La mémoire des Villennois victimes de la Grande Guerre


Où pouvons-nous trouver leurs noms ?

Sur le monument aux morts de Villennes, qui n'est pas le monument de la Place de la Libération

Où se trouve le monument aux morts de Villennes ?

Ce n’est pas celui de l’ancienne Place de la gare, nommée Place de la Libération après la Deuxième Guerre mondiale et devenue le lieu qui maintient, dans notre village, le souvenir de toutes les guerres : celui-ci, érigé en 1919, est un "monument à la mémoire et à la gloire des défenseurs de la patrie".

Il se compose d'une pyramide à base carrée, sur laquelle a été appliqué un coq gaulois victorieux en bronze. La pyramide a été fournie et installée par un marbrier de Poissy ; la pierre d'Euville utilisée avait été extraite d’une carrière de Lorraine. Le coq est une œuvre de la fonderie Fumière et Cie de Paris qui a, notamment, réalisé des statues de bronze d’Auguste Rodin et de Camille Claudel. La dépense de 15 000 francs a été, en partie, couverte par une souscription.


Le monument aux morts, remémorant les « morts pour la patrie », se trouve dans le cimetière. Il comprend deux plaques principales ; l’une grande et rectangulaire pour la guerre de 1914-1918 est surmontée d’une autre pour la guerre de 1939-1945.



Il n’y a pas de date, sauf l’année 1945 pour la dernière victime, dont le nom ne se trouve pas dans les bases de données ; cet habitant de Villennes serait-il décédé alors de ses blessures pendant la Première Guerre mondiale ?

Il ne semble pas évident de comprendre dans quel ordre ont été inscrits les noms des 44 Villennois morts pendant cette guerre.


Sept des victimes villennoises ont été inhumées à la gauche de ce monument.

Dans la base de données "Morts pour la France de la Première Guerre mondiale"

Cette base de données est accessible sur le site Internet "Mémoire des hommes" du ministère des Armées ; elle contient plus de 1,4 million de fiches individuelles numérisées de militaires décédés au cours de la Grande Guerre, ayant obtenu pour la plupart la mention "Mort pour la France".

Ce sont les informations de ces fiches qui nous ont permis de comprendre comment sont classés, sur le monument aux morts, les noms des Villennois morts pour la France, l’ordre n’étant pas alphabétique. Il ne correspond pas aux dates des décès. Alors qu’un temps plus ou moins long s’est passé entre chaque décès et sa notification à la mairie de Villennes, l’ordre est celui des dates de réception des extraits des registres des décès. Tandis que le monuments aux morts comporte 44 noms, seules 27 fiches peuvent être consultées dans la base de données. Au delà de l’hommage à tous ces anciens Villennois, nous les faisons mieux connaître : ceux qui ont laissé une trace dans la mémoire de notre village et les autres jusqu’ici non connus.

Qui étaient les Villennois morts pour la France ? Quand et comment sont-ils décédés ?

Les extraits des registres de décès de cette base de données, relatifs à des militaires villennois, donnent des informations sur un échantillon, assez représentatif, de la population de notre village à cette époque et sur les circonstances de leur mort.

D’où étaient-ils originaires ?

Seuls treize étaient nés à Villennes et neuf dans des communes voisines ou proches (Orgeval, Triel, Vernouillet, Les Alluets-le-Roi, Hardricourt). Les autres étaient venus d’autres villes de Seine & Oise (5), de Paris et du département de la Seine (7) et d’autres régions (9) ; le plus souvent, ils étaient arrivés, dans leur jeunesse, avec leurs parents. Les jeunes fils de deux notabilités, dont les aïeux étaient déjà Villennois, figurent parmi ces 27 militaires :
- Un fils du propriétaire du château d’Acqueville et arrière-arrière-petit-fils du général de Latour de Foissac ;
- Un médecin, fils d’un ophtamologue, médecin en chef de l’Hôpital des Quinze-Vingts, et arrière-arrière-petit-fils d’un maire de Villennes.

Pour présenter ces habitants de notre village morts pour la patrie, à part ceux distingués pour leur bravoure militaire (ci-après), ils sont classés, dans la partie suivante, en trois catégories :
- Ceux qui étaient nés à Villennes ;
- Ceux qui s'étaient installés à Villennes ou y étaient venus avec leurs parents ;
- Ceux qui, travaillant à Villennes, y résidaient.

