La mémoire des Villennois victimes
de la Grande Guerre
Où pouvons-nous trouver leurs noms ?
Sur le monument aux morts de Villennes, qui n'est pas le
monument de la Place de la Libération
Où se trouve le monument aux morts de Villennes ?
Ce n’est pas celui de l’ancienne Place de la gare,
nommée Place de la Libération après la Deuxième Guerre
mondiale et devenue le lieu qui maintient, dans notre
village, le souvenir de toutes les guerres : celui-ci,
érigé en 1919, est un "monument à la mémoire et à la
gloire des défenseurs de la patrie".
Il se compose d'une pyramide à base carrée, sur
laquelle a été appliqué un coq gaulois victorieux en
bronze. La pyramide a été fournie et installée par un
marbrier de Poissy ; la pierre d'Euville utilisée avait
été extraite d’une carrière de Lorraine. Le coq est une
œuvre de la fonderie Fumière et Cie de Paris
qui a, notamment, réalisé des statues de bronze
d’Auguste Rodin et de Camille Claudel. La dépense de 15
000 francs a été, en partie, couverte par une
souscription.
Le monument aux morts, remémorant les « morts pour la patrie »,
se trouve dans le cimetière. Il
comprend deux plaques principales ; l’une grande et
rectangulaire pour la guerre de 1914-1918 est surmontée d’une
autre pour la guerre de 1939-1945.
Il n’y a pas de date, sauf l’année 1945 pour la
dernière victime, dont le nom ne se trouve pas dans les
bases de données ; cet habitant de Villennes serait-il
décédé alors de ses blessures pendant la Première Guerre
mondiale ?
Il ne semble pas évident de comprendre dans quel ordre
ont été inscrits les noms des 44 Villennois morts
pendant cette guerre.
Sept des victimes villennoises ont été inhumées à la
gauche de ce monument.
Dans la base de données "Morts pour la France de la Première
Guerre mondiale"
Cette base de données est accessible sur le site
Internet "Mémoire des hommes" du ministère des Armées ; elle
contient plus de 1,4 million de fiches individuelles numérisées
de militaires décédés au cours de la Grande Guerre, ayant obtenu
pour la plupart la mention "Mort pour la France".
Ce sont les informations de ces fiches qui nous ont permis de
comprendre comment sont classés, sur le monument aux morts, les
noms des Villennois morts pour la France, l’ordre n’étant pas
alphabétique. Il ne correspond pas aux dates des décès. Alors
qu’un temps plus ou moins long s’est passé entre chaque décès et
sa notification à la mairie de Villennes, l’ordre est celui des
dates de réception des extraits des registres des décès. Tandis
que le monuments aux morts comporte 44 noms, seules 27
fiches peuvent être consultées dans la base de données. Au delà
de l’hommage à tous ces anciens Villennois, nous les faisons
mieux connaître : ceux qui ont laissé une trace dans la mémoire
de notre village et les autres jusqu’ici non connus.
Qui étaient les Villennois morts pour la France ? Quand et
comment sont-ils décédés ?
Les extraits des registres de décès de cette base de données,
relatifs à des militaires villennois, donnent des informations
sur un échantillon, assez représentatif, de la population de
notre village à cette époque et sur les circonstances de leur
mort.
D’où étaient-ils originaires ?
Seuls treize étaient nés à Villennes et neuf dans des communes
voisines ou proches (Orgeval, Triel, Vernouillet, Les
Alluets-le-Roi, Hardricourt). Les autres étaient venus d’autres
villes de Seine & Oise (5), de Paris et du département de la
Seine (7) et d’autres régions (9) ; le plus souvent, ils étaient
arrivés, dans leur jeunesse, avec leurs parents. Les jeunes fils
de deux notabilités, dont les aïeux étaient déjà Villennois,
figurent parmi ces 27 militaires :
- Un fils du propriétaire du château d’Acqueville et
arrière-arrière-petit-fils du général de Latour de Foissac ;
- Un médecin, fils d’un ophtamologue, médecin en chef de
l’Hôpital des Quinze-Vingts, et arrière-arrière-petit-fils d’un
maire de Villennes.
Pour présenter ces habitants de notre village morts pour la
patrie, à part ceux distingués pour leur bravoure militaire
(ci-après), ils sont classés, dans la partie suivante, en trois
catégories :
- Ceux qui étaient nés à Villennes ;
- Ceux qui s'étaient installés à Villennes ou y étaient venus
avec leurs parents ;
- Ceux qui, travaillant à Villennes, y résidaient.
