Deux anciens propriétaires villennois
de la plaine des Grésillons à Carrières-sous-Poissy


Une partie de Carrières-sous-Poissy, la plaine des Grésillons, a eu, dans le passé, un lien fort avec Villennes. Il ne s'agit pas seulement de leurs situations, face à face, sur chaque rive de la Seine. Pour les seigneurs de Villennes, notamment le dernier qui était également celui de Médan et d'Orgeval, le fleuve n'était-il qu'un cours d'eau séparant leurs propriétés de chaque côté de l'Île de Villennes ? Des cartes anciennes nous montrent comment ce lien avait été matérialisé. Après la Révolution, le propriétaire d'un autre château villennois, celui de Migneaux, a également possédé des terres de la plaine des Grésillons : une zone forestière, dont le déboisement a alors marqué le début de l'urbanisation de cette partie de Carrières-sous-Poissy.

L'allée reliant les propriétés du seigneur de Villennes des deux côtés de la Seine



Sur cet extrait du plan d'intendance de Villaine, réalisé en 1786, remarquez-vous des lignes parallèles en pointillés, dans l'axe du du bâtiment principal du château des seigneurs de Villennes, démoli après la Révolution ?

Elles traversent l'Isle de Villaine et se prolongent dans la partie du terroir de Triel, qui a été ultérieurement attribuée à la nouvelle commune de Carrières-sous-Poissy.




Nous retrouvons ces quatre lignes en pointillés sur le plan d'intendance de la plaine des Grésillons.

Le Tableau des terres et seigneurie de Villennes, Médan et Orgeval à six lieues de Paris sur le bord de la rivière de Seine donne des précisions sur cette terre :
- "Elle est composée de six fiefs principaux qui sont : Villennes, Médan, Orgeval, Beaulieu, Marolles et Migneaux."
- "La plaine des Grésillons située de l'autre côté de la rivière vis à vis le château de Villennes est encore une dépendance de cette terre, mais ce n'est qu'une simple roture qui est dans la censive partie du prieuré Royal de Poissy, partie du prieuré de Saint Blaise."

En fait, Pierre Gilbert de Voisins, le dernier seigneur, avait symboliquement réuni ses propriétés traversées par la Seine par une "avenue" bordée de chaque côté, par deux rangées d'arbres, distantes d'environ 150 m.



Le même document décrit les ressources des terres des Grésillons et évalue leurs revenus annuels :
- La Ferme de Grésillon : "Les bâtiments de cette ferme ont été supprimés, les terres consistant en environ 200 arpents sont louées pour la plus grande partie à différents particuliers pour 27 années qui ont commencé à la Saint Martin 1778. Le surplus est loué au Sieur Poitou pour neuf années qui ont commencé au 1er janvier 1784, le tout forme un objet de revenu de 1947 livres." Cette valeur peut être comparée à celle de la Ferme de Marolles et Beaulieu à Villaines : 5400 livres.
- Le Bois de Grésillon : "Ce bois contient 100 arpents et se coupe à 10 ans, mais il est de mauvaise venue et ne se vend année commune qu'à raison de 90 livres l'arpent ce qui fait un revenu annuel de  900 livres."
- Les vignes : "Deux arpents de vignes situées à Grésillon produisant année commune 6 muids de vin par arpent au total 12 qui à raison de 50 livres le muid forment un revenu de 600 livres."



L'allée a, certainement, disparu comme le château, à part le bâtiment des communs devenu le nouveau château de Villennes, peu après leur dernier propriétaire.

En effet, Pierre Paul Gilbert de Voisins, qui avait succédé à son père, à son grand-père et à son arrière-grand-père, a été guillotiné en 1793. Il avait eu le tort de revenir trop tôt de Tournai, où il avait émigré. Le château a été vendu comme bien national et dépecé par son acquéreur.

Un propriétaire d'une partie des bois des Grésillons

Propriétaire du château de Migneaux à Villennes à partir de 1828, Jacques-Edmond Archdeacon a possédé 100 arpents, soit environ 50 ha, des bois des Grésillons. Il commença, en 1841, le déboisement de la partie des Grésillons qui fut la première urbanisée.

Issu d'une famille irlandaise installée à Dunkerque, il était devenu l'un des plus importants agents de change de France. Jacques-Edmond Archdeacon fut l'un des fondateurs du journal de l'opposition dynastique Le Siècle,  de tendance monarchiste constitutionnelle lors de sa création.

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A sa mort en décembre 1850, il laissa une fortune considérable à seize proches parents : outre le domaine de Migneaux et sa charge d'agent de change, elle consistait en deux fermes dans l'arrondissement de Dunkerque et un énorme portefeuille d'actions : ses investissements s'étaient portés à cette date sur les compagnies de canaux, de navigation, d'éclairage au gaz hydrogène, les houillères, les compagnies de chemins de fer, la Banque de France...

Ces 16 héritiers vendirent, par lots, les terrains des Grésillons. Il se séparèrent, par une vente aux enchères, d'un autre bois, le Bois des Falaises à Villennes, qui appartenait aux propriétaires de Migneaux depuis le début du XIXe siècle.


Michel Kohn