Les sports olympiques villennois /
les sports de balle
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Le jeu de balle au tamis, proche du jeu de paume, est dérivé de la "phaeninde" grecque, introduit en Gaule par les Romains. Cité dans des documents du XVe siècle, il était pratiqué en Île-de-France, en Normandie et en Picardie (où une cinquantaine de sociétés existaient entre les deux guerres, ainsi qu'en Wallonie). |
Une partie de balle au tamis à deux joueurs est réprésentée dans un "alphabet illustré au commencement du XIXe siècle", reproduit dans l'ouvrage Sports et jeux d'adresse, du début du siècle suivant. |
Dessin La Paume, publié dans Les jeux des jeunes garçons représentés en 25 gravures à l'aqua-tinta d'après les dessins de Xavier Le Prince, publié en 1822
Un rapport du Conseil municipal de Paris de 1894 est relatif au jeu de tamis :
Une partie de jeu de balle au tamis
mit aux prises les meilleurs joueurs de la contrée ; des
prix en espèces furent disputés dans une lutte très
animée, suivie passionnément par une foule compacte de
spectateurs. |
Un nouveau sport : Le Jeu de Balle au Tamis Le jeu de balle au tamis, dont la première partie a été jouée, en France, dimanche dernier, a la Garenne-Bezons, est nouveau en France, mais se joue depuis longtemps en Belgique, et principalement à Namur. Il vient d’être importé en France par le Tamis-Club de Paris [...]. Ce jeu rappelle un peu le jeu de la pelote basque. Les joueurs sont tous munis d’un gant spécial rappelant la chistera, mais plus court. Le tamis, placé au centre d’un camp, sert au lancement de la balle. Il y a deux camps, formés chacun de quatre joueurs. Ce jeu, facile à jouer, sans installation compliquée, a beaucoup de chance de s’acclimater chez nous. Le Bon citoyen de Tarare et du Rhône, 31/1/1904 |
Un chapitre du Bulletin folklorique d'Île-de-France du 1/4/1916 est consacré au jeu de tamis. Il affirme que c'est un jeu très ancien : "Si nous consultons les jeux de l’antiquité, nous ne trouvons pas l’emploi d’un tamis, ou instrument de ce genre, dans la sphéristique grecque ou romaine. Seul, l’Aporrhaxis (jeu grec du rebond) s’apparente un peu à notre jeu : « les joueurs lancent la balle avec force sur le sol, la reçoivent après qu’elle a rebondi et la renvoient de même. [...] C’est presque le jeu de paume, mais sans tamis". Dans le département de Seine-et-Oise, la première mention date de 1833 : "Le tamis ou jeu de sas est le plus en usage dans l’arrondissement de Mantes, pour les hommes de 18 à 35 ans". Ce document liste les différents sociétés qui y existaient jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Dans le canton de Poissy, il y en avait une à Orgeval, une autre à Bethemont. L'auteur explique les raisons du déclin de ce jeu : "Si les populations se sont pressées pour applaudir les joueurs de sas et les encourager, si les enfants, en attendant d’être dignes de lancer, couraient après les balles pour les rapporter aux joueurs, il semble bien qu’il n’en est plus de même aujourd’hui et nos derniers joueurs du Pincerais paraissent jouer en cachette. L’apparition des sports modernes, plus ou moins violents : rugby, football, basket-ball, cyclisme, natation, ont donné un coup mortel à nos jeux traditionnels. Les commodités de déplacement procurées par la moto, l’auto, le car, ont achevé ce qu’avait commencé le chemin de fer, et, si les gens des villes font du camping le dimanche, ceux des campagnes vont volontiers danser à la ville, assister à un grand match, ou s’amuser loin des cancans du village. Pour l’arc et la longue paume, il y a peu de néophytes parmi les joueurs, tous sont d’un âge moyen ou très âgés ; pour le tamis, ils sont encore assez jeunes, mais trop peu nombreux. En résumé, il n’est pas excessif d’estimer à une centaine le nombre des équipes existant au XIXe siècle, puisque des contrées entières s’adonnaient au sas. La guerre de 1870 apporte une très sensible régression que 1914 et le développement des sports aggrave encore. Enfin cette dernière guerre vient de supprimer 7 équipes sur les 9 qui restaient en 1938." Une équipe restait encore alors à Feucherolles.
On avait joué à la balle au tamis à Villennes jusque dans les années 1930. L'extrait de plan de 1890, ci-dessous, montre que la partie de la place de l'église actuelle, devant l'enclos du Sophora, était appelée "Place du jeu de tamis". La halle du marché a été érigée à son emplacement. |
Ce jeu nécessite un terrain rectangulaire en terre battue, de 94 m x 13 m, divisé en deux parties inégales par une "corde".
Dans chaque camp, se répartit une équipe de six à neuf joueurs aux noms typiques tels que forts de jeu, basses-volées et cordier. Le service se fait au moyen d'un battoir, sorte de chistera en bois. Chaque joueur dispose d'un "tambour" ou tambourin, cercle de bois ou de fer, recouvert d'une peau de porc tendue. Ce sont les "tamis" sur lesquels les balles sont lancées afin de les envoyer, après rebond, dans l'autre camp pour la mettre hors de portée des adversaires. La balle appelée "étu", d'une trentaine de grammes, est soit en cuir, soit en peau mais contenant alors une bille de plomb en son centre. Les camps ne sont pas délimités par un filet fixe mais au fur et à mesure de la partie, en appliquant le principe du "gagne-terrain". Pour cela, on repère le point de chute de la balle à l'aide d'une "chasse", un piquet posé provisoirement sur le bord de l'aire de jeu. |
L'équipe qui ne peut pas renvoyer l'étu perd le point. Les règles du jeu sont analogues à celles du tennis, une partie se jouant toutefois en 9 jeux.
Le jeu de balle au tamis est toujours pratiqué dans le nord de la France.
Une variante de ce jeu en équipes s'est développée dans le Languedoc ; la Fédération française de balle au tambourin se trouve à Montpellier. Le tamis, appelé tambourin, est utilisé comme un battoir ou une raquette. Les deux équipes comprennent 3, 4, ou 5 joueurs. Le terrain en asphalte ou terre battue fait 80 mètres de long sur 20 de large et est partagé par une ligne médiane. Les points sont comptés comme autrefois au tennis : 15, 30, 45 et jeu. En cas d'égalité, aucun avantage n'est joué. Les rencontres comportent 13 ou 19 jeux selon les catégories. |
Michel Kohn