Cet article rassemble les diverses publications
réalisées par ACV, la mémoire de Villennes dans le cadre
du jumelage de sa ville avec une communauté de communes
écossaise.
Où se trouve Largo Area Community ? La réponse se trouve
dans la vidéo ci-dessus, réalisée au moyen de notre
drone virtuel.
Ce territoire est situé au bord d'une baie, Largo Bay,
qui fait partie du large estuaire du fleuve Forth dans
la Mer du nord, au bord duquel se trouve Edimbourg.
Notre voyage aérien comprend quatre parties :
- Un rapide vol de chez nous jusqu'à la côte de la baie
puis vers la colline Largo Law, vestige d'un ancien
volcan, qui domine une plaine agricole ;
- Une vue circulaire à partir du sommet de ce relief ;
- Un vol le long du littoral, où se trouvent Lundin
Links, séparée de sa plage par un long parcours de golf,
et Lower Largo ; entre ces deux petites villes se trouve
l'embouchure de la rivière Keil Burn, qui constitue le
port de la deuxième.
- Un survol des localités à l'intérieur des terres : la
ville de Upper Largo à deux kilomètres vers le nord-est,
puis, à environ 5 km au nord, les deux hameaux de
Woodside et New Gilston.
Quels sontles principaux points communs entre
les deux partenaires du jumelage ?
Largo Area Community est une communauté de communes,
issue d'une communauté de paroisses très ancienne ; elle
est restée à taille humaine contrairement à
l'intercommunalité, beaucoup plus récente, dont
Villennes fait partie. Les nombreux articles d'un blog sur l'histoire de Largo et de
Lundin Links, publié deuis octobre 2013, nous font
connaître deux caractéristiques communes :
- La présence d'un terrain de golf : non loin de
l'emblématique parcours de St. Andrews, situé dans le
même ancien comté de Fife devenu en 1996 le Conseil de
Fife, se trouve celui de Lundin Links ; ce terrain
de golf est réputé pour la variété de ses trous et une
vue magnifique sur l'estuaire du fleuve Forth.
- Le développement des villégiatures à partir de 1875 :
les habitants d'Edimbourg et de Glasgow dans un cas,
ceux de Paris dans l'autre étaient, très tôt, venus y
passer la belle saison ; celle-ci est, toutefois, plus
longue à Villennes au bord de la Seine que sur la côte
de la Mer du Nord à Largo, qui est resté un lieu de
vacances estivales.
Le petit port de pêche de Lower Largo
La principale caractéristique du passé de cette
localité du littoral de Largo est son port de pêche à
l'embouchure de la rivière Keil Burn, qui a été
représenté par le peintre Eugen Dekkert.
Glass fishing floats
Des objets de décoration vendus, notamment sur
les côtes de France et de pays voisins,
constituent un lien entre les marins-pêcheurs.
Autrefois, des boules de verre étaient
utilisées comme flotteurs, sur des bouées et sur
des cordages reliant les bouées aux filets ou
aux casiers, afin d'indiquer le sens du courant
et de les stabiliser verticalement au fond de
l'eau. Pour les amarrer et les mettre à l'abri
des chocs, les marins-pêcheurs les «
matelotaient » pendant l'hiver, en les entourant
d'un cordage en chanvre naturel. Ce matériau ne
résistant pas à l'humidité, ces flotteurs de
pêche étaient ensuite plongés dans du bitume
liquide, afin de les protéger(1).
Les boules de chalut étaient fixées sur la
partie supérieure des filets pour qu'ils restent
en surface, tout en dérivant, emportés par les
courants. Utilisées dans de nombreuses régions
du monde jusque dans les années 1950, elles sont
devenues des objets décoratifs.
Elles ont, notamment, été employées par les pêcheurs de
Largo. Voici une traduction partielle d'un article du
blog sur l'histoire des villages de Lundin Links, Lower
Largo et Upper Largo(2) :
"Objets décoratifs populaires
aujourd'hui, les flotteurs de pêche en verre avaient
autrefois une utilisation pratique en mer. Les pêcheurs
de Largo étaient parmi ceux qui ont utilisé des
flotteurs en verre. Bien que les flotteurs en liège et
en toile aient également été couramment utilisés avant
la généralisation de l'usage du plastique, les globes en
verre protégés par un un filet offraient une
alternative. Utilisés à partir des années 1840 en
Norvège, les flotteurs de pêche en verre auraient été
utilisés au Royaume-Uni beaucoup plus tard, certainement
vers 1910.