Quelles étaient leurs professions ?
Parmi ces morts pour la France recensés à Villennes, il y avait
plusieurs agriculteurs d’anciennes familles du village mais les
jardiniers étaient plus nombreux ainsi que les maçons et les
peintres en bâtiment. Construisant et entretenant les nombreuses
villas, cette population était caractéristique de l’évolution du
village, de l’agriculture vers les villégiatures. Un habitant
bien connu à Villennes y était employé des chemins de fer de
l'Etat ; un autre était le plus important épicier.
Quels étaient leurs grades ou leurs emplois dans l’armée ?
Il n’y avait qu’un seul “simple” soldat et deux soldats de
première classe, la plupart (19) étant de deuxième classe
; neuf étaient caporaux, deux brigadiers, un adjudant et
un aspirant. Plusieurs étaient désignés par leur fonction :
trois sapeurs, un canonnier, un maître pointeur et un médecin
auxiliaire.
Quelles ont été les années de leurs disparitions ?
Les décès se sont répartis dans les cinq années du conflit ;
leurs nombres sont, respectivement, les suivants de 1914 à 1918
: 8, 14, 4, 6 et 9. C’est le 28 août 1914, exactement un mois
après la déclaration de la guerre, que la première mort est
intervenue : Jean du Courthial de Lassuchette, né dans le
château d’Acqueville, est décédé des suites de ses blessures
dans un combat dans la Somme.
Parmi les derniers morts pendant la guerre, en septembre et le
5 novembre 1918, l’un a subi les conséquences de ses blessures
de guerre, l’autre celles d’une maladie contractée en service.
La dernier dont la mort a été violente, est décédé le 9 août,
dans les Ardennes. Contrairement aux autres, déclarés “morts à
l’ennemi”, le “type de mort” inscrit sur sa fiche est “tué d’une
balle à la tête”. Cette mention aurait pu faire penser aux
“fusillés pour l’exemple”. Ce ne semble pas être le cas, son nom
ne figurant pas dans la Base de données des fusillés de la
Première Guerre mondiale du site Internet “Mémoire des hommes”.
L'un des combattants a été déclaré "mort pour la France", bien
que décédé en 1929 ; c'était la conséquence de ses blessures sur
le champ de bataille.
Quelles ont été les causes des décès ?
Les “tués à l’ennemi “ sont les plus nombreux : 27, en incluant
celui mort d’une balle à la tête et un militaire, dont la
mention “mort pour la France” ne donne pas de précision. Sept
sont décédés des suites de leurs blessures et quatre d’une
maladie, dont l’un en captivité (Pierre Binet, le médecin). Une
mort résultait d’un accident en service : une électrocution
pendant le service de garde, en Alsace. L’un des militaires a
été déclaré “disparu”.
Les soldats de Villennes distingués pour leur bravoure
Les registres d’incorporation militaire, consultables aux
Archives départementales des Yvelines et sur le site Internet archives.yvelines.fr,
donnent des informations sur les militaires décédés pendant la
Première Guerre mondiale, qui résidaient en Seine & Oise.
Ici sont résumées celles concernant des soldats
villennois morts pour la France, distingués par leur
hiérarchie pour leur bravoure.
Les deux premières fiches sont celles de deux frères ;
leurs parents ont eu la douleur de perdre l’aîné,
peintre en bâtiment, sept mois après le plus jeune.
Les autres étaient :
- Un dessinateur, fils d’un célèbre professeur de
dessin, artiste-peintre, archéologue et historien
régional ;
- Un étudiant, fils du propriétaire du Domaine
d’Acqueville ;
- Un cultivateur de Villennes ;
- Un militaire de la cavalerie, en formation ;
- Un plombier, devenu fusilier mitrailleur ;
- Un maçon, affecté comme sapeur mineur.
Voici les informations contenues dans ces fiches, classées dans
l'ordre alphabétique des noms, avec quelques précisions trouvées
lors de diverses recherches.
