Les sports olympiques villennois /
la gymnastique
L'Espérance de Villennes
L'association "L'Espérance de
Villennes" avait été fondée en 1928 ; sa déclaration à
la préfecture, publiée le 30 novenbre 1932 dans le Journal
officiel, mentionnait son directeur : M. l'abbé Gallais. Son
objet était la pratique de la gymnastique, du tir et des sports.
A notre connaissance, la gymnastique a été le seul sport qu'elle
enseignait à ses membres. Elle a compris toutefois, à
partir de 1942, une clique (ou fanfare), qui animait les
manifestations auxquelles participaient les gymnastes.
Presque 70 ans de gymnastique et d'animation de la vie
municipale
Les activités de L'Espérance de Villennes sont résumées,
ci-après, dans le texte et les illustrations de l'ALBUM
SOUVENIR, qui a été réalisé et diffusé en 1997, lors de leur
arrêt. Nous y avons ajouté des photos de la collection de la
famille Legendre, dont nous avons sollicité la contribution, et
de la nôtre.
Il faut, pour commencer, imaginer
Villennes à la fin des années vingt : c'est encore une
petite commune rurale très sympathique de moins de 1 300
âmes, dont l'île est fréquentée à la belle saison par de
riches familles parisiennes qui n'ont pas encore
découvert la Riviera ou les sports d'hiver. Mais la
commune ne s'est pas encore dotée d'infrastructures
destinées aux jeunes. Un ancien moniteur de Joinville,
M. Detournay, commence alors à réunir et à entraîner
quelques gymnastes débutants.
Très vite, l'abbé Gallais, curé de
Villennes, se préoccupe de donner un cadre et un statut
à cette activité. Ce qui motive le curé : le
dés½uvrement des jeunes qui n'ont pour loisirs que les
cafés et le jeu de Tamis (qui est assez comparable au
jeu de paume et à la pelote). L'Abbé sait que la
pratique d'une activité sportive peut être
l'occasion d'un développement harmonieux de
l'individu, qui assouplit et développe le corps.
Préoccupé de l'évolution morale de ses ouailles, il
pense également qu'une certaine discipline du corps
soutient et renforce l'âme : mens sana in corpore
sano. Son choix se porte donc sur la gymnastique,
discipline la plus générale, la plus équilibrée, et qui
offre aux jeunes une bonne préparation à tout autre
activité physique pour l'avenir.
L'abbé Gallais fonde donc en 1928 la
société de l'Espérance, soutenu par M. Cornille, un
habitant de Villennes qui n'hésite pas à avancer les
fonds nécessaires à la naissance de l'association, et en
devient président pour de nombreuses années.
Tout est à faire : à commencer
par la construction d'une salle paroissiale,
destinée à abriter l'équipement et à accueillir
les gymnastes.
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La famille de Lassuchette fournit un terrain sur
lequel est engagée cette construction. Le
démarrage est difficile : il faut
s'équiper.
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Malgré la modicité de la cotisation
demandée aux parents, le chômage et les charges qui
pèsent sur les familles modestes de Villennes conduisent
le comité à décider, à l'unanimité, de ne faire payer
qu'au premier enfant de chaque famille son costume de
gymnastique. Chacun participe, à la mesure de ses
moyens, offrant par ailleurs son temps pour développer
l'association.
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Ainsi, les moniteurs, les
médecins, les commerçants, ... offriront
bénévolement, tout au long de l'histoire de
l'Espérance, leur concours pour l'enseignement,
le suivi médical, l'entretien du matériel,
l'habillement et le transport de l'équipe, les
récompenses,... Tandis que la salle paroissiale
se construit, les habitants entourent donc les
membres actifs et les premiers jeunes abonnés.
C'est ainsi qu'est organisée en Septembre 1933
la "fête de la gymnastique" au cours de laquelle
Mme Lemonier, membre bienfaiteur, fait don de
son premier drapeau à l'Espérance de Villennes,
drapeau qu'aujourd'hui, soixante-quatre ans
après, l'Espérance confie à la ville. C'est le
coup d'envoi officiel de l'association qui
rejoint les autres clubs de gymnastique de la
région. Le Drapeau est béni par M. le Curé
et les enfants défilent dans l'avenue Foch.