Alors que les flotteurs de verre sont désormais des
objets de collections, des experts essaient d'en savoir
plus sur ceux qui étaient utilisés en Écosse. À Largo,
se racontent de nombreuses histoires sur de vieux
flotteurs de verre trouvés dans des greniers ou dans des
caves."
Une ancienne activité, artisanale puis
industrielle, de Largo était la fabrication de
flotteurs en liège. La société Cardy Net Works y
a produit de tels flotteurs, fixés sur les bords
des filets de pêche, à partir de 1867.
L'activité de cette entreprise n'a duré qu'une
vingtaine d'années, en raison du déclin
progressif de la pêche puis du remplacement du
liège par d'autres matériaux.
Toutefois, cet artisanat avait commencé plus
tôt, issu du façonnage du liège pour un autre
usage : la fabrication de bouchons. Au XIXe
siècle et, probablement, auparavant, il y avait
plusieurs coupeurs de liège à Largo. Les
bouchons produits servaient à fermer des
bouteilles (pas seulement celles de whisky) et
d'autres récipients, notamment des poteries en
grès.
Bien évidemment, le climat écossais ne permet
pas les plantations de chênes-liège. Le liège
brut était importé du Portugal, d'Espagne et
d'Italie. Le volume important du liège rendait
son transport coûteux, de sorte que les coupeurs
de liège s'étaient installés près des ports. Ils
découpaient les bouchons dans des feuilles de
liège de bonne qualité, dont ils broyaient les
extrémités, puis ils les mélangeaient avec
d'autres substances afin de mouler divers autres
produits : des flotteurs de pêche ainsi que des
pièces de chaussures.
Les deux localités sur la côte de la Baie de Largo
Summer Pleasures, peinture de Hugh Cameron
(1890)
Lundin Links and Lower Largo, holiday resorts
L'une des caractéristiques communes de Largo
Area Community et de Villennes a été le
développement des villégiatures dès le dernier
quart du XIXe siècle : des habitants
d'Edimbourg et de Glasgow dans un cas, de Paris
de l'autre étaient, très tôt, venus y passer la
belle saison, plus longue à Villennes au bord de
la Seine que sur la côte de la Mer du Nord à
Largo, qui est resté un lieu de vacances
estivales. Deux publications du blog sur l'histoire de Largo
et de Lundin Links nous font connaître le
développement des séjours de vacances sur le
littoral de Largo Area Community.
Dans les années 1870, Lower Largo et Lundin
Mill étaient déjà connus comme des destinations
de bains de mer. La plupart des visiteurs
venaient d'Edimbourg, d'abord par des bateaux à
vapeur depuis le début du XIXe siècle
puis par le chemin de fer à partir de 1857.
Toutefois, certains étaient des habitants de
villes de l'intérieur du comté de Fife, attirés
par l'air marin et les baignades.
Les pensions et les villas se sont multipliées
dans les années 1900. A Lundin Mill, le nombre
de maisons occupées par des estivants était
passé de 13 en 1875 à 95 en 1910. En faisaient
partie des pensions et ). A Lower Largo
(deuxième photo), la liste s'était également
allongée, mais de manière moins importante, de
33 à 46.
Comme sur les rives de la Seine, toutes les
propriétés répertoriées, notamment les villas,
portaient désormais un nom autre que celui de
leur propriétaire. Les journaux locaux
publiaient, l'été, des listes des résidents qui
comprenaient, comme à Villennes, des
personnalités.
Nous trouvons, notamment, de chaque côté, au
moins un ingénieur ayant travaillé dans la
construction de chemins de fer ou de
locomotives. Les annonces publicitaires montrent
que les commerces s'étaient développés. Il y
avait, en particulier, un marchand de chaussures
et de bottes qui proposait des chaussures pour
la mer, le golf, le jeu de boules et le tennis.
En effet, des équipements de loisirs et de
sports avaient été installés ; le nombre des
membres du Lundin golf club, qui avait été créé
en 1868, augmentait beaucoup pendant les étés.