Ernest Misaël Bée
Né le 16/4/1891 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes
Corps d‘affectation : faisant son service militaire
depuis octobre 1913 à la 7e Section
d’Infirmiers puis à la 24e Section
d’Infirmiers, il été affecté ensuite au 23e
Bataillon de Chasseurs et au 27e Bataillon de
Chasseurs
Soldat de 2e classe puis de 1re
classe
Tué à l‘ennemi le 20/5/1918 au Bois de Sénécat, mort
pour la France
Citation : "A eu une très belle
attitude au cours des durs combats du 13 au 26 octobre
1917 pour la conquête de l’éperon et du village de
Largny-Fillaux
Croix de guerre, étoile d’argent"
Le bois de Sénécat se trouve à Hailles (Somme), village
martyr de la Première Guerre mondiale. Situé sur des
hauteurs, il fut, pendant 100 jours, un point stratégique
d'une importance capitale permettant un accès rapide à la
voie ferrée Paris-Amiens que voulaient couper les
Allemands. Pendant cette période, le bois fut pris, puis
perdu et repris.
Poste de
secours du Bois de Sénécat (Ministère de la
Défense/ECPA)
Eugène François Bée
Né le 10/2/1886 à Versailles
Profession : peintre en bâtiments
Parents domiciliés à Villennes
Corps d’affectation : 36e Régiment
d’Infanterie
Caporal, sergent, adjudant puis adjudant-chef
Tué à l‘ennemi, le 2/11/1917, au ravin de Couteron
(Aisne),
inhumé au cimetière militaire de Bourg et Comin (Aisne)
Citations : - 16/10/1916 : “Au front depuis
le début de la campagne, a été blessé en Artois, est
revenu quelques jours après, s’est particulièrement
signalé le 30 septembre 1915 à l’assaut d’un village
dans le commandement d’une section dont le chef venait
d’être blessé”.
Médaille militaire.
- 12/8/1916 : "Sous-officier d’une bravoure
exceptionnelle. A l’attaque du 20 juillet 1916, étant
chargé de s’emparer d’un point particulièrement
important des tranchées allemandes, a entraîné
sa section avec un élan tel qu’au bout de dix minutes
la position était conquise. Violemment contre-attaqué,
a résisté victorieusement, mettant hors de combat un
grand nombre d’ennemis."
- 16/10/1916 : "Sous-officier modèle à donner en
exemple à tous par son courage calme et sa belle
attitude au feu. Véritable entraîneur d’hommes, a
exécuté le 5 octobre un coup de main à la tête d’un
petit groupe de volontaires qu’il avait su former à
son image. A réussi à pénétrer dans la tranchée
ennemie, l’a nettoyée de ses défenseurs qui opposaient
une résistance acharnée. Est rentré dans nos lignes
avec tout son monde."
- 13/3/1917 : "Sous-officier modèle, au cours d’un
coup de main exécuté sur les tranchées allemandes, a
pénétré profondément dans les lignes ennemies, a fait
sauter plusieurs entrées d’abris et a montré comme
toujours l’exemple à tous."
- 14/4/1917 : "Pendant toutes les opérations du 24-25
et 27 mars, a conduit sa section d’avant-garde avec un
entrain et une audace magnifique. Ayant enlevé une
barricade allemande, y a planté un drapeau tricolore
et a dû enflammer ses hommes à la poursuite de
l’ennemi.
Médaille militaire. Croix de guerre avec deux palmes
et deux étoiles d’argent."
A Bourg-et-Comin, le cimetière communal abrite les
sépultures de combattants britanniques morts au Chemin des
Dames.
Chez
l'officier de détail à Bourg & Comin (Ministère de
la Défense/ECPA)
Le
cimetière militaire de Bourg & Comin
André Paul Bories
Né le 19/1/1894 à
Hardricourt
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes,
rue des Ecoles
Profession : dessinateur
Corps d‘affectation : 20e Régiment
d’Artillerie de campagne (soldat de 2e classe
puis canonnier), 77e Régiment d’Infanterie
(caporal)
Tué à l‘ennemi le 16/6/1915 entre Souchez et Neuville
Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
Citation :"S’est offert
spontanément pour aller chercher un camarade blessé
tombé au cours d’une contre-attaque à quelques mètres
de la tranchée allemande et a réussi à le ramener dans
nos lignes"
Il était le fils d’Edmond Bories, artiste-peintre,
archéologue et historien régional (1857-1925), qui lui
avait, certainement, appris le dessin qu’il enseignait.