Quelles étaient leurs professions ?

Parmi ces morts pour la France recensés à Villennes, il y avait plusieurs agriculteurs d’anciennes familles du village mais les jardiniers étaient plus nombreux ainsi que les maçons et les peintres en bâtiment. Construisant et entretenant les nombreuses villas, cette population était caractéristique de l’évolution du village, de l’agriculture vers les villégiatures. Un habitant bien connu à Villennes y était employé des chemins de fer de l'Etat ; un autre était le plus important épicier.

Quels étaient leurs grades ou leurs emplois dans l’armée ?

Il n’y avait qu’un seul “simple” soldat et deux soldats de première classe, la plupart (19) étant de deuxième classe ;  neuf étaient caporaux, deux brigadiers, un adjudant et un aspirant. Plusieurs étaient désignés par leur fonction : trois sapeurs, un canonnier, un maître pointeur et un médecin auxiliaire.

Quelles ont  été les années de leurs disparitions ?

Les décès se sont répartis dans les cinq années du conflit ; leurs nombres sont, respectivement, les suivants de 1914 à 1918 : 8, 14, 4, 6 et 9. C’est le 28 août 1914, exactement un mois après la déclaration de la guerre, que la première mort est intervenue : Jean du Courthial de Lassuchette, né dans le château d’Acqueville, est décédé des suites de ses blessures dans un combat dans la Somme.

Parmi les derniers morts pendant la guerre, en septembre et le 5 novembre 1918, l’un a subi les conséquences de ses blessures de guerre, l’autre celles d’une maladie contractée en service. La dernier dont la mort a été violente, est décédé le 9 août, dans les Ardennes. Contrairement aux autres, déclarés “morts à l’ennemi”, le “type de mort” inscrit sur sa fiche est “tué d’une balle à la tête”. Cette mention aurait pu faire penser aux “fusillés pour l’exemple”. Ce ne semble pas être le cas, son nom ne figurant pas dans la Base de données des fusillés de la Première Guerre mondiale du site Internet “Mémoire des hommes”.

L'un des combattants a été déclaré "mort pour la France", bien que décédé en 1929 ; c'était la conséquence de ses blessures sur le champ de bataille.

Quelles ont été les causes des décès ?

Les “tués à l’ennemi “ sont les plus nombreux : 27, en incluant celui mort d’une balle à la tête et un militaire, dont la mention “mort pour la France” ne donne pas de précision. Sept sont décédés des suites de leurs blessures et quatre d’une maladie, dont l’un en captivité (Pierre Binet, le médecin). Une mort résultait d’un accident en service : une électrocution pendant le service de garde, en Alsace. L’un des militaires a été déclaré “disparu”.

Les soldats de Villennes distingués pour leur bravoure

Les registres d’incorporation militaire, consultables aux Archives départementales des Yvelines et sur le site Internet archives.yvelines.fr, donnent des informations sur les militaires décédés pendant la Première Guerre mondiale, qui résidaient en Seine & Oise.

Ici sont résumées celles concernant des soldats villennois morts pour la France, distingués par leur hiérarchie pour leur bravoure.


Les deux premières fiches sont celles de deux frères ; leurs parents ont eu la douleur de perdre l’aîné, peintre en bâtiment, sept mois après le plus jeune.

Les autres étaient :
- Un dessinateur, fils d’un célèbre professeur de dessin, artiste-peintre, archéologue et historien régional ;
- Un étudiant, fils du propriétaire du Domaine d’Acqueville ;
- Un cultivateur de Villennes ;
- Un militaire de la cavalerie, en formation ;
- Un plombier, devenu fusilier mitrailleur ;
- Un maçon, affecté comme sapeur mineur.

Voici les informations contenues dans ces fiches, classées dans l'ordre alphabétique des noms, avec quelques précisions trouvées lors de diverses recherches.

Ernest Misaël Bée

Né le 16/4/1891 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes
Corps d‘affectation : faisant son service militaire depuis octobre 1913 à la 7e Section d’Infirmiers puis à la 24e Section d’Infirmiers, il été affecté ensuite au 23e Bataillon de Chasseurs et au 27e Bataillon de Chasseurs
Soldat de 2e classe puis de 1re classe
Tué à l‘ennemi le 20/5/1918 au Bois de Sénécat, mort pour  la France
Citation : "A eu une très belle attitude au cours des durs combats du 13 au 26 octobre 1917 pour la conquête de l’éperon et du village de Largny-Fillaux
Croix de guerre, étoile d’argent"

Le bois de Sénécat se trouve à Hailles (Somme), village martyr de la Première Guerre mondiale. Situé sur des hauteurs, il fut, pendant 100 jours, un point stratégique d'une importance capitale permettant un accès rapide à la voie ferrée Paris-Amiens que voulaient couper les Allemands. Pendant cette période, le bois fut pris, puis perdu et repris.