L'hôtel de Lundin Links, de
style Tudor, entre sa fermeture en 2014 et sa
destruction par un incendie, deux ans plus tard
Les deux marins, héros de Largo
Alexander Selkirk, the true Robinson Crusoe
Pourquoi le héros du célèbre roman de Daniel
Defoe est-il si présent à Lower Largo et Lundin
Links '? Un hôtel et un « social club » portent
son nom ; surtout, une grande maison a été
nommée « Crusoe building » depuis qu'une statue
a été placée sur sa façade et inaugurée en
décembre 1885. Il est évident que Robinson
Crusoe n'a pas habité cette maison car il est un
personnage imaginaire. La statue représente un
homme vêtu de peaux de chèvres de la tête aux
pieds, armé d'un pistolet, d'un long fusil à
mousqueton et d'une épée écossaise. En dessous
de la statue se trouve une plaque dont
l'inscription peut être traduite ainsi :
À la mémoire d'Alexander
Selkirk, marin, l'original de Robinson Crusoe
qui a vécu sur l'île de Juan Fernández dans une
solitude complète pendant quatre ans et quatre
mois. Il est mort en 1723, lieutenant du
Weymouth, navire de Sa Majesté, âgé de 47 ans.
Cette statue a été érigée par David Gillies,
fabricant de filets, sur le site du cottage où
Selkirk était né.
Le livre initialement intitulé The Life and
Strange Surprizing Adventures of Robinson
Crusoe, publié en 1719, considéré comme le
premier roman en langue anglaise, était présenté
comme une autobiographie. Son auteur était né
Daniel Foe à Londres vers 1660 ; il avait ajouté
la particule « De » devant son nom après avoir
voyagé à travers l'Europe. Voulait-il qu'il ait
une consonnance plus aristocratique ' Le marin
de Lower Largo, dont le véritable patronyme
était Selcraig, avait également modifié son nom
ayant choisi « Selkirk » ; en Ecosse, le terme «
kirk » désigne l'église, plus particulièrement
l'Eglise d'Ecosse, tandis que Craig y est un
prénom issu d'un mot celtique désignant un
rocher.
Daniel Defoe n'a jamais confirmé ni nié qu'il
s'était inspiré des aventures d'Alexander
Selkirk pour écrire son roman. Il est
vraisemblable qu'il y a mêlé des créations de sa
propre imagination et des informations de
plusieurs sources :
- Les souvenirs d'Alexander Selkirk, diffusés
par le capitaine Woodes Rogers, qui l'avait
récupéré, en février 1709, après plus de quatre
années de solitude sur l'île Mas A Tierra, dans
l'archipel Juan Fernandez au large de la côte du
Chili.
- Divers autres récits de survie.
Plusieurs différences entre Alexander et
Robinson sont, toutefois, à noter :
- Dans le roman, le bateau avait fait naufrage
tandis que le marin réel avait choisi de quitter
le navire, dont il était maître d'équipage : il
voulait éviter son naufrage qui eut lieu
réellement ensuite. Le commandant de ce bateau,
qui effectuait une mission corsaire dans l'océan
Pacifique, n'avait pas voulu réparer les avaries
qui l'ont fait couler, entraînant la disparition
d'une grande partie de l'équipage. Ce capitaine,
avec lequel Alexander Selkirk ne s'entendait
pas, lui reprochant les durs traitements
infligés aux marins du bord, en avait profité
pour l'abandonner sur une île déserte.
- Alexander Selkirk a passé quatre ans et quatre
mois sur cette île de l'océan Pacifique, tandis
que Robinson Crusoe s'était retrouvé isolé
pendant 28 ans sur une île de l'océan
Atlantique.
- Le marin écossais n'était entouré que de
chèvres et de chats tandis que le personnage de
fiction avait trouvé un compagnon qu'il avait
nommé Vendredi, comme le jour de leur rencontre.
Néanmoins, le lien entre le fictif Crusoe et
son modèle est devenu très fort aussi bien à
Largo qu'ailleurs. Une grande fête anima la
ville natale d'Alexander Selkirk, pendant une
dizaine de jours en août 1971, pour célébrer le
tricentenaire de sa naissance, avec de
nombreuses activités et animations. Toutefois,
pour l'événement d'ouverture de ces festivités,
ce ne fut pas le héros de la fête qui arriva par
la mer, en nageant, vêtu de haillons. C'était
Robinson Crusoe qui fut accueilli par des
pagayeurs, dont les canoës couverts d'algues
tentaient de l'empêcher d'entrer dans le port.
Plus tard, il escalada la façade de l'Hôtel
Crusoe et lança une corde à son compagnon
Vendredi pour le sauver d'une « horde de
sauvages chasseurs de têtes de Largo ».
De nombreux ouvrages ont été écrits sur les aventures
d'Alexander Selkirk ; nous aurions pu en faire un résumé
ou publier un article qui les narrait succinctement.