Les
ruines de Neuville-Saint Vaast en mars 1916 (Ministère
de la Défense/ECPA)
Jean Marie Jules Joseph du Courthial de Lassuchette
Né le 7/10/1893 à Villennes, au château d’Acqueville,
où il habitait avec sa famille
Profession : étudiant (lors de son incorporation, comme
engagé volontaire, en 1913)
Corps d’affectation : 9e Régiment de Dragons,
brigadier
Tué à l’ennemi, le 28/8/1914, à Jeancourt (Aisne)
Citation : "Brave brigadier. Le
28 août 1914, est glorieusement tombé aux côtés de son
officier de peloton, en chargeant les lignes
allemandes pour rejoindre son régiment. Médaille
militaire à titre posthume"
Outre le monument aux morts de Villennes, son nom est
inscrit sur trois autres monuments :
Monument aux
morts
de Jeancourt
Mémorial des
victoires
de la Marne à Dormans
Plaque commémorative de la basilique Sainte-Clotilde à
Paris
Le
cimetière militaire de Jeancourt
Les familles de Latour
de Foissac et du Courthial de Lassuchette, étaient des
familles de militaires, propriétaires du domaine
d’Acqueville de 1801 jusqu’aux années 1980.
Fernand Edouard Godfrin
Né le 11/6/1888 à Vernouillet
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession : cultivateur
Corps d‘affectation : 119e Régiment
d’Infanterie
Soldat de première classe puis caporal
Blessé par schrapnel, le 22/8/1915, à Neuville
Saint-Vaast, puis par éclat d’obus, le 19/10/1917, au
Chemin des Dames ; décédé de ses blessures à l’hôpital
d’évacuation du Mont Notre-Dame, le 22/10/1917
Citation :"Brave gradé d’une
belle attitude au feu, a été très grièvement blessé le
19 octobre 1917 à Neuville St Vaast en accomplissant
son devoir"
Ses blessures à Neuville-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais
entre Arras et Lens, qui lui ont valu cette citation, ne
sont pas celles qui ont entraîné son décès ; celles-ci ont
été faites dans un combat au Chemin des Dames, dans
l’Aisne entre Laon, Soissons et Reims.
Compte rendu de l'opérateur de ce film tourné, en 1917,
sur le Chemin des Dames :
Dans les ruines d'un village situé près du Chemin des
Dames (Oulches, Aisne), des soldats parcourent les ruines
de l'église et les rues dévastées lors des bombardements
(Craonne, Aisne).
Dans un chemin creux bordé de haies, des soldats arrivent
devant un abri et posent devant la caméra. Non loin de là,
des soldats posent devant la statue de la vierge posée sur
le bord d'une tranchée de pierre.
Dans le canal de l'Ailette dans l'Aisne, les vestiges
d'anciennes péniches demeurent abandonnés. Plusieurs
péniches sont prises dans les herbes hautes.
Sur un pont de pierre, des soldats marchent en direction
d'une pancarte. La pancarte indique la direction de la
Ferme de Metz près de Braye-en-Laonnois.
Chemin des
Dames, canal de l'Ailette : paysages et ruines
(Ministère de la Défense/SPCA)
Yves Victor Camille Gruel
Né le 5/12/1894 à Harfleur
(Seine inférieure)
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession : étudiant pour Saumur
Corps d‘affectation : 27e Régiment de Dragons
(dragon de 2e classe puis brigadier), 31e
Régiment de Dragons (maréchal des logis), 1er
Régiment léger, 17e Régiment de Chasseurs à
cheval, 11e Régiment de Cuirassiers
Parti le 30/7/1915, sur le front avec l’escadron à pied,
admis à suivre le cours d’élèves-aspirants de cavalerie
à Saint-Cyr, dirigé vers l’Ecole spéciale militaire,
promu aspirant, parti en renfort le 18/8/1918
Disparu le 7/10/1918 à Condé-lès-Autry (Ardennes) ;
ayant été capturé, il est décédé, le 9/12/1918, à
Bayreuth ; inhumé à Brieulles-sur-Bar (Ardennes)
Citations :
- "Sous-officier observateur énergique, a fourni des
renseignements très importants sur l’ennemi, notamment
au cours de l’attaque du 22 mai 1917. Croix de guerre,
étoile de bronze.
- "Sous-officier intelligent et énergique. Le 23
octobre 1917, a coopéré, sous les ordres de son chef
de section, à la capture de 17 prisonniers. Croix de
guerre, étoile d’argent."