Poste de secours du Bois de Sénécat (Ministère de la Défense/ECPA)

Eugène François Bée

Né le 10/2/1886 à Versailles
Profession  : peintre en bâtiments
Parents domiciliés à Villennes
Corps d’affectation : 36e Régiment d’Infanterie
Caporal, sergent, adjudant puis adjudant-chef
Tué à l‘ennemi, le 2/11/1917, au ravin de Couteron (Aisne),
inhumé au cimetière militaire de Bourg et Comin (Aisne)
Citations :
- 16/10/1916 : “Au front depuis le début de la campagne, a été blessé en Artois, est revenu quelques jours après, s’est particulièrement signalé le 30 septembre 1915 à l’assaut d’un village dans le commandement d’une section dont le chef venait d’être blessé”.
Médaille militaire.
- 12/8/1916 : "Sous-officier d’une bravoure exceptionnelle. A l’attaque du 20 juillet 1916, étant chargé de s’emparer d’un point particulièrement important des tranchées allemandes, a entraîné  sa section avec un élan tel qu’au bout de dix minutes la position était conquise. Violemment contre-attaqué, a résisté victorieusement, mettant hors de combat un grand nombre d’ennemis."
- 16/10/1916 : "Sous-officier modèle à donner en exemple à tous par son courage calme et sa belle attitude au feu. Véritable entraîneur d’hommes, a exécuté le 5 octobre un coup de main à la tête d’un petit groupe de volontaires qu’il avait su former à son image. A réussi à pénétrer dans la tranchée ennemie, l’a nettoyée de ses défenseurs qui opposaient une résistance acharnée. Est rentré dans nos lignes avec tout son monde."
- 13/3/1917 : "Sous-officier modèle, au cours d’un coup de main exécuté sur les tranchées allemandes, a pénétré profondément dans les lignes ennemies, a fait sauter plusieurs entrées d’abris et a montré comme toujours l’exemple à tous."
- 14/4/1917 : "Pendant toutes les opérations du 24-25 et 27 mars, a conduit sa section d’avant-garde avec un entrain et une audace magnifique. Ayant enlevé une barricade allemande, y a planté un drapeau tricolore et a dû enflammer ses hommes à la poursuite de l’ennemi.
Médaille militaire. Croix de guerre avec deux palmes et deux étoiles d’argent."

A Bourg-et-Comin, le cimetière communal abrite les sépultures de combattants britanniques morts au Chemin des Dames.
Chez l'officier de détail à Bourg & Comin (Ministère de la Défense/ECPA)

Le cimetière militaire de Bourg & Comin

André Paul Bories

Né le 19/1/1894 à Hardricourt
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes, rue des Ecoles 
Profession : dessinateur
Corps d‘affectation : 20e Régiment d’Artillerie de campagne (soldat de 2e classe puis canonnier), 77e Régiment d’Infanterie (caporal)
Tué à l‘ennemi le 16/6/1915 entre Souchez et Neuville Saint-Vaast (Pas-de-Calais)
Citation :"S’est offert spontanément pour aller chercher un camarade blessé tombé au cours d’une contre-attaque à quelques mètres de la tranchée allemande et a réussi à le ramener dans nos lignes"

Il était le fils d’Edmond Bories, artiste-peintre, archéologue et historien régional (1857-1925), qui lui avait, certainement, appris le dessin qu’il enseignait.