Nous préférons vous proposer de passer trois quarts
d'heure très intéressants en écoutant l'enregistrement
d'une émission de radio (« podcast » en anglais),
diffusée par France Inter en janvier 2023 : Alexander Selkirk, le vrai Robinson
Crusoé.
The Yellow Caravel, other ships of Andrew
Wood, admiral of the scottish navy, and his
tower
Dans l'église paroissiale d'Upper Largo, les
fidèles et les visiteurs peuvent voir une
maquette d'un célèbre navire, la Caravelle
jaune. Elle a été construite à partir du modèle
exposé dans le Museum of Scotland à Edimbourg,
réalisé en 1926. De nombreuses églises
écossaises contiennent des modèles réduits de
bateaux mais la raison de la présence de
celui-ci est l'évocation d'un ancien habitant de
Largo, devenu très célèbre après ses exploits
lors d'un combat naval ; celui-ci avait eu lieu
presque en face de la ville, dans le Firth of
Forth, l'estuaire du fleuve y rejoignant la Mer
du nord.
Sir Andrew Wood était un négociant et un
capitaine de navires du XVe siècle.
Après des succès dans des batailles navales, il
s'est distingué en menant une attaque contre la
flotte anglaise, dont il captura cinq navires
avec seulement deux de ses propres navires
marchands armés, Flower et Yellow Caravel, au
large de Dunbar en 1489. Cette victoire l'a fait
surnommer le « Nelson écossais ».
En 1511, Andrew Wood a également participé à la
construction du plus grand navire jamais
construit en Écosse, en Angleterre ou en France,
Great Michael. Ce navire amiral du roi Jacques
IV avait des dimensions si grandes (longueur de
73 m, poids de 1000 t) que sa construction a
utilisé tous les bois du comté de Fife, tous les
chênes écossais et d'autres importés de Norvège.
Son équipage comprenait trois cents marins,
cent-vingt artilleurs et avait un millier
d'hommes de guerre. Sir Andrew Wood en était le
quartier-maître. Bien qu'il soit très peu connu
en dehors de l'histoire maritime de l'Écosse, il
y a joué un rôle éminent.
La ville de Largo est fière de ce célèbre marin
qui y a vécu ; son lieu de naissance n'est pas
connu avec certitude mais ce pourrait être une
chaumière « à l'ombre de l'église de Kirkton of
Largo (Upper Largo), sur la butte » .
Un an après leur défaite de 1489, les Anglais
avaient lancé une offensive plus importante,
attaquant les navires écossais dans le Firth of
Forth. Après deux jours de combats, Andrew Wood
triompha, capturant les navires anglais, malgré
l'infériorité numérique de sa flotte. Le roi
d'Ecosse Jacques IV l'anoblit, le faisant
chevalier, et lui accorda des terres à Largo.
L'amiral fit travailler certains des marins
anglais capturés pour construire son manoir à
Largo. C'était une vaste résidence
quadrangulaire fortifiée, bâtie sur le site d'un
ancien château. Il en reste une tour circulaire
qui formait son angle sud-ouest (voir une vidéo). Ce bâtiment a été
nommé « Sir Andrew Wood's Tower ».
Le héros de la marine écossaise serait décédé
peu avant la fin de l'année 1517. Sa sépulture
n'est pas visible : elle se trouve sous le sol
de l'église d'Upper Largo, à un endroit repéré
par une inscription ; l'une des fenêtres a été
dédiée à sa mémoire.
Un désolant vestige d'un célèbre bâtiment d'Upper Largo
Largo House, to-day the remaining shell of a magnificent
mansion
Ce manoir avait été construit à l?emplacement du « château »
d'Andrew Wood, l?amiral de la flotte écossaise auquel le roi
Jacques IV avait donné des terres à Largo pour le récompenser de
ses victoires contre des navires anglais en 1490. L'acquéreur en
1622, Sir Alexander Durham, était colonel de régiment puis
receveur général des impôts fonciers avant de devenir Premier
ministre d'Ecosse. L'un de ses neveux, qui hérita du domaine,
démolit le manoir d'origine pour bâtir Largo House vers 1750.
Une visite virtuelle nous fait connaître son état
délabré (voir les vidéos référencées à la fin de ce
chapitre). Sa carcasse vide peut nous faire penser à un
ancien château de Villennes qui a été détruit après
avoir été abandonné, squatté et soumis aux intempéries
après son « dépeçage ». Ce n'était pas le château des
seigneurs de Villennes, acquis et démoli après la
Révolution pour la vente des matériaux de ce bien
national, mais le château de Migneaux. Espérons que le
château d'Acqueville, construit bien avant Largo House,
à l'abandon depuis quelques années après avoir été
restauré deux fois, ne subira pas le même sort !