Le 26 août 1934 est inaugurée
la salle paroissiale. Abrités et équipés (barres
parallèles, barres fixes, cheval d'arçon ont été
acquis), tous les jeunes de l'Espérance, sous le
monitorat de M. Isaac, peuvent commencer à
participer aux concours régionaux.
Ils remportent de nombreux
succès, entre autres à Poissy, aux Mureaux et à
Paris. Les activités s'étendent à partir de 1936
: escrime, basket-ball, puis volley-ball en
1945, natation en 1968.
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En octobre 1940, l'abbé
Gallais est remplacé par l'abbé de Genouillac.
M. Legendre (photos
ci-contre), qui est un jeune "ancien"
de l'Espérance, prend bénévolement le relais du
moniteur M. Isaac. C'est M. Legendre qui
assumera jusqu'à ce jour, d'une manière
remarquable, les fonctions successives de
moniteur puis de président.
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En 1941, l'Espérance demande à la
municipalité de créer un stade dans le terrain communal
avec piste, terrain de basket-ball, saut en longueur,
saut en hauteur, saut à la perche, barres parallèles et
barres fixes. Un suivi médical est assuré. En 1942, une
clique est même formée. L'Espérance rencontre néanmoins
des difficultés : l'accroissement des dépenses,
l'absentéisme et l'emprisonnement du curé jusqu'en
septembre 1944. Après guerre, la société change de
statut afin d'être agréée par le Ministère de
l'Éducation. M. Cornille est nommé chevalier de la
Légion d'honneur en 1949.
Tandis que la clique est
sollicitée alentours, les jeunes et les adultes
de l'Espérance (mixte depuis les années 30)
participent à des concours
(Saint-Germain-en-Laye, Villeneuve
Saint-Georges, ...) où ils emportent des prix.
Ils sont d'ailleurs médaillés
par la Ville de Paris.
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Des événements jalonnent les
saisons à Villennes, que l'Espérance anime :
galas, séances théâtrales, retraites aux
flambeaux, projections de films, démonstrations
de gymnastique, pyramides, feux d'artifices. Cet
air de fête donné à la ville, avec sincérité,
est d'autre part nécessaire pour couvrir des
dépenses de plus en plus élevées. Le principe du
bénévolat n'est cependant jamais remis en
question, même si l'évolution de la société
française et les contraintes économiques
freinent l'élan de l'Espérance. Il faut ajouter
que la municipalité s'est elle-même
progressivement équipée en matériel
d'activités physiques et sportives.
La société continue néanmoins,
jusqu'à la célébration de son cinquantenaire en
1980, et au-delà, à contribuer à
l'épanouissement de la jeunesse de Villennes.
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Ainsi, trois présidents, cinq prêtres,
cinquante membres dirigeants, huit moniteurs, monitrices
et entraîneurs, plus de deux mille membres actifs et les
habitants de Villennes ont donné de leur temps pour
l'Espérance. Parmi ceux-ci, nombreux sont ceux qui
demain encore se souviendront et transmettront le
souvenir de l'Espérance de Villennes.
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Les 21 et 22 juin 1980,
Villennes célébrait l'arrivée de l'été, un été
bien particulier puisqu'un événement prestigieux
le marquait : le cinquantenaire de
l'association.
Maurice Magnet, maire de
Villennes, rendait hommage à cette "société
au titre évocateur de confiance en l'avenir
dont l'histoire au cours de ces cinquante
dernières années s'identifie avec celle de
notre cher village", encourageant "les
adhérents à persévérer et à développer leur
effort de formation physique et morale de
notre belle et ardente jeunesse pour la
préparer aux rudes tâches qui l'attendent dans
la vie d'adulte".
Ainsi, devant les
personnalités du département, la municipalité et
le Comité, eurent lieu les festivals apothéose
au stade municipal : défilé de l'Espérance,
musique, exhibition de gymnastique, grand feu de
la Saint-Jean, et bal le samedi ; concours de
gymnastique féminine, majorettes venues de toute
la région, grand défilé, largage de
parachutistes sportifs de l'A.S.C.A.T,
démonstration de gymnastique masculine, pyramide
de l'Espérance et remise des prix le dimanche.