Les ruines de Neuville-Saint Vaast en mars 1916 (Ministère de la Défense/ECPA)

Jean Marie Jules Joseph du Courthial de Lassuchette

Né le 7/10/1893 à Villennes, au château d’Acqueville, où il habitait avec sa famille
Profession : étudiant (lors de son incorporation, comme engagé volontaire, en 1913)
Corps d’affectation : 9e Régiment de Dragons, brigadier
Tué à l’ennemi, le 28/8/1914,  à Jeancourt (Aisne)
Citation : "Brave brigadier. Le 28 août 1914, est glorieusement tombé aux côtés de son officier de peloton, en chargeant les lignes allemandes pour rejoindre son régiment. Médaille militaire à titre posthume"

Outre le monument aux morts de Villennes, son nom est inscrit sur trois autres monuments :


Monument aux morts
de Jeancourt

Mémorial des victoires
de la Marne à Dormans
Plaque commémorative de la basilique Sainte-Clotilde à Paris

Le cimetière militaire de Jeancourt




Les familles de Latour de Foissac et du Courthial de Lassuchette, étaient des familles de militaires, propriétaires du domaine d’Acqueville de 1801 jusqu’aux années 1980.

Fernand Edouard Godfrin

Né le 11/6/1888 à Vernouillet
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession  : cultivateur
Corps d‘affectation : 119e Régiment d’Infanterie
Soldat de première classe puis caporal
Blessé par schrapnel, le 22/8/1915, à Neuville Saint-Vaast, puis par éclat d’obus, le 19/10/1917, au Chemin des Dames ; décédé de ses blessures à l’hôpital d’évacuation du Mont Notre-Dame, le 22/10/1917

Citation :"Brave gradé d’une belle attitude au feu, a été très grièvement blessé le 19 octobre 1917 à Neuville St Vaast en accomplissant son devoir"

Ses blessures à Neuville-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais entre Arras et Lens, qui lui ont valu cette citation, ne sont pas celles qui ont entraîné son décès ; celles-ci ont été faites dans un combat au Chemin des Dames, dans l’Aisne entre Laon, Soissons et Reims.

Compte rendu de l'opérateur de ce film tourné, en 1917, sur le Chemin des Dames :
Dans les ruines d'un village situé près du Chemin des Dames (Oulches, Aisne), des soldats parcourent les ruines de l'église et les rues dévastées lors des bombardements (Craonne, Aisne).
Dans un chemin creux bordé de haies, des soldats arrivent devant un abri et posent devant la caméra. Non loin de là, des soldats posent devant la statue de la vierge posée sur le bord d'une tranchée de pierre.
Dans le canal de l'Ailette dans l'Aisne, les vestiges d'anciennes péniches demeurent abandonnés. Plusieurs péniches sont prises dans les herbes hautes.
Sur un pont de pierre, des soldats marchent en direction d'une pancarte. La pancarte indique la direction de la Ferme de Metz près de Braye-en-Laonnois.

Chemin des Dames, canal de l'Ailette : paysages et ruines (Ministère de la Défense/SPCA)

Yves Victor Camille Gruel

Né le 5/12/1894 à Harfleur (Seine inférieure)
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes
Profession  : étudiant pour Saumur
Corps d‘affectation : 27e Régiment de Dragons (dragon de 2e classe puis brigadier), 31e Régiment de Dragons (maréchal des logis), 1er Régiment léger, 17e Régiment de Chasseurs à cheval, 11e Régiment de Cuirassiers
Parti le 30/7/1915, sur le front avec l’escadron à pied, admis à suivre le cours d’élèves-aspirants de cavalerie à Saint-Cyr, dirigé vers l’Ecole spéciale militaire, promu aspirant, parti en renfort le 18/8/1918
Disparu le 7/10/1918 à Condé-lès-Autry (Ardennes) ; ayant été capturé, il est décédé, le 9/12/1918, à Bayreuth ; inhumé à Brieulles-sur-Bar (Ardennes)
Citations :
- "Sous-officier observateur énergique, a fourni des renseignements très importants sur l’ennemi, notamment au cours de l’attaque du 22 mai 1917. Croix de guerre, étoile de bronze.
- "Sous-officier  intelligent et énergique. Le 23 octobre 1917, a coopéré, sous les ordres de son chef de section, à la capture de 17 prisonniers. Croix de guerre, étoile d’argent."