La carcasse du manoir de nos jours
Le délabrement de ce manoir résulte de la démolition de
sa toiture, après la vente aux enchères de tout son
contenu, par le propriétaire en 1951. Son objectif était
d?échapper aux taxes foncières qui frappaient, alors,
toutes les propriétés, sauf celles qui n?avaient pas de
toit. Dix-huit ans plus tard, une loi a interdit la
destruction des bâtiments présentant un caractère
architectural ou historique.
La détérioration des vestiges de Largo House se
poursuivant alors que plusieurs projets de restauration
n'ont pas abouti, il y a peu de chances que ce manoir
soit reconstruit. Par contre, la reconstitution de son
remarquable jardin clos semble en bonne voie pour y
produire, à nouveau, des fleurs, des fruits et des
légumes à l'abri de ses hauts murs.
Les ruines
du manoir, déjà en 1956
Construite par le premier propriétaire du manoir, son ancienne
ferme (Largo home farm) subsiste à côté de la Wood's Tower mais
ses bâtiments sont très délabrés. Elle comprenait, notamment,
une bergerie avec un bassin pour les moutons, un moulin à
chevaux et un pigeonnier de la fin du XVIIe siècle.
L'architecture de Largo House, est intéressante :
grande maison symétrique à sept travées, dont la partie
centrale est surmonté d?un fronton triangulaire, au
niveau du toit, au-dessus duquel se trouvait une
terrasse entourée d?une balustrade. Toutefois, son
architecte n'est pas précisément connu.
La conception a été attribuée aux architectes georgiens
John Adam et John Douglas mais ce bâtiment présentait de
fortes similitude avec Shawfield House à Glasgow,
construite par Colen Campbell ; celui-ci a été l'un des
fondateurs de ce style classique, dit georgien, qui a
succédé au style baroque anglais de 1720 à 1840.
Deux ailes furent ajoutées à l'arrière en 1831 puis une
véranda.
Le manoir, dans son intégralité, avant
son abandon
Les derniers habitants du manoir, réquisitionné pendant la
Deuxième Guerre mondiale, ont été des militaires parachutistes
polonais. Avant de participer aux combats en 1944, ils s'étaient
entraînés à Largo et à Lundin Links au moyen d'une tour de
parachutage. Cette unité avait été formée à partir d?une brigade
de fusiliers polonais qui avait été déployée pour protéger une
partie de la côte nord de l'estuaire du Forth, en y construisant
des ouvrages défensifs.
Largo House n'a, malheureusement, plus sa splendeur d'origine
mais ce manoir a vécu plus longtemps que son vraisemblable
modèle, démoli en 1792 !
La ligne de chemin de fer de la baie de Largo (1857-1966)
Memories of Lundin Links ans Largo railway stations
La première gare de Villennes a été démolie 109 ans après son
inauguration en 1880. Elle avait déjà été remplacée par la gare
actuelle en 1911. Bien que ce beau bâtiment n’accueille plus les
voyageurs, il subsistera, heureusement, après les fortes
transformations de la ligne de chemin de fer pour y faire rouler
les rames de la ligne E du RER, dont le prolongement dans la
banlieue ouest est attendu depuis de nombreuses années.
Un moyen de transport qui a favorisé le développement du
tourisme
Le chemin de fer qui desservait les villages côtiers de Lundin
Links et de Largo avait été établi en 1857, 14 ans après notre
ligne Paris-Rouen. Plus aucun train n’y circule depuis 1966, les
gares ayant ensuite été démolies. Cependant, aussi bien dans le
comté de Fife que dans l’ouest de l’Île-de-France, le chemin de
fer avait eu un rôle très important pour le développement du
tourisme et des villégiatures. Le caractère de Villennes s’est
modifié rapidement, les Parisiens devenant de plus en plus
nombreux à passer les fins de semaine au bord de la Seine,
certains pour s'adonner à la pêche ou pratiquer le canotage. Les
plus fortunés y construisirent des villas. Dans le même temps,
des habitants de Glasgow et d’Edimbourg venaient profiter des
plages de Lower Largo et de Lundin Links ainsi que du golf de
cette deuxième localité.