Camp
de Condé-les Aubry en 1918
Paul Lepintre
Né le 31 janvier 1880 à Villennes
Profession : maçon
Corps d'affectation : 3e Régiment du génie
puis 1er Régiment du génie
Sapeur mineur
Blessé à la tête le 8 mai 1915 ; tué à l'ennemi le 10
janvier 1917 à la côte 148, région de Berry au Bac
Citations :"Brave et dévoué
sapeur, a fait deux ans de guerre de mines en Argonne,
trois mois à Verdun, tué glorieusement [...] à Berry
au Bac
Médaille militaire"
C'est à Berry-au-Bac qu'eut lieu la première offensive de
blindés français, des chars Schneider, la première attaque
de chars de l'histoire ayant eu lieu, lors de la bataille
de la Somme, le 15 septembre 1916, avec des chars d'assaut
Char
Schneider
Louis Robespierre Pagès-Dupont
Né le 5/9/1886 à Villeneuve Saint-Georges
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes,
rue des Ecoles
Profession : ouvrier plombier
Corps d‘affectation : 39e Régiment
d’Infanterie, 74e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Tué à l‘ennemi le 12/1/1917 Secteur de Mouilly (Meuse),
mort pour la France
Citation : "Fusilier mitrailleur
très dévoué et très courageux. Le 12 janvier 1917, est
tombé mortellement blessé à son poste de combat où il
était resté sous un bombardement d’une violence
extrême".
Son père était l’un des
plombiers-fumistes de Villennes.
Enterrement
à Mouilly
Dès le début de la Première Guerre mondiale, est apparu le
besoin de récompenser certains combattants.
La loi instituant la Croix de Guerre a été votée en
1915. Le modèle du sculpteur Paul-Albert Bartholomé,
proposé par le Syndicat des fabricants d'ordres, a été
choisi. En bronze florentin, la croix comporte quatre
branches et, entre celles-ci, deux épées croisées. Au
centre, dans un médaillon circulaire, l’effigie de la
République coiffée d’un bonnet phrygien orné d’une
couronne de laurier, est entourée par un anneau portant
la mention « République française ».
Au centre du revers, un médaillon circulaire porte les
dates 1914-191x (x= 5 à 8). Le ruban peut être orné de
différents insignes distinctifs :
- une étoile en bronze pour citation à l’Ordre du
Régiment ou de la Brigade ;
- une étoile en argent pour citation à l’Ordre de la
Division ;
- une étoile en vermeil pour citation à l’Ordre du Corps
d'Armée ;
- une palme en bronze pour citation à l’Ordre de l'Armée
;
Une palme en argent a remplacé cinq palmes en bronze
(décret de 1917).
Cette décoration était destinée aux militaires des
armées de terre et de mer, français ou étrangers, qui
avaient obtenu, pour fait de guerre, une citation à
l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division,
d'une brigade. Cette récompense fut, également,
attribuée de manière collective à des villes et des
villages ayant particulièrement souffert de la guerre
ainsi qu'à des unités militaires.
Les autres habitants du village victimes de la guerre, nés à
Villennes
René Clovis Blanchard
Né le 5/4/1896 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes, rue de Médan ; habitait
à Villennes
Profession : menuisier
Corps d’affectation : 46e Régiment
d’Infanterie, 53e Régiment d’infanterie
Soldat de 2e classe, puis de 1re
classe et caporal
Tué à l’ennemi, le 17/7/1918, à Arnoy (Meuse)
L'offensive
de l'Argonne
Edouard Goupy
Né le 12/10/1896 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Profession : maçon
Corps d’affectation : 36e Régiment
d’Infanterie
Chasseur de 2e classe, puis caporal
Disparu, le 12/10/1915, à Tahure ; inhumé à la Butte de
Tahure
puis transféré au cimetière militaire de Somme-Suippes
(Marne)
Le village de Tahure a été anéanti au cours des combats
terribles qui ont eu lieu dans ce secteur, où les
Allemands s’étaient retranchés solidement après la
Première bataille de la Marne en septembre 1914. Son
souvenir est conservé dans le poème Le poète de
Guillaume Apollinaire :
[…]
Depuis dix jours au fond d'un couloir trop étroit
Dans les éboulements et la boue et le froid
Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture
Anxieux nous gardons la route de Tahure […]
Tranchée
dans le secteur de Tahure, en Champagne
Maurice Fernand Graffoullière
Né le 2 juin 1886 à Villennes
Profession : employé de bureau (à la Compagnie des
chemins de fer de l'Etat)
Corps d’affectation : 8e Bataillon
d'artillerie à pied puis 2e Régiment
d’Infanterie
Soldat de 2e classe puis caporal ; passé à la
réserve dans la 4e section des chemins de fer
de campagne ; mobilisé dans le 5e Régiment
d'infanterie à Falaise
Tué à l'ennemi le 7 avril 1915 au Godat (à proximité du
canal de l'Aisne à la Marne)
Préparation de
l'offensive au Godat (Ministère de la Défense/SPCA)
Louis Lucien Guerbois
Né le 12/12/1895 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes au
hameau de La Clémenterie
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 82e Régiment
d’Infanterie
Disparu, le 13/10/1915, à la Côte 263 ; présumé
prisonnier
La Côte 263 se trouve en Argonne, près de Sainte-Menehould
dans le département de la Marne.