Camp de Condé-les Aubry en 1918

Paul Lepintre

Né le 31 janvier 1880 à Villennes
Profession : maçon
Corps d'affectation : 3e Régiment du génie puis 1er Régiment du génie
Sapeur mineur
Blessé à la tête le 8 mai 1915 ; tué à l'ennemi le 10 janvier 1917 à la côte 148, région de Berry au Bac
Citations :"Brave et dévoué sapeur, a fait deux ans de guerre de mines en Argonne, trois mois à Verdun, tué glorieusement [...] à Berry au Bac
Médaille militaire"

C'est à Berry-au-Bac qu'eut lieu la première offensive de blindés français, des chars Schneider, la première attaque de chars de l'histoire ayant eu lieu, lors de la bataille de la Somme, le 15 septembre 1916, avec des chars d'assaut
Char Schneider

Louis Robespierre Pagès-Dupont

Né le 5/9/1886 à Villeneuve Saint-Georges
Résidant à Villennes ; parents domiciliés à Villennes, rue des Ecoles
Profession : ouvrier plombier
Corps d‘affectation : 39e Régiment d’Infanterie, 74e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Tué à l‘ennemi le 12/1/1917 Secteur de Mouilly (Meuse),
mort pour la France
Citation : "Fusilier mitrailleur très dévoué et très courageux. Le 12 janvier 1917, est tombé mortellement blessé à son poste de combat où il était resté sous un bombardement d’une violence extrême".

Son père était l’un des
plombiers-fumistes de Villennes.



Enterrement à Mouilly

Dès le début de la Première Guerre mondiale, est apparu le besoin de récompenser certains combattants.



La loi instituant la Croix de Guerre a été votée en 1915. Le modèle du sculpteur Paul-Albert Bartholomé, proposé par le Syndicat des fabricants d'ordres, a été choisi. En bronze florentin, la croix comporte quatre branches et, entre celles-ci, deux épées croisées. Au centre, dans un médaillon circulaire, l’effigie de la République coiffée d’un bonnet phrygien orné d’une  couronne de laurier, est entourée par un anneau portant la mention « République française ».

Au centre du revers, un médaillon circulaire porte les dates 1914-191x (x= 5 à 8). Le ruban peut être orné de différents insignes distinctifs :
- une étoile en bronze pour citation à l’Ordre du Régiment ou de la Brigade ;
- une étoile en argent pour citation à l’Ordre de la Division ;
- une étoile en vermeil pour citation à l’Ordre du Corps d'Armée ;
- une palme en bronze pour citation à l’Ordre de l'Armée ;

Une palme en argent a remplacé cinq palmes en bronze (décret de 1917).

Cette décoration était destinée aux militaires des armées de terre et de mer, français ou étrangers, qui avaient obtenu, pour fait de guerre, une citation à l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division, d'une brigade. Cette récompense fut, également, attribuée de manière collective à des villes et des villages ayant particulièrement souffert de la guerre ainsi qu'à des unités militaires.


Les autres habitants du village victimes de la guerre, nés à Villennes

René Clovis Blanchard

Né le 5/4/1896 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes, rue de Médan ; habitait à Villennes
Profession : menuisier
Corps d’affectation : 46e Régiment d’Infanterie, 53e Régiment d’infanterie
Soldat de 2e classe, puis de 1re classe et caporal
Tué à l’ennemi, le 17/7/1918, à Arnoy (Meuse)


L'offensive de l'Argonne

Edouard Goupy

Né le 12/10/1896 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Profession : maçon
Corps d’affectation : 36e Régiment d’Infanterie
Chasseur de 2e classe, puis caporal
Disparu, le 12/10/1915, à Tahure ; inhumé à la Butte de Tahure
puis transféré au cimetière militaire de Somme-Suippes (Marne)

Le village de Tahure a été anéanti au cours des combats terribles qui ont eu lieu dans ce secteur, où les Allemands s’étaient retranchés solidement après la Première bataille de la Marne en septembre 1914. Son souvenir est conservé dans le poème Le poète de Guillaume Apollinaire :
[…]
Depuis dix jours au fond d'un couloir trop étroit
Dans les éboulements et la boue et le froid
Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture
Anxieux nous gardons la route de Tahure […]

Tranchée dans le secteur de Tahure, en Champagne

Maurice Fernand Graffoullière

Né le 2 juin 1886 à Villennes
Profession : employé de bureau (à la Compagnie des chemins de fer de l'Etat)
Corps d’affectation : 8e Bataillon d'artillerie à pied puis 2e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe puis caporal ; passé à la réserve dans la 4e section des chemins de fer de campagne ; mobilisé dans le 5e Régiment d'infanterie à Falaise
Tué à l'ennemi le 7 avril 1915 au Godat (à proximité du canal de l'Aisne à la Marne)


Préparation de l'offensive au Godat (Ministère de la Défense/SPCA)

Louis Lucien Guerbois

Né le 12/12/1895 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes au hameau de La Clémenterie
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 82e Régiment d’Infanterie
Disparu, le 13/10/1915, à la Côte 263 ; présumé prisonnier

La Côte 263 se trouve en Argonne, près de Sainte-Menehould dans le département de la Marne.