Une fois encore, la liste des habitants et
commerçants de Villennes ayant tenu à offrir
coupes et récompenses est impressionnante.
À la date de la célébration du
cinquantenaire, l'Espérance était déjà parmi les
plus anciennes sociétés sportives de la région
affiliées à la Fédération Sportive et Culturelle
de France.
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L'Espérance de Villennes dans la presse locale et les
bulletins municipaux
Sa première exhibition eut lieu en juillet 1932, au cours d'une
fête, à laquelle divers autres clubs de gymnastique ont
participé.
Festival
Dlmanche, 17 courant, Villennes
était en féte. Un festival avait été organisé par le
bureau de la nouvelle Société de gymnastique «
L'Espérance de Villennes » pour la première
exhibition de ses 43 jeunes sportifs. [...]
Mille à douze cents personnes se trouvaient réunies
l'après-midi pour assister à ce festival.Les gymnastes
des diverses sociétés, dans leurs dénionstrations,
rivalisèrent d'entrain, de souplesse et de force, le
tout dans une présentation impeccable qui donna une de
ces notes gaies comme sait en donner la jeunesse et qui
fit passer une merveilleuse journée à Villennes.
Il convient d'ajouter que la clique de ces Sociétés fut
très appréciée dans toutes ses auditions. L'Espérance de
Villennes, poupon de trois mois, sut tenir son rang pour
sa première sortie et produisit un effet heureux par sa
bonne tenue et ses mouvements d'ensemble : Elle sut se
montrer digne de son dévoué moniteur : M. Isaac, de
Poissy.
Si l'on en juge par les applaudissements répétés de
l'assistance, ce fut un succès complet et de bon augure
pour l'avenir. D'autre part, le commerce de la localité
ne s'en plaignit pas.
Journal de Poissy et ses
environs, 21 juillet 1932
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Dès sa participation à des compétitions régionales, pendant
l'été 1933, elle obtint des succès sportifs.
F.
G. S. P. F.
La Société l'Espérance de Villennes
qui n'est inscrite que depuis 6 mois à la Fédération, a
fait sa première sortie, dimanche dernier, en allant
participer au concours régional qui se tenait, cette
année, aux Mureaux, où de nombreuses sociétés venues de
différents points du département avaient rassemblé 3.000
gymnastes.
A la fin de cette belle et grandiose manifestation
sportive, l'Espérance de Villennes eut le
plaisir de voir qu'au Palmarès, elle figurait (section
des Pupilles) avec un premier prix pour les pyramides
(médaille d'or) avec félicitations du jury et un autre
prix (médaille d'argent) la plaçant 5e sur 17
sociétés (même section) au classement général pour les
mouvements d'ensemble.
On peut dire que l'Espérance de Villennes porte
bien son nom. La société remercie vivement les
nombreuses personnes de la localité qui ont eu
l'amabilité de venir assister à cette belle réunion.
PICARD.
Journal de
Poissy et ses environs, 13/7/1933
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La gymnastique se développait dans un élan patriotique et dans
un esprit religieux et militaire.
REMISE
SOLENNELLE D'UN DRAPEAU A L' « ĖSPERANCE DE VILLENNES
»
Le programme de cette belle
manifestation, annoncée la semaine dernière, faisait
prévoir une fête grandiose, si le soleil avait été de la
partie. En effet, plus de huit cents gymnastes, groupés
sous leurs fanions et le drapeau de la Fédération de la
Jeunesse de France, s'y trouvaient. Dès le matin, les
clairons et tambours de ces belles Sociétés de
Seine-et-Oise apportaient dans le c½ur de toutes les
familles de Villennes un rayon de joie, en attendant le
joli défilé quii devait avoir lieu à 10 h. 30 pour se
rendre à la messe militaire donnée dans le parc de M. et
Mme Lemonier. [...]
Vers la fin de la cérémonie, la
Remise du Drapeau à l'Espérance de Villennes » fut faite
par Mme Lemonier entre les mains de M. Cornille, son
président actif et énergique. [...]