Cote
263 – le terrain après les combats du 13 au 20 juillet
1915
Paul Léon Macle
Né le 26/2/1897 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à
Villennes, rue haute de Médan
Profession : garçon jardinier
Corps d’affectation : 9e Régiment du Génie, 6e
Régiment du Génie
Décédé, le 5/11/1918, à l’Hôpital complémentaire d’Armée
n°42 à Beauvais (suite de maladie contractée en service)
Il avait choisi la profession de son père, qui était le
jardinier de Louis Constant Hellstern, célèbre bottier
de la Place Vendôme à Paris, propriétaire de la villa
Reva Reva Cottage. Il habitait, vraisemblablement avec
ses parents dans les communs de cette villa de la rue,
qui a été nommée "rue Gallieni" en 1923.
L'un
des hôpitaux complémentaires de Beauvais
Robert Emile Meunier
Né le 9 août 1897 à Villennes
Ouvrier maçon
Soldat de 2e classe au 71e
Régiment d'infanterie
Il est décédé à Villennes, le 28 mars 1929, donc après
la guerre. Il a, toutefois, été considéré comme une
victime : il a été déclaré "mort pour la France" en
1934, suite à ses blessures qui l'avaient fait réformer.
En octobre 1917, il avait été évacué pour "pieds gelés"
; en juillet 1918, il avait été intoxiqué par gaz ; il
avait reçu des éclats d'obus en octobre 1918. Il avait
dû être amputé du bras droit et de deux orteils du pied
gauche.
Les autres habitants du village victimes de la guerre,
installés à Villennes ou arrivés avec leurs parents
Marcel Amaury
Né le 28/12/1894 à Triel
Profession : ouvrier maçon
Parents domiciliés à Villennes, rue des Izelles
Corps d’affectation : 5e Régiment de Dragons,
32e Régiment d’Infanterie, 4e
Régiment de Zouaves
Cavalier de 2e classe
Décédé le 7/12/1915 à Zarzis (Tunisie), hôpital
temporaire n°4, des suites de maladie
Les casernes de Zarzis
Gaston Maximilien Balade
Né le 27/10/1886 à Triel
Profession lors de son incorporation pour le service
militaire :
garçon épicier
Parents domiciliés à Triel ; habitait à Villennes, place
de l’Eglise
(au dessus de l’épicerie)
Corps d’affectation : 26e Régiment
d'Infanterie puis 21e Régiment d’Infanterie
coloniale
Soldat de 2e classe, puis de 1re
classe
Disparu le 29/9/1914 à Maricourt ; retrouvé, identifié
et transféré au cimetière militaire de Maricourt
(arrondissement de Péronne)
Après le décès de Gaston Balade, Maricourt est
devenu, en 1916, le point de jonction entre les
armées françaises et britanniques et l'un des
points de départ de l'offensive alliée le 1er
juillet 1916, au début de la bataille de la Somme.
Ce Villennois était devenu le propriétaire de
l'épicerie située en face de l'église. Elle était
la plus importante du village (la seule qui
subsiste de nos jours).
Cimetière français de la côte 122 à Maricourt
(Ministère de la Défense/ECPA)
René Georges Baysset
Né le 3/6/1893 à Paris
Profession lors de son incorporation : garçon jardinier
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Corps d‘affectation : 2e Régiment de Zouaves
(à partir du 2/12/1913)
Campagne d’Algérie (du 2/12/1913 au 19/8/1914) puis
campagne contre l’Allemagne
Disparu à Het-Sas (Belgique), le 15/5/1915
Un cantonnement à Het-Sas
(Ministère de la Défense/ECPA)
Pierre Robert Binet
Né le 28/12/1888 à Paris
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Profession lors de son incorporation : étudiant en
médecine
Canonnier conducteur puis médecin auxiliaire pendant son
service militaire (à partir d’octobre 1912, après
sursis)
Corps d’affectation : 129e Régiment
d’infanterie
Blessé dans un accident de cheval en février 1914
Disparu à Courcy, le 16/9/1914, fait prisonnier
et mis en captivité à Minden (Allemagne)
Décédé, le 9/7/1915, d’une suite de maladie au lazaret
de Minden
et inhumé en ce lieu.