Cote 263 – le terrain après les combats du 13 au 20 juillet 1915

Paul Léon Macle

Né le 26/2/1897 à Villennes
Parents domiciliés à Villennes ;  habitait à Villennes, rue haute de Médan
Profession : garçon jardinier
Corps d’affectation : 9e Régiment du Génie, 6e Régiment du Génie
Décédé, le 5/11/1918, à l’Hôpital complémentaire d’Armée n°42 à Beauvais (suite de maladie contractée en service)

Il avait choisi la profession de son père, qui était le jardinier de Louis Constant Hellstern, célèbre bottier de la Place Vendôme à Paris, propriétaire de la villa Reva Reva Cottage. Il habitait, vraisemblablement avec ses parents dans les communs de cette villa de la rue, qui a été nommée "rue  Gallieni" en 1923.


L'un des hôpitaux complémentaires de Beauvais

Robert Emile Meunier

Né le 9 août 1897 à Villennes
Ouvrier maçon
Soldat de 2e classe au 71e Régiment d'infanterie

Il est décédé à Villennes, le 28 mars 1929, donc après la guerre. Il a, toutefois, été considéré comme une victime : il a été déclaré "mort pour la France" en 1934, suite à ses blessures qui l'avaient fait réformer.
En octobre 1917, il avait été évacué pour "pieds gelés" ; en juillet 1918, il avait été intoxiqué par gaz ; il avait reçu des éclats d'obus en octobre 1918. Il avait dû être amputé du bras droit et de deux orteils du pied gauche.


Les autres habitants du village victimes de la guerre, installés à Villennes ou arrivés avec leurs parents

Marcel Amaury

Né le 28/12/1894 à Triel
Profession : ouvrier maçon
Parents domiciliés à Villennes, rue des Izelles
Corps d’affectation : 5e Régiment de Dragons, 32e Régiment d’Infanterie, 4e Régiment de Zouaves
Cavalier de 2e classe
Décédé le 7/12/1915 à Zarzis (Tunisie), hôpital temporaire n°4, des suites de maladie


Les casernes de Zarzis

Gaston Maximilien Balade

Né le 27/10/1886 à Triel
Profession lors de son incorporation pour le service militaire :
garçon épicier
Parents domiciliés à Triel ; habitait à Villennes, place de l’Eglise
(au dessus de l’épicerie)
Corps d’affectation :  26e Régiment d'Infanterie puis 21e Régiment d’Infanterie coloniale
Soldat de 2e classe, puis de 1re classe
Disparu le 29/9/1914 à Maricourt ; retrouvé, identifié et transféré au cimetière militaire de Maricourt (arrondissement de Péronne)

Après le décès de Gaston Balade, Maricourt est devenu, en 1916, le point de jonction entre les armées françaises et britanniques et l'un des points de départ de l'offensive alliée le 1er juillet 1916, au début de la bataille de la Somme. Ce Villennois était devenu le propriétaire de l'épicerie située en face de l'église. Elle était la plus importante du village (la seule qui subsiste de nos jours).

Cimetière français de la côte 122 à Maricourt (Ministère de la Défense/ECPA)

René Georges Baysset

Né le 3/6/1893 à Paris
Profession lors de son incorporation : garçon jardinier
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Corps d‘affectation : 2e Régiment de Zouaves (à partir du 2/12/1913)
Campagne d’Algérie (du 2/12/1913 au 19/8/1914) puis campagne contre l’Allemagne
Disparu à Het-Sas (Belgique), le 15/5/1915


Un cantonnement à Het-Sas (Ministère de la Défense/ECPA)

Pierre Robert Binet

Né le 28/12/1888 à Paris
Parents domiciliés à Villennes ; habitait à Villennes
Profession lors de son incorporation : étudiant en médecine
Canonnier conducteur puis médecin auxiliaire pendant son service militaire (à partir d’octobre 1912, après sursis) 
Corps d’affectation : 129e Régiment d’infanterie 
Blessé dans un accident de cheval en février 1914
Disparu à Courcy, le 16/9/1914, fait prisonnier
et mis en captivité à Minden (Allemagne) 
Décédé, le 9/7/1915, d’une suite de maladie au lazaret de Minden
et inhumé en ce lieu.