A 3 heures commença un festival de gymnastique
superbe, au cours duquel on remarqua la bonne tenue et
la qualité des sociétés, qui donnèrent, dans un élan
splendide, le maximum de leurs efforts.
[...]
Journal de
Poissy et ses environs, 28/9/1933
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Le moniteur adjoint s'est distingué par un succès sportif.
L'ESPĖRANCE
Nous sommes heureux de faire savoir à toutes les familles
de Villennes que M. Marc Mackie, moniteur adjoint de la
Société de gymnastique catholique l'Espérance de
Villennes, vient d'être classé à la jolie place de 5e
au grand concours qui avait réuni les 20 meilleurs
moniteurs de la Fédération Française ; il a obtenu 99
points 1/2 contre 105 gagnés par le premier.
Comment ne pas être fiers et heureux d'avoir, avec notre
Moniteur-Chef M. Isaac et M. Mackie, de pareils
professeurs ! [...]
Journal de
Poissy et ses environs, 27/5/1937
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Des prix gagnés par l'Espérance de
Villennes dans des compétitions des années 1930 ont été
mentionnés dans des publications nationales
spécialisées, notamment dans Les Jeunes,
courrier de quinzaine du journal Le Patronage,
édité par la Fédération sportive et culturelle de
France.
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Une trentaine d'années plus tard, un article de Georges Aubry
(le pharmacien du village, conseiller municipal, promoteur du
sport à Villennes) dans le Bulletin municipal d'information
mensuel n°2 de juin 1965 a relaté la participation de
L'Espérance de Villennes à la soirée de la Saint-Jean.
Les
Feux de la Saint-Jean
VILLENNES a
vécu une bien sympathique soirée le samedi 19 juin.
Tout d'abord la fanfare de la Saint-Louis de Poissy
parcourt notre ville au rythme entraînant de ses
tambours et de ses clairons et, une grande foule se
presse bientôt a sa suite, aux grilles du champ communal
où doit se dérouler la fête. Les plus jeunes ouvrent le
feu, et leur petit groupe coloré aux uniformes rouges et
képi de même couleur, nous font voir leur talent
précoce. Les petites filles leur succèdent aussitôt et
gracieusement et en cadence nous emportent bien loin
dans les steppes de Russie.
Et maintenant I'« Espérance de VILLENNES » se présente à
nous dans un ordre impeccable du plus jeune au plus âgé.
Nous pouvons être fiers de posséder ce groupe qui a
encore le « feu sacré >> et qui consacre ses
loisirs à se forger un « corps sain », et c'en est la
suite logique une « mentalité saine ». Et nous le devons
bien sûr au dévouement de tous : Nous pouvons être fiers
de posséder ce groupe qui a encore le « feu sacré »>
et qui consacre ses loisirs à se forger
un « corps sain » et c'en est la suite logique une «
mentalité saine ». Et nous le devons bien sûr au
dévouement de tous : son Président M. RENET.
M. Legendre et sa fille, leurs dynamiques et
infatigables moniteurs, et tous les membres de cette
association.
Mais revenons à la fête.
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L' « Espérance » nous présente
la gamme complète de ses exercices : barres
parallèles, cheval d'arçon, mouvements au sol.
etc. et tout cela dans un rythme endiablé. C'est
ensuite à la Saint-Louis de Poissy de prendre le
relais, et ses jeunes athlètes nous font admirer
leur souplesse et leur sûreté dans d'audacieux
équilibres sur le podium. Les jeunes filles
apportent alors toute leur grâce pour cette
danse si harmonieuse du cerceau. Enfin pour
terminer en apothéose, un grand feu allumé sur
les buttes de terre du champ communal (début des
travaux de notre École maternelle). Lorsque la
flamme atteint le tronc de l'arbre placé en son
centre, des pétards fusent de tous côtés à la
grande joie des enfants. Cest alors que nous
pouvons admirer la pyramide humaine que les
jeunes de l' « Espérance » ont l'audace de
réaliser toutes lumières éteintes, à la seule
lueur du feu de la Saint-Jean. C'est enfin un
grand bal de nuit et une tombola, qui permettent
encore à une nombreuse assistance de poursuivre
fort tard cette mémorable soirée.
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Michel Kohn
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