La principale différence entre les deux lignes était que "East
Neuk Line" était une ligne secondaire, extension de la ligne
"East of Fife", tandis que notre ligne de banlieue, dont
la grande fréquentation quotidienne s'est accrue, était, dès son
origine, une partie d’une ligne nationale jusqu’à Rouen, étendue
ensuite jusqu’au port du Havre. C’est pourquoi elle a intéressé
les Britanniques qui ont fortement contribué à sa construction,
en apportant des financements, les ingénieurs, les ouvriers, les
matériels roulants et les premiers conducteurs de locomotives.
Affiche
touristique de British Railways
Le viaduc qui enjambe la rivière Kiel Burn entre Lundin
Links et Lower Largo avait été construit pour faire
passer le chemin de fer. Chacun de ces deux villages
possédait une gare, comprenant deux bâtiments
principaux.
A Largo, le deuxième avait été construit vers 1894,
ainsi qu’un poste de signalisation, une voie de
dépassement et un deuxième quai. Cette gare, dont les
jardins étaient soigneusement entretenus, était ornée
d’un cadran solaire recouvert de coquillages, d’une
statue et d’une maquette du « Flying Scotsman », un
train express qui
reliait Édimbourg et Londres depuis
1862. Elle était fréquentée par de nombreux vacanciers
pour lesquels c’était aussi le point de départ et
d’arrivée pour des excursions d’une journée.
Un train
faisant un arrêt à la gare de Largo
Suppression du service et démolition des gares
Le dernier train de voyageurs a circulé le dimanche 5 septembre
1965 ; il était complet pour faire le tour de la côte, empli de
visiteurs, d’habitants, de passionnés et d'anciens cheminots qui
voulaient jeter un dernier regard sur ce paysage depuis un train
de la compagnie British Rail. Celui-ci a été accueilli, par un
public très nombreux à chaque gare, où de nouveaux passagers
s’embarquaient. Des trains de marchandises circulèrent encore
l’année suivante avant l’arrêt complet des services
ferroviaires. Cette fermeture a été ressentie par tous les
habitants comme une tragédie. Les autorités locales avaient
tenté de faire maintenir cette ligne ouverte, espérant qu’elle
puisse, à nouveau, être exploitée par une entreprise privée.
La gare
de Lundin Links
Les gares sont restées abandonnées et envahies par les
mauvaises herbes pendant quelques temps avant leur
démolition. Les bâtiments ont, d’abord, été dépouillés
des matériaux réutilisables tels que les tuiles.
Le parking qui a pris la place de la gare de Largo est
toujours en service. Après une période d'abandon, les
bâtiments de la gare de Lundin Links ont été démolis et
l'ensemble du site a été intégré au terrain de golf,
l'emplacement des bâtiments de la gare devenant une zone
d'entretien du parcours.
Souvenirs
Des images de la ligne et de ses gares,
émouvantes pour ceux qui les ont connues, peuvent être
vues dans un film d’un cinéaste amateur des années 1950.
Cliquez sur l'image pour le visionner !
Ce film contient un poème dont voici une traduction.
Sur ces rails, les trains arrivaient
en hurlant, jusqu'à ce qu'arrive un homme nommé
Beeching. "Cette ligne n'est pas rentable", affirma-t-il
et peu de temps après, les trains disparurent.
L'herbe pousse maintenant si haute et rapidement, là où
autrefois les trains passaient en rugissant. Des
mauvaises herbes et des plantes grimpantes entre les
supports des rails, tout n'est que désordre ; cette
ligne est devenue un espace de nature sauvage.
Ici poussaient, autrefois, des fleurs, que les voyageurs
contemplaient lors de leur passage ; c'était un
spectacle admirable pour ceux qui faisaient, en train,
le tour de la baie de Largo.
Alors qu’il y avait une belle gare, tout a été détruit ;
c’est la désolation ! Hélas, ce temps est révolu :
toutes les fenêtres sont cassées, les salles d'attente
restent vides.
Les gares autrefois si soignées et pittoresques ne
recevront jamais une couche de peinture. Nous n’y
entendrons plus les sifflets qui faisaient partir les
trains transportant leur cargaisons à partir de Largo.
C’est fini pour ces gares, fermées après avoir bien fait
leur travail. Tout le monde est parti ; le silence règne
en permanence. Cette ligne n’est plus qu’un souvenir.
L’homme mentionné au début de ce poème était le Dr Richard
Beeching, physicien et ingénieur, qui a présidé British Railways
au début des années 1960. Il a mis en œuvre les recommandations
qu'il avait faites dans son rapport The Reshaping of British
Railways, en supprimant 6400 km du réseau ferré
britannique.