Le camp de Minden

Emile Jarry

Né le 18/3/1878 à Nanterre
Soldat de 2e classe au 18e régiment d'infanterie territoriale
Tué à l'ennemi  le 11/1/1915 à Le Hamel (Somme), mort pour la France

Une résidence de l'avenue Georges Clémenceau porte son nom, tandis que le nom d'une rue est celui de son épouse Eléonore.

Convoi du 23e RI au Hamel (Ministère de la Défense/ECPA)

Adrien Eugène Lesourd

Né le 9/11/1896 à Orgeval
Parents domiciliés à Villennes au hameau de La Clémenterie ; 
habitait à Villennes
Profession : maçon
Corps d’affectation : 24e Régiment d’Infanterie, 24e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Tué à l’ennemi, le 11/7/1917, devant Flirey (Meurthe et Moselle).
Mort pour la France.

 

Flirey est, surtout, connu par la bataille qui s'y est déroulée du 19 septembre au 11 octobre 1914. La prise de Flirey par les Allemands a eu une influence considérable sur le cours du conflit, coupant la plupart des routes et des chemins de fer vers Verdun.
Transport d'un blessé, dans la carrière de Flirey (Ministère de la Défense/ECPA)

Charles Augustin Marbach

Né le 21 octobre 1884 à Belfort
Soldat de 2e classe au 171e Régiment d'Infanterie
Tué à l'ennemi, le 29 septembre 1914, au Bois d'Ailly (Meuse) ; mort pour la France

Dépôt de munitions au Bois d'Ailly

André Louis Moreau

Né le 24/8/1894 à Saint-Denis
Parents domiciliés à Villennes, rue de Neauphles ;  habitait à Villennes
Profession : cultivateur
Corps d’affectation : 5e Régiment de Hussards, 78e Régiment d’Infanterie, 162e Régiment d’Infanterie, 34e Régiment d’Artillerie de Campagne, 106e Régiment d’Artillerie lourde
Hussard de 2e classe
Après plusieurs blessures, dirigé, le 4/1/1918, vers le centre d’ouvriers d’artillerie d’Arcy-sur-Aube, avant de passer au 106e Régiment d’Artillerie lourde aux armées
Tué à l’ennemi, le 9/6/1918, par un éclat d’obus à la position de Batterie de Séchelles (Oise ; champ de bataille de Cuvilly-Ressons)

Il est étonnant que le lieu du décès d’André Louis Moreau ait un lien avec un homme des XVIIe et XVIIIe siècles, portant le même nom : Jean Moreau (1690-1761), haut fonctionnaire et homme politique, avait acheté, en 1710, la terre de Cuvilly, qui appartenait aux seigneurs de Séchelles. Après avoir fait construire un nouveau château à l'emplacement du château féodal, il se fit appeler Moreau de Séchelles.
Batterie de 105 mm en position à Cuvilly (Ministère de la Défense/ECPA)

Marcel Antonin Richard

Né le 30/12/1895 à Paris
Parents domiciliés à Villennes, au Bois des Falaises ;  habitait à Villennes
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 109e Régiment d’Infanterie,
26e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Disparu, le 30/7/1916, à Maurepas (Somme)

Georges Clemenceau, arrivant à Maurepas avec son fils, après les combats de juillet 1916

Nicolas Robert Flahaut

Né le 30/12/1894 à Saint-Germain-en-Laye
Parents domiciliés à Villennes, rue de Poissy (villa La Clairière) ;  habitait à Villennes
Profession : étudiant en droit (lors de son incorporation en 1913, comme engagé volontaire)
Corps d’affectation : 3e Régiment de Hussards ; hussard de 2e classe
Tué à l’ennemi, le 29/8/1914, à Le Quesnel (Somme)

Ce jeune soldat n’avait pas encore 20 ans lorsqu’il est mort. Sa mère était, vraisemblablement, la personne qui a porté plainte contre le choix d’une marchande de charbon de Poissy, pour transporter le charbon attribué par l'Etat à la commune de Villennes ; alors que son mari faisait le commerce de charbon près d'Amiens, elle était restée à Villennes et approvisionnait difficilement en charbon la clientèle qu'elle s'était créée.
Le Quesnel, la ville où leur fils est décédé, se trouve à 27 km d’Amiens !
 
