20 ans, avec une activité et un dévouement inlassables, la majeure partie de son temps aux questions sportives et de préparation militaire.”
Michel Kohn
Sources
- Résultats de nos recherches dans la presse ancienne (Gallica, bibiothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France)
- Ouvrage Fouiller dans le passé - Les Mureaux de Marcel Denis (Médiathèque des Mureaux)
- Base de données Léonore sur les personnes nommées ou promues dans l'Ordre de la Légion d'honneur (Archives nationales)
- Divers sites Internet, notamment celui du CVP
- Ouvrage Fouiller dans le passé - Les Mureaux de Marcel Denis (Médiathèque des Mureaux)
- Base de données Léonore sur les personnes nommées ou promues dans l'Ordre de la Légion d'honneur (Archives nationales)
- Divers sites Internet, notamment celui du CVP
Annexes
1. Article de la revue hebdomadaire des armées de terre et de mer Armée et Marine du 5/11/1905
OCÉANOGRAPHIE
M. E.-Albert Glandaz, vice-président du Yacht Club de France, avait, dans le courant du mois dernier, gracieusement mis, pour l'accomplissement d'une croisière océanographique, son steam-yacht Andrée à la disposition de M. le doyen de la Faculté des sciences de Paris. Ce yacht vient de rentrer au Havre, son port d'attache, à la suite d'une croisière d'un mois effectuée sur les côtes nord et ouest de Bretagne, au cours de laquelle M. Hérubel, préparateur à la Sorbonne, attaché au laboratoire zoologique de Roscoff, qui avait été désigné par M. le doyen pour l'accomplissement de cette croisière scientifique, assisté de
M. Lagarrigue, a recueilli de très intéressants documents et capturé de fort curieux spécimens.Le but de cette croisière n'était pas de faire de l'océanographie profonde : c'est une entreprise de longue haleine et qui réclame un matériel considérable et très coûteux, non moins qu'une expérience consommée. Il s'agissait simplement d'explorer certaines régions du plateau continental qui constitue le fond même de la Manche et s'étend du sud de l'Irlande au golfe de Gascogne. Ces régions ont été choisies aussi peu arbitrairement que possible; elles avaient été tracées au préalable sur la carte, de telle sorte que chacune renfermât deux ou trois faciès bien caractérisés sous une même profondeur ou un faciès identique sous des profondeurs différentes.C'est donc avec une méthode rigoureuse qu'étaient déterminés les points où l'on descendait les dragues et les fauberts ; et les animaux que remontaient ces engins formaient une véritable série continue s'étendant sur une surface ou le long d'un axe donnés. Veut-on un exemple ? L'île de Groix étant considérée comme le centre d'une circonférence d'à peu près 80 milles, un certain nombre de rayons nord, sud, est, ouest, etc., sont tracés sur la carte. Ces rayons, dont la longueur dépasse 12 milles, seront autant d'axes suivant chacun desquels on exécutera, dans le sens centripète, des sondages et des dragages à intervalles réguliers. Certes, il n'était pas toujours facile de maintenir le yacht longtemps dans la même direction. Mais, grâce au bon vouloir et à la compétence de l'équipage, cette intéressante tentative a eu le bonheur de réussir.[...] Remarquons encore une fois que cette croisière était uniquement et volontairement côtière. Ce n'est qu'un complément à des travaux de grande envergure qu'il n'était pas dans le pouvoir de cette modeste expédition de réaliser.Mais la tentative n'en est pas moins intéressante, et l'on ne peut que féliciter l'initiateur et ceux qui voulurent bien se joindre à lui de l'effort tenté et des résultats obtenus.
2. Article de l’hebdomadaire Le miroir des sports du 25/1/1923
NOS GRANDES PERSONNALITÉS SPORTIVES : ALBERT GLANDAZ
Le sport nautique - aviron, yachting - est, sans contredit, avec l'escrime, le premier sport réellement pratiqué en France. Aussi est-il naturel de voir Albert Glandaz s'y adonner dès sa prime jeunesse. Toute sa vie sera partagée entre ses études, la lourde charge qu'il recueillera ensuite de son père et le sport. L'eau ne cessera de l'attirer, aussi lui réservera-t-il tous les instants de liberté que lui accorderont ses fonctions de greffier en chef du tribunal de commerce. D'ailleurs, ce goût très prononcé deviendra bientôt une véritable passion, une passion qu'on ne peut endiguer. Du reste, il aura une carrière splendide à citer constamment en exemple. Albert Glandaz est une des plus nobles figures du sport français.Ce sportif d'un peu plus de cinquante ans, de taille moyenne, robuste, large d'épaules, au visage calme, aux yeux mobiles, révélant un cerveau sans cesse en action, à la recherche d'une idée nouvelle, à la voix douce, timide, prenante, est courtois, affable, d'une correction parfaite. Albert Glandaz est un gentleman, un homme du monde dans toute l'acception du mot. Contemplatif, idéaliste, romantique, il aime encourager, vulgariser, diffuser les exercices nautiques sous ses diverses formes. Cependant, n'attendez pas de lui un long discours, une harangue étendue et profonde pour vous convaincre, vous attirer dans son domaine, car il préfère agir, réaliser son désir, instituer une épreuve. C'est le grand mécène du sport de l'aviron.