Le camp de Minden
Emile Jarry
Né le 18/3/1878 à Nanterre
Soldat de 2e classe au 18e
régiment d'infanterie territoriale
Tué à l'ennemi le 11/1/1915 à Le Hamel (Somme),
mort pour la France
Une résidence de l'avenue Georges Clémenceau porte son
nom, tandis que le nom d'une rue est celui de son épouse
Eléonore.
Convoi du 23e RI au Hamel (Ministère de la
Défense/ECPA)
Adrien Eugène Lesourd
Né le 9/11/1896 à Orgeval
Parents domiciliés à Villennes au hameau de La
Clémenterie ;
habitait à Villennes
Profession : maçon
Corps d’affectation : 24e Régiment
d’Infanterie, 24e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Tué à l’ennemi, le 11/7/1917, devant Flirey (Meurthe et
Moselle).
Mort pour la France.
Flirey est, surtout, connu par la bataille qui s'y est
déroulée du 19 septembre au 11 octobre 1914. La prise de
Flirey par les Allemands a eu une influence considérable
sur le cours du conflit, coupant la plupart des routes et
des chemins de fer vers Verdun.
Transport d'un blessé,
dans la carrière de Flirey (Ministère de la
Défense/ECPA)
Charles Augustin Marbach
Né le 21 octobre 1884 à Belfort
Soldat de 2e classe au 171e
Régiment d'Infanterie
Tué à l'ennemi, le 29 septembre 1914, au Bois d'Ailly
(Meuse) ; mort pour la France
Dépôt de munitions au
Bois d'Ailly
André Louis Moreau
Né le 24/8/1894 à Saint-Denis
Parents domiciliés à Villennes, rue de Neauphles ;
habitait à Villennes
Profession : cultivateur
Corps d’affectation : 5e Régiment de
Hussards, 78e Régiment d’Infanterie, 162e
Régiment d’Infanterie, 34e Régiment
d’Artillerie de Campagne, 106e Régiment
d’Artillerie lourde
Hussard de 2e classe
Après plusieurs blessures, dirigé, le 4/1/1918, vers le
centre d’ouvriers d’artillerie d’Arcy-sur-Aube, avant de
passer au 106e Régiment d’Artillerie lourde
aux armées
Tué à l’ennemi, le 9/6/1918, par un éclat d’obus à la
position de Batterie de Séchelles (Oise ; champ de
bataille de Cuvilly-Ressons)
Il est étonnant que le lieu du décès d’André Louis Moreau
ait un lien avec un homme des XVIIe et XVIIIe
siècles, portant le même nom : Jean Moreau (1690-1761),
haut fonctionnaire et homme politique, avait acheté, en
1710, la terre de Cuvilly, qui appartenait aux seigneurs
de Séchelles. Après avoir fait construire un nouveau
château à l'emplacement du château féodal, il se fit
appeler Moreau de Séchelles.
Batterie de 105 mm en
position à Cuvilly (Ministère de la Défense/ECPA)
Marcel Antonin Richard
Né le 30/12/1895 à Paris
Parents domiciliés à Villennes, au Bois des Falaises
; habitait à Villennes
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 109e Régiment
d’Infanterie,
26e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Disparu, le 30/7/1916, à Maurepas (Somme)
Georges Clemenceau, arrivant à Maurepas avec
son fils, après les combats de juillet 1916
Nicolas Robert Flahaut
Né le 30/12/1894 à Saint-Germain-en-Laye
Parents domiciliés à Villennes, rue de Poissy (villa La
Clairière) ; habitait à Villennes
Profession : étudiant en droit (lors de son
incorporation en 1913, comme engagé volontaire)
Corps d’affectation : 3e Régiment de Hussards
; hussard de 2e classe
Tué à l’ennemi, le 29/8/1914, à Le Quesnel (Somme)
Ce jeune soldat n’avait pas encore 20 ans lorsqu’il est
mort. Sa mère était, vraisemblablement, la personne qui a
porté plainte contre le choix d’une marchande de charbon
de Poissy, pour transporter le charbon attribué par l'Etat
à la commune de Villennes ; alors que son mari faisait le
commerce de charbon près d'Amiens, elle était restée à
Villennes et approvisionnait difficilement en charbon la
clientèle qu'elle s'était créée.
