De l'épicerie de Léontine Fortin
à Carrefour City


En 1965, Villennes comprenait encore 6 magasins d'alimentation générale, 2 boulangeries-pâtisseries, 2 boucheries, une charcuterie ; l'épicerie la plus ancienne du centre est restée, avec une boucherie et une boulangerie uniques, les seuls en activité.

La grange

A son emplacement se trouvait une grange qui, comme le bâtiment construit après son incendie, a eu les mêmes propriétaires que l'Île de Villennes, après leur acquisition par le fermier de Marolles, Henry Lelarge, en 1825.

La grange et ses dépendances furent vendus aux enchères après le décès de Jean-Michel Lamirault et de son épouse ; deux de leurs fils étaient alors bouchers à Paris. Ils étaient issus de la même famille, présente à Villennes depuis le début du XVIIe siècle, que le premier propriétaire de l'hôtel-restaurant voisin.

L'adjudication a été annoncée dans le journal Le Courrier de Versailles, le 15/2/1874, en même temps que celle de l'île.

La grange était ainsi décrite : “Une grange, petit bâtiment, cave, cour et jardin, le tout clos de murs, situé dans le village de Villennes”.



Le magasin de produits alimentaires

La première épicerie était exploitée par la famille Fortin au début du XXe siècle. Léontine Fortin, la première épicière, était née à Villennes en 1876.


Elle a posé devant le magasin, avec ses vendeuses et le cheval qui tirait leur voiture ; l'homme en tablier blanc était-il l'un des 4 garçons épiciers, logés chez elle ?



Aujourd'hui, vous pouvez aller chez le coiffeur ou dans le cabinet médical sans risquer de vous tordre la cheville et consommer une boisson sur la terrasse du café ; ce n'était pas le cas à cette époque.


L'épicerie ne vendait pas que des produits alimentaires. L'en-tête de ses factures mentionnait "Mercerie et chaussures" ainsi que “Faïences et verrerie".

Gaston Balade, qui exploita ensuite l'épicerie et la buvette attenante, proposa à la commune, en 1911, de participer par moitié à la réfection du trottoir, s'il pouvait être autorisé à y installer des tables et des chaises l'été.

Sa demande, trois ans plus tard, d'en acquérir une partie pour agrandir son magasin ne fut pas acceptée, la propriétaire du restaurant voisin "Au Berceau" s’y opposant.




Cette "place communale" était encore en très mauvais état en 1915 : un riverain avait enlevé de la terre pour faciliter l'entrée par une porte charretière (vraisemblablement, celle de l'ancienne grange) tandis qu'un autre, le propriétaire du restaurant, avait créé un monticule pour donner accès à son immeuble en surélévation. “Une gargouille d'une maison riveraine se déversant à l'air libre, il se produit aussitôt qu'il pleut, soit une mare d'eau et de boue, soit dès qu'il gèle, des parties de verglas et de glace”. Le trottoir ayant déjà “une circulation importante”, le nivellement de la place a été décidé par le conseil municipal pour “des raisons impérieuses de sécurité, d'hygiène et de propreté”.

La veuve de Gaston Balade céda le magasin et la buvette à Paul Blossier en 1921.

A côté des produits alimentaires frais, il vendait des conserves de qualité et de bonnes bouteilles de vin.




Paul Blossier mettait, lui-même, en bouteilles les vins qu'il vendait.

© Georges Parot

A plusieurs reprises, notamment en 1934, Paul Blossier, cycliste amateur, s’est fait aider par son ami villennois, le champion cycliste de demi-fond Auguste Wambst.


AUGUSTE WAMBST VEND DES VOLAILLES

Le jeune Auguste Wambst va-t-il abandonner définitivement le demi-fond, ses pompes et ses œuvres ? Le stayer français ne court que très rarement et il a jugé plus profitable pour lui de vendre des volailles au marché.


Paris-Soir, novembre 1934



Pendant la guerre de 1939-1945, son ami Paul Blossier, cycliste amateur, a embauché Auguste Wambst dans son épicerie mais celui-ci n'a pas renoncé aux courses cyclistes. Lucien Blossier succéda à son père.

De l'épicerie à la supérette

Les anciens Villennois se rappellent les successeurs : M. et Mme Noé. Ancien marin-pêcheur, il était devenu maître fromager (siégeant à la Commission européenne pour les produits laitiers). Après avoir cédé la supérette exploitée avec son épouse pendant de nombreuses années, M. Noé avait baptisé "Le Mascaret" la poissonnerie qu'il ouvrit.

Ensuite ce furent Abdou Youssef, dit Doudou, et les sympathiques Corinne et Marc qui exploitèrent la supérette.


La supérette en 2004 (© Michel Kohn)

L’extension, alors ouvrable pour la vente de fruits et légumes “primeurs” aux passants, avait été créée par M. Noé.

En 2016, elle a été intégrée au magasin ; sa frise de métal qui orne sa partie supérieure rappelle, de manière très judicieuse, celle de la halle du marché.

Carrefour City après Ecomarché

Une nouvelle ère a commencé le 31 août 2016 pour le seul commerce d’alimentation générale qui subsiste à Villennes.

Le jour de l'inauguration (© Michel Kohn)

Son réaménagement, très réussi, accompagnant le changement d’enseigne, lui a apporté de nombreux clients du village et des environs. Pendant la crise sanitaire du printemps 2020, l’ancienne épicerie est, véritablement, redevenue le commerce de proximité des Villennois.


Michel Kohn