***Vers 1888, Albert Glandaz occupe le siège de vice-président du cercle de la Voile de Nogent-Joinville ; il en sera plus tard président pour s'occuper enfin activement du cercle de la Voile de Paris. Le yachting à voile marchera de pair avec le yachting à moteur. Il sera le troisième Français possesseur d'un canot à moteur, moteur fonctionnant au pétrole lourd, à l'aide de brûleurs. Pour cette raison, sans doute, le Yacht Club de France le gardera, durant vingt années, à la vice-présidence, lui décernera sa médaille d'or et le gardera jalousement dans son comité d'honneur dans lequel il figure encore aujourd'hui.Une pareille intelligence, un cerveau si éclairé, fut tout naturellement attiré vers la technique de la navigation. Il s'y spécialisa avec succès. Albert Glandaz va sillonner les mers, non point, comme on serait tenté de le croire, pour son plaisir, par dilettantisme, mais pour permettre aux jeunes étudiants qui préparaient leur thèse d'enseignement technique et professionnel de la pêche maritime de mener à bien leurs arides études. Ces recherches océanographiques l'amèneront tout droit au conseil technique de la marine marchande, plus même puisque, ici également, il sera nommé vice-président et contribuera à la rédaction d'un livre concernant le rassemblement et la modernisation des différents codes.Voici, trop brièvement narré, le passé le plus éloigné de celui qui ne ménagera ni son temps, ni sa peine, ni son argent pour servir la cause du sport.* * *Avec l'âge et durement éprouvé par la mort de proches parents, Albert Glandaz donne à ses intimes l'impression de vouloir prendre sa retraite du sport actif au lendemain de la guerre. Il reprend le dessus, dompte sa douleur et puise dans ses multiples occupations la force suffisante pour surmonter son mal.Ce pionnier du yachting et du rowing ne saurait, en vérité, être un éclectique du sport. Albert Glandaz est un spécialiste dans toute sa splendeur. Sa devise pourrait être : ne faire qu'une chose, mais bien la faire. Sa qualité de président de la Fédération Française d’Aviron lui vaut une place au Comité Olympique Français ; il représente la France avec autorité au sein du Comité Olympique International, où il fut l'un des premiers sportifs siégeant à côté de personnalités pour la plupart mondaines. Il y fut appelé par le choix du baron de Coubertin, le rénovateur des Jeux Olympiques. Il est trésorier du Touring Club de France, préside le Comité de tourisme nautique du T. C. F. qu'il a fondé ; il est aussi trésorier de l'Académie des Sports, il administre le Club des Cent. Ne vous imaginez pas qu'il considère ces nombreux postes comme une sinécure ni une distinction honorifique ; il s'y emploie, au contraire, avec le plus grand dévouement.***Dans l'existence actuelle d'Albert Glandaz, il convient d'étudier avant tout le président de la Fédération Française d'Aviron. Il en est le fondateur, l'architecte. Le prestige de la F. F. d'Aviron auprès des pouvoirs publics et des sphères officielles est dû presque exclusivement à lui.Albert Glandaz a évidemment en toutes choses une opinion personnelle, mais il ne veut dire ni oui ni non. C'est un fin diplomate. Se tenant constamment sur ses gardes, il semble retenir la parole qui juge, la phrase qui l'oblige à prendre position. Jamais il ne se livre à une discussion, il écoute, se retranche, examine le cas en toute conscience. Lorsqu'il dépend de lui de faire pencher l'un des plateaux de la balance, il trouve le mot sensé. Albert Glandaz est un sage, un pondéré, un réfléchi.Il n'a pas le don de l'improvisation. Il ne part jamais en guerre, il conserve toujours mesure et patience.Le tact et la délicatesse d'Albert Glandaz entrent pour une bonne part dans son talent d'animateur. Comment, animateur cet homme calme, réservé ? Parfaitement, mais il a la manière, une manière si désintéressée, si franche, si peu courante qu'on n'en comprend pas toujours l'exacte portée. Chez ce conseiller hors ligne, la modestie n'a d'égale que le dévouement.Le dirigeant déteste entendre parler de lui. Le mécène, par extraordinaire, devient grave, se contrarie, si quelqu'un tente de souligner ses largesses.Albert Glandaz a offert un challenge à la Fédération Internationale d'Aviron, à remettre, à l'issue des championnats d'Europe, à la nation remportant le plus grand nombre de premières places ; il a doté le championnat militaire, institué un critérium national de débutants (yole à quatre rameurs) ; donné deux challenges pour la traversée de Paris, créé le match Polytechnique-Saint-Cyr, organisé la coupe des Escadres, offert la Coupe du Jour de l'An afin d'intensifier l'entraînement hivernal. C'est encore là une liste incomplète.Malgré la somme de travail considérable qu'il produit, Albert Glandaz caresse bien des rêves. Il voudrait que l'aviron occupât sur notre territoire la place qu'il mérite à cause de sa valeur éducative. Il regrette profondément de n'assister à une vulgarisation rapide, efficace, certaine. Il se heurte à l'apathie du « monde des gens qui rament ».Son dernier caprice? Un cercle de l'Aviron, un organisme réunissant sans distinction de clubs les membres de sociétés françaises pour se mieux connaître s'apprécier, s'unir.***Lors du prochain congrès de la Fédération d'Aviron, Albert Glandaz tentera d'abandonner son fauteuil. Il n'y parviendra pas. Qui mettriez-vous à sa place? Un homme plus ambitieux, c'est facile, mais plus utile, plus sincèrement dévoué, c'est impossible.R. PEYRONNET DE TORRES.