Le Quesnel, la ville où leur fils est décédé, se trouve à
27 km d’Amiens !
L’épouse du maire Alfred Laumonier, "désireuse de rendre
service à la population ouvrière", avait créé une garderie
d'enfants en 1912 avec Mme Flahaut. Dans le local de 120 m2,
prêté par celle-ci, elles accueillaient 18 enfants de 3 à
5 ans, dès octobre de cette année.
Section d'artillerie de
tranchée sur route à Le Quesnel (Ministère de la
Défense/ECPA)
Les autres victimes de la guerre qui, travaillant à Villennes,
y résidaient
Henri Le Solleu
Né le 14/5/1855 aux Alluets-le-Roi
Parents domiciliés aux Alluets-le-Roi ; a habité à
Orgeval puis à Villennes
Profession : domestique
Corps d’affectation : 103e Régiment
d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Blessé, le 1/9/1914, à Gercourt (Meuse) ;
décédé le 2/9/1914 à Dombasle-en-Argonne de ses
blessures de guerre
Le village de Gercourt
en ruines, vers 1918
Emile Germain Martineau
Né le 7/8/1886 à Dampierre
Parents domiciliés à Dampierre ; habitait à
Villennes, rue de Médan (villa Francq)
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 21e Régiment
d’Infanterie
Disparu, le 20/8/1914 ; prisonnier de guerre, le 28 août
Décédé le 1er mars 1915, de ses blessures de
guerre, à Grafenwohr (Bavière) et inhumé par les
autorités allemandes
Emile Germain Martineau, jardinier de
l’industriel Léon Francq, était,
vraisemblablement, l’un des trois hommes
photographiés devant les communs de la villa Le
Manoir (dans l’actuelle rue Gallieni).
La famille des propriétaires se trouve sur le
pont, au-dessus d'eux
Illustration de l’ouvrage Prisonnier de
guerre à Grafenwohr !
de Fabienne Gilbertas
Marcel Louis Paris
Né le 23/11/1897 à Orgeval
Parents domiciliés à Morainvilliers, hameau de Bures, où
il a habité
Profession : maçon
Corps d’affectation : 74e Régiment
d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Décédé, le 8/9/1918, à l’hôpital temporaire de l’Ecole
Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux (maladie consécutive
à blessure de guerre)
Ouvert en septembre 1914 dans l'Ecole Saint-Nicolas, cet
hôpital a mis à disposition 760 lits pendant toute la
guerre et, même, jusqu'en 1920. Il accueillit de nombreux
blessés venant de tout le front, particulièrement les
brûlés et les victimes des gaz asphyxiants.
Entrée de l'hôpital installé, temporairement,
dans une école d'Issy-les-Moulineaux
Aucune information n'a été trouvée, dans les bases de données,
sur les Villennois nommés André Piot, Max Plot, Albert
Morisseau, Marcel Amaury, Clément Lequéré, Jules Chemin, Jean
Billingham, Henri Baudin, Robert Lefevre, Antoine Berthet,
Florentin Auzou, Georges Vasson, Georges Martin, Maurice
Gauthier, Frédéric Bourreau. Toutefois, la famille Vasson
(propriétaire de la villa Neptune, devenue la mairie de
Villennes) et la famille Bourreau (des descendants de la famille
Parvery) sont bien connues.
Il semblerait que les présences de deux noms sur le monument
aux morts ne soient pas justifiées :
- Un Villennois nommé Joseph Malassé, Alsacien habitant à
Villennes a bien participé à la Première Guerrre mondiale dans
des régiments de Zouaves. Toutefois, les dernières mentions de
sa fiche d'incorporation indiquent qu'il a été rappelé à
l'activité au dépôt d'infanterie 211 à compter du 2 avril 1940
et qu'il a été réintégré le 18/5/1948. Il n'est donc pas décédé
au cours des deux guerres mondiales. Aurait-il eu un homonyme
villennois, victime de la Grande Guerre ?
- Fernand Tabard, né le 1/5/1895 à Villennes, a participé à la
guerre de 1915 à 1917, comme soldat de 2e classe à la
12e section de commis ouvriers d'administration mais,
souffrant d'une maladie chronique, il a été réformé. Il s'est
retiré à Villennes où il est décédé le 14/1/1920. Si sa maladie,
bacillose pulmonaire, résultait de son activité militaire, il se
peut qu'il ait été considéré comme une victime de la guerre.