L’épouse du maire Alfred Laumonier, "désireuse de rendre service à la population ouvrière", avait créé une garderie d'enfants en 1912 avec Mme Flahaut. Dans le local de 120 m2, prêté par celle-ci, elles accueillaient 18 enfants de 3 à 5 ans, dès octobre de cette année.
Section d'artillerie de tranchée sur route à Le Quesnel (Ministère de la Défense/ECPA)

Les autres victimes de la guerre qui, travaillant à Villennes, y résidaient

Henri Le Solleu

Né le 14/5/1855 aux Alluets-le-Roi
Parents domiciliés aux Alluets-le-Roi ; a habité à Orgeval puis à Villennes
Profession : domestique
Corps d’affectation : 103e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Blessé, le 1/9/1914, à Gercourt (Meuse) ;
décédé le 2/9/1914 à Dombasle-en-Argonne de ses blessures de guerre

Le village de Gercourt en ruines, vers 1918

Emile Germain Martineau

Né le 7/8/1886 à Dampierre
Parents domiciliés à Dampierre ;  habitait à Villennes, rue de Médan (villa Francq)
Profession : jardinier
Corps d’affectation : 21e Régiment d’Infanterie
Disparu, le 20/8/1914 ; prisonnier de guerre, le 28 août
Décédé le 1er mars 1915, de ses blessures de guerre, à Grafenwohr (Bavière) et inhumé par les autorités allemandes


Emile Germain Martineau, jardinier de l’industriel Léon Francq, était, vraisemblablement, l’un des trois hommes photographiés devant les communs de la villa Le Manoir (dans l’actuelle rue Gallieni).

La famille des propriétaires se trouve sur le pont, au-dessus d'eux
Illustration de l’ouvrage Prisonnier de guerre à Grafenwohr !
de Fabienne Gilbertas

Marcel Louis Paris

Né le 23/11/1897 à Orgeval
Parents domiciliés à Morainvilliers, hameau de Bures, où il a habité
Profession : maçon
Corps d’affectation : 74e Régiment d’Infanterie
Soldat de 2e classe
Décédé, le 8/9/1918, à l’hôpital temporaire de l’Ecole Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux (maladie consécutive à blessure de guerre)


Ouvert en septembre 1914 dans l'Ecole Saint-Nicolas, cet hôpital a mis à disposition 760 lits pendant toute la guerre et, même, jusqu'en 1920. Il accueillit de nombreux blessés venant de tout le front, particulièrement les brûlés et les victimes des gaz asphyxiants.
Entrée de l'hôpital installé, temporairement,
dans une école d'Issy-les-Moulineaux

Aucune information n'a été trouvée, dans les bases de données, sur les Villennois nommés André Piot, Max Plot, Albert Morisseau, Marcel Amaury, Clément Lequéré, Jules Chemin, Jean Billingham, Henri Baudin, Robert Lefevre, Antoine Berthet, Florentin Auzou, Georges Vasson, Georges Martin, Maurice Gauthier, Frédéric Bourreau. Toutefois, la famille Vasson (propriétaire de la villa Neptune, devenue la mairie de Villennes) et la famille Bourreau (des descendants de la famille Parvery) sont bien connues.

Il semblerait que les présences de deux noms sur le monument aux morts ne soient pas justifiées :
- Un Villennois nommé Joseph Malassé, Alsacien habitant à Villennes a bien participé à la Première Guerrre mondiale dans des régiments de Zouaves. Toutefois, les dernières mentions de sa fiche d'incorporation indiquent qu'il a été rappelé à l'activité au dépôt d'infanterie 211 à compter du 2 avril 1940 et qu'il a été réintégré le 18/5/1948. Il n'est donc pas décédé au cours des deux guerres mondiales. Aurait-il eu un homonyme villennois, victime de la Grande Guerre ?
- Fernand Tabard, né le 1/5/1895 à Villennes, a participé à la guerre de 1915 à 1917, comme soldat de 2e classe à la 12e section de commis ouvriers d'administration mais, souffrant d'une maladie chronique, il a été réformé. Il s'est retiré à Villennes où il est décédé le 14/1/1920. Si sa maladie, bacillose pulmonaire, résultait de son activité militaire, il se peut qu'il ait été considéré comme une victime de la guerre.