Quel était l'âge du platane du Val rose ?


La disparition d'une arbre immense de la propriété nommée "Le Val rose", située entre l'avenue Foch et la rue du Coquart, à une cinquantaine de mètres de la rue Michel Giraux, nous fait nous interroger sur l'époque de sa plantation.

Cet événement nous replonge dans l'histoire du parc de l'ancien château de Villennes et de son lotissement. L'ampleur que ce platane avait prise et la largeur de son tronc montrent qu'il était très ancien mais le terme "bicentenaire" ne semble pas adapté pour le qualifier.




La rue du Coquart marquait une limite du parc du château, qui s'étendait jusqu'à la Seine, du centre du village jusqu'à la rue Michel Giraux et la rue des Canotiers ; ces voies ainsi que la rue du Coquart étaient alors nommées "chemin des prés Blondeau".



Le parc du château de Villennes

Les cartes anciennes restituent le parc trl qu'il était à deux époques :  le parc à la française puis le parc à l'anglaise.

Le platane aurait-il pu être planté avant 1869, l'année de la transformation du parc ?  Le plan de la seigneurie de 1780 le montre avec des parterres de formes géométriques et des allées rectilignes dans sa partie proche du château mais, déjà, des allées sinueuses dans l'autre partie.


Un plan établi en 1869, vraisemblablement pour organiser l'aménagement du parc par Jean Baptiste Paradis, propriétaire du château, est assez précis, nous montrant l'emplacement de divers arbres.



L'un d'eux, isolé dans le bout du parc, pourrait être le platane qui a vécu jusqu'en 2022.

Quel était l'usage de ces parcelles rectangulaires ?

La description du parc lors de son lotissement nous renseigne.


Si le dessinateur du plan a voulu représenter le platane en question, il l'aurait mal situé car il ne se serait pas trouvé dans la partie rectangulaire du potager de gauche, en face de la villa des Maronniers, la seule qui existait alors, mais dans celle située à sa droite.

Le lotissement du parc du château

Le premier "promoteur immobilier" de Villennes a été Hippolyte Pichard du Page. Il a d'abord loti, en 1887, la partie du parc comprise entre le chemin du Bord de l'eau, longeant le chemin de fer, et la Seine. Il l'avait acquise d'Henriette Paradis, fille du précédent propriétaire,  et de son deuxième époux, qui n'avaient plus les moyens d'entretenir le château et son parc.  Il a  acheté le château et la partie restante de son parc, en juin 1893. Le plan du lotissement qu'il a réalisé nous donne de nombreuses informations relatives aux terrains, sur lesquels diverses villas ont été construites.


La représentation des arbres est moins précise car le but était de délimiter les lots qui ont été vendus à partir de 1893.

Cette partie du parc comprenait :
- un potager,
- un verger,
- deux serres tempérées,
- une parcelle plantée d'arbres.

Les emplacements des tonneaux d'arrosage, en fer, peuvent être distingués sur les bords des quatre terrains rectangulaires qui étaient cultivés.
  
Une grille située sur le chemin de Médan, au niveau où a été, ultérieurement, percée l'avenue de Médan, permettait de pénétrer dans le parc, entouré d'un mur.

La villa "Le Val rose"

La villa Marie-Isabelle n'a été construite qu'en 1910, à l'extrémité de l'ancien parc. Une carte postale expédiée en 1905 montre la villa "Le Val Rose", la première bâtie dans cette partie. Cette photo est plus ancienne car la maison située, de l'autre coté de la rue du Coquart, bâtie en 1902, n'y est pas visible.


La villa fut la propriété d'un artiste peintre, pendant deux ans à partir de 1925. André Joyeux était certainement celui issu de la section architecture de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, qui passa plusieurs années en Cochinchine, où il fut professeur, inspecteur et directeur d'écoles d'arts. En 1906, il exposa des tableaux pour le pavillon du Tonkin à l'exposition coloniale de Marseille. Ses illustrations  et aquarelles ornèrent deux livres publiés en 1923 sur Bouddha. Cette maison fut le domicile, dans les  années 1950-60, d'une personnalité locale, l'épicier Lucien Blossier.

Sur la gauche, nous pouvons apercevoir un arbre qui n'avait pas l'ampleur qu'il a prise ensuite mais existait déjà au début du vingtième siècle. Sa dimension à cette époque est-elle compatible avec l'hypothèse qu'il aurait été planté, environ 30 ans plus tôt, lors de l'aménagement du parc du château ?

Michel Kohn